Aperçu sur le Quaternaire de Grenoble à Marseille - article ; n°1 ; vol.5, pg 3-18

Eugène Bonifay

Description

Bulletin de l'Association française pour l'étude du quaternaire - Année 1968 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 3-18
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_L-ASSOCIATION_FRANCAISE_POUR_L-ETUDE_DU_QUATERNAIRE
• Publié le: 01 janvier 1968
• Nombre de lectures: 29
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Eugène Bonifay
Aperçu sur le Quaternaire de Grenoble à Marseille
In: Bulletin de l'Association française pour l'étude du quaternaire - Volume 5 - Numéro 1 - 1968. pp. 3-18.
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Bonifay Eugène. Aperçu sur le Quaternaire de Grenoble à Marseille. In: Bulletin de l'Association française pour l'étude du
quaternaire - Volume 5 - Numéro 1 - 1968. pp. 3-18.
doi : 10.3406/quate.1968.1073
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quate_0004-5500_1968_num_5_1_1073Bulletin pour l'étude de l'Association du Quaternaire. française ly68 1Q,9 " 1> , Pa8e
APERÇU SUR LE QUATERNAIRE
DE GRENOBLE A MARSEILLE *
Compte rendu de l'excursion de l'A.F.E.Q, du 19 au 21 mai 1967,
PAR
Eugène BONIFAY,
Maître de Recherche au C.N.R.S.
Il ne pouvait être question, au cours de trois journées d'excursion, de voir
en détail tout le Quaternaire de la Provence occidentale. La variété et la comp
lexité des dépôts récents de ces régions, depuis le Bas-Rhône jusqu'aux massifs
anciens des Maures et de l'Estérel, d'une part, et des Alpes méridionales à la mer
Méditerranée, d'autre part, est telle qu'il fallait choisir un « thème » pour ces
trois journées, afin de permettre un enchaînement logique des faits observés.
C'est pourquoi j'avais choisi un parcours menant des Alpes méridionales à la
mer Méditerranée, des glaciers du Drac et la Durance aux plages fossiles du
littoral provençal, afin d'aborder les problèmes du Quaternaire de la Provence
occidentale sous tous leurs aspects.
En même temps, plus que les faits, ce sont les méthodes de travail qui ont
été exposées et discutées, et les buts à atteindre qui ont été définis : c'est ainsi
que nous avons surtout insisté sur les problèmes faisant l'objet de recherches
actuellement en cours et exposé des résultats le plus souvent inédits capables
d'amorcer des discussions fructueuses : glaciaire et fluvio-glaciaire durancien,
tectonique récente de la Provence occidentale, Quaternaire sous-marin.
Le programme de l'excursion comprenait trois points principaux correspon
dant à peu prêS aux trois journées de courses sur le terrain :
— glaciaire et fluvio-glaciaire de la Durance ;
— des glaciers à la mer : le Quaternaire de la moyenne et de la Basse-
Durance ;
— Quaternaire littoral et sous-marin des côtes de Provence occidentale.
Pour l'organisation de cette réunion, j'ai bénéficié de l'aide de M. Y. Bravard
qui a accepté de diriger la partie de l'excursion comprise entre Grenoble et
Aspres-sur-Buech, et qui a rédigé la partie du livret-guide relative à ce trajet,
et de l'aide de M. J.-J. Blanc et de ses collaborateurs pour la géologie du plateau
continental provençal.
Je dois adresser mes remerciements à tous ceux qui, au cours de l'excursion,
ont accepté de parler de leurs recherches en cours sur la région parcourue, et
m'ont ainsi secondé pour les explications données aux participants : Mne Gabert,
MM. Blanc, Bravard, Mercier, Montjuvent.
* Manuscrit déposé le 12 mai 1968. &"' les Durance Esteve-Janson" 0" ""Pevrolles Meyrargues '
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Fig. 1. — Trajet de l'excursion.
En pointillé : première journée (Grenoble-Manosque). — En points et tiretés alternés : deuxième journée (Manosque-Marseille). — En tireté : troisième journée
(Marseille-Toulon-Marseille). APERÇU SUR LE QUATERNAIRE DE GRENOBLE A MARSEILLE 5
I. — PREMIERE JOURNEE (19 mai 1967).
Glaciaire et fluvio-glaciaire duranciens.
La matinée de la première journée d'excursion était consacrée au trajet de
Grenoble à Aspres-sur-Buech, puis à l'étude du glaciaire durancien dans la
dépression de Laragne-Sisteron, tandis qu'au cours de l'après-midi ont été abordés
les problèmes du fluvio-glaciaire entre Sisteron et Manosque.
Nous avons dû laisser de côté l'étude de la vallée de la Durance en amont
du Poèt, par manque de temps (ce secteur n'était d'ailleurs pas prévu dans le
trajet de l'excursion), bien que cette région présente des dépôts quaternairss très
intéressants et pose des problèmes importants : origine et âge du glaciaire et du
fluvio-glaciaire de l'Embrunais et des poudingues d'Embrun, âge des tufs du bassin
du Guil, Quaternaire du bassin de Gap, stades de retrait du glacier wurmien, etc.
A. — De Grenoble à Aspres-sur-Buech.
Cette partie de l'excursion était dirigée par M. Y. Bravard (Institut de géo
graphie alpine, Faculté des lettres de Grenoble).
Depuis Grenoble, en se dirigeant vers le Sud, la route suivie (N. 75) « traverse,
jusqu'à Vif, la partie centrale du sillon des Alpes du Nord, vaste zone surcreusée
par les glaces quaternaires, particulièrement au Sud de Grenoble où confluaient
les glaces de l'Isère, de la Romanche et du Drac. La route qui parcourt le sommet
du remblaiement postglaciaire nous permet aussi de mesurer le développement
industriel de l'agglomération grenobloise vers le Sud » (Y. Bravard, Livret-guide
de l'excursion).
Dans cette partie de l'excursion, M. Y. Bravard situe le cadre montagneux
du trajet suivi : massifs anciens de la bordure de l'Oisans à l'Est, falaises calcaires
du Vercors à l'Ouest.
Cette zone a été influencée, au Quaternaire, par deux séries d'interventions,
d'après Y. Bravard :
— Une action alpine, venue de l'Est. Les glaciers de la Romanche et du Drac
ont surcreusé cette région, le surcreusement dû au glacier de la Romanche étant
plus important que celui dû au glacier du Drac. Leur effet de barrage dans la
région de Grenoble (glaciers de la Romanche et de l'Isère) a provoqué en amont
(Sud du sillon) un important dépôt d'alluvions.
— Une action venue de l'Ouest, due aux glaciers locaux du Vercors qui ont
alluvionné en arrière des glaces du Drac.
M. Montjuvent, qui étudie cette région, nous a précisé les modalités de ces
actions glaciaires, de part et d'autre du col de la Croix-Haute (1 179 m) qui « a
fonctionné temporairement comme diffluence du glacier du Drac vers la haute
vallée du Grand Buech » (Y. Bravard).
Après avoir atteint la vallée du Grand Buech, l'excursion s'arrête à Aspres-
sur-Buech pour examiner la coupe dite « du champ d'aviation ». Cette coupe nous
a été présentée par M. Masseport.
B. — D' Aspres-sur-Buech à Sisteron.
1. Vallée du Buech:
Outre la diffluence du col de la Croix-Haute, la vallée du Buech a reçu aussi
des glaces de la Durance qui ont envahi la vallée du Petit Buech en passant par BULLETIN DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE POUR L'ÉTUDE DU QUATERNAIRE 6
le col de la Freyssinouse. Cette diffluence de la Freyssinouse n'a fonctionné que
temporairement, durant le Rissien et, avec une importance beaucoup moindre,
durant le Wurmien.
Au Rissien, les vallées du Grand Buech et du Petit Buech, puis la vallée du
Buech, jusqu'au confluent avec la Durance à Sisteron, ont été entièrement emplies
par les glaces venant du Drac (par la Croix-Haute) et de la Durance elle-même
(par la Freyssinouse). Le glacier durancien formant un barrage à Sisteron, il en
est résulté un remblaiement glaciaire bien visible tout au long du Buech entre
Serres et Laragne, avec de nombreuses complications de détail, dues aux phases
de crue et de décrue de ces formations glaciaires.
Durant le Wurmien, les vallées du Buech ont connu une phase de remblaie
ment fluvio-glaciaire formant une basse-terrasse dans la vallée.
2. Bassin de Laragne-Sisteron :
A partir de Laragne nous entrons dans la dépression de Laragne-Sisteron, dans
laquelle les formations quaternaires se développent au confluent du Buech et de
la Durance.
On peut ici dresser une stratigraphie valable des dépôts morainiques, déter
miner l'importance relative et les limites de chaque glaciation, et proposer des
datations sûres.
Ce bassin de Laragne-Sisteron contient trois systèmes de moraines d'âge
Mindel, Riss et Wurm. On distingue les unités suivantes depuis les plus anciennes :
— Poudingue de Mison : équivalent des « poudingues des Plateaux » de la
dépression d'Aspres-Veynes, ils sont considérés comme « pliocenes » par beaucoup
d'auteurs ; mais leur âg