Aristote et la réforme de Clisthène - article ; n°1 ; vol.116, pg 37-51
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1992 - Volume 116 - Numéro 1 - Pages 37-51
Jean Ducat, Aristote et la réforme de Clislhène. P. 37-51 L'étude ne porte pas sur la réforme de Clisthène en elle-même, mais vise seulement à comprendre l'image qu'en donne Aristote au chapitre 1 de ÏAthenaion Politeia et, plus accessoirement, dans quelques passages de la Politique. Pour Aristote, le seul souci de Clisthène aurait été de rendre supportable par le corps civique athénien l'incorporation de nombreux «étrangers» (métèques et affranchis). Cette intention explique toutes les bizarreries du texte : c'est aussi elle qui fait que la réforme de Clisthène s'insère logiquement dans le schéma que propose Aristote pour l'évolution de la démocratie athénienne fondée par Solon.
Η μελέτη δεν ασχολείται με την ίδια την κλεισθένεια μεταρρύθμιση, αλλά προσπαθεί απλώς να συλλάβει την εικόνα της, όπως την αποδίδει ο Αριστοτέλης στο πρώτο κεφάλαιο της Αθηναίων Πολιτείας και, δευτερευόντως, σε ορισμένα εδάφια των Πολιτικών. Κατά τον Αριστοτέλη, μοναδικό μέλημα του Κλεισθένη θα ήταν να γίνει ανεκτή η ένταξη των πολυαρίθμων ξένων (μετοίκων και απελεύθερων) από το σώμα των αθηναίων πολιτών. Η πρόθεση του αυτή ερμηνεύει όλες τις ιδιορρυθμίες του κειμένου : χάρη σ' αυτήν, η μεταρρύθμιση του Κλεισθένη εναρμονίζεται λογικά στο σχήμα που προτείνει ο Αριστοτέλης για την εξέλιξη της αθηναϊκής δημοκρατίας, που ιδρύθηκε από το Σόλωνα.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 70
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Ducat
Aristote et la réforme de Clisthène
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 116, livraison 1, 1992. pp. 37-51.
Résumé
Jean Ducat, Aristote et la réforme de Clislhène.P. 37-51 L'étude ne porte pas sur la réforme de Clisthène en elle-même, mais
vise seulement à comprendre l'image qu'en donne Aristote au chapitre 1 de ÏAthenaion Politeia et, plus accessoirement, dans
quelques passages de la Politique. Pour Aristote, le seul souci de Clisthène aurait été de rendre supportable par le corps civique
athénien l'incorporation de nombreux «étrangers» (métèques et affranchis). Cette intention explique toutes les bizarreries du
texte : c'est aussi elle qui fait que la réforme de Clisthène s'insère logiquement dans le schéma que propose Aristote pour
l'évolution de la démocratie athénienne fondée par Solon.
περίληψη
Η μελέτη δεν ασχολείται με την ίδια την κλεισθένεια μεταρρύθμιση, αλλά προσπαθεί απλώς να συλλάβει την εικόνα της, όπως την
αποδίδει ο Αριστοτέλης στο πρώτο κεφάλαιο της Αθηναίων Πολιτείας και, δευτερευόντως, σε ορισμένα εδάφια των Πολιτικών.
Κατά τον Αριστοτέλη, μοναδικό μέλημα του Κλεισθένη θα ήταν να γίνει ανεκτή η ένταξη των πολυαρίθμων ξένων (μετοίκων και
απελεύθερων) από το σώμα των αθηναίων πολιτών. Η πρόθεση του αυτή ερμηνεύει όλες τις ιδιορρυθμίες του κειμένου : χάρη σ'
αυτήν, η μεταρρύθμιση του Κλεισθένη εναρμονίζεται λογικά στο σχήμα που προτείνει ο Αριστοτέλης για την εξέλιξη της αθηναϊκής
δημοκρατίας, που ιδρύθηκε από το Σόλωνα.
Citer ce document / Cite this document :
Ducat Jean. Aristote et la réforme de Clisthène. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 116, livraison 1, 1992. pp.
37-51.
doi : 10.3406/bch.1992.1693
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1992_num_116_1_1693ET LA RÉFORME DE CLISTHÈNE * ARISTOTE
Clisthène l'Athénien n'a pas eu de chance avec ses historiens grecs. On sait de quelle
manière Hérodote (V 66 et 69) rend compte de son œuvre : la présentation est tellement
réductrice qu'on la dirait malveillante, les seules motivations prêtées au législateur étant
le désir d'imiter son grand-père maternel et «un sentiment de mépris pour les Ioniens»
(P. E. Legrand). On n'en est d'ailleurs que plus étonné de voir le même Hérodote, dans
un autre passage (VI 131), définir Clisthène comme le fondateur de la démocratie athé
nienne. Reste VAthenaion Politeia, qu'il faut bien considérer comme le texte le plus
important. Il est remarquable, en effet, que, tout en suivant de très près Hérodote dans
son récit des événements, et tout en présentant lui aussi l'acte réformateur comme une
manœuvre de politicien, Aristote1 s'en écarte en insérant, avec le chapitre 21, un exposé
systématique du contenu des mesures prises. Il y était pratiquement contraint par le fait
que la réforme de Clisthène joue un rôle essentiel dans sa conception de l'évolution des
institutions d'Athènes.
C'est à ce chapitre qu'on s'intéressera, et à lui seul. Il ne s'agit donc pas de traiter de
la réforme en elle-même, mais uniquement de l'image qu'en donne Aristote. Cela dit, il
est évident qu'en lisant le texte aujourd'hui on ne saurait faire abstraction des recherches
qui ont été consacrées aux traces laissées par la réforme dans le paysage politique et social
* Abréviations utilisées :
Andrewes : A. Andrewes, « Kleisthenes' reform bill», CIQ 27 (1977), p. 241-248.
Bicknell : P. J. Bicknell, « Kleisthenes as politicien : an exploration», Sludies in Athenian Politics and
Genealogy (1972), p. 1-53.
Bordes : J. Bordes, Politeia dans la pensée grecque jusqu'à Aristote (1982).
Eliot : C. W. Eliot, The Coastal Demes of Attica (1962).
Lévêque — Vidal-Naquet : P. Lévêque et P. Vidal-Naquet, Clisthène l'Athénien (1964).
Lewis : D. M. Lewis, «Cleisthenes and Attica», Historia 12 (1963), p. 22-40.
Rhodes : P. J. Rhodes, A Commentary on Aristotelian Athenaion Politeia (1981).
Siewert : P. Siewert, Die Trittyen Attikas und die Heeresreform des Kleisthenes, Vestigia 33 (1982).
Stanton : G. R. Stanton, «The tribal reform of Kleisthenes the Alkmeonid», Chiron 14 (1984), p. 1-41.
Traill 1 : J. S. Traill, The Polilical Organization of Attica (1975). 2 : J. S. Demos and Trittys (1986).
Whitehead : D. Whitehead, The Demes of Attica (1986).
(1) L'emploi de ce nom ne signifie pas que le philosophe soit considéré comme ayant rédigé personnelle
ment VAthenaion Politeia. Il suffit qu'il l'ait inspirée, ce qui est évident. 38 jean ducat [BCH 116
de l'Attique classique. La compréhension du chapitre 21 se nourrit de ces études ; il doit y
avoir un va-et-vient entre la représentation et ce qu'on peut savoir de la réalité. Seule
ment, cette confrontation n'aura pas pour objet de juger de la valeur du texte comme
source, et ne prétend nullement enrichir notre connaissance de «ce qui s'est réellement
passé». Son seul but est la compréhension la plus complète possible de la pensée d'Aris-
tote. L'étude ne prendra pas la forme d'un commentaire suivi et complet ; pour cela, on se
reportera à Rhodes. On ne s'intéressera qu'à celles des phrases d'Aristote qui font pro
blème, et qui par là ont des chances d'être les plus significatives.
1 . § 2, βπως μετάσχωσι πλείους της πολιτείας, « afin que davantage de gens aient part à la
politeia i». Comment faut-il entendre ce mot? En tant qu'abstrait dérivé non de polis, mais
de polilès, il signifie très couramment la qualité de citoyen 2. Ce sens est bien attesté dans
YAP. En 13, 5, ώς πολλών κοινούντων της πολιτείας ου προσήκον en est sûrement un exemple,
puisqu'il est question du diapséphismos de 510. De même en 40, 2, où il s'agit du décret de
Thrasybule, εν φ μετεδίδου της πολιτείας πασι τοις έκ Πειραιέως συγκατελθουσι, puisque la suite
précise que, de notoriété publique, certains de ces gens étaient des esclaves. Le plus bel
exemple est celui, très connu, du chapitre 42, 1, qui décrit l'accession au corps civique :
μετέχουσι μέν της πολιτείας οι έξ αμφοτέρων γεγονότες αστών3. Mais, à cause du sujet même du
traité, le mot polileia y est souvent employé au sens de système politique, de forme de
gouvernement; c'est le cas, en particulier, dans la récapitulation du chapitre 41. Souvent,
aussi, de la qualité de citoyen on passe à la notion de «pleine participation aux droits
politiques», et de là à quelque chose qui est proche de notre idée de l'exercice du pou
voir4. Ainsi, en 15,2, τών ιππέων τών εχόντων έν Έρετρία την πολιτείαν ne peut guère se
traduire autrement que «les cavaliers, qui exerçaient le pouvoir à Érétrie»; en 36,1,
καταλέγουσι τών πολιτών τρισχιλίους ώς μεταδώσοντες την πολιτείαν, «(les Trente) choisissent
trois mille citoyens afin de les associer au pouvoir». Or, c'est le sens qui correspond au
dernier emploi de politeia avant le chapitre 21, c'est-à-dire en 20,1 : par la formule
άποδίδους τω πλήθει την πολιτείαν, qui n'est pas autre chose qu'une définition de la réforme,
Aristote veut bien dire que Clisthène s'est concilié la classe populaire «en remettant le
pouvoir entre ses mains».
Est-ce ici «pouvoir» ou «qualité de citoyen»? Le contexte s'accommode des deux
sens. Aristote a pu vouloir dire que le brassage5, en faisant disparaître certaines discrimi
nations, en faisant sauter certains verrous, permettait l'accès au pouvoir de plus larges
couches de la population ; il créait une dynamique de démocratisation. Mais — quoique
en ce cas le raisonnement soit moins évident, plus allusif — il a aussi pu vouloir dire que
le brassage a rendu possible, au sens de supportable pour la société, l'élargissement du
corps civique à une quantité non négligeable de nouveaux venus.
(2) Cette traduction me paraît préférable à celle, traditionnelle, de «droit de cité».
(3) On trouve même le sens technique de «décret accordant la qualité de citoyen» : 54,3.
(4) Sur ce glissement sémantique, cf. Bordes, p. 81-86.
(5) En effet, c'est par la médiation du brassage que l'augmentation est liée causalement au nombre de dix
choisi par Clisthène pour les tribus. Il n'y a pas une relation mécanique entre l'augmentation du des
tribus et celle de la masse des citoyens. ARISTOTE ET LA RÉFORME DE CLISTHÈNE 39 1992]
C'est la

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