Bazas 414 : la rupture de l alliance alano-gothique - article ; n°1 ; vol.26, pg 175-193
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Bazas 414 : la rupture de l'alliance alano-gothique - article ; n°1 ; vol.26, pg 175-193

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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 2000 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 175-193
• Les événements de Bazas en 414 de notre ère sont examinés en détail d'après le poème autobiographique l'Eucharisticus de Paulin de Pella. Sont en cause non seulement les rapports entre les Romains d'une part et les chefs germains de l'autre (Goths, Alains), mais aussi les relations entre ces groupes.
• The events of Bazas, in 414 A.D., are scrutinized through a study of Paulin de Pella's autobiographical poem Eucharisticus. Are questionned not only the relations between the Romans and the German leaders (of the Goths and the Alans), but also the relations between those groups themselves.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur S. M. Perevalov
Iaroslav Lebedynsky
Bazas 414 : la rupture de l'alliance alano-gothique
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 26 N°1, 2000. pp. 175-193.
Résumé
•Les événements de Bazas en 414 de notre ère sont examinés en détail d'après le poème autobiographique l'Eucharisticus de
Paulin de Pella. Sont en cause non seulement les rapports entre les Romains d'une part et les chefs germains de l'autre (Goths,
Alains), mais aussi les relations entre ces groupes.
Abstract
•The events of Bazas, in 414 A.D., are scrutinized through a study of Paulin de Pella's autobiographical poem Eucharisticus. Are
questionned not only the relations between the Romans and the German leaders (of the Goths and the Alans), but also the
relations between those groups themselves.
Citer ce document / Cite this document :
Perevalov S. M., Lebedynsky Iaroslav. Bazas 414 : la rupture de l'alliance alano-gothique. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol.
26 N°1, 2000. pp. 175-193.
doi : 10.3406/dha.2000.2418
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_2000_num_26_1_2418Dialogues d'Histoire Ancienne 26/1, 2000, 175-193
Bazas 414 : la rupture de l'alliance alano-gothique*
Résumés
• Les événements de Bazas en 414 de notre ère sont examinés en détail d'après le poème
autobiographique Г Eucharisticus de Paulin de Pella. Sont en cause non seulement les rapports entre
les Romains d'une part et les chefs germains de l'autre (Goths, Alains), mais aussi les relations entre
ces groupes.
• The events of Bazas, in 414 A.D., are scrutinized through a study of Paulin de Pella's
autobiographical poem Eucharisticus. Are questionned not only the relations between the Romans
and the German leaders (of the Goths and the Alans), but also the those groups
themselves.
Les Grandes Invasions dans l'empire romain furent cause d'événements
que le caractère lacunaire des données qui nous sont parvenues rend parfois
extrêmement difficiles à interpréter. Un exemple de ces difficultés est la façon
dont la ville aquitaine de Bazas, en Gaule méridionale, échappa à la destruction
par les Goths. La source fondamentale sur le siège de la ville est le poème
autobiographique de Paulin de Pella, Y Eucharisticus (« Remerciement »)1.
Paulin de Pella (vers 376 - après 459), poète de second ordre, n'est connu
qu'à travers son œuvre. On a pensé un temps que Y Eucharisticus revenait à saint
Paulin de Noie (353 - 431), mais les circonstances des vies des deux Paulin
diffèrent trop pour que l'on puisse admettre cette attribution2. Dans le texte,
* S.M. Perevalov. Université de Vladikavkaz (Ossétie du Nord). Traduit du russe par Iaroslav
Lebedynsky, chargé de cours à l'INALCO (Paris).
1. Ce poème, composé de 616 hexamètres et intitulé Eucharisticus Deo sub ephemeridis meae textu,
nous est parvenu dans un unique manuscrit du IXe siècle, conservé aujourd'hui à Berne (cod.
Bernens. 317). Un autre manuscrit, aujourd'hui perdu, a été employé pour Yeditio princeps (Bibliotheca
Sanctorum Patrům. Appendix. Vol. III. Paris, 1579). Les éditions suivantes ont été utilisées pour le
présent article : 1) G. Brandes dans Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum. Vol. XVI. Poetae
Christiani Minores. P.I. Vindobonae, 1888 ; 2) l'édition de White, basée sur le texte de Brandes, avec
une traduction anglaise parallèle : Ausonius. With an English translation by H.G.E. White. Vol. II. With
the Eucharisticus of Paulin Pellaeus. Londres, 1967. Une traduction en prose de l'épisode du siège de
Bazas par A.I. Maléine figure dans Scythica et Caucasica de V.V. Latychev (SC SPb t. II fasc. 2, 1906,
p. 416-416) ; VDI 1949. № 4, p. 261-262). Une traduction russe versifiée complète a été effectuée par
M.L. Gasparov à partir de l'édition de H. White (Pavlin iz Pelly, Evkharistik Gospodu Bogu v vide
vsednevnoï moeï povésti / Avsoniï, Stikhotvorenia. Moscou, 1993. p. 233-248).
2. Le manuscrit de Berne du IXe siècle indique en titre « auteur incertain » (incerti auctoris). La
première édition de 1579 attribue l'œuvre à Paulin de Noie. Cette opinion tint jusqu'à la fin du siècle
DHA 26/1, 2000 176 S. M. Perevalov
décrit par le poète russe Valériï Brioussov comme « le récit d'un raté du IVe
siècle », figurent de nombreux croquis historiques, intéressants parce que faits
« d'après nature » par un témoin et acteur des événements. Les commentateurs
considèrent que les faits relatés sont fiables pour l'essentiel.
Le héros du poème naquit à Pella en Macédoine, dans la famille d'un
important dignitaire de l'État qui fut vicaire de puis proconsul
d'Afrique. Il passa son enfance en Gaule aquitaine près de la ville de Bordeaux.
À trois ans, il vit son grand-père consul. D'après les dates de la vie de Paulin
(Euch. v. 12-14, 232, 474-278 et autres), ce grand-père ne pouvait être que
Decimus Magnus Ausonius ou Ausone (v. 310 - v. 394), consul en 379 et poète
connu, dont Paulin était un petit-fils (adoptif ?)3. Paulin reçut l'instruction
gréco-romaine obligatoire, lut les dialogues de Platon, les poèmes d'Homère et
de Virgile. Dans sa jeunesse, fortifiant sa santé, il s'adonna aux distractions de la
chasse et de l'amour. À vingt ans, sur les instances de son père, il se maria et se
consacra énergiquement aux affaires de sa propriété dans les environs de
Bordeaux. À l'âge de trente ans, un double malheur frappa Paulin : les Barbares
envahirent l'empire, et son père mourut (v. 233 - 236). Les désagréments
personnels furent aggravés par la brouille avec son propre frère au sujet de
l'héritage paternel. Mais il passèrent vite au second plan derrière les malheurs
d'ordre extérieur qui entraînèrent non seulement Paulin, mais aussi toute la
Gaule, dans une série de dures épreuves.
La Gaule romaine du Ve siècle apparaissait aux contemporains comme un
pays florissant avec une population riche et cultivée. La crise générale de
l'Empire, bien qu'elle s'y fît sentir, ne pesait pas particulièrement sur l'existence
des représentants de la classe à laquelle appartenait Paulin : la grande aristo-
dernier (Manitius M. Ceschichte der christlich-lateinischen Poesie bis гиг Mitte des 8. Jahrhunderts.
Stuttgart, 1891. p. 162). Cette attribution erronée était peut-être fondée sur l'homonymie de Paulin
de Noie et de l'auteur du poème, dont le nom pouvait apparaître dans le manuscrit utilisé pour
l'édition originale. L'auteur est aujourd'hui appelé Paulin de Pella, d'après son lieu de naissance
indiqué dans le poème (v. 24).
3. Le père de Paulin pouvait être soit le second mari de la fille d'Ausone Thalassius, vicaire de
Macédoine, puis proconsul d'Afrique, soit Hesperius, fils d'Ausone, qui occupa les mêmes postes.
La mère de Paulin, en tout cas, était une Grecque ou une Macédonienne (Euch. v. 414), qui mourut
peu de temps après ses couches. Sur la généalogie de Paulin : Manitius, op. cit. p. 213 ; White, op. cit.
p. 295-296 ; Etienne R. Bordeaux antique. Bordeaux, 1962. p. 363-65. Tous les événements et dates de
la vie de Paulin sont tirés du poème. Au moment de sa rédaction (459), Paulin était dans sa 84e
année (Euch. v. 12 sq. et 474-478).
DHA 26/1, 2000 Bazas 414 : la rupture de l'alliance alano-gothique 177
cratie foncière. L'année 406 marqua une rupture : le dernier jour de décembre4,
le Rhin gelé fut franchi et la Gaule envahie depuis le nord par ces peuples que
Paulin (v. 235) qualifie d'ennemis de l'Empire : les Suèves, les Vandales, les
Alains. La rumeur et la tradition officielle accusèrent de leur venue le puissant
Stilichon, « maître des soldats » (magister militum), Vandale d'origine, qui avait
choisi de combattre les Barbares avec les forces de ces mêmes Barbares, recrutés
dans l'armée romaine. Ces accusations conduisirent à la chute et à l'exécution de
Stilichon (408). Durant presque trois ans, la Gaule subit les ravages des hordes
dispersées sur son territoire (saint Jérôme, Epist. 123. 15. 3 ; Orose VIL 40. 3-9),
après quoi une partie des envahisseurs s'entendit avec les Romains, tandis que
l'autre, la plus nombreuse, passait en Espagne à l'automne de 409. Paulin avait
échappé à une rencontre peu agréable avec la première vague de Barbares et,
bi

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