Choses vues à l’école laïque, 1989-2004 - article ; n°1 ; vol.78, pg 61-67
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Choses vues à l’école laïque, 1989-2004 - article ; n°1 ; vol.78, pg 61-67

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Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 2005 - Volume 78 - Numéro 1 - Pages 61-67
Was it necessary to promulgate a new law to promote secularity principle, reinforce it, found it again and bring it to fame? Headmaster then in the beginning of 2000’ s, principal private Secretary to Jack Lang. Who was at the time minister of State education, the author attests of the growing place of religious behaviours in public school between 1989 and 2004. At the approach of the centenary of the law of 1905 celebration, he underlines, through his observations, the pressing task for school to come back to republican secularity.
Fallait-il promulguer une nouvelle loi pour promouvoir le principe de laïcité, le renforcer, le refonder, l’illustrer? Directeur d’établissement, puis, au début des années 2000, chef de Cabinet, auprès de Jack Lang, alors ministre de l’Éducation nationale, l’auteur témoigne de la place grandissante des comportements religieux au sein de l’école publique entre 1989 et 2004. À l’approche de la célébration du centenaire de la loi de 1905, il souligne, fort de ses observations, la tâche urgente pour l’école de revenir aux sources de la laïcité républicaine.
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

F
allait-il promulguer une nouvelle loi pour pro-
mouvoir le principe de laïcité, le renforcer, le refonder,
l’illustrer ? Je le crois en effet. Sans doute avions-nous
le choix lorsqu’éclata, en 1989, la première affaire de
voiles. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Tandis qu’on
aurait pu, dès l’origine, juguler cette situation avec un
peu de force tranquille, c’est-à-dire de courage, de
cohérence et de pédagogie, il a fallu attendre près de
quinze ans pour qu’on prenne conscience de son
inquiétante évolution.
Dans un texte intitulé «
Clarté, fermeté, laïcité
»,
publié dans
Libération
le 12 novembre 1999, Gaye Petek
1
et moi écrivions déjà : «
Tout serait beaucoup plus clair,
beaucoup plus simple, si une loi venait préciser la laïcité
scolaire, ses exigences et ses modalités d’application.
A
fortiori
à l’heure où tout le monde se réclame de la laïci-
té mais sans toujours lui donner le même sens.
»
Est-il besoin de préciser qu’alors, voici plus de cinq
ans, pour entendue qu’elle fût par une large fraction du
monde enseignant, cette position demeurait minoritai-
re dans le monde politique. Depuis il y a eu le vote à
une écrasante majorité, des députés le 10 février 2004,
des sénateurs le 3 mars 2004, de la «
loi encadrant, en
application du principe de laïcité, le port de signes ou
de tenues manifestant une appartenance religieuse
dans les écoles, collèges et lycées publics
». Il y a eu
surtout, pendant près d’un an, une intense réflexion,
une large discussion dans notre pays, suivies, poursui-
vies, commentées bien au delà même de nos frontières.
Sur fond de progression de l’islamisme, la confu-
sion et les atteintes à la laïcité révélées par les travaux
de la Commission Stasi et d’une mission de
l’Assemblée nationale atteignaient un tel degré et une
telle ampleur qu’elles appelaient fermeté et clarté dans
la définition des principes. Seule la fermeté sur les prin-
cipes — qui n’est précisément pas la fermeture mais au
contraire la condition même de l’ouverture et du dia-
logue — peut permettre la souplesse dans leur applica-
tion. Au lieu de quoi, au cours de ces quinze dernières
années, nous avons souvent eu à nous plaindre, en
matière de laïcité, d’une approche rigoureusement
inverse : flou sur les principes, oscillation entre laxisme
et autoritarisme dans la pratique.
Clarté et fermeté : tel est, en effet, selon moi, le
sens de cette loi, au demeurant non exclusive d’autres
initiatives.
Refonder la laïcité,
ou le retour aux sources…
Aux temps où la formation des enseignants incluait
naturellement une instruction et une réflexion sur la laï-
cité, celle-ci n’occupait pas la place qu’elle a prise,
aujourd’hui, dans le discours et le débat publics.
Sans doute ma génération a-t-elle sa part de res-
ponsabilité dans l’état de confusion qui a dominé ces
dernières années. Longtemps nous avons eu tendance à
tenir les valeurs républicaines pour désuètes, ringardes.
Nous estimions la laïcité datée et il nous a fallu du
temps et la confrontation à quelques situations problé-
matiques, certaines inédites, pour comprendre qu’en
effet, aujourd’hui encore, elle fait date.
Si, depuis 2002, le cursus de formation initiale des
enseignants comprend un nouveau module sur « la phi-
losophie de la laïcité » couplée avec « l’enseignement
du fait religieux dans l’école laïque » — qui ne lui est en
rien contradictoire mais mériterait un module à soi seul
— force est de constater la faible part qui lui est accor-
dée (dix heures sur une année pour ces deux thèmes). En
vérité, il nous faudrait engager sur ces questions une
action de formation d’envergure. Au-delà des personnels
de l’Éducation nationale, c’est sans doute l’ensemble de
la fonction publique d’État, aussi bien que territoriale,
qu’un tel plan devrait concerner. J’appelle de mes voeux
une action de formation ambitieuse en la matière et
m’efforce d’ores et déjà, dans la mesure de mes moyens,
d’y contribuer en organisant ou participant à des ses-
sions de formation en IUFM sur la laïcité.
1
. Gaye Petek est
directrice de l’association
Elele, migrations et
cultures de Turquie.
Membre du Haut Conseil
à l’intégration sans
discontinuer depuis
1999, elle a siégé à la
commission
indépendante sur la
laïcité dans la
République, dite
« Commission Stasi »
(juillet à décembre 2003).
Choses vues
à l’école laïque
Alain SEKSIG
A
LAIN
SEKSIG,
conseiller du ministre de l’Éducation
nationale (2000-2002), est inspecteur général de l’Éducation
nationale et membre du comité de rédaction de la revue
Hommes et migrations
.
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