Colbert et la « République des médailles » - article ; n°152 ; vol.6, pg 333-358
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Description

Revue numismatique - Année 1997 - Volume 6 - Numéro 152 - Pages 333-358
Résumé. - La numismatique prit son essor en France dans la seconde moitié du XVIIe siècle, à la fois comme science - on parlait alors de « science des médailles » - et comme curiosité. Colbert et son entourage ont joué dans cet épanouissement un rôle important et peu connu, que met en valeur un mémoire adressé au ministre, publié en annexe.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Thierry Sarmant
Colbert et la « République des médailles »
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 152, année 1997 pp. 333-358.
Résumé
Résumé. - La numismatique prit son essor en France dans la seconde moitié du XVIIe siècle, à la fois comme science - on parlait
alors de « science des médailles » - et comme curiosité. Colbert et son entourage ont joué dans cet épanouissement un rôle
important et peu connu, que met en valeur un mémoire adressé au ministre, publié en annexe.
Citer ce document / Cite this document :
Sarmant Thierry. Colbert et la « République des médailles ». In: Revue numismatique, 6e série - Tome 152, année 1997 pp.
333-358.
doi : 10.3406/numi.1997.2141
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1997_num_6_152_2141SARMANT* Thierry
COLBERT ET LA « RÉPUBLIQUE
DES MÉDAILLES »
Résumé. - La numismatique prit son essor en France dans la seconde moitié du XVIIe
siècle, à la fois comme science - on parlait alors de « science des médailles » - et
comme curiosité. Colbert et son entourage ont joué dans cet épanouissement un rôle
important et peu connu, que met en valeur un mémoire adressé au ministre, publié en
annexe.
La floraison de la numismatique en France, tout à la fois science et curios
ité à la mode, coïncide avec la première partie du règne personnel de Louis
XIV, ces années 1660-1680 où notre pays s'assura la prépondérance en
Europe. Ce synchronisme ne doit rien au hasard : l'État eut sa part dans le
développement de la science des médailles. C'est alors en effet que Jean-Bapt
iste Colbert créa le Cabinet des médailles, donna sa première forme à l'Ac
adémie des inscriptions, fit commencer l'histoire métallique du roi et
patronna la publication du Cabinet du roi 2. Comme les sciences, les lettres
et les arts, la numismatique entra au service de la monarchie et devint un
élément du vaste dispositif érigé par Colbert dans un but de glorification du
régime.
Seul des ministres de l'ancienne France, Colbert a laissé le souvenir d'une
politique décidée pour les choses de l'esprit. Le vieil édifice était essentiell
ement justicier, financier et guerrier. De « politique culturelle », point ; Col
bert fit exception.
* Conservateur au Service historique de l'armée de Terre, château de Vincennes, BP.107,
00481 Armées.
2. La bibliographie relative à Colbert est surabondante. Il surfit de signaler ici les travaux
essentiels: Pierre Clément, Lettres, instructions et mémoires de Colbert, Paris, 1870, Jean-
Louis Bourgeon, Les Colbert avant Colbert, Paris, 1973, Jean Meyer, Colbert, Paris, 1982,
Inès MURAT, Colbert, 1983, Un nouveau Colbert. Actes du colloque pour le tricentenaire de la
mort de Colbert, Paris, 1985.
Revue numismatique, 1997, p. 333-358 THIERRY SARMANT 334
En étudiant le ministre comme créateur du Cabinet des médailles et pro
moteur de la curiosité numismatique, on verra que Colbert, sa famille et sa
clientèle occupèrent les places les plus en vue dans cette « République des
médailles » 3, province de la République des lettres, qui, dans la seconde
moitié du XVIIe siècle, porta la numismatique à un degré d'exactitude et de
réputation qu'elle n'avait jamais connu 4.
I. La création du Cabinet des médailles
Tout commença, à l'aube du règne personnel de Louis XIV, par un legs que
Gaston d'Orléans fit à son neveu. Monsieur mourut en effet le 2 février 1660,
laissant au jeune monarque sa bibliothèque et ses collections, notamment
l'ensemble de « ses médailles d'or, d'argent et de cuivre, des pierres gravées,
des antiques et autres raretez qui estoient à la garde du sieur Bruno ».
À cette époque, les collections du roi de France souffraient de la compar
aison avec celles d'autres souverains ou même de grands particuliers.
Henri IV avait commencé d'établir à Fontainebleau un cabinet qui devait
prendre la succession de celui des Valois, anéanti dans les troubles de la
Ligue. Mais sa mort avait interrompu cette entreprise 5. Louis XIII avait
montré aussi peu de goût pour les beaux-arts que les belles-lettres laissant
ces préoccupations au cardinal de Richelieu à qui il revint de tenir le rôle de
mécène. Le roi n'était pas plus collectionneur et avait laissé à son frère Gas
ton l'apanage de la passion numismatique, lui écrivant même qu'il « voyait
peu de cette antienne ». Affligé d'une profonde incapacité politique, Gaston
d'Orléans brilla au contraire comme mécène et collectionneur, rassemblant
des trésors dans son palais du Luxembourg et dans son château de Blois 6.
Le legs de 1660, accepté par lettres patentes de novembre 1661, constituait
une collection royale nouvelle. Le 4 mars 1660, le secrétaire d'État de la
guerre, Michel Le Tellier, écrivit au garde du Cabinet de Monsieur, Bénigne
3. L'expression devient courante dans la littérature numismatique dans la dernière décen
nie du siècle. Mais on trouve, dès 1672, sous la plume de Charles Patin, l'expression latine
« Respublica curiosa », dans son Thesaurus numismatum, p. 218.
4. La somme la plus récente sur l'histoire des collections en général et de la curiosité
numismatique en particulier est l'ouvrage d'Antoine SCHNAPPER, Collections et collection
neurs dans la France du XVlř siècle, I, Le géant, la licorne, la tulipe, 1988. //, Curieux du grand
siècle, 1994. On s'y reportera pour une bibliographie plus développée sur ces questions. Le
présent article reprend et complète des faits exposés dans T. Sarmant, Le Cabinet des
médailles de la Bibliothèque nationale, 1661-1848, Paris, 1994, p. 25-46, et utilise les
recherches menées dans le cadre d'une thèse de doctorat placée sous la direction de M. le
professeur Daniel Roche, « La République des médailles. Numismates et collections numis-
matiques à Paris du XVIIe au XIXe siècle ». Ces pages doivent beaucoup à l'aide et aux conseils
de M. Jérôme Delatour, conservateur stagiaire des bibliothèques.
5. -T. Sarmant, op. cit., p. 5-21, « Les origines du Cabinet des médailles ».
6. Sur Gaston collectionneur, voir A. Schnapper, op. cit., 1. 1, p. 187-194.
RN 1997, p. 333-358 ET LA « RÉPUBLIQUE DES MÉDAILLES » 335 COLBERT
Bruno, pour lui ordonner de veiller à la conservation du cabinet du défunt.
Mais ce fut Colbert qui obtint le maintien de Bruno à la tête des collections
léguées par le défunt 7. Très tôt en effet, Colbert s'était occupé des affaires
littéraires et artistiques de la monarchie, sans titre particulier pour le faire.
La chronologie et les circonstances de sa mainmise dans cette partie sont
encore mal éclaircies. Elle tire son origine du ministère de Mazarin,
puisque, dès 1656, Colbert avait obtenu du cardinal pour son frère Nicolas
la charge de garde de la Bibliothèque du roi 8.
Vint l'année 1661 : Fouquet, l'encombrant rival, tomba, et Colbert reçut
l'intendance des finances. Bien que Louis XIV fût son propre premier
ministre, le ministre jouit dès lors d'une influence prépondérante dans le
gouvernement. Jadis créature de Mazarin, il se fit à son tour un réseau
d'obligés et de créatures. Bénigne Bruno fut l'un d'eux.
Ce Bruno était un curieux personnage 9. Né à Dijon en 1591, il était le fils
d'un conseiller au Parlement de Bourgogne, Gabriel Breunot, connu pour
son Journal de l'époque de la Ligue. Il ne succéda pas à son père, mort en
1618, dans sa charge de robe. On le retrouve en 1627, devenu l'un des quatre
maîtres d'hôtel du duc d'Orléans. Il tentait alors de s'agréger à la noblesse et
avait pris le nom de sieur de Montmuzard, petite terre proche de Dijon jadis
possédée par ses parents. En 1638, il succéda au P. Jacques Sirmond, jésuite
érudit et confesseur du roi, comme garde des collections de Monsieur. Si
rmond avait été l'un des plus célèbres polémistes de la Compagnie, ennemi
acharné du jansénisme ; Bruno n'avait rien publié et ne publia jamais rien.
Il ne subsiste pas même de note érudite de sa main. Ainsi, rien ne semblait
le désigner pour remplacer dans sa charge l'illustre jésuite. Il en va de même
po

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