Deux chapitres de l influence littéraire de Christine de Pisan - article ; n°1 ; vol.94, pg 27-45
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1933 - Volume 94 - Numéro 1 - Pages 27-45
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1933
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Suzanne Solente
Deux chapitres de l'influence littéraire de Christine de Pisan
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1933, tome 94. pp. 27-45.
Citer ce document / Cite this document :
Solente Suzanne. Deux chapitres de l'influence littéraire de Christine de Pisan. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1933,
tome 94. pp. 27-45.
doi : 10.3406/bec.1933.449001
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1933_num_94_1_449001DEUX CHAPITRES
DE
L'INFLUENCE LITTÉRAIRE DE CHRISTINE DE PISAN
Christine de Pisan, dans son Avision, se plaint des critiques
dont ses ouvrages sont l'objet et se fait adresser les paroles
suivantes par dame Oppinion : « Les aucuns dient que clercs
ou religieux les (tes ouvrages) te forgent et que de sentement
de femme venir ne pourroient..., les autres dient que ton
stile est trop obscur et que on ne l'entent 1. » Son interlocut
rice ajoute ces mots consolateurs : « et si te prophétise que
yceste lecture sera de plusieurs tesmoignée diversement, les
uns sur le lengage donront leur sentence en plusieurs man
ières, diront que il n'est pas bien elegant, les autres que la
composicion des materes est estrange, et ceulx qui l'enten
dront en diront bien, et le temps à venir plus en sera parlé que
à ton vivant, car... tu es venue en mauvais temps, car les
sciences ne sont pas à present en leur reputacion..., mais
après ta mort vendra le prince piain de valour et sagece qui,
par la relacion de tes volumes, désirera tes jours avoir esté de
son temps, et par grant désir souhaidera t'avoir veue2 ».
La prophétie de dame Oppinion s'accomplit ; peu après la
mort de Christine de Pisan, il fut parlé de l'illustre femme de
lettres, et bien des auteurs déjà au xve et au xvie siècle c
itèrent son nom avec éloge. En 1434, Guillebert de Metz
écrivait : « Item, damoiselle Christine de Pizan, qui dictoit
toutes manières de doctrines et divers traitiés en latin et en
françois3. » En 1442, dans son Champion des Dames, Martin
1. Avision. Bibl. nat., ms. fr. 1176, fol. 48 v°.
2. Ibid.,îo\. 49etv°.
3. Description de la cille de Paris et de l'excellence du royaume de France,
chap, xxx (édit. Le Roux de Lincy et Tisserand, p. 234). DEUX CHAPITRES DE L'INFLUENCE LITTÉRAIRE 28
le Franc exaltait la mémoire de Christine et la comparait à
Cicéron et à Caton 1. Dans le Jardin de Plaisance et fleur de
Rethorique, publié par Antoine Vérard, vers 1501, le nom de
Christine est évoqué. L'auteur de V Instructif de seconde Ré-
thorique s'écrie :
Cristine aussi noblement metrifie,
Mesmes Castel qu'elle eut à filz pour sien,
Qui depuis fut grant rethoricien 2.
Dans une autre pièce du même recueil : « Comment une
des dames qui est au jardin de Plaisance... envoyé une
epistre à son singulier amy, grant orateur », on trouve : « Sup
portes les durs traitz de ma rude pleume, que ne suis usitée
de si subtil pinceau pourtraire, comme Sapho, Cristine,
Othée, et les autres escrivantes es plaisans ars d'humanité3. »
Jean Marot vante la sagesse de Christine et recommande la
lecture de ses ouvrages. Clément Marot, dans son rondeau à
Jeanne Gaillarde, de Lyon, déclare que
D'avoir le prix en science et doctrine
Bien mérita de Pisan la Christine.
Jean Bouchet la place dans le Tabernacle des illustres
dames qu'il passe en revue son Temple de bonne Renomm
ée, et cite « les epistres, rondeaux et ballades en langue
françoyse de Christine » dans son Jugement poétique de Vhon-
neur jemenin 4. Christoval Acosta la loue dans son Tratado en
loor de las mugeres, publié à Venise, en 1592 5.
Après la mort de Christine, on ne se contenta pas de la
citer, on imprima ses œuvres, on les traduisit en diverses
langues, on les remania. Les Cent histoires de Troie furent
1. Martin le Franc, Champion des dames. Bibl. nat., ms. fr. 12476, fol. 114 et
v°, et R. Thomassy, Essai sur les écrits politiques de Christine de Pisan, 1838,
in-8°, p. 99-101.
2. Voir la reproduction en fac-similé pour la Soc. des Anciens textes français de
l'édit. du Jardin de plaisance, publ. par Antoine Vérard, vers 1501 (Didot, 1910,
in-4°), fol. 11 v°, col. 1. Voir aussi p. 51 du tome II contenant l'introduction et
les notes, par E. Droz et A. Piaget (Champion, 1925, in-4°).
3. Ibid., I, I, fol. ccxxv V ; cf. t. II, p. 298, pièce 663.
4. Thomassy, op. cit., p. 92, 94, 95, 97, 98.
5. M. Laigle, Le livre des trois vertus de Christine de Pisan et son milieu hi t
orique et littéraire. Paris, 1912, in-8° [Bibliothèque du XVe siècle, t. XVI), p. 41. DE CHRISTINE DE PISAN 29
imprimées chez la veuve de Jean Trepperel (vers 1518), à
Lyon (1519), chez Philippe le Noir (1522), par Philippe Pigou-
chet (s. d.), etc. Le Trésor de laCité des dames fut imprimé par
Antoine Vérard (1497), par Michel le Noir (1503), Jean André
et Denis Janot (1536). Le même ouvrage fut traduit en portu
gais et imprimé sous le titre de Espelho de Christina, o quai falla
dos très estados das mulheres, à Lisbonne, chez Herrn, de Cam-
pos (1518). Rappelons qu'Antoine Wideville, comte Rivers,
traduisit en anglais les Proverbes moraux et que sa traduction
fut imprimée par Gaxton (1477). Ce fut encore Guillaume
Caxton qui traduisit en anglais et imprima dans cette langue,
sur l'ordre de Henri VII, roi d'Angleterre, le Livre des fais
d'armes et de chevalerie (1489) l.
On connaît le remaniement des Cent histoires de Troie fait
par Jean Miélot, probablement en 1461, sur l'ordre de Phi
lippe le Bon2.
Enfin, en 1549, Jean Chaperon traduisit son Livre du ch
emin de long estude « de langue romane en prose française »,
habillant, suivant l'expression de Thomassy, cet ouvrage « à
la moderne 3 ».
L'influence littéraire de Christine s'exerça longtemps « sans
interruption, au milieu d'une incessante rénovation de faits
et d'idées4 ». D'après Thomassy, Christine de Pisan joua un
rôle dans la vocation poétique de Charles d'Orléans5. Alain
Chartier paraît s'être inspiré du Débat de deux amans dans
son Débat des deux fortunés d1 amour &, et avoir encore imité
Christine dans son poème de Y Espérance ou Consolation des
trois vertus^.
Christine inspira aussi Olivier de la Marche, Jean Molinet,
col. 1.259 Brunet, ; t. II, Manuel col. 1002. du M. libraire, Laigle (p. 5e 36, édit., n. 5) t. ajoute I, col. à 1855-1858, cette liste et une Suppl,, traduction t. I,
de la Gîté des dames faite par Bryan Anslay et imprimée à Londres par Pepwell
(1521).
2. Christine de Pisan, Épître d'Othéa, déesse de la Prudence, à Hector, chef des
Troyens. Reproduction des cent miniatures du manuscrit 9392 de Jean Miélot, par
J. Van den Gheyn. Bruxelles, Vromant, 1913, in-8°.
3. Op. cit., p. 93-94.
4. Ibid., p. 88-89.
5.p. 90.
6. Jardin de Plaisance, introd. et notes, t. II, p. 265.
7. M. Laigle, op. cit., p. 38. DEUX CHAPITRES DE l' IN FLU EN CE LITTÉRAIRE 30
Jean et Clément Marot, Jean Bouchet, Jean Meschinot,
François Habert1.
Nous avons relevé des traces de l'influence de l'œuvre de
Christine dans deux ouvrages.
Le premier a été signalé par M. Laigle, qui le range dans les
traités d'éducation dont le Livre des trois vertus est le « mod
èle caché2 ». Il est contenu dans le manuscrit 19919 du
fonds français de la Bibliothèque nationale et est intitulé :
« Les enseignemens que une dame laisse à ses deulx filz, en
forme de testament. » Ce manuscrit, après avoir appartenu au
chancelier Séguier, fut légué à Saint-Germain-des-Prés par
son petit-fils Henri-Charles Du Cambout de Coislin et entra
à la Bibliothèque nationale en 1795-1796, où il reçut la cote
Saint-Germain français 1974. C'est une copie de la fin du
xve siècle, sur parchemin, comptant 28 feuillets de 195 sur
135 mm. On lit au fol. 27 la signature « Moreul », et au
fol. 28 v° la mention « A mon frère et amy Jehan F-[-ombre ?], »
de deux mains différentes de celle qui a transcrit le texte 3.
Ce texte se compose d'une série de sages conseils appuyés
par des exemples bien choisis. Il commence ainsi :
[A] toutes choses venues sur terre et d'icelle(s) créés convient
prendre fin, dont moy, voiant au danger périlleux où plusieurs
femmes s'aquitent de ce doullent passage, doubtant que mon
heure ne soit venue,

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