Facteurs textuels et facteurs sémantiques dans la problématique de l ordre des mots : le cas des constructions détachées - article ; n°1 ; vol.111, pg 83-96
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Facteurs textuels et facteurs sémantiques dans la problématique de l'ordre des mots : le cas des constructions détachées - article ; n°1 ; vol.111, pg 83-96

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Description

Langue française - Année 1996 - Volume 111 - Numéro 1 - Pages 83-96
Bernard COMBETTES : « Textual and semantic factors in word order. The case of detached constructions » This paper deals with the characteristics of the « construtions détachées » (CD) (adjectival phrases or participial phrases functioning as adjuncts), and examines the two interacting and functionally motivated principles which determine the placement of the constituent in clause-first position : a textual constraint (the CD as a marker of topic continuity), a semantic constraint (the CD as the reduction of a circumstancial clause) ; from a diachronic point of view, the progressive decay of these two principles is considered in the light of the development of a new conception of the sentence.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 58
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Combettes
Facteurs textuels et facteurs sémantiques dans la problématique
de l'ordre des mots : le cas des constructions détachées
In: Langue française. N°111, 1996. pp. 83-96.
Abstract
Bernard Combettes : « Textual and semantic factors in word order. The case of detached constructions »
This paper deals with the characteristics of the « construtions détachées » (CD) (adjectival phrases or participial phrases
functioning as adjuncts), and examines the two interacting and functionally motivated principles which determine the placement of
the constituent in clause-first position : a textual constraint (the CD as a marker of topic continuity), a semantic constraint (the CD
as the reduction of a circumstancial clause) ; from a diachronic point of view, the progressive decay of these two principles is
considered in the light of the development of a new conception of the sentence.
Citer ce document / Cite this document :
Combettes Bernard. Facteurs textuels et facteurs sémantiques dans la problématique de l'ordre des mots : le cas des
constructions détachées. In: Langue française. N°111, 1996. pp. 83-96.
doi : 10.3406/lfr.1996.5352
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1996_num_111_1_5352Bernard COMBETTES
Université de Nancy II
FACTEURS TEXTUELS ET FACTEURS SEMANTIQUES
DANS LA PROBLÉMATIQUE DE L'ORDRE DES MOTS :
LE CAS DES CONSTRUCTIONS DÉTACHÉES
Les règles qui régissent l'ordre relatif des constituants de la phrase sont rarement, dans
une langue comme le français, limitées à un même niveau d'analyse ; elles mettent en jeu,
dans la plupart des cas, divers paramètres qui relèvent de plusieurs domaines linguistiques,
qu'il s'agisse de prosodie, de morphosyntaxe, de sémantique ou de pragmatique (cf. Gaatone
1992, Berrendonner 1987).
C'est cette interaction de facteurs que nous voudrions examiner en nous intéressant ici
à un ensemble de constituants dont la place dans l'énoncé apparaît comme relativement
libre ; recouvrant en partie les « appositions » traditionnelles, ces constructions, que l'on
peut caractériser par la dénomination plus générale de « constructions détachées » (CD),
sont une bonne illustration du conflit qui s'établit, dans l'élaboration des règles de position,
entre des critères de types divers. Il nous a semblé par ailleurs utile de ne pas négliger la
dimension diachronique du problème : l'évolution, dans l'histoire du français, du statut des
CD correspond en fait, comme nous essayerons de le montrer, à des modifications dans le
poids relatif des différents facteurs mis en jeu.
Bien que les appositions nominales présentent bon nombre de points communs avec les
CD, nous ne les examinerons pas ici, en raison des problèmes particuliers qu'elles posent,
problèmes dus en grande partie au jeu des déterminants, qui limite les possibdités de
déplacement des divers constituants (cf. Picabia 1992, van Den Bussche 1988) ; ne seront
pris en considération que les syntagmes construits autour d'un adjectif ou d'un participe,
groupes auxquels on peut ajouter les gérondifs ainsi que les « constructions absolues », qui
soulèvent des questions identiques en ce qui concerne les règles d'ordre. De structure
syntaxique différente, ces constituants peuvent être comparés à des relatives explicatives à
verbe être, dans le cas des appositions (X, (qui est) fatigué...), à verbe avoir, dans le cas des
constructions absolues (X, (qui a) les mains dans les poches... cf. Hanon 1987). Cette
équivalence permet de rappeler que ces constructions correspondent à ce que l'on a souvent
appelé une « prédication seconde », qui vient s'ajouter au prédicat principal (cf. Forsgren
1993, Blumenthal 1980).
Ce rapport que l'on peut établir avec les faits de subordination a deux conséquences
importantes pour la question de l'ordre des éléments :
— la CD présuppose la présence d'un réfèrent qui correspondrait au syntagme sujet de
la prédication seconde (les mains dans les poches : X aies mains dans les poches) ;
sans que l'on puisse parler d'anaphore dans la mesure où la CD s'applique à un
réfèrent mais ne le désigne pas, se pose toutefois le problème de la « coréférence
indirecte » entre un réfèrent sous-entendu et un autre réfèrent d'ordinaire cité dans
le texte. La CD illustre ainsi un cas particulier d'ellipse ;
83 — la prédication seconde portée par la CD entretient une relation sémantique avec le
reste de la proposition. Quel est le poids de cette relation, qui prend fréquemment
une valeur « circonstancielle », en ce qui concerne l'ordre des constituants ?
Il faut remarquer que ces deux caractéristiques se retrouvent, à des degrés divers, dans
d'autres types d'unités, distinctes morphosyntaxiquement des CD. L'anaphore sous-jacente
est une propriété des infinitifs prépositionnels, qui, en début de phase, poseraient des
problèmes identiques aux CD. De même, certains groupes classés habituellement parmi les
circonstanciels conduisent-ils presque obligatoirement à cette relation anaphorique : ce
serait le cas de compléments de « manière «comme : à grand pas, d'une voix forte, etc., qui,
à la différence des de « lieu » ou de « temps », impliquent le renvoi à un
réfèrent.
Ces deux grandes catégories de problèmes conduisent à prendre en considération deux
grands domaines :
— la question de la coréférence, dans sa dimension textuelle, relève, pour une bonne
part, du traitement de la « progression » de l'information, de la perspective fonc
tionnelle de la phrase (FSP) ;
— la question de la relation sémantique qui s'établit entre la CD et le reste de la
proposition peut être rattachée à la problématique de l'iconicité ; les « effets de
sens », mis en avant par l'approche traditionnelle, jouent un rôle dans les phéno
mènes de linéarisation.
La CD apparaît ainsi comme un exemple relativement riche et intéressant, lorsqu'il s'agit de
déterminer l'importance relative de tel ou tel facteur et des divers domaines concernés : la
question de l'ordre des mots rejoint ici celle du codage, par des structures linguistiques, de
faits relevant de la textualité.
1. Importance du dynamisme communicatif
En ce qui concerne la place de la CD dans la phrase, les règles de la FSP s'exercent sur
deux points différents : le contenu même de la CD doit être situé sur l'échelle du dynamisme
communicatif, comme nous le verrons plus loin ; le réfèrent auquel se rattache la CD a lui
aussi une place sur cette échelle. C'est le rôle textuel de ce réfèrent qui nous semble
commander, en grande partie, le schéma de phrase à CD initiale. La place de la CD en début
d'énoncé apparaît, dès les états de langue anciens, comme fortement conditionnée par le
contexte antérieur : la CD joue en effet ce que l'on pourrait appeler un rôle de « maintien »,
de « prolongement », d'un réfèrent saillant ; elle renvoie de façon quasi systématique à un
réfèrent déjà cité dans le contexte proche, encore présent à l'esprit du locuteur. Tout se passe
comme si l'anaphore sous-jacente qu'implique la CD entraînait cette relation avec un
syntagme préalablement exprimé, sans qu'il y ait forcément un effet que l'on pourrait
appeler cataphorique, qui ferait attendre un réfèrent auquel il conviendrait de rattacher la
CD.
Lorsque la CD renvoie, en revanche, à un réfèrent « nouveau » ou à un réfèrent
« réactivé », l'ordre des éléments le plus courant, jusqu'au début du XIXe siècle, correspond
à la séquence : Sujet + CD + Verbe, où la CD suit le syntagme nominal. Lorsque la CD ouvre
la phrase, elle établit un enchaînement à thème constant, ou un enchaînement à thème
linéaire (cf. Danes 1974) ; dans le premier cas, le réfèrent saillant constitue le thème des
84 énoncés antérieurs et se trouve ainsi maintenu par la CD ; dans le second cas, le réfèrent fait
partie du rhème de l'énoncé antérieur et, par l'intermédiaire de la CD, prend valeur
d'élément thématique. L'important est que le réfèrent auquel renvoie la CD ait d

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