Histoire religieuse, histoire sociale ? Un Congrès - article ; n°2 ; vol.84, pg 309-321
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Histoire religieuse, histoire sociale ? Un Congrès - article ; n°2 ; vol.84, pg 309-321

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1972 - Volume 84 - Numéro 2 - Pages 309-321
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 8
Langue Français

Extrait

Jacques Revel
Histoire religieuse, histoire sociale ? Un Congrès
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 84, N°2. 1972. pp. 309-321.
Citer ce document / Cite this document :
Revel Jacques. Histoire religieuse, histoire sociale ? Un Congrès. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age,
Temps modernes T. 84, N°2. 1972. pp. 309-321.
doi : 10.3406/mefr.1972.2267
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1972_num_84_2_2267HISTOIRE RELIGIEUSE, HISTOIRE SOCIALE ?
TIÎsT CONGRÈS *.
PAR
Jacques Revel
Membre de l'Ecole
L'historiographie religieuse de l'Italie post-tridentine connaît, depuis
une quinzaine d'années, un renouvellement profond et multiple. Le dernier
en date, le plus lucide aussi des bilans critiques qui lui ont été consacrés,
insiste avec justesse sur les caractères spécifiques, la complexité, les ambig
uïtés parfois de cette évolution x. Il faut, bien sûr, la situer dans la mutat
ion d'ensemble du champ et des méthodes historiques au contact d'autres
disciplines, et d'abord de la sociologie. Ce ne semble cependant pas avoir
été là l'élément déterminant. En France, la nouvelle histoire religieuse
s'est définie en référence à des modèles d'analyse formulés, avant Gr. Le Bras,
par Mauss et Durkheim indépendemment de toute préoccupation apolo
gétique; bien au contraire, les gestes de la foi, les comportements, la prati
que religieuse y ont été dès l'abord posés comme des faits sociaux neutres,
suceptibles comme d'autres, et avec d'autres, d'être décrits, quantifiés,
comparés. Ce parti-pris méthodologique semble n'avoir que peu marqué,
jusqu'ici, les recherches italiennes. D'une toute autre importance, en re
vanche, paraît avoir été leur évidente sensibilité à la conjoncture du catho
licisme contemporain. Une production historique demeurée, en grande
part, d'origine catholique, parfois cléricale, s'est faite attentive aux problè
mes et aux suggestions de l'Eglise d'aujourd'hui. Ainsi, pour ne retenir
que l'exemple le plus apparent, la préparation et les travaux du second con-
* A propos du Convegno studi di storia sociale e religiosa organisé par l'Uni
versité de Salerne, Capaccio-Paestum, 18-21 mai 1972.
1 M. Rosa, Per la storia della vita religiosa e della Chiesa in Italia tra il
'500 e il '600. Studi recenti e questioni di metodo, dans Quaderni Storici, 15, sept.-
déc. 1970, p. 673-758. 310 JACQUES REVEL
eile du Vatican, l'attente massive qu'il a tout ensemble suscitée et canali
sée, la mythologie qui l'a aussitôt entouré ont constitué autant d'injonctions
dont la trace est désormais clairement repérable dans les études d'histoire
religieuse.
Celles-ci, et pour d'évidentes raisons, avaient longtemps privilégié
certains thèmes: la politique religieuse des états et leurs rapports avec
les églises et l'Eglise, les problèmes nés de la centralisation romaine. Autre
thème d'élection: la réforme catholique; pour des historiens affrontés en
tant que croyants aux vicissitudes que l'Eglise a connues au cours d'un
long siècle de réalisation unitaire italienne, Trente et son œuvre ont paru
constituer un point de référence fondamental, une origine toujours neuve
et comme suspendue au-dessus des aléas du quotidien, et dont les consé
quences continuaient à se faire inaltérablement sentir à des siècles de di
stance. Ainsi se comprend sans doute que l'histoire religieuse du monde
italien, si durablement arrêtée sur ce seuil, reste pour les siècles suivants
un domaine mal connu. Assurément, Vatican II n'a pas entamé le « mythe
tridentin » qu'évoquait, il y a quelques années, A. Dupront. Mais avec lui,
l'intérêt des historiens s'est déplacé vers de nouveaux objets: en premier
lieu, la société des fidèles, les conditions concrètes et la mesure de la prati
que, les moyens de la pastorale. L'histoire religieuse n'est désormais plus
concevable sans liens (d'ailleurs problématiques) avec une histoire sociale.
La biographie de l'évêque réformateur, souvent nourrie d'intentions apo
logétiques et directement héritée de la littérature de la Contre-Eéforme,
avait longtemps constitué l'un des modèles historiographiques essentiels.
On tend de plus en plus à lui substituer aujourd'hui l'étude monographi
que de la réalité paroissiale ou diocésaine, à décrire l'insertion réelle des
structures ecclésiales dans une société et dans une histoire particulières,
les regroupements et les tensions qu'elles y déterminent, les frontières
qu'elles y inscrivent. Ouverte au social, l'histoire religieuse s'est aussi lo
calisée; en affirmant son ancrage dans la vie provinciale, et en reconnais
sant le poids décisif des permanences ou des particularismes, elle a ainsi
retrouvé sur le tard l'une des constantes les plus vivaces de la tradition cul
turelle italienne.
Il importait de rappeler d'un mot les conditions très particulières d'un
aggiornamento qui, pour être spectaculaire, ne va pas sans problèmes. El
les marquent en effet profondément la production historique de ces derniè
res années. En France, on le sait, un schéma d'analyse et des préoccupat
ions de méthodes homogènes ont engendré une génération de recherches
convergentes. En Italie, au contraire, l'attention désormais portée à la
« périphérie » de l'Eglise s'est traduite par un éclatement de la recherche
fait de dispersion régionale, mais aussi de bigarrure méthodologique. Face HISTOIRE RELIGIEUSE, HISTOIRE SOCIALE? UN CONGRÈS 311
à F exigence d'interrogations nouvelles, la multiplication de projets et la
diversification des moyens rendent difficile toute tentative de bilan *. C'est
le premier mérite du Congrès d'histoire sociale et religieuse organisé à Ca
paccio sous les auspices de l'Université de Salerne d'avoir évité la tenta
tion d'une synthèse trop précoce. Ses organisateurs ont su prendre acte
d'une situation de fait. A l'intérieur d'un travail en cours, ils ont choisi
d'inviter un certain nombre de groupes de recherches à confronter leurs
moyens et leur problèmes: un groupe vénitien, déjà ancien, et qui déborde
désormais largement sur l'histoire contemporaine, un groupe piémontais,
quelques chercheurs français sont ainsi venus donner la réplique aux histo
riens salernitains. De ces journées de rencontres informelles, mais fructueus
es, se sont ainsi dégagées quelques certitudes et de plus nombreuses
interrogations.
Parmi les grandes sources d'origine ecclésiastique, les procès-verbaux
des visites pastorales sont actuellement les plus étudiés. Conformément aux
prescriptions tridentines, ils se généralisent dans l'Europe catholique à
partir de la fin du XVIe siècle et fournissent la plus massive des sources
primaires. Ces vastes enquêtes épiscopales, rédigées souvent au contact
même des réalités, concernent tous les aspects de la vie religieuse diocésaine
et paroissiale: la situation matérielle et morale des clercs comme l'état des
lieux et des objets du culte; elles fournissent souvent de précieux renseigne
ment d'ordre économique et démographique. Ce sont donc en théorie les
sources les mieux adaptées à une exploitation continue dans le long terme,
et, éventuellement, à un traitement sériel. En théorie seulement, puisque
les chercheurs qui les ont jusqu'ici étudiées se sont trouvés affrontés à
deux grands ordres de difficultés. D'une part, la conservation des procès-
verbaux dans les archives diocésaines est souvent, et particulièrement en
Italie méridionale, incertaine. C'est le cas du Cilento, présenté par G. De Ros
a et ses élèves, dont le siège episcopal a été disputé longtemps entre Ca
paccio et Satriano, et dont les archives ont été dispersées; la situation ar-
chivistique peut alors être l'indice de la vigueur plus ou moins grande de
la structure diocésaine. D'autre part, même lorsque le texte des visites a
été conservé, il s'avère extraordinairenient inégal selon l'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents