Illustration de la théorie des niveaux d énonciation - article ; n°1 ; vol.21, pg 26-42
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Illustration de la théorie des niveaux d'énonciation - article ; n°1 ; vol.21, pg 26-42

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Description

Langue française - Année 1974 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 26-42
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 106
Langue Français
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Extrait

Yvette Galet
Illustration de la théorie des niveaux d'énonciation
In: Langue française. N°21, 1974. pp. 26-42.
Citer ce document / Cite this document :
Galet Yvette. Illustration de la théorie des niveaux d'énonciation. In: Langue française. N°21, 1974. pp. 26-42.
doi : 10.3406/lfr.1974.5663
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1974_num_21_1_5663Yvette Galet, Rennes IL
ILLUSTRATION
DE LA THÉORIE DES NIVEAUX DENONCIATION
L'abondance et la qualité des articles, études, commentaires litté
raires, théories linguistiques, qui se sont multipliés depuis le début du siècle,
montrent à quel point les linguistes sont préoccupés par le conflit dû à la
présence, redondante apparemment, de deux formes verbales d'un même
système temporel, le passé simple et le passé composé г. Mais, à un moment
des recherches théoriques, il devient nécessaire de revenir aux faits, afin
de déterminer dans quelle mesure l'usage répond à la vision intellectualisée
des données. C'est l'objectif que nous poursuivons par cette illustration
de la théorie des niveaux d'énonciation à partir d'un corpus de textes du
xvne siècle.
Pour certains linguistes, le conflit des formes temporelles passé simple
(ps), passé composé (pc), n'est qu'apparent. Selon E. Benveniste, il
n'y a pas redondance puisque le francophone du xxe siècle dispose de deux
systèmes de temps, dont les relations sont indépendantes.
Dans son article, paru dans le Bulletin de la Société de Linguistique
de Paris 2, 1959 (LIV, fasc. 1), repris dans Problèmes de géné
rale (Gallimard, 1966), Benveniste affirme explicitement (p. 238) :
« Les temps d'un verbe français ne s'emploient pas comme les membres
d'un système unique, ils se distribuent en deux systèmes distincts et complé
mentaires. Chacun d'eux ne comprend qu'une partie des temps du verbe;
tous les deux sont en usage concurrent et demeurent disponibles pour chaque
locuteur. Ces deux systèmes manifestent deux plans d'énonciation diffé
rents, que nous distinguons comme celui de l'histoire et celui du discours. »
L'énonciation historique correspond à « la présentation des faits survenus
à un certain moment du temps, sans aucune intervention du locuteur dans
le récit », alors que le discours suppose « un locuteur et un auditeur et chez
le premier l'intention d'influencer l'autre en quelque manière ».
Ces principes fondamentaux apparaissent comme déterminants dans
l'organisation des temps et des personnes : Le récit qui exclut les relations
locuteur-auditeur est à la « 3e personne », la non-personne 3, et nécessite
1. Pour éviter les confusions fréquentes dans les grammaires, nous retenons ces
étiquettes plutôt que : passé défini, passé indéfini. On nous excusera d'utiliser les
abréviations économiques : ps pour simple; pc pour passé composé.
2. Lire aussi in Langages, Larousse, Paris, n° 17, mars 1970, Problèmes de renonc
iation par T. Todorov et n° 13, mars 1969, Énoncé et énonciation, par J. Dubois.
3. Voir le chapitre XX des Problèmes de Linguistique général cité ci-dessus et le
26 trois formes verbales qui lui sont propres : l'aoriste, la forme en -rait, le
prospectif (devait); le discours qui implique je /tu et il /je, tu offre un sys
tème de temps incompatible avec celui du récit : le présent, le futur, le
passé composé. Les autres temps de l'indicatif : imparfait et plus-que-parfait
étant communs aux deux systèmes.
Au cours de son exposé de la théorie des niveaux d'énonciation, Ben-
veniste exprime le regret que des analyses et statistiques détaillées n'aient
pas été entreprises pour illustrer « ces grandes divisions, parfois peu visibles,
qui parcourent le système temporel du verbe français moderne ».
Dans un article, publié en 1963 dans Le Français Moderne n° 3, lre année,
H. Yvon tente l'étude statistique souhaitée par Benveniste à partir d'un
corpus du xixe et du xxe siècle (Maupassant, Péguy, Valéry, Aragon,
Camus); il nous a paru plus profitable de placer le problème à l'époque
même où se forgent les règles d'emploi du PS et du PC, dont le franco
phone, parfois à son insu, est encore tributaire, par suite de la pérennité
des règles normatives à travers nos grammaires traditionnelles de Ch. Mau-
pas à M. Grevisse en passant par la Grammaire des Grammaires de Girault-
Duvivier (1812). Par l'analyse de textes du xvne siècle, nous avons tenté
d'une part, de déterminer dans quelle mesure l'usage résiste aux règles
qui sont inculquées alors, et d'autre part, d'établir dans quelles limites
la discordance usage /grammaire normative est fonction de la théorie des
niveaux d'énonciation.
Certes, nous regrettons que notre étude ne puisse s'appliquer qu'à
des textes écrits; mais s'il est vrai que renonciation historique est, selon
Benveniste, réservée à la langue écrite, le discours n'en est pas exclu :
« correspondances, mémoires, théâtre, ouvrages didactiques » « tous les
genres où quelqu'un s'adresse à quelqu'un, s'énonce comme locuteur
et organise ce qu'il dit dans la catégorie de la personne » (ibid., p. 242).
Nous avons donc établi notre corpus de telle sorte que les contraintes
imposées par l'étude d'un état de langue du passé ne faussent pas nos résul
tats.
Dès la fin du xvie siècle, Henri Estienne, Petrus Soulatius, et au
début du xvne siècle, Ch. Maupas et A. Oudin, essaient de voir clair
dans la délicate détermination de l'opposition ps/pc dont le premier,
Henri Estienne signale la subtilité 4, dès 1569 :
« Mais depuis ayant considéré de plus près la nature de cest aoriste,
et pesé les raisons d'une part et d'autre, je me suis doubté qu'il y avoit
quelque autre secret caché soubs cest aoriste, quant à son nayf usage;
et confesse que jusques à present je n'en suis point bien résolu. »
C'est sans doute ce « secret » que tentent de percer les grammairiens
tout au long du xvne siècle 5, tenant à fixer par des règles précises l'aire
respective des deux tiroirs verbaux.
Il importe que nous sachions parfaitement sur quels critères s'appuient
les grammairiens qui, dès le début du siècle, régirent la distribution ps /pg
et jusqu'à quel point leurs injonctions sont suivies. Ce n'est qu'une fois
chapitre IX de la Grammaire structurale du Français de J. Dubois, t. 2, Le Verbe,
Larousse, Paris, 1966.
4. Henri Estienne, Traicté de la conformité du langage françois avec le grec,
Paris, 1569, Feugère, Paris, 1853 (BN X 9734).
5. En 1550, dans son ouvrage écrit en latin « Gallicae linguae Institutio » Paris,
Groulleau, Jean Pillot souligne l'originalité du système verbal de la langue vulgaire
mais les études les plus complètes sont dues à Charles Maupas, Grammaire françoise,
Bloys, Cottereau, 1606 (Maz. Rés. 44211); Grammaire et Syntaxe françoise, Bacot,
Paris, 1625 (BN X 9802), et à Antoine Oudin, Grammaire françoise rapportée au
langage du temps..., Billaine, Paris, 1633, 2e éd. 1640 (BN X 9795).
27 mise à jour, par l'étude des corrélations verbo-adverbiales, la discordance
entre l'usage et la règle, que nous pourrons — en connaissance de cause —
analyser les faits à la lumière de la théorie des niveaux d'énonciation.
1. Usage et Grammaire normative.
1.1. Les corrélations verbo-adverbiales.
L'analyse des corrélations verbo-adverbiales, relevées dans des textes
en vers et des textes en prose du xvire siècle, permet de dégager un système
d'opposition des formes verbales passé simple /passé composé tel que
ces tiroirs verbaux se présentent, dans de nombreux cas, en distribution
complémentaire.
Les tableaux ci-après sont établis à partir d'un corpus qui est composé :
du Théâtre de Corneille6, du Théâtre de Molière,
soit 72 587 vers + 23 712 lignes de prose
d'un grand nombre de Lettres de Mme de Sévigné :
de s.d. à la Lettre du 30 décembre 1671
du 1er janvier 1674 au 16 novembre 1674
du 20 septembre 1675 au 29 décembre 1675 so

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