Images des dieux sur les monnaies grecques - article ; n°1 ; vol.103, pg 223-233
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1991 - Volume 103 - Numéro 1 - Pages 223-233
Olivier Picard, Images des dieux sur les monnaies grecques, p. 223-233. Les monnaies grecques constituent une source précieuse de l'iconographie des dieux, les cultes principaux de la cité fournissant généralement l'image de ses types monétaires. Mais cette iconographie évolue tout au long de l'histoire de la monnaie. On constate que les monnaies archaïques ne présentent pas l'image du dieu lui-même, mais plutôt celle d'un animal ou d'un objet lié au culte. C'est à Athènes que commence l'emploi classique de l'image divine, celle de la tête du dieu au droit. L'image du dieu en pied ne se trouve ordinairement qu'au revers. À ces « épiphanies » du dieu en majesté succèdent des scènes mythologiques qui ne deviennent vraiment fréquentes qu'à partir du IIe siècle de l'Empire.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Olivier Picard
Images des dieux sur les monnaies grecques
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 103, N°1. 1991. pp. 223-233.
Résumé
Olivier Picard, Images des dieux sur les monnaies grecques, p. 223-233.
Les monnaies grecques constituent une source précieuse de l'iconographie des dieux, les cultes principaux de la cité fournissant
généralement l'image de ses types monétaires. Mais cette iconographie évolue tout au long de l'histoire de la monnaie. On
constate que les monnaies archaïques ne présentent pas l'image du dieu lui-même, mais plutôt celle d'un animal ou d'un objet lié
au culte. C'est à Athènes que commence l'emploi classique de l'image divine, celle de la tête du dieu au droit. L'image du dieu en
pied ne se trouve ordinairement qu'au revers. À ces « épiphanies » du dieu en majesté succèdent des scènes mythologiques qui
ne deviennent vraiment fréquentes qu'à partir du IIe siècle de l'Empire.
Citer ce document / Cite this document :
Picard Olivier. Images des dieux sur les monnaies grecques. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 103, N°1.
1991. pp. 223-233.
doi : 10.3406/mefr.1991.1712
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1991_num_103_1_1712OLIVIER PICARD
IMAGES DES DIEUX
SUR LES MONNAIES GRECQUES
Les archéologues ont reconnu depuis longtemps l'importance des
monnaies grecques pour qui étudie l'iconographie des dieux et plus géné
ralement la mythologie antique. C'est auprès d'elles que l'on vient cher
cher l'image reconnue pour la plus précise du dieu de tel ou tel sanctuair
e, qu'il s'agisse de la statue de la Parthénos créée par Phidias, de celle du
Zeus d'Olympie, ou d'un dieu moins connu. Ces pièces, dont la product
ion, très décentralisée, est le fait de centaines d'ateliers, peuvent nous
avoir conservé la seule image connue de tel dieu local, maître de son can
ton, mais dont la réputation n'a guère dépassé les limites de celui-ci.
Je n'en signalerai qu'un exemple, récemment identifié dans les trou
vailles de l'agora de Thasos : c'est un as frappé par la colonie de Philippes
(qui signe à l'exergue par les initiales RPCR, Res Publica Coloniae Philip-
pensis) qui représente une divinité modeste de la Macédoine Orientale, le
Héros Aulonitès, nommé par la légende du revers, que l'on ne connaissait
jusqu'à présent que par son sanctuaire dans le défilé menant de la plaine
de Philippes à la Piérie du Pangée et par quelques indications épigraphi-
ques1. Ce héros au nom typiquement grec apparaît sous la forme d'un
cavalier au galop, le manteau flottant au vent, lançant un javelot. C'est
l'image du héros cavalier des monnaies du Koinon macédonien, que
j'avais rattachées au thème du cavalier sur les monnaies des rois de
Macédoine2. De ce petit dieu local défenseur du défilé, les monnaies nous
présentent ce qui doit être l'image cultuelle, en quelque sorte l'épiphanie
du dieu.
1 Ce sanctuaire est actuellement fouillé par Mme H. Koukouli-Chrysanthaki, cf.
BCH, 110, 1986, p. 725; Bulletin Épigraphigue, 1987, 680 (M. Hatzopoulos) ; D. Mala-
midou, H. Koukouli et P. Malama, Le sanctuaire du Héros Aulonitès dans le Pangée
(en grec), dans To archaiologiko Ergo sti Makedonia kai Thraki, 3, 1989, s.p.
, 2 O. Picard, Numismatique et iconographie : le cavalier macédonien, dans Icono
graphique classique et identités régionales, BCH Suppl. XIV, 1986, p. 67-76.
MEFRA - 103 - 1991 - 1, p. 223-233. 224 OLIVIER PICARD
Mais il n'y a pas lieu de développer ce thème : après l'admirable livre
de L. Lacroix3 et d'autres études, les articles du LIMC illustrent bien cette
richesse de l'iconographie monétaire. Ces quelques réflexions porteront
sur le caractère spécifique de cette iconographie, qui a d'abord pour
fonction de régler la circulation de métaux précieux et qui, à cette fin,
utilise les images des dieux selon des modes de représentation particul
iers. L'épiphanie du dieu n'est que l'un de ces modes, à côté de deux
autres, dont l'un consiste à seulement évoquer le dieu par un personnage
de son thiase, un animal sacré, ou tout simplement un objet lié au culte,
et l'autre présente une scène mythologique, une des actions du dieu. Ces
trois modes de représentations ne sont pas utilisés indifféremment, ils
correspondent, avec bien des chevauchements chronologiques, à des ten
dances, des périodes successives de l'histoire de la monnaie.
I. Les monnaies les plus anciennes ne nous présentent pas d'image
de dieu, et pourtant les types monétaires ont déjà indubitablement une
signification religieuse, même si celle-ci n'apparaît pas toujours très cla
irement.
Cette signification est particulièrement difficile à reconnaître dans
les séries archaïques où le type de la monnaie change à chaque émission,
permettant ainsi de l'identifier4. C'est le cas notamment sur les émissions
en électrum des cités ioniennes (fig. 1), des Wappenmünzen d'Athènes, ou
encore des monnaies de Marseille aux types d'Auriol5. Les prétendues
«monnaies-blason» d'Athènes présentent toutes une série de types de
droits, amphore, chouette, bucrane, triskèle, astragale, protome de che
val, arrière-train de cheval, roue de char, etc. qui sont en quelque sorte le
signe distinctif de l'émission. Ces images sont banales et se rencontrent
ailleurs, sur d'autres monnayages et sur d'autres documents, notamment
les vases. La raison de leur choix est donc difficile à élucider. Kroll a
proposé de les expliquer par des rencontres prosopographiques : ainsi un
Glaukôn responsable d'une émission aurait choisi l'image de la chouette
3 L. Lacroix, Les reproductions de statues sur les monnaies grecques, Bruxelles,
1949.
4 Sur ces définitions de séries, émissions, voir mon Chalcis et la Confédération
eubéenne, 1979, p. 9-11.
5 Sur les Wappenmünzen, cf. J. Kroll, From Wappenmünzen to Gorgoneia to
Owls, dans Museum Notes, 26, 1981, p. 1-32; pour les monnaies aux types d'Auriol,
cf. Ο. Picard, BullSocFrNum, p. 53-55 dont la réponse d'A. Furtwängler,
RSNum, 61, 1982, p. 5-25, ne modifie pas sensiblement les conclusions. Sur les
monnaies ioniennes archaïques, O. Picard, L'Histoire, 6, 1978, p. 13-20. IMAGES DES DIEUX SUR LES MONNAIES GRECQUES 225
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 1 - Statères d'Ionie, en électrum : le type du droit
change à chaque émission.
comme type de celle-ci. Mais on a fait également remarquer que la plu
part se réfèrent au culte d'Athéna et aux Panathénées6 et cette explication
me paraît, à tout prendre, meilleure.
Mais ces émissions à types variables ont généralement peu duré, et
les cités adoptent de préférence le type fixe, emblématique de la cité, dont
Égine et Corinthe ont donné l'exemple dès le début de leur monnayage.
Certes le culte d'Aphaia reste trop mal connu pour nous permettre de
comprendre le lien rattachant la tortue d'Égine (qui se présente sous les
deux formes successives d'un animal marin, puis d'un animal terrestre) à
la déesse7, mais à Corinthe, le πώλος, pour reprendre son appellation
populaire, en fait le Pégase au droit des monnaies évoquait immédiate
ment le mythe de Bellérophon et donc la déesse Athéna Chalinitis. Après
6 Voir J. Kroll, loc. cit., p. 9 et C. M. Kraay, Archaic and Classical Greek Coins,
Londres et Berkeley, 1976, p. 59-60.
7 Si le monnayage archaïque et classique d'Égine a suscité de nombreuses étu
des numismatiques, cf. C. M. Kraay, op. cit., p. 41-49, la signification de la tortue
n'a guère suscité la curiosité des numismates, cf. O. Picard, BullSocFrNum, 33,
1978, p. 330-333.
MEFRA 1991, 1. 15 226 OLIVIER PICARD
un premier groupe de statères dont le revers est constitué par un carré
incus, la gravure de la tête d'Athéna aux revers des groupes ultérieurs
confirmera ce lien.
Ailleurs le rapport entre les images des premières séries monétaires
et les dieux principaux des cités n'est pas douteux. Ainsi Thasos, qui fera
régulièrement figurer Dionysos au droit de ses monnaies d'argen

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