L « écrivain exhibé » et la presse périodique symboliste - article ; n°2 ; vol.28, pg 183-192
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1987 - Volume 28 - Numéro 2 - Pages 183-192
Georges Nivat, The exhibited writer and the periodical Symbolist press.
The exhibited writer is a major manifestation of the literary and public life in Russia during the decade of 1905-1915. Intellectual elites, easily assembled under the name of Symbolists, renovate the cultural life of the country by creating purely aesthetic forums of debate (reviews, literary and artistic circles). Located in the two capitals, these publications and groups undertake the mission of provoking and rejuvenating public debates in Russia. These discussions echoed systematically by the daily press (provincial periodicals included) create a mediatic image of the writer, whose income and image are thus modified. He is allied to a new generation of patrons, that of sons. The figures of two poets, sons of manufacturers are evoked. The new glory of exhibited writers is somewhat despised: Blok ascribes it to the ascent of the class of pharmacists.
Georges Nivat, L'« écrivain exhibé » et la presse périodique symboliste.
L'« écrivain exhibé » est une manifestation majeure de la vie littéraire et publique en Russie pendant la décennie 1905-1915. Les élites culturelles, qu'il est aisé de regrouper sous le nom de « symbolistes », renouvellent la vie culturelle du pays en créant des lieux de débat purement esthétique (revues et cercles littéraires et artistiques) dans les deux capitales, qui jouent un rôle de provocation et de rajeunissement du débat public en Russie. Relayés par les échos systématiques dans la grande presse quotidienne (y compris la presse provinciale), ces débats créent une image « médiatique » de l'écrivain. L'écrivain voit se modifier son revenu, son image, il s'allie à une nouvelle génération de mécènes, celle des « fils ». Les figures de deux poètes, fils d'industriels, sont évoquées. La nouvelle gloire de l'« écrivain exhibé » suscite aussi le mépris des intéressés ; Blok l'impute à la montée au pouvoir de la classe des « pharmaciens ».
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Georges Nivat
L'« écrivain exhibé » et la presse périodique symboliste
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 28 N°2. Avril-Juin 1987. pp. 183-192.
Abstract
Georges Nivat, The "exhibited writer" and the periodical Symbolist press.
The "exhibited writer" is a major manifestation of the literary and public life in Russia during the decade of 1905-1915. Intellectual
elites, easily assembled under the name of "Symbolists", renovate the cultural life of the country by creating purely aesthetic
forums of debate (reviews, literary and artistic circles). Located in the two capitals, these publications and groups undertake the
mission of provoking and rejuvenating public debates in Russia. These discussions echoed systematically by the daily press
(provincial periodicals included) create a "mediatic" image of the writer, whose income and image are thus modified. He is allied
to a new generation of patrons, that of "sons." The figures of two poets, sons of manufacturers are evoked. The new glory of
"exhibited writers" is somewhat despised: Blok ascribes it to the ascent of the class of "pharmacists."
Résumé
Georges Nivat, L'« écrivain exhibé » et la presse périodique symboliste.
L'« écrivain exhibé » est une manifestation majeure de la vie littéraire et publique en Russie pendant la décennie 1905-1915. Les
élites culturelles, qu'il est aisé de regrouper sous le nom de « symbolistes », renouvellent la vie culturelle du pays en créant des
lieux de débat purement esthétique (revues et cercles littéraires et artistiques) dans les deux capitales, qui jouent un rôle de
provocation et de rajeunissement du débat public en Russie. Relayés par les échos systématiques dans la grande presse
quotidienne (y compris la presse provinciale), ces débats créent une image « médiatique » de l'écrivain. L'écrivain voit se
modifier son revenu, son image, il s'allie à une nouvelle génération de mécènes, celle des « fils ». Les figures de deux poètes, fils
d'industriels, sont évoquées. La nouvelle gloire de l'« écrivain exhibé » suscite aussi le mépris des intéressés ; Blok l'impute à la
montée au pouvoir de la classe des « pharmaciens ».
Citer ce document / Cite this document :
Nivat Georges. L'« écrivain exhibé » et la presse périodique symboliste. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 28 N°2.
Avril-Juin 1987. pp. 183-192.
doi : 10.3406/cmr.1987.2110
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1987_num_28_2_2110GEORGES NI V AT
L'« ÉCRIVAIN EXHIBÉ »
ET LA PRESSE PÉRIODIQUE SYMBOLISTE
A. Définition de l'époque et naissance de Г « écrivain exhibé»
En 1907 Aleksandr Blok écrivait à Valerij Brjusov dans une lettre du
20 octobre 1907 : « Vesy m'est très cher et très proche: c'est aujourd'hui le
seul endroit où je ne me sens pas 'en visite' et en ce sens-là, c'est pour moi
le prolongement de Novyj puť - ma patrie littéraire ». Peut-être était-ce la
première fois que les revues étaient perçues par les écrivains comme des
« patries ».
C'est que la revue du début du XXe siècle présente un aspect radicalement
nouveau en Russie ; elle cumule les traits suivants :
— lieu de rassemblement des arts et des lettres, lieu d'interaction et d'inter-
création, d'actif dialogue entre écrivains, artistes, penseurs religieux, elle manif
este l'émancipation de l'art par rapport au joug de l'idéologie ;
— devenue elle-même objet d'art, elle devient un mixte de texte et d'illustra
tion, un produit du perfectionnement de l'art polygraphique en Russie : artistes
et écrivains y collaborent sur un pied d'égalité. C'est un texte qui exhibe sa
propre beauté. En Russie où domine en maître la tradition de la « grosse revue »
militante, c'est en soi une provocation ;
— carrefour d'une vaste activité d'échange intellectuel, la revue symboliste
est une sorte d'agora de l'art et aussi de nombreuses activités ludiques qui
sont liées à l'art : soirées littéraires, concours littéraires, expositions d'art ;
— économiquement parlant, cette revue de nouveau type, animée par une
intelligentsia composée d'universitaires, d'avocats et de médecins, est alliée à
une bourgeoisie commerçante qui assure le financement. Les mécènes marchands
sont nombreux et sont souvent eux-mêmes convertis à l'activité artistique ou
littéraire. Les écrivains entrent souvent dans les sociétés par actions qui gèrent
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXVIII (2), avr.-juin 1987, pp. 183-192. 184 GEORGES NI VAT
les nouvelles revues (ainsi Blok avait des actions dans la maison d'édition
Fakely qu'avait fondée Culkov). Des médecins comme GolouSev ou encore
Trojanovskij étaient actionnaires et écrivains ;
— enfin si les tirages sont faibles, en général guère plus d'un millier, les
revues n'en sont pas moins connues du grand public en raison des comptes
rendus dont elles font l'objet dans la presse à grand tirage qui se développe
rapidement après 1905 et ce en raison du parfum de scandale littéraire permanent
qui les entoure. Ainsi se crée l'image nouvelle de l'« écrivain exhibé » qui
n'est pas connu pour son engagement, mais pour son rôle d'acteur sur la scène
littéraire.
C'est par cette image que nous conclurons. L'« écrivain exhibé» avait
peut-être existé sporadiquement en Russie auparavant (ainsi peut-on rappeler
le cas de Nadson). Mais avec l'« écrivain exhibé » de la décennie symboliste,
voici que le phénomène est généralisé, amplifié comme il ne l'avait jamais
été. On s'habitue à suivre les faits et gestes de l'écrivain, ses déclarations, ses
polémiques tonitruantes, et même les duels avortés qui sont des duels littéraires
et non plus des vestiges d'aristocratisme (entre Belyj et Blok, entre Zajcev et
Bclyj). La virulente guerre qui sévit en 1907 entre Vesy et Fakely, c'est-à-dire
entre Moscou cl Pétersbourg, ou encore « anarchisme mystique » et symbolisme
« orthodoxe » en est un exemple paradigmatique. La « crise du »
de 1909 en est un autre exemple, «mis en scène» par les principaux ténors
du symbolisme, et l'opération fut si bien réussie que jusqu'à aujourd'hui on
voit partout écrit que le symbolisme est mort en 1909, alors qu'il s'agissait
en somme d'une de ces crises parfaitement consubstanticllcs au nouveau
phénomène de l'« écrivain exhibé ». Or grâce aux échos dans la grande presse,
celte chronique des guerres symbolistes n'est plus réservée aux happy few, elle
est répercutée dans le grand public.
Il en résulte égalemen

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