L exception dans le système morphologique de L. Meigret - article ; n°1 ; vol.66, pg 9-19
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L'exception dans le système morphologique de L. Meigret - article ; n°1 ; vol.66, pg 9-19

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Description

Langue française - Année 1985 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 9-19
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 33
Langue Français

Extrait

Michel Glatigny
L'exception dans le système morphologique de L. Meigret
In: Langue française. N°66, 1985. pp. 9-19.
Citer ce document / Cite this document :
Glatigny Michel. L'exception dans le système morphologique de L. Meigret. In: Langue française. N°66, 1985. pp. 9-19.
doi : 10.3406/lfr.1985.6342
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1985_num_66_1_6342Michel Glatigny
Université Lille III
CNRS, UA SILEX 382
L'EXCEPTION DANS LE SYSTÈME
MORPHOLOGIQUE
DE L. MEIGRET
Paraphrasant Scaliger, qui publie son De causis linguae latinae dix
ans avant le Tretté de la Grammere francoeze de Meigret, J.-C. Chevalier
résume ainsi l'idéal des grammairiens du XVIe siècle :
Le fonctionnement de la langue se définit donc par sa simplicité; aussi faut-
il ramener tous les faits avec rigueur - exactiore judicio — à quelques
principes essentiels (Chevalier, 1968, p. 192).
Cette ambition s'impose aussi à l'initiateur de la morphologie française
qu'est Meigret. Celui-ci affirme que « toute règle se doit dresser sur la
généralité » (30,20) '. Ainsi toutes les formes verbales sont « directement
ou indirectement dérivées » de l'infinitif présent (30,1). Est-il possible de
ramener cette « dérivation » à quelques règles « générales » ? L'existence
d'exceptions est inévitable. Il nous a paru intéressant d'examiner comment
les a traitées un auteur dont certaines démarches ne sont pas sans avoir
un correspondant approximatif dans les recherches actuelles traitant de
la formation des mots (notamment D. Corbin, 1976).
Nous délimiterons d'abord le domaine des exceptions dans la morp
hologie verbale de Meigret; puis, en examinant les divers moyens
employés pour les réduire, nous essaierons de préciser le statut de l'e
xception et le type de raisonnement de notre grammairien. Enfin nous
passerons en revue les « restes », les idiosyncrasies irréductibles.
1. Exceptions ou règles particulières?
Le problème est centré sur la notion de généralité 2. Si le syntacticien
peut espérer atteindre la généralité en dégageant, par exemple, LA valeur
1. Nous citerons d'après l'édition donnée en orthographe moderne par F. J. Hausmann. Le premier
chiffre indique le paragraphe, le second l'alinéa.
2. Cf., notamment, Chevalier, 1968, p. 192. fondamentale XVIe siècle, empêche de l'accusatif, de la la chercher profusion hors des d'ensembles formes verbales, préalablement surtout au
dégagés. Meigret reprend donc à la tradition latine, notamment à Pris-
cien 3, la division en quatre conjugaisons caractérisées chacune d'après
l'infinitif (-er, -oer, -re, -ir). Mais il ne se borne pas à cette classification
d'ensemble. Recourant à une ébauche de distributionalisme qui s'inscrit
dans le formalisme de son époque 4, il constitue d'assez nombreuses sous-
classes en fonction de la structure morphologique du radical verbal. Par
exemple, les verbes qui ont oui avant -oer (= oir) n'ont pas un présent
de l'indicatif formé selon les mêmes règles que ceux qui ont al (vou-
loer Ф valoer), quoiqu'ils appartiennent les uns et les autres à la deuxième
conjugaison. Celle-ci ayant « presque autant de diversités qu'elle a de
verbes » (30,3), Meigret se refuse à donner une règle générale. En reliant
terme à terme des structures formelles - reproductibles - d'infinitif et
divers paradigmes de présents, il rend ceux-ci prédictibles 5. Il leur retire
le caractère d'exception que leur aurait conféré l'existence d'une règle
commune à toute la deuxième conjugaison.
Il faut donc voir d'abord quand Meigret parle d'exception. Celle-ci
peut concerner non seulement une unité isolée, mais tout un sous-groupe
qui a des règles propres. Il suffit que cet ensemble figure dans un grou
pement plus large dont la majorité des éléments ne suit pas la même
règle. Ainsi, après avoir affirmé, à propos des verbes en -dre, que « la
plus grande partie forme son pluriel en tournant -re en -ons, -ez » ... (30,15),
Meigret dit qu'il
(faut) excepter tous ceux qui ont ein avant -dre ou oin : comme peindre,
creindre [...] : parce qu'ils ôtent-dre et tournent m en Я molle : par quoi
nous disons peňons (= peignons)... (ibid.).
Si ce groupe, parfaitement caractérisé par des règles particulières, est
présenté comme une « exception », c'est par rapport à un usage plus vaste
dont le grammairien a formulé LA règle générale. On retrouve l'impor
tance de l'usage au xvr siècle 6, particulièrement grande chez les héritiers
de l'érasmisme linguistique 7.
Quand aucune règle générale n'a été avancée pour un ensemble
quelconque, il est très rare de lire excepter à propos de normes concernant
un sous-ensemble. A la deuxième conjugaison qui « a presque autant de
diversités qu'elle a de verbes » (30,3), soer et ses composés (= asseoir)
peuvent constituer une simple sous-catégorie (30,6), dans un éventail de
groupes présentés comme tous différents les uns des autres et où la notion
d'exception n'a pas de place. De même, après avoir dit (32,10) que la
« tierce (conjugaison) (...) a ses diversités de former son premier prétérit
3. Livre 7, II, p. 442, éd. cit. (cf. bibliographie).
4. Sur les difficultés de la grammaire formelle, voir Chevalier, 1968, p. 214 et sq.
5. Pour toutes ces questions, voir Corbin, 1976, notamment p. 103.
6. Cf. Chevalier, pp. 77, 247 et passim.
7. Stéfanini, 1982, p. 50, montre chez Scaliger le rôle primordial de la raison qui sait «tirer de
l'usage les règles qui le guident ». Cf. aussi, Sanctius (Minerve, 1587) et l'introduction de l'édition citée,
p. 22 et sq. : « Ratio et usus ».
10 (= P.S.) », le grammairien parle de règle à part pour la formation du
passé simple des verbes dont l'infinitif a « la consonante я avant -dre ou
-tre » (cf. connoetre) (32,22). Règle et exception ne s'opposent donc pas
dans le cadre du binarisme « prédictibilité vs non prédictibilité ». L'ex
ception n'est pas toujours idiosyncrasie. Il importe donc d'examiner les
cas où l'« exception » est expliquée de différentes façons.
2. Les différents efforts pour expliquer les exceptions
Au XVIe siècle, le grammairien dispose de plusieurs moyens pour réduire
un certain nombre d'exceptions. Les uns ressortissent au domaine de
l'explication causale : c'est, fondamentalement, le rôle de l'étymologie
(Stéfanini, 1982, p. 46). Mais on peut aussi, par raisonnement et/ou
suppositions, essayer de ramener le multiple à l'un. Ainsi les exceptions
syntaxiques étaient, selon leur nature, expliquées ou bien par
un processus simple d'analogie par les contextes (qui) identifiait sous l'a
pparence statique, due aux caprices de l'usage, les formes réelles, (ou bien
par) [...] les processus d'ellipse et de commutation (Chevalier, p. 219).
2.1. L'explication étymologique est très rare et reste très vague chez
Meigret. S'il relie directement amant au participe latin amans (46,17),
c'est uniquement pour en faire une idiosyncrasie et ainsi condamner une
conjugaison amer/fame, totalement contraire à l'usage reçu (26,17). On
voit la différence avec Scaliger pour qui l'étymologie est une évidence à
valeur probante : « ...quis mentis compos ab amando amatorem negabit
esse dictum 8 ». Ce n'est guère qu'à l'occasion des trois radicaux du verbe
aller que Meigret recourt à l'étymologie (35,1). Il lui arrive même d'ap
puyer un système sur le refus de prendre en compte la forme latine
originelle : le d de prendre lui semble « interjeté » (= épenthétique), malgré
le prehendere latin (32,24).
2.2.1. Le moyen de réduction le plus original est une sorte de transpos
ition de la notion d'ellipse 9. La déviance est présentée comme n'appar
aissant, dirait-on de nos jours, que dans la structure de surface. Des
éléments sous-jacents sont capables d'en rendre compte. Dans plus de
vingt cas, Meigret explique une forme apparemment déviante par l'hy
pothèse d'une forme « inusitée » dont elle serait issue. Par exemple, les
personnes du pluriel de l'indic

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