La création de l École de pharmacie de Strasbourg en 1803 - article ; n°339 ; vol.91, pg 439-452
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La création de l'École de pharmacie de Strasbourg en 1803 - article ; n°339 ; vol.91, pg 439-452

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Revue d'histoire de la pharmacie - Année 2003 - Volume 91 - Numéro 339 - Pages 439-452
La création de l'École de pharmacie à Strasbourg peut s'expliquer par plusieurs raisons. L'histoire des pharmacies d'abord qui remonte au XIIIe siècle et celle des apothicaires prospères et souvent membres de la municipalité de la ville libre. La première réglementation concernant la vente des poisons date de 1400, celle des apothicaires de Strasbourg d'environ 1500. Un règlement très détaillé fut publié par le Magistrat en 1675. Un Collegium medicum y était créé. Ce règlement ne fut guère modifié par T administration française qui supervisa celle de la ville à partir de 1681. Plusieurs ouvrages imprimés à Strasbourg, en particulier ceux sur l'art de distiller ou sur les plantes médicinales, comptent parmi les plus connus du début du XVIe siècle. Certaines préparations pharmaceutiques dont la thériaque céleste de Strasbourg avaient également contribué au renom de la pharmacie strasbour- geoise. Des raisons stratégiques enfin, joints à l'existence d'une École de santé fondée en 1794, conduisirent le Premier Consul à créer l'École de pharmacie de Strasbourg. Malgré la nomination des enseignants dès 1803 l'École eut peu d'étudiants et pas de locaux, concurrencée par les pharmaciens locaux chez lesquels les compagnons étaient formés et pouvaient être reçus pharmaciens selon l'ancien système. Ce n'est que sous la Monarchie de Juillet que l'École prit son essor.
The creation of the School of pharmacy of Strasbourg in 1803.
Several reasons can explain the creation of the School of pharmacy in Strasbourg. First the history of the pharmacies which comes back to the XIIIth century and that of the pharmacists which were prosperous and often members of council of the free city. The first regulation concerning the selling of poisons dates back to 1400, the one of apothecaries of Strasbourg to about 1500. A detailed regulation was published by the City Council in 1675. A Collegium medicum was created. This regulation was hardly modified by the French administration which supervised that of the city from 1681 on. Several printed books, particularly those on the art of distillation or on medicinal plants are amongst the most well known of the beginning of the XVIth century. Some pharmaceutical preparations of which the celestial the- riaca of Strasbourg had also contributed to the renown of Strasburg pharmacists. Finally strategically reasons joint to the existence of a School of Medicine School founded in 1794, the First Consul, Napoléon Bonaparte, to create the School of Pharmacy of Strasbourg. In spite of the appointment of teachers as early as 1803 the School had only a few students and no premises and was challenged by the local pharmacists where companions were trained who could become pharmacists according to the old system. Its only during the reign of king Louis-Philippe that the School developed rapidly.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Guy Dirheimer
Pierre Bachoffner
La création de l'École de pharmacie de Strasbourg en 1803
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 91e année, N. 339, 2003. pp. 439-452.
Citer ce document / Cite this document :
Dirheimer Guy, Bachoffner Pierre. La création de l'École de pharmacie de Strasbourg en 1803. In: Revue d'histoire de la
pharmacie, 91e année, N. 339, 2003. pp. 439-452.
doi : 10.3406/pharm.2003.6300
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2003_num_91_339_6300Résumé
La création de l'École de pharmacie à Strasbourg peut s'expliquer par plusieurs raisons. L'histoire des
pharmacies d'abord qui remonte au XIIIe siècle et celle des apothicaires prospères et souvent membres
de la municipalité de la ville libre. La première réglementation concernant la vente des poisons date de
1400, celle des apothicaires de Strasbourg d'environ 1500. Un règlement très détaillé fut publié par le
Magistrat en 1675. Un Collegium medicum y était créé. Ce ne fut guère modifié par T
administration française qui supervisa celle de la ville à partir de 1681. Plusieurs ouvrages imprimés à
Strasbourg, en particulier ceux sur l'art de distiller ou sur les plantes médicinales, comptent parmi les
plus connus du début du XVIe siècle. Certaines préparations pharmaceutiques dont la thériaque céleste
de Strasbourg avaient également contribué au renom de la pharmacie strasbour- geoise. Des raisons
stratégiques enfin, joints à l'existence d'une École de santé fondée en 1794, conduisirent le Premier
Consul à créer l'École de pharmacie de Strasbourg. Malgré la nomination des enseignants dès 1803
l'École eut peu d'étudiants et pas de locaux, concurrencée par les pharmaciens locaux chez lesquels
les compagnons étaient formés et pouvaient être reçus pharmaciens selon l'ancien système. Ce n'est
que sous la Monarchie de Juillet que l'École prit son essor.
Abstract
The creation of the School of pharmacy of Strasbourg in 1803.
Several reasons can explain the creation of the School of pharmacy in Strasbourg. First the history of
the pharmacies which comes back to the XIIIth century and that of the pharmacists which were
prosperous and often members of council of the free city. The first regulation concerning the selling of
poisons dates back to 1400, the one of apothecaries of Strasbourg to about 1500. A detailed regulation
was published by the City Council in 1675. A Collegium medicum was created. This regulation was
hardly modified by the French administration which supervised that of the city from 1681 on. Several
printed books, particularly those on the art of distillation or on medicinal plants are amongst the most
well known of the beginning of the XVIth century. Some pharmaceutical preparations of which the
celestial the- riaca of Strasbourg had also contributed to the renown of Strasburg pharmacists. Finally
strategically reasons joint to the existence of a School of Medicine School founded in 1794, the First
Consul, Napoléon Bonaparte, to create the of Pharmacy of Strasbourg. In spite of the
appointment of teachers as early as 1803 the School had only a few students and no premises and was
challenged by the local pharmacists where companions were trained who could become pharmacists
according to the old system. Its only during the reign of king Louis-Philippe that the School developed
rapidly.439
La création
E de l'École de pharmacie
T
V
D de Strasbourg en 1803
E
par Guy Dirheimer* et Pierre Bachoffner**
Pourquoi le Premier Consul choisit-il d'établir une École de pharmacie à
Strasbourg, en plus de celles qui furent créées à Paris et à Montpellier,
et non à Marseille, Lyon ou Bordeaux, villes beaucoup plus peuplées que
Strasbourg ? Nous y voyons plusieurs raisons, d'une part l'histoire, l'organi
sation et la réputation de la pharmacie à Strasbourg, d'autre part l'existence de
l'École de santé de Strasbourg, enfin les raisons stratégiques de Bonaparte.
La pharmacie strasbour-
geoise remonte très loin
dans l'histoire. Strasbourg
possède en effet une des
plus anciennes pharmacies
d'Europe, « ante monaste-
rium », devant la cathédral
e, à l'enseigne du Cerf
(« Zum guldinen Hirtsen »,
donc « Au cerf d'or »)
[Fig. 1]. Elle est située
Figure 1 :
La pharmacie du Cerf
(15 juillet 1897).
Communication donnée le 5 avril 2003, séance de commémoration du bicentenaire de la loi de Germinal
an XI.
34 sentier de l'Aubépine, 67000 Strasbourg
2 rue Biaise-Pascal, 67204 Achenheim
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, LI, N° 339, 3e TRIM. 2003, 439-452. REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE 440
au coin de la place de la Cathédrale et de la rue Mercière, non loin du « Vieil
Hôpital » qui était construit sur le bord du fossé romain de la ville.
Rappelons qu'en 10 après J.-C. Strasbourg, ou plutôt Argentorate dont
c'était le nom depuis l'époque celte, était le siège de la IIe légion Auguste l.
L'historien Adolphe Seyboth cite un « Apothecarius Heinrich Philippi » qui
était installé à Strasbourg en 1268 2. Les premiers « Maîtres apothicaires »
de Strasbourg étaient fortunés, souvent d'une culture générale assez pous
sée. Ils savaient évidemment le latin. Une deuxième pharmacie
« Aux cigognes » est attestée en 1314. Un certain « Jean dans
l'Apothicairie » était membre du Conseil de la ville de Strasbourg 3, ce qui
permet de supposer qu'il avait rang de patricien. En effet, depuis la bataille
de Hausbergen, le 8 mars 1262, au cours de laquelle la milice bourgeoise
avait défait les troupes de l'évêque Walter de Hohen-Geroldseck 4, la ville
était une ville libre, une sorte de république, comme d'autres villes du Saint
Empire romain germanique. Elle n'avait pas à prêter serment à l'empereur,
était exemptée de tout impôt régulier et de tout contingent militaire, pleine
ment souveraine au point de vue criminel, etc. Depuis 1263, le pouvoir à
Strasbourg était exercé par le Conseil (« Rat ») fort de 24 membres 4 . En
faire partie était donc un privilège rare.
Plus de trois siècles plus tard, en 1630, Strasbourg comptait 23 000 habi
tants 5 et possédait 5 pharmacies. A. Seyboth a publié un tableau chronologique
des pharmacies de Strasbourg du XIIe au XIXe siècle 2.
Strasbourg était également réputée par sa réglementation des pharmacies et
ses pharmacopées. La réglementation pharmaceutique y était fort ancienne.
Le premier édit fut celui que l'empereur germanique Frédéric II de
Hohenstaufen, le « divin » Frédéric, promulgua à Melfi, près de Foggia, en
1224 (texte dans la thèse de R. Boeglin 6). Cet édit marque pour la première
fois en Occident la séparation rigoureuse de l'art pharmaceutique de l'art
médical. Frédéric II appelait l'Alsace : « La plus chère de mes possessions
familiales. » 7 II vint plusieurs fois à Strasbourg, accompagné de sa cour qui
comprenait des médecins et probablement des apothicaires. Il y fut reçu par la
municipalité et lui fit cadeau de son astrolabe personnel 8. On peut émettre
l'hypothèse que les pharmaciens strasbourgeois, membres de cette municip
alité, eurent connaissance de son édit par les contacts qu'ils eurent avec les
professionnels de la santé accompagnant l'empereur. Néanmoins, des travaux
récents ont établi que cet édit ne concernait que le royaume de Sicile, sans
extension au reste de l'Empire.
Un premier règlement pour les apothicaires strasbourgeois a été promulgué
vers 1500. On peut remarquer toutefois que la hantise du poison fut à l'ori
gine, dès 1400, d'un décret concernant la vente de certains toxiques par les
apothicaires et les épiciers 9"12 (Bedacht wie die Apothecker und Kremer das L'ECOLE DE PHARMACIE DE STRASBOURG 441
Figure 2 :
Décret publié par
le conseil de la ville
de Strasbourg
concernant
« La vente des poisons
par les apothicaires
et les épiciers ».
gifft verkauffen sollen) [Fig. 2]. Il semble que la réputation de Strasbourg en
ce qui concerne les pharmacies s'était répandue dans les régions avoisinantes,
puisque en 1501 la ville de Fribourg-en-Brisgau se vit même obligée d'appel
er la ville de Strasbourg à son aide pour lui permettre une visite de ses phar
m

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