La Déclaration des droits de l homme et du citoyen en Allemagne - article ; n°1 ; vol.232, pg 220-245
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1978 - Volume 232 - Numéro 1 - Pages 220-245
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Franz Dumont
La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen en
Allemagne
In: Annales historiques de la Révolution française. N°232, 1978. pp. 220-245.
Citer ce document / Cite this document :
Dumont Franz. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen en Allemagne. In: Annales historiques de la Révolution
française. N°232, 1978. pp. 220-245.
doi : 10.3406/ahrf.1978.3309
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1978_num_232_1_3309LA DECLARATION
DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN
EN ALLEMAGNE
Bien que la Révolution française n'ait pas été imitée en
Allemagne, elle fut observée outre-Rhin avec une grande attention :
la plupart des gouvernements du Saint-Empire craignirent bientôt
de la voir se propager, tandis que les intellectuels allemands
réagirent d'abord positivement, même avec enthousiasme à ce
« triomphe de la raison ». Les idées et les réalités de la Révolution
française furent discutées de manière très détaillée dans la répu
blique des lettres d'Allemagne. Mais comment le reste de la
population allemande apprit-elle à connaître les principes de Quatre-
vingt-neuf ? Cette question doit être discutée à propos de la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août
1789 (1). Quand et comment les citoyens allemands furent-ils
informés de cette déclaration ? Comment fut-elle appréciée par la
presse allemande, qui a exercé une grande influence sur l'opinion
publique ?
C'est sous cet aspect que nous avons recherché les publica
tions accessibles à la plupart des Allemands, c'est-à-dire surtout
les gazettes et les périodiques les plus connus. Le grand nombre
de périodiques allemands vers 1789 — dû au morcellement
politique et à la diversité culturelle de ce pays, ainsi qu'à la
grande production littéraire de l'époque des Lumières — nous
a obligé à faire une certaine sélection. Nous nous bornerons
donc à étudier les organes de presse imprimés ou répandus dans
des villes rhénanes et hessoises ; quelques-uns étaient lus
le reste de l'Allemagne, parfois dans d'autres pays européens.
*♦*
(1) Pour la genèse et l'importance de cette déclaration cf. Jiirgen Sandwic,
« Rationales Naturrecht als revolutionare Praxis », Historische Forschungen, Bd. 6,
Berlin-Ouest, 1973. DÉCLARATION EN ALLEMAGNE 221 LA
A l'époque de la Révolution française, la presse allemande
était caractérisée par l'existence de nombreuses gazettes avec diffusion
locale, régionale ou internationale, par des tirages très différents et
des reportages — pour ainsi dire — « neutres », en ce qui concerne
particulièrement la presse rhénane et hessoise (2). Elles étaient,
en 1789, pour la plupart des feuilles d'informations, tenant plus
à l'information qu'à la formation d'une opinion politique. Les
reportages étaient souvent contradictoires, parce que fondés sur
des sources très différentes. Les tendances politiques ne se tra
duisaient que par la sélection et le style des nouvelles. Les
commentaires manquaient presque toujours, car on était de l'avis :
« Au mieux laissons tomber les raisonnements dans les gazettes » (3).
Le grand nombre de gazettes était aussi, en Hesse et en
Rhénanie, la conséquence du morcellement territorial. Presque
chaque petit Etat avait une gazette particulière qui paraissait dans
la capitale et était lue comme un bulletin officiel dans le reste
du pays. Dans les lieux de résidence plus importants, par exemple
Mayence, Mannheim, Karlsruhe, on mettait en vente des gazettes
diffusées aussi dans d'autres territoires. Les villes impériales de
Francfort et de Cologne avaient chacune plusieurs feuilles à
diffusion interrégionale. A Worms cependant, il n'y avait qu'une
gazette connue localement.
Il paraissait aussi en Rhénanie plusieurs gazettes en langue
française, telles la Gazette de Cologne, la Gazette de Bonn et la
Correspondance littéraire et secrète à Neuwied. « La langue fran
çaise était choisie au dix-huitième siècle par ces gazettes parce
qu'elles s'adressaient à un public international et qu'elles voulaient
surtout intéresser les hommes actifs en politique » (4). Parmi ces
gazettes « rhéno-françaises », la Gazette des Deux-Ponts était sans
doute la plus importante ; on pouvait s'abonner à cette feuille à
Paris, à Londres et, selon P« avis aux lecteurs » de l'éditeur,
« dans toutes les postes du reste de l'Europe ». Elle était une
des grandes feuilles internationales de la fin du XVIIIe siècle,
(2) La situation de la presse allemande vers 1789 a été étudiée par Irène Jentsch,
Zur Geschichte des Zeitungslesens in Deutschland am Ende des 18. Jahrhunderts,
Leipzig, 1937, et par Margot Lindemann, Deutsche Presse bis 1815 (Abhandlungen
und Materialien zur Publizistik, Bd. 5), Berlin-Ouest, 1969, pp. 107-179. Pour la presse
rhénane et hessoise, il faut utiliser les études suivantes : Joseph Hansen (éd.),
Quellen zur Geschichte des Rheinlandes im Zeitalter der Franzôsischen Revolution,
Bd. I, Bonn, 1931, (Introduction) pp. 23-37 ; Friedrich Illert, Die Geschichte der
Wormser Presse, Worms, 1913 ; Wilhelm Weber, « Geschichte des Druck-und
Zeitungswesens in Zweibriicken », Pfàlzischer Merkur du 6-9-1963 ; J. Nebelthau,
Zur Geschichte der altesten Zeitung in Hessen, Hessenland Jg. 6/7 (1892/93), et
Heinrich Jacobi, Die Entwicklung des Frankfurter Zeitungswesens, Francfort, 1926.
(3) Journal von und fur Deutschland, 8Jg (1791), n° 8, p. 642.
(4) Hansen, op. cit., p. 26. 222 F. DUMONT
de même que la Hanauer Neue Europàische Zeitung (Nouvelle
gazette européenne d'Hanau) qui paraissait en langue allemande
et qui était lue en Allemagne orientale, en Bohême et en Autriche.
Vers 1789, l'épaisseur d'une gazette était moindre qu'aujour
d'hui ; elles paraissaient aussi plus rarement : la plupart de celles-ci
quatre fois, quelques-unes deux ou une fois seulement par semaine.
Leurs tirages variaient entre deux ou trois cents et trois à cinq
mille exemplaires (5). Mais l'exemplaire d'une gazette était lu
par plusieurs lecteurs : par la transmission dans des cercles de
lecture, par la présence dans les sociétés littéraires, dans les cafés
et par la lecture publique, leur contenu était connu aussi parmi
le « bas peuple ». La lecture des gazettes n'était plus limitée
aux hommes cultivés. Ce ne fut pas sans une certaine inquiétude
qu'un diplomate impérial constata en 1789, l'année révolutionnaire,
qu'en Rhénanie « les feuilles publiques sont lues par le bas
peuple avec un grand désir» (6). Leur influence sur l'opinion
publique était estimée très grande : car en 1790 un journaliste
allemand (7) crut qu'il était prouvé « que les gazettes donnent
aux opinions des formes nouvelles ; mais les opinions modèlent
l'avis et l'avis crée des actions ».
Par contre, l'efficacité des feuilles périodiques (8) était, par
rapport à leur nombre, plus restreinte. En général, le cercle de
leurs lecteurs représentait les « ordres lettrés », c'est-à-dire des
intellectuels, des fonctionnaires, des membres du clergé et des
nobles. Ces catégories se rencontraient dans les Lesegesellschaften
(cercles ou sociétés littéraires) qui existaient dans presque toutes
les villes rhénanes et hessoises (9). Elles étaient caractéristiques
du siècle des Lumières : centres d'information et de discussion
sur l'art, la littérature, la philosophie et la politique.
En plus des nombreuses gazettes, souvent étrangères, on
trouvait dans les sociétés littéraires les périodiques allemands bien
(5) Les gazettes de Coblence et de Worms avaient un tirage de 250 à 300 exemp
laires, celles de Cologne et de Francfort un tirage de 3.000 à 3.700 exemplaires ;
cf. Jentsch. op. cit., p. 122, et Hansen, p. 48.
(6) Le secrétaire de la légation impériale à la cour électorale de Cologne, von
Kornrumpf, au vice-chancelier de l'Empire, prince de Colloredo, de Coblence du
6-9-1789, cité selon Hansen (op. cit., n° 178, p. 442).
(7) L'éditeur des Politische Gesprâche der Todten (Dialogues politiques des morts)
de Neuwied, M. F. Trenck von Tonder (1746-1810), à l'emp

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