La genèse de la nomenclature de 1910 et ses enseignements - article ; n°1 ; vol.47, pg 48-75
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Description

Langue française - Année 1980 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 48-75
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

J. Vergnaud
La genèse de la nomenclature de 1910 et ses enseignements
In: Langue française. N°47, 1980. pp. 48-75.
Citer ce document / Cite this document :
Vergnaud J. La genèse de la nomenclature de 1910 et ses enseignements. In: Langue française. N°47, 1980. pp. 48-75.
doi : 10.3406/lfr.1980.5061
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1980_num_47_1_5061J. Vergnaud, Université de Limoges.
LA GENESE DE LA NOMENCLATURE
DE 1910
ET SES ENSEIGNEMENTS
L'État est intervenu deux fois de façon explicite et globale dans le
domaine de la terminologie grammaticale :
1. Un arrêté de Gaston Doumergue, « Ministre de l'Instruction publique
et des Beaux-Arts », daté du 25 juillet 1910, a délimité la nomenclature
exigible en grammaire dans tous les examens scolaires, ceux de l'enseign
ement primaire « jusqu'au brevet supérieur inclusivement », ceux de l'e
nseignement secondaire « jusqu'au baccalauréat », à partir
de l'année 1911 ^
2. Deux circulaires, en principe complémentaires l'une de l'autre, ont
abrogé récemment ce premier texte et renouvelé la nomenclature, l'une,
du 25 juillet 1975, pour l'enseignement secondaire, l'autre, du 25 octobre
1976, pour l'école élémentaire2.
Le caractère officiel et contraignant de ces textes leur confère une
importance primordiale pour notre sujet d'étude, et justifie leur examen.
A ce titre, la nomenclature de 1910 présente un double intérêt historique.
Derrière ce tableau simple, anodin à nos yeux, une étude de genèse, qui
seule peut lui redonner sa vraie valeur, permet d'abord de découvrir tous
les problèmes grammaticaux qui se posaient à la première école républi
caine. Mais elle révèle aussi les procédures de réflexion et de concertation
mises en œuvre pour la rédaction du texte, entre 1905 et 1910, et qui
paraissent exemplaires au regard de la précipitation et de l'autoritarisme
qui se sont notamment manifestés lors de la publication de la nomenclature
de 1975 pour le second degré. Le cadre de la grammaire est ainsi largement
dépassé, et on peut caractériser par comparaison deux conjonctures idéolo
giques et politiques très différentes dans l'histoire de notre enseignement.
1er octobre 1. Bulletin 1910, administratif p. 559. Texte du reproduit ministère en de appendice l'Instruction à la publique fin de cet (désormais article. noté B.A.I. P.) n° 1948,
2. Références exactes en bibliographie. Se reporter de même à cette bibliographie pour tous les ouvrages
ou textes cités non référencés en note.
48 1. Le contexte pédagogique
La publication de la nomenclature de 1910 résulte directement du
vaste mouvement de mutation qui a marqué en France l'enseignement en
général, et l'enseignement de la langue française en particulier, pendant les
premières décennies de la Troisième République, et surtout, après l'arrivée
des Républicains au pouvoir, dans les années 80 3.
1.1. Sources de renseignements
La synthèse bien connue d'Antoine Prost, L'enseignement en France
(1800-1967), donne les vues générales nécessaires. Mais, outre le B.A.I. P.,
il faut lire les revues spécialisées du temps pour suivre de près les événements
et les idées. Ces prolifèrent véritablement à la fin du xixe siècle : cent
titres nouveaux apparaissent par exemple entre 1878 et 1889 (Mémoires
et documents scolaires du Musée pédagogique, 2e série, n° 18). Distinguons
les 3 publications pilotes suivantes, qui sont nées à la même époque cruciale :
— La Revue pédagogique, publication officieuse destinée, depuis 1878, aux
bibliothèques de renseignement primaire, avant d'être envoyée aussi
établissements secondaires, à partir de 1903.
— L'Enseignement secondaire, revue des études classiques, d'abord publiée,
de 1880 à 1890, sous le titre L'Université. Totalement ignorée par Antoine
Prost, elle nous apportera au contraire l'essentiel des informations utilisées
dans cet article (titre souvent abrégé en E.S.).
— La Revue internationale de l'enseignement, organe incontesté des facultés
françaises depuis 1881.
Dans la masse des autres revues, indépendantes ou commerciales,
il faut noter l'absence des journaux syndicaux. Le syndicalisme ensei
gnant s'organise lentement à partir de 1890, et le premier numéro de
L'École émancipée, revue des syndicats d'instituteurs, paraît seulement le
1er octobre 1910.
1.2 Les divers ordres d'enseignement
1. L'enseignement supérieur
Après « la longue stagnation des années 1800-1880 », il connaît une
véritable renaissance (A. Prost, IV, 10). Ses professeurs, alors en plein
accord avec le gouvernement, se donnent pour mission de diriger et de
contrôler toutes les réformes. « Dans cet immense travail de réorganisation
de l'instruction publique, nous voulons voir clair », dit E. Lavisse en 1881...
« C'est donc à nous de bien déterminer par nos réflexions, nos discussions
et nos votes ce que nous avons à faire 4. » Ce programme est ensuite réalisé,
en particulier par l'action des membres de l'Université au Conseil supé
rieur de l'Instruction publique.
3. De même, les nomenclatures de 1975-1976 apparaissent à la fin de la période d'expansion et de boule
versements provoquée par « la vague démographique » des années 50. Le parallélisme est frappant, mais,
en ce qui concerne la terminologie grammaticale, les situations ne sont pas identiques. Cf. infra, article sur
la nomenclature aujourd'hui.
4. Allocution à l'assemblée générale de la Société pour l'étude des questions d'enseignement supérieur,
23 avril 1881. Revue internationale de l'enseignement, t. 1, pp. 443-447.
49 Lorsqu'on organise officiellement, en 1906, une réflexion sur la nomenc
lature grammaticale, il paraîtrait impensable de ne pas faire appel à
l'enseignement supérieur pour la diriger.
2. L'enseignement secondaire
II n'est plus « la pièce maîtresse des structures pédagogiques françaises »
comme au milieu du xixe siècle, mais il en reste une pièce essentielle, et il
profite dans une large mesure de l'essor de l'enseignement supérieur, qui
forme ses maîtres.
Cependant, de 1880 à 1902, il change de statut, et prend son visage
du xxe siècle (A. Prost, IV, 11). Essentiellement, en ce qui nous concerne,
les humanités classiques traditionnelles, qui constituent encore une culture
de prestige, doivent progressivement composer avec les humanités modernes.
Principales étapes : en 1880, création de l'enseignement secondaire fémi
nin, exclusivement moderne, et remplacement de la composition latine par
la composition française au baccalauréat classique; en 1891, transformat
ion définitive de l'enseignement spécial, à finalités semi-professionnelles,
en un enseignement « moderne », parallèle à l'enseignement classique;
enfin, en 1902, établissement d'un enseignement secondaire unique et
diversifié, dans lequel « l'égalité des sanctions » assure à toutes les filières
le même droit à l'entrée dans l'université.
Cette évolution est durement ressentie au sein de la société éditrice de
Г Enseignement secondaire. Une atmosphère de crise entraîne même plu
sieurs interruptions dans la publication, de 1891 à 1893. En 1902-1903
on polémique vivement avec l'éphémère bulletin de la Société des amis de
l'éducation moderne, dirigée par O. Billaz sous le patronage de F. Brunot.
Mais peut-être aussi la réflexion pédagogique est-elle vivifiée par la
remise en cause des options traditionnelles. Ce sont en tout cas des membres
du groupe de ГЕ. S. qui, du côté des enseignants, posent le problème de la
nomenclature, dès la fin du siècle, et surtout en 1905.
3. L'enseignement primaire
Même si elles n'ont pas tout créé, les lois fondamentales de 1880 à 1886
ont permis sa pleine expansion (A. Prost, II, 4 et IV, 12). On sait que,
parallèlement à l'enseignement secondaire, il étend sa juridiction au niveau
de notre « 2e degré », avec les E.P.S., et même au niveau du supérieur, depuis

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