La mobilité des Italiens en milieu rural au début du siècle : 1890-1930. Approche du phénomène - article ; n°1 ; vol.11, pg 195-210
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La mobilité des Italiens en milieu rural au début du siècle : 1890-1930. Approche du phénomène - article ; n°1 ; vol.11, pg 195-210

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Description

Revue européenne de migrations internationales - Année 1995 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 195-210
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gérard Claude
La mobilité des Italiens en milieu rural au début du siècle : 1890-
1930. Approche du phénomène
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 11 N°1. Marseille et ses étrangers. pp. 195-210.
Citer ce document / Cite this document :
Claude Gérard. La mobilité des Italiens en milieu rural au début du siècle : 1890-1930. Approche du phénomène. In: Revue
européenne de migrations internationales. Vol. 11 N°1. Marseille et ses étrangers. pp. 195-210.
doi : 10.3406/remi.1995.1453
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1995_num_11_1_1453195
Revue Européenne
des Migrations Internationales
Volume 1 1 - N° I
1995
NOTE DE RECHERCHE
La mobilité des Italiens
en milieu rural au début du siècle
1890-1930
Approche du phénomène
Gérard CLAUDE
La présente étude constitue une approche du phénomène de la mobilité des
Italiens en milieu rural, car les éléments que nous présentons sont issus d'une
réflexion préliminaire conduite dans le cadre d'un travail universitaire consacré à
l'immigration italienne dans les campagnes provençales de 1850 à 1940 (').
L'entreprise s'est très vite révélée fort complexe à cause du matériel document
aire disponible (2) et de l'identité d'une population qui est par nature difficile à
suivre dans ses déplacements et ses comportements socio-professionnels.
Pourtant la mobilité est une composante essentielle du phénomène migrat
oire, et à ce titre c'est un concept qui doit se concevoir au pluriel. Car elle ne doit
pas se circonscrire au seul domaine de la géographie, à l'étude des itinéraires
migratoires, mais englober le social et l'économique. Vaste enquête, il est vrai, qui
conduit tout naturellement à envisager les comportements des Italiens face à la
communauté d'accueil et face au problème de leur mobilité professionnelle, c'est-à-
dire de leur « réussite » économique.
On perçoit du coup l'importance de la question, puisqu'on débouche sur le
champs de l'intégration. Mesurer la mobilité de cette population revient ainsi à
mieux connaître les facteurs et les aspects marquants de son assimilation dans un
milieu rural réputé à l'époque très « étanche ».
Dans cette perspective l'orientation de notre propos est double. En nous
appuyant sur les premiers résultats d'enquêtes conduites sur le terrain, au niveau
des villages (sélectionnés en fonction de critères spécifiques) (3), nous livrons les Gérard CLAUDE
conclusions auxquelles nous sommes parvenus. Bilan partiel encore, car l'intérêt de
ce travail réside d'abord dans les zones d'ombre qu'il a révélées, et donc dans les
perspectives de recherche qu'il dessine. Voies nouvelles, approches méthodologi
ques différentes, ce sont ces directions que nous voudrions aussi (et surtout) indi
quer dans cet article.
UNE MOBILITÉ GÉOGRAPHIQUE PROBABLEMENT FAIBLE
Si la question de la mobilité géographique pose problème à l'historien des
migrations c'est d'abord à cause de l'extrême diversité des comportements. Les
témoignages oraux le montrent fort bien, à l'exemple de ceux-ci.
— « La famille de mon père comptait 7 enfants. Ils étaient originaires de
Piazza Brembana, en Lombardie. Il a été saisonnier jusqu'en 1920. Il
venait faire des coupes de bois dans les Pyrénées Orientales, dans l'Aude,
à Carcassone où il y avait déjà sa sœur... Puis il est allé à Vauvenargues, à
Jouques et enfin à Pelissane, ici, en 1923 ».
— « Mon père est venu en France à cause du fascisme, ça c'est sûr. Il était
artisan menuisier à Santa Maria à Monte. Il est venu à Noves en 1923
directement. Il faisait froid, c'était l'hiver. Il a trouvé à se loger d'abord
chez sa sœur et a travaillé à la fabrique de chardons ».
— « A Valloriate nous avions peu de terres. Toutes en montagne. Je me
suis loué la première fois à Barcelonnette quand j'avais 13 ans. L'année
suivante, près de Larche pour 6 mois. La troisième année, je me suis loué
à la Roche des Arnauds, au-dessus de Gap. Quand j'ai eu 11 ans je suis
allé à la Londe pour piocher des vignes... » (4).
On mesure à travers ces références la diversité des situations : allées et venues
fréquentes dans le cadre d'échanges saisonniers dans un cas, itinéraire direct dans
l'autre. D'un côté, on tient la preuve d'une exceptionnelle mobilité, de l'autre celle
d'une remarquable stabilité.
Le problème ne réside pas dans la fiabilité de ces récits. Malgré l'éloignement
des faits auxquels ils font allusion (le début du siècle), il ne faut pas mettre en doute
leur validité, car une telle expérience est suffisamment importante dans la vie d'un
homme pour qu'elle reste inscrite à jamais dans sa mémoire. Le problème n'est
donc pas là, mais plutôt dans la représentativité de chacun d'eux. La question est
de savoir quels furent les comportements les plus fréquents, en tenant compte,
autant que faire se peut, des périodes au cours desquelles ces déplacements ont eu
lieu, et des types de migrations (proches ou « lointaines »).
11 faut solliciter ici d'autres sources, car les témoignages oraux n'éclairent que
des situations particulières, donc ponctuelles, et restituent mal une réalité d'ensemb
le. Seules les textes manuscrits le permettent. Mais leur examen soulève, dès
qu'on l'aborde, un second problème, car selon la nature du document étudié la
perspective est radicalement différente. mobilité des Italiens en milieu rural 1890-1930 La
Prenons l'exemple des recensements de population communale. C'est la
source la plus pratique : elle offre une série d'informations continues sur plus d'un
siècle (de 1832 à 1945), généralement fiables, établies tous les 5 ans dans chaque
commune de la région. Il est aisé dans ces conditions d'identifier certains individus
et de mesurer leur mobilité éventuelle. Nous avons conduit l'enquête sur quelques
villages de la Provence occidentale appartenant à des milieux socio-économiques
différents : ainsi Gémenos, Cuges, Mérindol, Lauris et Grambois illustrent le cas
de ces communes des montagnes provençales dans lesquelles l'activité bûcheron-
nière prédomine, une activité que l'on sait favorable à la mobilité. En revanche St
Rémy située dans la basse vallée de la Durance sur des plaines jugées fertiles, offre
l'exemple parfait d'un milieu de petits agriculteurs sédentaires. Quant à Grans, aux
portes de la Crau, elle présente avec ses bergers et ses cultivateurs une situation
médiane (5).
L'analyse conjointe des recensements de ces différentes localités fait apparaît
re l'exceptionnelle mobilité de ces Italiens. On constate en effet que les 2/3 au
moins d'entre-eux (entre 61 % et 96 % exactement) disparaissent d'un recensement
sur l'autre. C'est dire que la majorité reste moins de 5 ans en place.
— A Grans par exemple, parmi les 15 travailleurs Italiens recensés en 1896, il
n'en reste que 5 dix ans plus tard, 4 en 1911 et aucun en 1926.
Les courbes établies (ci-dessous, figure 1) montrent à l'évidence l'intensité et le
caractère très uniforme du phénomène observé.
— Elles introduisent cependant une intéressante distinction selon les périodes
considérées, car la mobilité semble plus forte avant la Guerre qu'après. Les cas de
St Rémy et de Lauris en donnent d'ailleurs une belle illustration.
Le dénombrement saint-rémois de 1891 compte 5 Toscans actifs ; il en reste 3
seulement en 1896, et aucun en 1906. En revanche, on observe qu'un tiers des
travailleurs recensés en 1921 sont toujours présents en 1931. A Lauris, dans un
milieu pourtant réputé « instable », on établit le même constat. Sur les 15 bûche
rons reconnus en 1921, on en retrouve encore 1 1 en 1925, 9 en 1931 et 6 en 1936.
Certes le fait n'est pas général, mais il montre qu'avec le temps une tendance
très sensible se dessine à la stabilité. Il faut y voir certainement l&#

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