La presse parisienne et la nuit du 4 août - article ; n°1 ; vol.259, pg 46-59
15 pages
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Annales historiques de la Révolution française - Année 1985 - Volume 259 - Numéro 1 - Pages 46-59
After the first days immediatly following the night of « sacrifice », about which every newspaper unanimously extolled the decisions taken, emphasizing the leading role taken by the aristocracy themselves in abolishing feudalism, conditions then differed definitely, especially over the question of church tithes. Yet, in all papers, two main themes recurred : firstly, the need to avoid the danger of anarchy by curbing the people's movement ; and secondly, the fight against despotism was to be led by Louis XVI, who, in the opinion of the masses and the politicians themselves, was still greatly trusted. Only one person differed noticeably, that is, Marat, the future « Ami du peuple », who, alone, analysed the events of that night of the fourth of August, not so much in the light of the opposition between the aristocracy of blood and the Nation, so much as in the light of the contrast between the aristocracy of money and the petit- peuple.
Fabio FRÉDDI.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Fabio Freddi
La presse parisienne et la nuit du 4 août
In: Annales historiques de la Révolution française. N°259, 1985. pp. 46-59.
Abstract
After the first days immediatly following the night of « sacrifice », about which every newspaper unanimously extolled the
decisions taken, emphasizing the leading role taken by the aristocracy themselves in abolishing feudalism, conditions then
differed definitely, especially over the question of church tithes. Yet, in all papers, two main themes recurred : firstly, the need to
avoid the danger of anarchy by curbing the people's movement ; and secondly, the fight against despotism was to be led by Louis
XVI, who, in the opinion of the masses and the politicians themselves, was still greatly trusted. Only one person differed
noticeably, that is, Marat, the future « Ami du peuple », who, alone, analysed the events of that night of the fourth of August, not
so much in the light of the opposition between the aristocracy of blood and the Nation, so much as in the light of the contrast
between the aristocracy of money and the petit- peuple.
Fabio FRÉDDI.
Citer ce document / Cite this document :
Freddi Fabio. La presse parisienne et la nuit du 4 août. In: Annales historiques de la Révolution française. N°259, 1985. pp. 46-
59.
doi : 10.3406/ahrf.1985.1099
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1985_num_259_1_1099ET DOCUMENTS MÉLANGES
LA PRESSE PARISIENNE ET LA NUIT DU 4 AOÛT
Désormais, est aujourd'hui universellement accepté ce que Lefebvre put démontrer
(sur les pas de Jaurès) : la nuit du 4 août fut déterminée avant tout par la révolution
paysanne liée au phénomène tout à fait particulier de la « Grande peur ».
La presse parisienne de l'époque, beaucoup plus que celle de province, mit en relief
ce phénomène. Quotidiennement les journaux mentionnaient — même avec un retard
dû à la lenteur des communications, et parfois avec une certaine imprécision — les assauts
aux châteaux, les pillages, les mauvais traitements aux personnes. Ainsi peut-on lire
dans la Correspondance du Palais-Royal : « La discorde, le meutre, et le brigandage
le plus effréné, régnent avec la plus grande violence (dans toutes les provinces) » (1) ;
dans le Véridique : « Toute la province (Nivernais) est sous les armes. On ne peut plus
contenir le peuple ; il veut absolument égorger tous les nobles » (2) ; et dans le Courier
Français : « Toute la Lorraine a été, pendant quelque temps, en proie aux mêmes
calamités. Les paysans, persuadés que la révolution alloit introduire l'égalité des fortunes
et des conditions, se sont, sur-tout, portés sur les seigneurs qu'ils ont maltraités » (3).
Trois exemples parmi beaucoup d'autres...
Toutefois, malgré la grande place consacrée à ces faits, nous ne trouvons dans aucun
journal de cette période le moindre signe de sympathie à l'égard des paysans. Aussi
dans ces journaux, qui se montraient plus sensibles aux instances confuses du petit-
peuple de la ville, l'attitude à l'égard de la révolte paysanne fut un refus catégorique
doublé d'une incompréhension totale. L'unique préoccupation fut d'étouffer ce
mouvement qui prenait de plus en plus l'allure d'une véritable jacquerie. Les paysans
étaient présentés comme des brigands qui fauchaient le blé en herbe, comme des voleurs
et des assassins qui dérobaient les riches. Le plus souvent ils étaient considérés comme
des marionnettes utilisées par le complot aristocratique international pour écraser la
France révolutionnaire. « Le nombre des brigands est beaucoup moins considérable
qu'on ne se plaît à le débiter ; et encore la plupart sont-ils payés par les partisans de
l'aristocratie, pour épouvanter les citoyens, les fatiguer, et leur faire regretter sa
domination » (4).
(1) Correspondance du Palais Royal n" 8, B.N. 8° LC2 2261.
(2) Le Véridique, n° 2 du 7-8-1789, vol. I, B.N. 8° LC2 217.
(3) Courrier Français, n° 52, vol. II, 8° LC2 156.
Journal très important pour l'étude des disordres des campagnes et villes, et du phénomène de la grande peur,
par la grande quantité de nouvelles relatées. L'attention avec laquelle Poncelin de la Roche suivait ces événements,
étaient déterminée par l'importance qu'il attribuait, malgré un jugement négatif, aux couches inférieures de la société.
« On distribuent — écrivit-il le 20 juillet 1789 — autrefois la nation française en trois classes : le clergé, la noblesse
et le tiers-état. Il eût été fort sage d'y en ajouter une quatrième, composée de la lie du peuple, de ces individus
grossiers, privés d'éducation, sans moeurs, sans principes, et n'ayant souvent d'autre asyle que des retraites obscures,
où ils se dérobent à la vigilance des loix. De tels êtres sont les fléaux de la société ; et dans les grandes révolutions,
ils sont de toutes les fractions, de tous les partis. Toujours ils gagnent aux changements, parce qu'ils n'ont jamais
rien à perdre »...
(4) Observateur, n° 2, s.d., B.N. 8° LC2 195. PRESSE PARISIENNE ET LA NUIT DU 4 AOÛT 47 LA
D'où les appels continus pour renforcer les Comités Permanents et la Garde
Nationale dans le but de réprimer les masses paysannes. De ce point de vue, la voix
des journaux fut littéralement unanime. Et même les Révolutions de Paris — journal
sans doute le plus radical de l'époque — , faisant preuve d'une sensibilité politique tout
à fait hors du commun, en considérant le phénomène de la « grande peur » comme
fruit de l'ignorance et de la faiblesse du mouvement révolutionnaire, soutint que la
pacification de la campagne pouvait se produire, en dernier ressort, qu'au travers de
l'utilisation de la force, même si celle-ci devait se faire non par une armée de mercenaires
— c'est à dire par l'armée royale — , mais par la milice bourgeoise. « Ce ne sont pas
des régimes qu'il faut créer, c'est simplement une bourgeoise ; ce ne sont point
des soldats faut former, ce sont des hommes libres, des citoyens » (S).
Ainsi le 3 août, un député du Tiers d'Orléans, au nom du Comité des Rapports,
ne sut proposer rien d'autre que l'usage de la force pour rétablir la paix et l'ordre dans
les campagnes. « L'Assemblée Nationale, informée que le payement des rentes, dîmes,
impôts, cens, redevances seigneuriales, est obstinément refusé ; que les habitants des
paroisses se réunissent et témoignent dans des actes l'engagement de ces refus et que
ceux qui ne veulent pas s'y soumettre sont exposés aux menaces les plus effrayantes
et éprouvent des mauvais traitements ; que des gens armés se rendent coupables de
violence, qu'ils entrent dans les châteaux, se saisissent des papiers et de tous les titres
et les brûlent dans les cours... Déclare qu'aucune raison ne peut légitimer les suspensions
de payements d'impôts et de toute autre redevance, jusqu'à ce qu'elle ait prononcé sur
les différents droits ; déclare qu'aucun prétexte ne peut dispenser de les payer, qu'elle
voit avec douleur les troubles que ce refus occasionnent, et qu'ils sont essentiellement
contraires aux principes du droit public que l'Assemblée ne cessera de maintenir » (6).
Toutefois, le parti patriote démontra être bien conscient du danger qu'aurait
comporté une politique de répression, d'autant que la milice bourgeoise était encore
dans un état de faiblesse extrême, notamment en province ; et c'est pourquoi un coup
de force devait être nécessairement délégué à l'autorité royale, avec toutes les
conséquences que ce fait aurait put entraîner.
La solution ne pouvait surgir que d'un « miracle » politique. Ce miracle prit forme
par la proclamation de l'abolition des droits féodaux, et l'instauration de l'égalité surtout
du point de vue fiscal. L'organisation pratique de ce miracle, au moins en un premier
temps, fut l'œuvre du Club breton, et de quelques représentants de la noblesse libérale (7).
La situation de danger extrême pour la survie de la propriété, créée au moment
des assauts paysans sur les châteaux, eut comme effet immédiat de lier bourgeoisie et
noblesse pour la défense commune de la propriété contre le quatrième état (8).
La nuit du 4 août fut, à la

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