La Révolution Française et la « Féodalité » : bilan du thème de l « abolition » dans l historiographie française (1815-1914). - article ; n°1 ; vol.265, pg 248-267
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La Révolution Française et la « Féodalité » : bilan du thème de l'« abolition » dans l'historiographie française (1815-1914). - article ; n°1 ; vol.265, pg 248-267

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Annales historiques de la Révolution française - Année 1986 - Volume 265 - Numéro 1 - Pages 248-267
Cette contribution se propose de mettre en lumière l'historique du thème de l'« abolition de la féodalité » dans l'historiographie française. Elle part d'une analyse de la féodalité comme objet de la législation révolutionnaire, à partir d'une analyse serrée des textes de l'époque. Elle s'attache surtout dans une partie centrale à dégager la signification de la féodalité dans la littérature historiographique sur la Révolution : pro - ou anti révolutionnaire, érudite ou « idéologique », entre 1815 et 1914. Enfin une conclusion tente de synthétiser l'héritage théorique d'un siècle d'historiographie révolutionnaire, et sa place dans les controverses actuelles.
This article wants to throw a light on the history of the theme of abolition in french historiography. Starting from an analysis of feudalism as an objet of revolutionary legislation, through a close study of contemporary texts, it aims especially in its central part at pointing out what means feudalism in historiographical literature about Revolution : pro or counter-revolutionary, scholarly or ideological, between 1815 and 1914. Finally, a conclusion attempts to synthétise theoretical heritage of one century of revolutionary historiography, and its place in actual controverse.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hannes Krierser
La Révolution Française et la « Féodalité » : bilan du thème de
l'« abolition » dans l'historiographie française (1815-1914).
In: Annales historiques de la Révolution française. N°265, 1986. pp. 248-267.
Résumé
Cette contribution se propose de mettre en lumière l'historique du thème de l'« abolition de la féodalité » dans l'historiographie
française. Elle part d'une analyse de la féodalité comme objet de la législation révolutionnaire, à partir d'une analyse serrée des
textes de l'époque. Elle s'attache surtout dans une partie centrale à dégager la signification de la féodalité dans la littérature
historiographique sur la Révolution : pro - ou anti révolutionnaire, érudite ou « idéologique », entre 1815 et 1914. Enfin une
conclusion tente de synthétiser l'héritage théorique d'un siècle d'historiographie révolutionnaire, et sa place dans les
controverses actuelles.
Abstract
This article wants to throw a light on the history of the theme of abolition in french historiography. Starting from an analysis of
feudalism as an objet of revolutionary legislation, through a close study of contemporary texts, it aims especially in its central part
at pointing out what means feudalism in historiographical literature about Revolution : pro or counter-revolutionary, scholarly or
ideological, between 1815 and 1914. Finally, a conclusion attempts to synthétise theoretical heritage of one century of
revolutionary historiography, and its place in actual controverse.
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Krierser Hannes. La Révolution Française et la « Féodalité » : bilan du thème de l'« abolition » dans l'historiographie française
(1815-1914). In: Annales historiques de la Révolution française. N°265, 1986. pp. 248-267.
doi : 10.3406/ahrf.1986.1175
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1986_num_265_1_1175LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
ET LA « FÉODALITÉ » :
BILAN DU THÈME DE L'« ABOLITION »
DANS L'HISTORIOGRAPHIE FRANÇAISE
(1815-1914)
Si l'on en croit les deux promoteurs d'un récent colloque
international sur l'histoire de la Révolution française (1), le
« capitalisme moderne en France » ne l'aurait pas emporté à cause
d'elle, mais « malgré la Révolution » (2). Dans leur essai de synthèse
(« La Révolution française — rupture ou continuité »), Eberhard
Schmitt et Rolf Reichardt ont développé aussi l'idée complémentaire
que « l'abolition de la féodalité » faisait partie d'une « idéologie de
césure » (« Zàsurideologie ») inaugurée en août 1789 par les
Constituants et maintenue par une certaine historiographie jusqu'à
nos jours (3). Nous n'avons pas l'intention de nous interroger ici sur
les mobiles des deux savants pour relancer un débat qui, non seulement,
remet en question des acquis conceptuels (si l'on pense au colloque
de Toulouse en 1968) (4), mais qui vise encore — à travers une
problématique d'ailleurs fort complexe — le marxisme comme savoir
d'orientation méthodologique. Notre objectif est plutôt de mettre en
(1) Celui-ci a eu lieu à Bamberg (RFA) du 4 au 7 juin 1979 ; les Actes en ont été
publiés sous le titre Die Franzosische Revolution zufàlliges oder notivendiges Ereignis
Oldenbourg, Munich, 1983, 3 vol.
(2) Rolf Reichardt, Eberhard Schmitt, « Die Franzosische Revolution —
Umbruch oder Kontinuitàt ? », in : Zeitschr. f. Histor. Forschung, 7e ann., 1980,
n° 3, 257-320, 278.
(3) Art. cit., 282 sq.
(4) Cf. les remarques de Jacques Godechot résumant les discussion à la clôture
du congrès (dans : l'Abolition de la féodalité dans le monde occidental. Toulouse 12-16
novembre 1968, t. II, Paris (C.N.R.S.) 1971, 879) ainsi que la motion adoptée à
l'unanimité par les participants, dans laquelle la « féodalité » est déterminée « comme
un système économique, social et politique, caractérisé par le prélèvement d'une partie
du revenu des exploitants du sol, par une aristocratie principalement foncière, jouissant
des droits de justice et de privilèges politiques » (ibid., 885 sq.). HANNES KRIESER 249
lumière l'historique du thème de l'« abolition » dans l'histori
ographie française, afin de pouvoir en tirer quelques conclusions à
l'égard de la controverse actuelle. Confrontés aux faits de l'histoire
révolutionnaire même, les essais de conceptualisation relevés au
cours de notre étude témoignent des possibilités réelles d'intégrer les
événements « antiféodaux » dans le cadre d'une interprétation
générale de la Révolution.
Avant de procéder à l'exposition de cet « héritage théorique »
il convient d'abord de préciser le bien-fondé de notre démarche.
Celle-ci suppose qu'on veuille bien distinguer la réalité en histoire
(catégorie gnoséologique désignant l'existence objective du passé en
général) du réel historique (tel qu'il apparaît dans les résultats de la
recherche scientifique). Quel que soit notre objet d'observation,
l'établissement d'un fait historique ne pourrait atteindre la réalité
qu'à l'état du « réel », c'est-à-dire de la compréhension plus ou
moins adéquate et susceptible de modifications dans la mesure où de
nouveaux apports peuvent être fournis par l'établissement de faits
connexes. Bien que d'ordre abstrait, ce raisonnement prendra aussitôt
une allure concrète : lorsqu'un autre critique de l'« idéologie de
rupture », François Furet, cherche à écarter le « mécanisme de la
preuve » des discussions sur la portée historique de la Révolution
française pour y substituer la « liberté » du credo anti-marxiste (5),
il s'est complètement coupé des procédés qui constituent la science de
l'histoire. C'est donc une nécessité de premier ordre pour quiconque
ne veut le suivre au terrain des seuls combats doctrinaux, que
d'accommoder l'objet de l'histoire en général aux méthodes d'une
« science du singulier » (6), et de prendre en compte cette
proposition de Lucien Sève que « le seul critère recevable de la vérité
en histoire, pour un marxiste comme pour quiconque », c'est « sa
conformité aussi complète que possible avec les faits » (7). Pour
atteindre cette « conformité » en matière d'historiographie
révolutionnaire il faut se garder d'appliquer à la dialectique
historique des moments stabilisants et transformateurs, un schéma
(5) Rendant compte du dernier essai d'interprétation proposé par l'auteur
(François Furet, Penser de Révolution française, Paris (Gallimard) 1978), Claude
Lefort estime que l'esprit « critique » de cet ouvrage « n'est pas soutenu et ne
saurait l'être par le mécanisme de la preuve ; il requiert de la part du lecteur la liberté
de se défaire de l'image de la Révolution comme un commencement absolu de
l'histoire, et de l'URSS comme modèle de la bonne société » (dans : A.E.S.C. 34e
année, 1980, n° 2, 334-352, 338).
(6) Lucien Sève, Une introduction à la philosophie marxiste, suivie d'un
vocabulaire philosophique, Paris (Éditions Sociales) 1980, 233 sqq.
(7) Op. cit., 164. RÉVOLUTION FRANÇAISE ET LA « FÉODALITÉ » 250 LA
figé, où tout serait classé selon la continuité ou selon la rupture ;
mieux vaut relever des coupures dans la continuité historique.
L'« abolition de la féodalité » ne semble pas échapper à ces
généralités. Si l'on s'en tenait aux seules décisions politiques des
années 1789-1793, on n'y percevrait qu'une rupture avec le passé
« féodal ». Dès qu'on prend en considération les dimensions de cette
« féodalité » au niveau de la structure sociale tout entière, l'image
d'une rupture sans continuité s'efface vite. Or, pour en évaluer
fidèlement imaginaire et réel il faut cerner l'objet de plus près. En
nous bornant à

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