La trahison du Cardinal Balue (1469) (Chanson et ballades inédites) - article ; n°1 ; vol.19, pg 259-296
39 pages
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La trahison du Cardinal Balue (1469) (Chanson et ballades inédites) - article ; n°1 ; vol.19, pg 259-296

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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1899 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 259-296
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1899
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eugène Déprez
La trahison du Cardinal Balue (1469) (Chanson et ballades
inédites)
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 19, 1899. pp. 259-296.
Citer ce document / Cite this document :
Déprez Eugène. La trahison du Cardinal Balue (1469) (Chanson et ballades inédites). In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T.
19, 1899. pp. 259-296.
doi : 10.3406/mefr.1899.6193
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1899_num_19_1_6193LA TRAHISON DU CARDINAL BALUE (1469)
(chanson et ballades inédites)
L'histoire de Jean Β al ue, cardinal évoque d'Angers, est aujour
d'hui bien connue, grâce à un excellent livre récemment paru, et
écrit avec une rigoureuse impartialité (1). L'auteur — M. Henri
Forgeot trop prématurément enlevé aux savantes études qu'il
avait entreprises sur le règne de Louis XI, — s'était proposé
K d'instruire un grand procès de revision au sujet d'une per
sonnalité historique, sur laquelle les jugements les plus diffé
rents et les plus sévères avaient été portés „. Balue a-t-il été
réellement l'ambitieux vulgaire que les chroniqueurs ont couvert
de mépris, le prélat ignorant qui ne dut ses hautes fonctions
qu'à la faveur; le traître enfin qui fit prendre le roi Louis XI
à Péronne comme dans un piège? C'est cette opinion, généra
lement admise, que l'historien du cardinal Balue a voulu dis
cuter, en soumettant les textes, chroniques et documents d'ar
chives à une rigoureuse critique, surtout en utilisant des pièces
nouvelles qui avaient échappé avant lui aux recherches et qui
nous permettent de mieux juger les actes politiques de la vie
du cardinal, en même temps qu'elles nous initient aux moindres
détails de ses intrigues et de sa trahison.
Bien que l'auteur de cette substantielle monographie ait
réuni avec un soin minutieux les documents de tous genres,
(1) Henri Forgeot, Jean Balue, cardinal d'Angers (1421 ? -149 1).
Paris, Bouillon 1895, in-8°, xxvni-259 pages (Bibliothèque de l'Ecole
des Hautes Etudes, 106e fascicule). 260 LA TRAHISON DU CARDINAL· BALUE.
il n'a pourtant pas connu ceux que nous publions aujour
d'hui et qui seront, je l'espère, une contribution intéressante à
l'histoire du cardinal. Ce sont des pièces satiriques en vers,
écrites au moment de la trahison de Jean Balue (1). La pre
mière de ces pièces est assez longue, et au point de vue his
torique, c'est de beaucoup la plus intéressante: c'est un Dit
Rimé, satirique, composé de vingt-veuf strophes à 8 vers octo
syllabes ; les autres pièces sont des ballades, dont les stances
offrent des formules rythmiques différentes (2); si elles nous
donnent moins de détails sur la vie et les faits et gestes du
cardinal, elles sont quand même curieuses: car elles nous mont
rent bien ce qu'étaient les libelles diffamatoires du temps (P>). A
dire vrai, la valeur littéraire de ces vers est assez mince: à
part çà et là quelques passages d'une allure assez vive et d'un
style assez vigoureux, quelques expressions à l'emporte pièce
qui ne manquent point de saveur, la composition en est plutôt
faible, le style monotone, souvent prétentieux et obscur (4). Mais
(1) Ces pièces nos I, II, III, IV, V, se trouvent dans un manuscrit
du British Museum, Harl. 4473. (Plut. LXXII B) f° 126a sq. Le ma
nuscrit est du XVe siècle. Il renferme au début la Danse des aveug
les, puis des fragments d'un traité sur les Prétentions des rois d'An
gleterre h la couronne de France, des fragments d'une ( '/ironique de
Normandie et Bretagne ; il se termine par les vers que nous pu
blions et qui sont désignés par les mots: Processus Balue.
(2) Dans la pièce n° I les 8 vers octosyllabes sont groupés selon
la formule rythmique: a b a b, b c b c. — La ballade nu II a la fo
c' σ d' c' d', et l'envoi a cinq vers : c c d' c d'. — rmule: aba b b,
b' a b' b' c b' La ballade n° III: a c, l'envoi manque. — La ballade
n" IV: a' b' a' b' b' c b' a' c a! c. — - La balc, l'envoi a quatre vers:
n° V a la formule rythmique a' b a' b, b c b c', l'envoi a quatre lade
vers : b d b c'.
(3) J'ai publié également à la suite de ces pièces inédites une
ballade et un couplet déjà édités, mais imparfaitement. On aura ainsi
groupées ensemble toutes les chansons qui couraient à l'époque sur
le cardinal Balue, et qui nous ont été conservées.
(4) Certains passages paraîtront obscurs et même incompréhens
ibles. Cela tient au mauvais état dans lequel le manuscrit nous est LA TRAHISON DU CARDINAL BALUE. 261
il faut songer que cette prétention et cette tendance à l'em
phase étaient souvent des qualités goûtées à cette époque, et
surtout que l'auteur ou les auteurs de ces satires, loin d'avoir
jamais visé à écrire une œuvre poétique, étaient des chansonn
iers plutôt que des poètes. Ils cherchaient avant tout à perdre
le cardinal aux yeux de l'opinion et se souciaient peu d'agir
sur elle par la grâce de la composition ou la beauté des sen
timents. Quel peut être l'auteur, ou plutôt les auteurs? car
il est évident que ce n'est pas la même main qui a écrit à la
fois la première pièce — la plus longue — en même temps
que les quatre dernières ballades. L'auteur du Dit Rimé a gardé
l'anonymat et il paraît difficile qu'on arrive jamais à l'iden
tifier. Mais on peut au moins essayer quelques conjectures et
entrevoir à quelle classe sociale il appartenait. Sa chanson
contre Balue est dans le goût de celles que l'on écrivait au
XV" siècle, au demeurant fort banale ; et nous savons d'autre
part que les clercs étudiants à l'Université de Paris s'enten
daient fort bien aux compositions de ce genre ; cette habitude
même de terminer la strophe par un dicton populaire (\ ) se
retrouve dans bien des satires de l'époque écrites par des éco
liers. Celle que au XIV' siècle un écolier de Paris composa contre
le prévôt de Paris, Hugues Aubriot (2) est écrite dans le môme
parvenu. Le scribe qui a recopié ces pièces, ou ne savait pas le fran
çais, ou a recopié ce qu'il avait sous les yeux avec une impardon
nable négligence. Il y a des vers totalement illisibles, d'autres com
plètement dénaturés, que je me suis essayé de mon mieux à rétablir.
Je remercie mon ami Louis Brandin, professeur à l'Université de
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tueux et à remettre sur leurs pieds certains vers qu'il a pu élucider
grâce à ses connaissances philologiques.
(1) Comme par exemple: « Mauvais enffant mort sa norrice *>, « de
bonne vie, bonne fin», et «selon la vie le loier».
(2) Publiée par Leroux de Lincy: Recueils de Chants historiques
français.
Mélanges d'Arch. et d' Hist. 1899. 17 262 LA TRAHISON DU CARDINAL BALTJE.
goût, avec le même esprit, parfois môme avec les mêmes phrases.
— Les pauvres clercs du " Pays Latin „ qui vivaient d'aumônes,
parfois comme Villon, de rapines,
Nécessité fait gens inesprendre
Et faim saillir le loup du bois,
enrageaient de voir l'opulence de certains favoris et ils se ven
geaient par des libelles. De là des mots salés que l'on se glis
sait dans l'oreille, qui se répandaient dans le public, et mettant
en. gaieté le peuple de Paris, se traduisaient bientôt comme au
jourd'hui encore par des caricatures et par des chansons. L'Uni
versité avait d'autant plus de ressentiment contre Balue qu'elle
avait protesté en vain contre l'abolition de la Pragmatique (1),
et c'était Balue qui avait été chargé de faire enregistrer les
lettres d'abolition au Parlement: c'était lui qu'on accusait tout
bas d'avoir engagé le roi à proclamer cette abrogation, pour
affirmer la prépotence du pouvoir royal sur le Parlement. Balue,
disait-on, n'avait été acheté qu'au prix de grosses promesses; et le
pape Paul II, pour le récompenser, l'avait promu au cardinalat (2).
L'Université se vengea par de sanglantes épigrammes quand elle
apprit cette élévation de Balue à la pourpre; les 

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