Le 20 septembre et les immigrés italiens en France - article ; n°1 ; vol.109, pg 159-183
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1997 - Volume 109 - Numéro 1 - Pages 159-183
Jean-Claude Lescure, Le 20 septembre et les immigrés italiens en France, p. 159-183. La fête de la nation italienne est un témoignage d'allégeance des immigrés italiens à leur patrie d'origine. Des télégrammes conservés dans les archives de la mairie de Rome proviennent des cinq continents. Le 20 septembre est célébré par les Italiens de France : l'initiative revient souvent aux milieux proches de l'ambassade d'Italie à Paris, mais aussi à des particuliers vivant en province. Elle traduit les tensions importées d'Italie : le discours appelant à l'union des Italiens immigrés est récurrent, alors que différentes associations se livrent à une concurrence pour encadrer les populations. Celles-ci montrent peu d'empressement à communier sous le drapeau unitaire, indice d'un processus d'intégration dans leur patrie d'adoption.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Claude Lescure
Le 20 septembre et les immigrés italiens en France
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 109, N°1. 1997. pp. 159-183.
Résumé
Jean-Claude Lescure, Le 20 septembre et les immigrés italiens en France, p. 159-183.
La fête de la nation italienne est un témoignage d'allégeance des immigrés italiens à leur patrie d'origine. Des télégrammes
conservés dans les archives de la mairie de Rome proviennent des cinq continents. Le 20 septembre est célébré par les Italiens
de France : l'initiative revient souvent aux milieux proches de l'ambassade d'Italie à Paris, mais aussi à des particuliers vivant en
province. Elle traduit les tensions importées d'Italie : le discours appelant à l'union des Italiens immigrés est récurrent, alors que
différentes associations se livrent à une concurrence pour encadrer les populations. Celles-ci montrent peu d'empressement à
communier sous le drapeau unitaire, indice d'un processus d'intégration dans leur patrie d'adoption.
Citer ce document / Cite this document :
Lescure Jean-Claude. Le 20 septembre et les immigrés italiens en France. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et
Méditerranée T. 109, N°1. 1997. pp. 159-183.
doi : 10.3406/mefr.1997.4483
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1997_num_109_1_4483JEAN-CLAUDE LESCURE
LE 20 SEPTEMBRE ET LES IMMIGRÉS ITALIENS
EN FRANCE
«La colonie italienne de Paris a toujours privilégié ce grand événement
dans toutes les manifestations d'attachement à la patrie», affirme un des
journalistes de Grande Italia, le 23 septembre 1917.
Le 20 septembre dans les colonies italiennes de France est paradoxale
ment difficile à saisir. Les sources sont rares malgré les nombreuses thèses
et ouvrages consacrés aux émigrés italiens. Dans les travaux de S. Bonnet1
sur les Italiens de Briey, en Meurthe-et-Moselle, rien; dans les travaux de
Madame Faidutti-Rudolph2 sur le Sud-Est, ou dans les publications de col
loques consacrés à l'immigration italienne3, le sujet n'est pas évoqué. Dans
la thèse de Pierre Milza4, on peut lire page 244 que les sociétés italiennes
célèbrent le 20 septembre, sans autres précisions; dans la thèse de Laurent
Couder5 sur les Italiens de la région parisienne pendant les années vingt, la
fête coloniale apparaît page 250, constituée essentiellement par l'anniver
saire du Statut et par le 20 septembre, mais aucun détail n'est fourni.
Les archives sont tout aussi parcimonieuses : la série F7 des archives
nationales de Paris6 ne contient aucune information sur cette journée; la
Préfecture de Police de Paris, dans sa série B/A propose quelques rapports
sur les associations socialistes et anarchistes qui nourrissent notre propos7.
1 S. Bonnet, Les Italiens dans l'arrondissement de Briey avant 1914, 1962, 92 p.
2 A.-M. Faidutti-Rudolph, L'émigration italienne dans le Sud-Est de la France,
1964.
3 Par exemple J.-B. Duroselle, E. Serra, L'emigrazione italiana in Francia prima
del 1914, Milan, 1978, 257 p.
4 Pierre Milza, Français et italiens à la fin du XIXe siècle, Rome, 1981, 2 vol.,
1114 p.
5 Laurent Couder, Les immigrés Italiens dans la région parisienne pendant les an
nées vingt, Thèse, IEP, 1987, 2 vol., 596 p.
6 Fascicules 12842, 12846, 12573, 12574 et 12575.
7 Michel Dreyfus et Pierre Milza, Un siècle d'immigration italienne en France
(1850-1950). Bibliographie, Paris, 1987, p. 99.
MEFRIM - 109 - 1997 - 1, p. 159-183. JEAN-CLAUDE LESCURE 160
Les documents imprimés à caractère de sources sont souvent aussi silen
cieux, tel le rapport de l'ambassadeur Tornielli rédigé en 1903 portant sur
les conditions d'existence des émigrés en France8. Surtout, c'est le dé
pouillement de la presse publiée par les Italiens de France qui donne le
plus d'indications. Conservées essentiellement à la Bibliothèque nationale,
au dépôt de Versailles, ou à Paris, les collections sont incomplètes, et la fra
gilité financière inhérente à des journaux de l'émigration constitue un cor
pus à trous, malgré la vingtaine de titres consultés. Régionalement, des
journaux de Marseille, Nice, Briey, Paris ont été exploités, ce qui permet
d'affiner l'approche du 20 septembre. Les fonds conservés en Italie sont
plus nombreux, mais guère plus épais pour ce qui regarde les manifesta
tions sur le territoire français. Le Musée du Risorgimento de Rome
conserve quelques documents dans le fonds Crispi qui éclairent les fêtes de
1895 et les incidents qu'elles engendrent9; les archives de la municipalité de
Rome renferment les documents relatifs aux préparatifs, aux déroulements
des festivités, à la participation d'éventuelles délégations étrangères10. U ar
chivio di Stato conserve lui aussi quelques documents relatifs aux fêtes et à
leurs répercussions à l'étranger11, ce dont la presse italienne se fait aussi l'
écho. L'arc chronologique du corpus s'étend du début des années 1880 à
1918, soit avant la reconnaissance du 20 septembre comme fête nationale,
jusqu'à la fin du premier conflit mondial.
Marque de la persistance de la culture italienne, de l'attachement à la
vie nationale, le 20 septembre permet de tenter d'aborder un thème peu
présent de la vie des immigrés italiens en France. Les différentes informat
ions poussent à se pencher sur la perception de cette date par les Italiens
de l'étranger, sur les conditions de la mise place de cérémonies. Des infor-
8 Emigrazione e colonie, Raccolta di rapporti dei RR agenti diplomatici e consolar
i, Voi. 1, Europa, Ministero degli Affari esteri, Rome, 1901.
9 Museo del Risorgimento Roma, busta 448, n. 2/3 Poesie per XX settembre
1895, busta 663, fase. 34 Papiers Crispi 1860-1895, busta 838, n. 35.
10 Archivio capitolino Roma (ACR), Gabinetto del Sindaco, Posizione 70, Feste.
Ce fonds conserve les documents de la commune de Rome pour l'organisation des
fêtes. Chaque année contient au moins un fascicule pour le vingt septembre. Outre
les cérémonies de la ville, sont conservés les télégrammes adressés au maire de
Rome par les autres municipalités italiennes et étrangères. On y trouve aussi les di
scours et les réponses aux cadeaux déposés par des délégations italiennes ou étran
gères. Les années suivantes ont été dépouillées : 1882, 1885, 1890, 1891, 1894, 1895,
1896, 1901, 1902, 1903, 1904, 1905, 1908, 1910, 1911, 1912, 1913, 1915 complétées parle
fonds du Comitato generale per solennizzare il XXV anniversario della liberazione
di Roma, qui concerne donc l'année 1895.
nACS, fonds Ministero dell'Interno Gabinetto, Atti diversi 1882-1908, fonds
PCM 1895 Crispi, PCM 1911. LE 20 SEPTEMBRE ET LES IMMIGRÉS ITALIENS EN FRANCE 161
mations portent sur le rituel festif et sur les intentions des organisateurs de
commémorations.
Une fête à la recherche d'organisateurs
La quasi totalité des hebdomadaires signale l'anniversaire du 20 sep
tembre. La date ne souffre pas de contestation, mais sa célébration repose
sur l'initiative privée.
Une date consensuelle
Dès l'origine des rappels historiques, le 20 septembre est présenté
comme une grande date par les commentateurs.
Pour Paris-Rome, 16 septembre 1883, «Rome fut rendue à la vie et à la
liberté. L'Italie devint maîtresse de sa capitale historique, elle acheva son
unité territoriale». «C'est là l'un des plus grands événements de notre
siècle. Le vingt septembre est une des dates les plus remarquables de l'his
toire de la résurrection de la patrie italienne». En 1885, le même journal12
précise même, contre la vérité, que ce fut «une entrée triomphale». Pour la
Lega Latina13, en 1887, c'est une «date mémorable et inoubliable». Dans la
Grande Italia™, son directeur, Giovanni Mazzoni, écrit que le 20 septembre
1870 couronne les aspirations italiennes, et confirme l'affirmation de Ca-
vour de 1861 selon laquelle Rome est italienne. Cette date, selon L'Italia.
Eco della colonia italiana di Parigi15, «c'est l'affirmation grandiose de l'Unité
italienne», voire «la plus grande date de l'histoire du pays du Moyen Âge à
aujourd'hui»16. Selon le Corriere italiano di Parigi, le 29 septembre 1912, la
«F

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