Le costume des apothicaires de Montpellier - article ; n°70 ; vol.18, pg 173-179
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1930 - Volume 18 - Numéro 70 - Pages 173-179
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1930
Nombre de lectures 42
Langue Français

Extrait

Louis Irissou
Le costume des apothicaires de Montpellier
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 18e année, N. 70, 1930. pp. 173-179.
Citer ce document / Cite this document :
Irissou Louis. Le costume des apothicaires de Montpellier. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 18e année, N. 70, 1930. pp.
173-179.
doi : 10.3406/pharm.1930.9887
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1930_num_18_70_9887tt*
REVUE D'HISTOIRE
DE LA PHARMACIE
No 4- OCTOBRE i93o
Le costume
des
apothicaires de Montpellier
D'une remarquable étude donnée par MM. Rabier et Sergent dans
le Catalogue des Exposants à la Section d'Art Médical et Pharmaceut
ique de la Foire de Paris de 1930 publié par l'Office Commercial
Pharmaceutique, étude analysée dans la Revue d'Histoire de la Phar
macie par notre érudit collègue M. E.-H. Guitard, avec sa finesse habi
tuelle, il résulterait que nos ancêtres les apothicaires ne possédaient
pas de costume corporatif particulier.
C'était vrai, sans doute, à Paris; mais, que mes très distingués
confrères m'excusent si je viens les contredire, il n'en était pas de
même à Montpellier où les apothicaires s'étaient séparés des épiciers
dès 1572. Sous l'Ancien Régime, il y avait en France une si grande
diversité de coutumes et d'usages que ce qui avait lieu dans une pro
vince, ou même dans la capitale, était souvent sans influence sur ce
qui se passait dans les provinces voisines ou dans les autres villes.
Ce fait primordial, s'il trouble un peu nos esprits habitués à l'unité
nationale réalisée par la Convention et complétée par Napoléon,
éclaire cependant d'une façon singulière les recherches sur les murs
de nos ancêtres; il permet, ce me semble, de mieux comprendre et
leur vie et leurs actes.
Le médecin bâlois Thomas Platter qui, à l'exemple de son aîné
12 174 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
Félix, a écrit une relation des plus attrayantes et des plus savoureuses
de sa vie d'étudiant à Montpellier, dépeint, dans son journal, le grand
appareil qui, dans cette ville universitaire, accompagnait, au
XVP siècle, la promotion d'un maître en pharmacie. Toutes les
épreuves subies et les chefs-d'uvre terminés, « après avoir donné
« des sérénades, avec trompettes et violes, à tous les docteurs, chi-
« rurgiens et apothicaires, ils (les nouveaux maîtres) sont conduits
« le lendemain au Collège du pape Urbain, en grande pompe, escortés
« de tous les maîtres apothicaires en robe, musique en tête. Là, ils
« prononcent un long discours et prêtent le serment » (l).
Les apothicaires montpelliérains, tout comme les médecins, por
taient donc, jadis, la robe dans les cérémonies officielles. De nomb
reuses pièces d'archives viennent ajouter leur force probante à la
relation de Thomas Platter. Son séjour à Montpellier se place en
tre 1595 et 1599; il y avait déjà près d'un quart de siècle que les
médecins et les apothicaires de cette ville avaient fait « Soubs le bon
plaisir du Roy » le règlement de 1572 portant les statuts et privilèges
du « Collège (2) des Apothicaires de l'Université en Médecine de
Montpellier » (3). Ces statuts, qui règlent minutieusement l'exercice
de la profession d'apothicaire et ses rapports avec celle de médecin,
ont été complétés, au cours des années suivantes, par un règlement
concernant les compagnons et par divers articles élaborés à mesure
que les circonstances en ont démontré la nécessité.
(1) Félix et Thomas Platter à Aontpellier (Notes de voyage d'après les man
uscrits originaux appartenant à la Bibliothèque de l'Université de Bâle), trad,
franc., Montpellier, Coulet, 1892, in-8°, pp. 191-192.
(2) Collège doit être pris ici dans le sens du mot latin Collegium (Société,
Compagnie).
(3) Ces statuts de 1572 ont été publiés pour la première fois par Germain in
L'apothicairerie à Montpellier sous l'Ancien Régime Universitaire (Mémoires de
la Société Archéologique de Montpellier, t. 8, pp. 59 à 62). Les textes orig
inaux se trouvent aux Archives de l'Hérault, série D, apothicaires, reg. 1, fol. 1
et suiv., et aux Archives de la Faculté de Médecine de Montpellier, S. 8, fol. 261
et suiv. LE COSTUME DES APOTHICAIRES DE MONTPELLIER 175
C'est ainsi que le 2 février 1575 a été rédigé l'article suivant :
« Item ont ordonné et accordé que pour honorer les actes qui se
« feront audit lieu pour examen et semblables concernant la mais-
« trise, nul des maistres pourra antrer au lieu ordonné à telz actes
« sans robbes longues, ny examiner ou délibérer ny plus que s'il
« estoit absent, et payera cinq soulz d'amande toutes les fois qu'il
« s'oubliera ou l'entreprendra » (4).
Cette prescription réglementaire a été appliquée sans retard. Un
acte du 9 mai 1575 condamne deux maîtres à l'amende « pour estre,
« au lieu de l'ezamen, entrés sans robe » (5). Un autre du
11 août 1576 relate que « Me Guilhard a esté bien sansuré et repris du
« syeur chancelier de ce qu'il avoit entrepris entrer au conclave et
« examiner le susdit sieur Clausanges sans estre en habit décent,
« contre le Statut qui a respondu avoir esté surpris et, recognoissant
t sa faute, a promis fayre mieux doresenavant, de quoy on cet con-
« tenté » (6). Un troisième enfin nous raconte ce curieux incident :
« Le Collège des mestres apothicaires assamblés en la boutique de
« Me Jacques Auriol revenant de la maison de Mestre Joubert, chan-
« celier, et conduisan M* Jehan de Clausanges, s'estant aperçus que
« M* Pierre de Farges, ung des consuls de Testât (7), et Me François
« Maurel auroint délaissé la companie et quitté leurs robes sans
conduire et honorer l'acte avec les autres. Pour la faute par eux
« comise, la companie a arresté d'ung commung acord pour éviter la
« conséquence et les ont condamnés à la somme de dix sols pour
« chascung d'eux, la moytié aplicable aux pauvres et le restant à la
« bource. En foy de ce ont signé, les mestres, la presante délibéra-
« tion ce XIIP septembre 1576 » (8).
(4) Archives de l'Hérault, série D, apothicaires, reg. 1, fol. XXXVIII r».
(5) Ibid., reg. 1, fol. XXXXI r».
(6)reg. 1, fol. 45 v°.
(7) Etat, dans le sens de métier, profession.
(8) Ibid., reg. 1, fol. XV r». 176 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
Le costume corporatif des Maîtres apothicaires Montpelliérains
existait toujours au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Les statuts
de 1631 homologués par lettres patentes de mai 1674 parlent « d'ha
bit décent » pour l'assistance des apothicaires à la sépulture des
maîtres décédés et à la réception des nouveaux promus (9). C'est
l'expression même employée dans l'acte du 11 août 1576, déjà cité,
pour désigner la robe, et c'est bien ainsi qu'il faut l'entendre; j'en
trouve la preuve formelle dans deux registres conservés à la Faculté
de Médecine.
Au premier sont décrites les funérailles de « feu Me François Ran-
« chin, professeur, chancellier et juge en l'Université de Montpel-
« lier » célébrées le 1er mai 1641, où, à son rang, « marchoit le corps
« des Pharmaciens, portans leurs habits de maistres » (10). Au se
cond, où est noté avec soin le Cérémonial de l'Université de Médecine
de Montpellier, le protocole de la réception des maîtres apothicaires
est, à la date de 1712, décrit dans tous ses détails pour être observé
à l'avenir. Aux examens, les interrogations ont lieu « estans lesdits
« chancellier, doyen et professeur en rhobe ainsy que tous les mais-
« très apothiquaires ». Pour l'acte de réception solennelle « le corps
« des et l'aspirant précédés par les violons » viennent
au Collège du Roi, où siégeait l'Université de Médecine, prendre le
Chancelier et les professeurs membres du jury, « et de là ils s'en

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