Le Folchetto et la vie culturelle à Rome, à la fin du XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.107, pg 145-176
33 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Folchetto et la vie culturelle à Rome, à la fin du XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.107, pg 145-176

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
33 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1995 - Volume 107 - Numéro 1 - Pages 145-176
Anne-Christine Faitrop-Porta, Le Folchetto et la vie culturelle à Rome, à la fin du XIX' siècle, p. 145-176. De 1891 à 1894, le Folchetto, quotidien romain dont les collaborateurs viennent de toutes les régions dltalie, s'inscrit dans la lignée des journaux les plus brillants de la nouvelle capitale, et il se distingue par son fervent patriotisme et par son esprit humanitaire. Il décrit les effets du krach immobilier de 1887, mais surtout il se fait l'écho des multiples manifestations culturelles, de la convivialité qui réunit les artistes et les hommes de lettres, des nombreuses fêtes populaires, et il accorde une large place au dialecte romain. C'est ainsi qu'il affiche sa confiance dans l'avenir de la nouvelle capitale, en réaction contre la menace, toujours présente, du Vatican. De même, les critiques du Folchetto découvrent ou révèlent des écrivains étrangers, et ils apprécient Zola, alors en butte aux attaques de la (v. au verso) presse romaine, mais ils se donnent pour mission principale d'aider au progrès de la culture nationale. Le Folchetto publie des recensions attentives, propose des modèles, encourage les jeunes romanciers, et même, originalité pour l'époque, les femmes de lettres, et il ouvre ses colonnes à de nombreux poètes, tels Pirandello et Fleres. Ainsi, le Folchetto aide-t-il à la transition entre la décennie précédente marquée par D'Annunzio et par Matilde Serao, et le début du XXe siècle, qui permet à Rome de s'affirmer comme capitale intellectuelle.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Anne-Christine Faitrop-Porta
Le Folchetto et la vie culturelle à Rome, à la fin du XIXe siècle
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 107, N°1. 1995. pp. 145-176.
Résumé
Anne-Christine Faitrop-Porta, Le Folchetto et la vie culturelle à Rome, à la fin du XIXe siècle, p. 145-176.
De 1891 à 1894, le Folchetto, quotidien romain dont les collaborateurs viennent de toutes les régions d'Italie, s'inscrit dans la
lignée des journaux les plus brillants de la nouvelle capitale, et il se distingue par son fervent patriotisme et par son esprit
humanitaire. Il décrit les effets du krach immobilier de 1887, mais surtout il se fait l'écho des multiples manifestations culturelles,
de la convivialité qui réunit les artistes et les hommes de lettres, des nombreuses fêtes populaires, et il accorde une large place
au dialecte romain. C'est ainsi qu'il affiche sa confiance dans l'avenir de la nouvelle capitale, en réaction contre la menace,
toujours présente, du Vatican. De même, les critiques du Folchetto découvrent ou révèlent des écrivains étrangers, et ils
apprécient Zola, alors en butte aux attaques de la
(v. au verso) presse romaine, mais ils se donnent pour mission principale d'aider au progrès de la culture nationale. Le Folchetto
publie des recensions attentives, propose des modèles, encourage les jeunes romanciers, et même, originalité pour l'époque, les
femmes de lettres, et il ouvre ses colonnes à de nombreux poètes, tels Pirandello et Fleres. Ainsi, le Folchetto aide-t-il à la
transition entre la décennie précédente marquée par D'Annunzio et par Matilde Serao, et le début du XXe siècle, qui permet à
Rome de s'affirmer comme capitale intellectuelle.
Citer ce document / Cite this document :
Faitrop-Porta Anne-Christine. Le Folchetto et la vie culturelle à Rome, à la fin du XIXe siècle. In: Mélanges de l'Ecole française
de Rome. Italie et Méditerranée T. 107, N°1. 1995. pp. 145-176.
doi : 10.3406/mefr.1995.4365
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1995_num_107_1_4365ANNE-CHRISTINE FAITROP-PORTA
LE FOLCHETTO ET LA VIE CULTURELLE À ROME
À LA FIN DU XIXe SIÈCLE
Le quotidien Folchetto, qui paraît du 23 décembre 1891 au 12 no
vembre 1894, occupe une place non négligeable dans la vie culturelle ro
maine, à la fin du XIXe siècle. De 1880 à 1900, paraissent dans la nouvelle
capitale de l'Italie des revues et des journaux particulièrement brillants,
dont la Cronaca bizantina, le Fanfulla della domenica, La Domenica letterar
ia, ou le Capitati Fracassa. C'est l'époque où affluent à Rome de toutes les
régions d'Italie, de jeunes lettrés qui deviennent journalistes, poètes, ro
manciers et dramaturges, comme Gabriele D'Annunzio, dont le roman //
Piacere, traduit en français sous le titre L'Enfant de volupté, est inspiré des
chroniques de la vie mondaine qu'il publie dans le quotidien La Tribuna,
Matilde Serao dont le roman La Conquista di Roma et les livres sur Naples
sont l'écho de ses rubriques dans le quotidien Capitati Fracassa, et Luigi Pi
randello qui publie ses vers et des comptes rendus critiques dans plusieurs
revues et, précisément, dans le Folchetto. Leurs aînés, poètes, romanciers et
dramaturges, tels Carducci, Verga, Capuana et Fogazzaro, participent auss
i à la vie culturelle de la capitale. Carducci préside, en particulier, à la des
tinée de la Cronaca bizantina, qui donne le ton à son époque, et Capuana
dirige des revues et des quotidiens.
Bien qu'il tire son nom, et la gracieuse illustration de son frontispice,
du poète provençal Folquet, prélat adversaire de l'hérésie albigeoise, qui in
troduisit, dans les années 1200, l'Inquisition dans son diocèse, ce quotidien
romain se situe très nettement à gauche de l'échiquier politique italien.
Dans son premier numéro, il déclare se placer délibérément dans l'opposit
ion, et en mars 1892, il est saisi pour un article sur le Congrès républicain1.
Annonçant, le 12 novembre 1894, sa fusion avec // Don Chisciotte di Roma,
le quotidien considère sa mission politique accomplie, et il conclut en sou
haitant «l'union de tous les libéraux»2. Il reflète, pendant ces trois années,
•Cf. «Per cominciare», Folchetto, Roma, a. I, n° 1, 23-12-1891, p. 1; «II Nostro
Sequestro», ibid., a. II, n° 74, 14-3-1892, p. 1.
2 Cf. ibid., n° 312, 12-11-1894, p. 1.
MEFRIM - 107 - 1995 - 1, p. 145-176. io ANNE-CHRISTINE FAITROP-PORTA 146
les troubles de la politique italienne, sous les présidents du Conseil Di Ru-
dini, Giolitti et Crispi, le scandale et le procès de la Banca Romana, les tu
multes en Sicile, à Massa et à Carrara, et les heurts franco-italiens, après
les événements d'Aigues-Mortes et l'assassinat par Caserio du président
Carnot.
Le Folchetto est fondé par Emilio Faelli, dit «Cimone», venu de Parme,
et par Luigi Bertelli, dit «Vamba», venu de Florence, brillants journalistes,
collaborateurs, à Rome, du Capitan Fracassa, le plus novateur des quoti
diens italiens, puis du Don Chisciotte della Manda. En novembre 1894,
Faelli, nommé directeur de La Provincia di Brescia, quitte Rome, mais il y
revient pour collaborer au Don Chisciotte di Roma, puis à La Tribuna; il
contribue à la «résurrection», en 1901, du Capitan Fracassa, avant d'être élu
député, puis sénateur; Luigi Bertelli collabore aussi au Don Chisciotte di
Roma, fonde pour les enfants le Giornalino della domenica, où il publie les
aventures de Gian Burrasca, éditées, par la suite, avec un grand succès3. Le
premier numéro du Folchetto évoque la fondation du quotidien, due au ha
sard et à l'amitié : Faelli et Bertelli s'entendent conseiller par Gaetano, dont
la véritable identité n'est pas précisée : «Voyons, si vous n'avez vraiment
rien à dire, vous devriez faire un journal»4. Le ton est donné, le Folchetto
témoigne du même esprit que ses devanciers.
À Faelli et à Bertelli se joignent, bientôt, d'autres transfuges du Capitan
Fracassa et du Don Chisciotte della Manda, come «Uriel», Ugo Fleres, sici
lien, auteur des chroniques sur la vie artistique, et, parfois, sur la littéra
ture, ainsi que de nombreuses poésies; «Caramba», Edoardo Boutet, napol
itain, spécialiste de théâtre et d'opéra; «Vice- Versa», Carlo Montani, pié-
montais, qui évoque avec un talent particulier, la convivialité à Rome, et
«Micco Spadaro», Aristide Morini, né à Rome, mais faisant ses débuts
dans le journalisme, à Gênes. Un des fondateurs des deux Don Chisciotte,
Luigi Lodi, ne participe que très brièvement au Folchetto, au début de 1893,
tandis que sa compagne, Olga Ossani Lodi, donne au quotidien quelques
articles, la même année, c'est-à-dire dans l'intervalle entre la disparition du
Don Chisciotte della Manda et la naissance du Don Chisciotte di Roma.
3 Sur Emilio Faelli (1866-1941), député en 1904, sénateur en 1920, et sur Luigi
Bertelli (1860-1920), cf. Cimone [E. Faelli], Una Setta di giornalisti. Profili, Milan,
s.d.; Luigi Lodi, Giornalisti, Bari, 1930, p. 144-154; Ugo Fleres, «Vamba», Nuova
Antologia, Rome, a. 55, Fase. 1170, 16-12-1920, p. 373-377; Carmela Portanova,
Vamba, Pozzuoli, Conte, 1957; Lea Nissim Rossi, Vamba, Florence, 1966; Armando
Michieli, Vamba, Brescia, 1971.
4 Leardo Pomellato, «Cronaca di Roma», Folchetto, a. I, n° 1, 23-12-1891, p. 3. LE FOLCHETTO ET LA VIE CULTURELLE À ROME 147
Les chroniqueurs littéraires ont pour pseudonymes «Ottorino» et «Sil-
vius». Le second cache Silvio Spaventa Filippi, né en Lucanie, en 1871, qui
devient, ensuite, rédacteur du Corriere della Sera, et fonde à Milan, en 1908,
le Corriere dei piccoli5. Mais le premier des deux critiques, «Ottorino», ne
révèle jamais son nom. Il n'apparaît pas dans les mémoires des contempor
ains et n'est cité que sous son pseudonyme dans la seule étude sur la
presse du temps qui accorde une place à la critique littéraire du Folchetto6.
On en est donc réduit à formuler des hypothèses sur l'identité de ce cri
tique, souvent pénétrant. «Ottorino» faisant allusion à son origine ligure,
qui lui est commune avec le romancier Anton Giulio Barrili et avec le jour
naliste Luigi Arnaldo Vassallo, pourrait cacher Pier Giulio Breschi, neveu
du premier et disciple du second, encore que

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents