Le fonctionnalisme parmi quelques théories syntaxiques - article ; n°1 ; vol.35, pg 26-40
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Description

Langue française - Année 1977 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 26-40
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 76
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Daniel Faïta
Le fonctionnalisme parmi quelques théories syntaxiques
In: Langue française. N°35, 1977. pp. 26-40.
Citer ce document / Cite this document :
Faïta Daniel. Le fonctionnalisme parmi quelques théories syntaxiques. In: Langue française. N°35, 1977. pp. 26-40.
doi : 10.3406/lfr.1977.4822
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1977_num_35_1_4822Daniel Faita, Université d'Alger.
LE FONCTIONNALISME PARMI
QUELQUES THÉORIES SYNTAXIQUES
II n'est jamais facile d'aborder d'une façon originale un domaine que
d'autres ont déjà parcouru en tous sens. Ainsi en est-il de l'histoire de la
linguistique moderne. Le problème est rendu plus épineux encore lorsqu'il
s'agit de mettre en évidence la spécificité d'une doctrine linguistique parmi
les autres, tant il nous semble vrai que l'évolution respective de chacune
des théories actuelles est doublement conditionnée : par la nature des choix
idéologiques, implicites ou proclamés, qui les sous-tendent, ainsi que par la
confrontation permanente qu'impose la pratique scientifique dans un
domaine commun.
La présentation du fonctionnalisme offre cependant, comparativement,
certains avantages, car depuis son origine proche que l'on situe dans les
travaux des phonologues du cercle de Prague, la théorie évolue à la recher
che de sa propre cohérence. Il en résulte une continuité caractéristique, dans
le même temps où les autres tendances du structuralisme linguistique, prin
cipalement aux États-Unis, s'engageaient dans une impasse qui allait
susciter la réaction des années 1955 à 60, sanctionnée par l'avènement des
théories génératives et transformationnelles. Celles-ci ont connu depuis lors
une audience qui s'est largement étendue à l'Europe, sans excepter la
France où elles ont singulièrement infléchi le cours de la recherche linguis
tique générale et appliquée.
Les origines
En définissant les tâches de la phonologie dans ses Principes x, Trou-
betzkoy (1890-1939) mettait en évidence la nécessité de distinguer d'une
étude purement « phénoménologique », c'est-à-dire prenant en considération,
dans le détail et sans discrimination, la totalité des traits phonétiques de la
parole, une analyse de la « fonction linguistique » des sons de la langue.
Car « la phonologie — notait-il — doit rechercher quelles différences
phoniques sont liées dans la langue étudiée, à des différences de significa
tion ».
1. Troubetzkoy N.S. Principes de Phonologie, Trad, par J. Cantineau, lere éd. en allemand en 1939
éd. citée : Paris, Klincksieck, 1970, 396 p.
26 Une telle citation paraît presque triviale aujourd'hui, à force d'être
produite dans la littérature fonctionnaliste, mais elle conserve une valeur
historique certaine si l'on considère le contexte dans lequel elle apparaît.
Troubetzkoy se livre en effet dans l'Introduction aux Principes à une double
opération : approfondir la dichotomie saussurienne Langue/Parole, qui
constitue selon lui le cadre obligé de l'analyse phonologique, et critiquer
ceux des linguistes de son époque qui ne peuvent ou ne veulent en tirer
profit. Cet effort d'élaboration critique le conduit à écrire : «... la langue, en
même temps qu'une institution sociale, est un monde de rapports, de fonct
ions et de valeurs, tandis que la parole est au contraire un monde de phéno
mènes empiriques ». 1. Il y aurait certes beaucoup à dire aujourd'hui
d'affirmations aussi tranchées; il est également vrai que les « rapports »,
« fonctions », « valeurs », évoqués ci-dessus n'ont pas fait l'objet de la part
de Troubetzkoy lui-même d'une élaboration ultérieure permettant de les
considérer comme les notions fondamentales d'une théorie générale. Néan
moins, rapprochées d'autres affirmations comme celle, empruntée à Biihler,
selon laquelle «... toute manifestation parlée a trois faces... — dont une
représentation de l'état de choses, objet de l'entretien » 2, on voit se dessiner
une conception proche de ce que sera plus tard l'attitude fonctionnaliste en
matière d'analyse syntaxique : décrire, en termes de fonctions, les modalités
de la « représentation » linguistique, donc linéaire, d'une expérience qui,
elle, ne l'est pas.
La Forme contre les Fonctions
La linguistique européenne, et en particulier le courant fonctionnaliste,
n'est pas seule à pouvoir se réclamer de l'héritage pragois. Tout en soul
ignant le caractère énigmatique de ce lien, les historiens de la linguistique
n'en mentionnent pas moins l'existence d'une dette (?) que Bloomfield
(1887-1949), père de la linguistique américaine moderne, se reconnaîtrait
vis-à-vis de Saussure et Troubetzkoy 3. Si cette parenté semble réelle en
phonologie, les présupposés bloomfieldiens en matière de syntaxe s'écartent
très sensiblement du fonctionnalisme embryonnaire entrevu chez Trou
betzkoy. Bannissant explicitement de son analyse tout ce qui sort du cadre
des relations entre signaux, car «... le linguiste ne s'intéresse qu'au signal
linguistique ... il n'est pas compétent pour traiter des problèmes de
psychologie ou de physiologie » 4, Bloomfield pose la nécessité d'une
coupure systématique entre l'analyse des formes et celle des sens. Il est vrai,
comme le fait remarquer F. François dans l'avant-propos à la traduction
de Language dont sont extraites nos citations, que ce formalisme apparent
recouvre en fait un postulat, selon lequel les signaux linguistiques véhiculent
un sens qui n'est pas interne au message mais naît pour les hommes des
rapports que ceux-ci, parallèlement, entretiennent avec la réalité objective.
1. Troubetzkoy op. cit., p. 13. Souligné en partie par nous.
2. Troubetzkoy, op. cit., p. 16. en partie par nous.
3. Voir Mounin, G., La Linguistique au XXe siècle, Paris, P.U.F., 1972, 253 p.
4. Bloomfield, L. Le Langage, Trad, de l'édition de 1933, Paris, Payot, 1970, XXIX - 525 p., p. 35.
27 Il n'en est pas moins également vrai que l'hostilité de principe manifestée à
l'égard du sens par les distributionnalistes, essentiellement par Harris, dans
leurs essais ultérieurs, plongeait ses racines dans les mises en garde de
Bloomfield lui-même, telle celle-ci : «... l'étude linguistique doit toujours
partir de la forme phonétique et non du sens. Les formes phonétiques
... peuvent être décrites en termes de phonèmes et de leur succession ;
... les sens d'une langue ne pourraient être analysés ou systématiquement
classés que par un observateur presque omniscient ». 1.
Opposer la linguistique fonctionnelle à la théorie de Bloomfied consti
tuerait un anachronisme. Il est néanmoins permis de souligner qu'en rédui
sant délibérément la communication linguistique à un seul de ses aspects,
Bloomfield se privait (et du même coup privait ses successeurs) de critères
d'analyse extrêmement précieux. Ainsi, la séparation de principe de la
forme et du sens, du message et de la situation, exclut de l'analyse toute
référence à l'opération qu'effectue le sujet parlant lorsqu'il choisit, en
fonction de l'expérience à communiquer, les unités significatives corre
spondant aux éléments de l'expérience et les fonctions respectives de ces
unités au sens où, déjà, Troubetzkoy semblait l'entendre.
La conséquence de ces postulats et des hypothèses qui les complètent se
présente ainsi : pour Bloomfield, la grammaire d'une langue consiste en
l'agencement des formes de cette langue. Dans un premier temps de l'ana
lyse, ou « phase descriptive de la linguistique », on va isoler et décrire les
signaux ou « formes linguistiques » utilisées par la langue. Les nécessités de
la segmentation de la chaîne en unités ultimes font que Bloomfield dote le
« morphème » d'un sens constant et définissable auquel le lie une relation
bi-univoque, puisqu'il le définit négativement comme n'ayant de ressem
blance phonétique ou sémantique partielle avec aucune autre forme.
L'analyse des unités minimales de signification sur la base d'une telle défini
tion pose ce

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