Le fonctionnement des Floralia sous la République - article ; n°1 ; vol.3, pg 253-286
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1977 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 253-286
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Janine Cels-Saint-
Hilaire
Le fonctionnement des Floralia sous la République
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 3, 1977. pp. 253-286.
Citer ce document / Cite this document :
Cels-Saint-Hilaire Janine. Le fonctionnement des Floralia sous la République. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 3, 1977.
pp. 253-286.
doi : 10.3406/dha.1977.2694
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1977_num_3_1_2694FONCTIONNEMENT DES FLORALIA SOUS LA REPUBLIQUE LE
INTRODUCTION
Je voudrais tenter ici d'analyser l'évolution des rites attachés au culte
tort ancien, certainement italique, d'une divinité agraire : le culte de Flore.
Ce culte, dont l'ancienneté est prouvée, entre autres indices, par l'exi
stence d'un flamen Floralis et par les offrandes que lui font les Frères Arvales
(1)* se rencontre non seulement à Rome, sur la colline «sabine» du Quirinal,
mais encore dans toute l'Italie centrale, chez les Sabins et les Vestins, comme
dans le Samnium (2).
Flore apparaît donc comme une importante divinité italique - qui pour
tant semble occuper dans le panthéon romain une place relativement second
aire, par rapport à Cérès au moins, avec laquelle Flore a de grandes affi
nités -. Les sources dont nous disposons sont, au demeurant, peu nombreuses
et peu prolixes, à l'exception d'un texte fondamental : le passage qu'Ovide
consacre, dans ses Fastes, aux cérémonies dédiées à Flore. Ovide nous livre
ici des renseignements irremplaçables en ce qui regarde tant les attributions
de la divinité que l'évolution des rites qui lui sont attachés (3).
Mais, avant toute chose, il me faut préciser les études qui sont à l'ori
gine de mon analyse, afin d'éclairer la direction que j'entends lui donner.
En tout premier lieu, j'évoquerai un travail de Monique Clavel-Lévêque
à propos des jeux à Rome (4). Pour celle-ci l'évolution des jeux, de l'époque
des Tarquins au début du Ille siècle de notre ère, serait l'une des expressions,
au niveau religieux, de l'évolution économique, sociale, politique, de la Cité.
Or M. Clavel-Lévêque cite, à l'appui de cette hypothèse, précisément les
Floralia. Dans cette perspective, l'organisation des jeux de Flore sous le con
trôle du Sénat, en 240 ou 238 avji.ê., (5) aurait répondu à un triple objectif :
- Comme les autres jeux, les Floralia auraient été d'abord des rituels
d'intégration - indispensables à une communauté en constant dévelop
pement -(6).
- En outre l'attitude du Sénat à l'égard de ces jeux, son désir évident de
contrôler toutes les manifestations du culte, s'expliqueraient par sa
crainte devant les développements d'un individualisme qu'il jugeait
dangereux et auquel il aurait tenté de faire échec.
- Plus généralement, la politique religieuse du Sénat aurait été sans
doute l'expression d'une de «défense de classe» (7) : défense
des intérêts d'une classe dirigeante confondus avec ceux du Sénat.
Une telle démarche n'est pas isolée aujourd'hui : depuis quelques
années se fait jour une tendance marquée à mettre en lumière les caractères
politiques d'événements jusque là présentés - et par ies Anciens eux-mêmes -
comme exclusivement religieux : que l'on songe par exemple aux chapitres
que H. Jeanmaire a consacrés au culte de Dionysos à Rome (8), aux études
de J . Bayet sur les aspects politiques de la religion romaine (9), aux pages de
H. Le Bonniec analysant le culte de Cérès, «déesse de classe» (10) ou, tout
récemment, après A. Bruhl (11), aux recherches de C. Gallini (12) à propos
du scandale des Bacchanales.
Si l'on admet une telle direction de recherche, le problème qui se pose
* Von noies p. 276. J . CELS - SAINT-HILAIRE 254
alors est de savoir s'il est possible de déceler des antagonismes socio-politiques
- et lesquels - à l'origine de l'organisation des Floralia ; quel équilibre social et
politique cherchait-on à affermir ?
A ces questions, il semble à première vue que d'autres études, un peu
plus anciennes, puissent apporter des éléments de réponse : il s'agit des ana
lyses que WJC. Quinn-Schofield a faites des Ludi Romani (13) et des Ludi
Plebei (14). Pour W.K. Quinn-Schofield, les ludi et leur évolution seraient
l'expression religieuse de la lutte entre plèbe et patriciát et, en particulier,
l'institution des Ludi Plebei annuels, en 220 ou 216 av. n. è., correspondrait
à l'apogée de la lutte des Ordres (15).
De fait, la coloration «plébéienne» ou «patricienne» de tels ou tels jeux
peut paraître évidente (16) ; le texte même d'Ovide à propos des Floralia,
jeux «plébéiens», semble fort explicite à cet égard : la déesse, écrit Ovide,
«veut que son culte soit accessible à la foule plébéienne» (17).
Pourtant, il y a lieu de se demander si l'interprétation de WJC. Quinn-
Schofield est pleinement acceptable. Nous nous trouvons en effet immédia
tement confrontés au redoutable problème de la signification des mots
«plébéien» et «patricien», de leur contenu réel (18). Des recherches récentes
sur les premiers siècles de la Cité (19) ont abouti à montrer en particulier que
le mot «plèbe» (et ses dérivés) n'a jamais recouvert une réalité simple, que de
plus le mot s'était enrichi d'un contenu qui n'avait cessé de varier (20), sans
pour autant que les Anciens aient été eux-mêmes pleinement conscients,
doute, de ces vanations. Et nous savons aujourd'hui en particulier que les
Romains du temps de la première guerre punique n'entendaient pas, par
«plèbe», la même chose que les contemporains d'Auguste (21).
On ne saurait par conséquent se contenter d'une lecture «directe» du
texte d'Ovide, pour expliquer l'évolution du culte de Flore : un décryptage
s'impose.
Je distinguerai donc plusieurs niveaux d'analyse, selon les époques
qu'Ovide lui-même évoque, et j'étudierai successivement :
- le temps de l'organisation des premiers ludi Florales, aux lendemains
de la première guerre pumque,
- les débuts du Ile siècle av. n. è., et la transformation des ludi Florales
enjeux annuels,
- le temps d'Ovide enfin.
I - L'INSTITUTION DES JEUX DE FLORE, EN 240 ou 238 AV. N. È.
A) Le rôle intégrateur des jeux de Flore.
Pour expliquer l'importance nouvelle accordée au culte de Flore, en
ces années, les nécessités d'intégration de citoyens de fraîche date à la vie de
la Cité viennent naturellement à l'esprit (22).
C'est en effet en 241 que les populations définitivement vaincues et
soumises quelque cinquante ans plus tôt par Rome sont intégrées à la commun
auté : alors sont créées les deux dernières tribus, la Velina et la Quirina, sur
les territoires qu'avait conquis M. Curius Dentatus (23). Or, parmi les peuples
vaincus se trouvent les Sabins et les Vestins, chez qui, nous le savons, Flore
était une divinité importante : un cippe, trouvé près d'Aquila, chez les Sabins,
et la lex templi de Furfo, chez les nous font l'un et l'autre savoir
qu'un mois était consacré à la déesse (24).
Nous pouvons dès lors dégager un certain nombre d'indices, dont la DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 255
convergence est telle qu'il paraît difficile de n'y voir que le simple jeu du
hasard :
- Sabins et Vestins devenus citoyens sont inscrits dans une seule et
même tribu, la Quirina (25).
- Le nom donné à cette tribu est celui même d'un dieu auquel les Ro
mains avaient attribué très tôt, bien avant le Ille siècle av. n. è., une origine
sabine, Quirinus, et qui, croyaït-on, avait déjà donné son appellation à l'une
des collines «sabines» de Rome, le Quirinal (26) : c'est du moins ce qu'affi
rmaient les contemporains d'Ovide, héritiers en cela d'une tradition élaborée,
semble-t-il, aux Vie et Ve siècles av. n. è.
- C'est précisément sur le Quirinal que se trouvait l'antique sanctuaire
de Flore (27) - dont Varron dit d'ailleurs qu'elle était d'origine sabine -(28).
- Or, c'est à Flore que

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