Le miroir dans les représentations funéraires apuliennes - article ; n°1 ; vol.110, pg 297-350
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1998 - Volume 110 - Numéro 1 - Pages 297-350
Hélène Cassimatis, Le miroir dans les représentations funéraires apuliennes, p. 297-350. Le miroir occupe une place importante parmi les nombreux objets représentés en particulier dans les scènes des vases d'Italie méridionale. Dans l'imagerie funéraire sa présence active intrigue car il a été identifié, jusqu'ici, comme un instrument de la toilette, féminine bien entendu. L'iconographie italiote témoigne du contraire et nous invite à chercher à comprendre le rôle du miroir comme objet du rituel, à l'intérieur d'un cercle d'initiés. Dans les représentations attiques peintes ou sculptées, sa présence toujours du côté des femmes semblait plus claire. Or la mise en lumière des particularités des images des vases italiotes (bien que de mises en page et de rites très différentes) amène à revoir celles du répertoire at-tique et à s'interroger sur le bien-fondé des interprétations traditionnelles.
54 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 97
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Hélène Cassimatis
Le miroir dans les représentations funéraires apuliennes
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 110, N°1. 1998. pp. 297-350.
Résumé
Hélène Cassimatis, Le miroir dans les représentations funéraires apuliennes, p. 297-350.
Le miroir occupe une place importante parmi les nombreux objets représentés en particulier dans les scènes des vases d'Italie
méridionale. Dans l'imagerie funéraire sa présence active intrigue car il a été identifié, jusqu'ici, comme un instrument de la
toilette, féminine bien entendu. L'iconographie italiote témoigne du contraire et nous invite à chercher à comprendre le rôle du
miroir comme objet du rituel, à l'intérieur d'un cercle d'initiés. Dans les représentations attiques peintes ou sculptées, sa présence
toujours du côté des femmes semblait plus claire. Or la mise en lumière des particularités des images des vases italiotes (bien
que de mises en page et de rites très différentes) amène à revoir celles du répertoire attique et à s'interroger sur le bien-fondé
des interprétations traditionnelles.
Citer ce document / Cite this document :
Cassimatis Hélène. Le miroir dans les représentations funéraires apuliennes. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome.
Antiquité T. 110, N°1. 1998. pp. 297-350.
doi : 10.3406/mefr.1998.2029
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1998_num_110_1_2029ICONOGRAPHIE
HÉLÈNE CASSIMATIS
LE MIROIR DANS LES REPRÉSENTATIONS
FUNÉRAIRES APULIENNES *
L'étude de l'iconographie, au fur et à mesure qu'elle avance, fait
prendre conscience de ses réalités visuelles d'abord : les éléments d'une
image et leur agencement, les répétitions occasionnelles ou constantes des
regroupements et leur mise en place, les prédilections pour certains objets.
Le miroir est l'un d'entre eux, fortement privilégié par les imageries ita-
liotes quelles que soient les catégories de scènes. Il a donc paru intéressant
d'approfondir ce que révèle l'observation, pour essayer de comprendre à
quoi était due cette popularité1.
Le miroir, de l'avis général connote la toilette, la coquetterie, la
sexualité et, partant, la femme. Sa relation avec cette dernière est perçue
comme une évidence, au point que sa présence dans une sépulture sert à
déterminer le sexe de l'occupant. Les images à contenu funéraire des
vases peints italiotes montrent qu'il n'en est pas de même dans l'icono-
* Abréviations bibliographiques :
Lohmann, Grabmäler = H. Lohmann, Grabmäler auf unteritalischen Vasen, 1979,
Berlin
RVAp I-II = A. D. Trendall, A. Cambitoglou, The Red-figured Vases of Apulia, I, 1978;
Π, 1982, Oxford
RVAp Suppl. I = Id. BICS Suppl. 42, 1983 II = Id. 60, 1992
APS = A. D. Trendall, A. Cambitoglou, Apulian Red-figured Painters of the Plain Style,
1964 (2e éd. New-York)
LCS = A. D. Trendall, The Red-figured Vases of Lucania, Campania and Sicily , Oxf
ord, 1967
LCS Suppl. I = Id. BICS Suppl. 26, 1970
LCS II = Id. 31, 1973
LCS Suppl. Ill = Id. BICS Suppl. 41, 1983.
1 Cette étude fait partie d'une monographie sur le miroir dans l'iconographie
des vases italiotes, en cours d'élaboration. Une étude antérieure avait été menée par
J. Baltrusaitis, Le miroir : révélations, science-fiction et fallacies, Paris, 1979 [Lo spec
chio : rivelazioni, inganni e science-fiction, Milan, 1981, rééd. en italien].
MEFRA - 110 - 1998 - 1, p. 297-350. 298 HÉLÈNE CASSIMATIS
graphie puisque le miroir se trouve auprès des hommes comme auprès
des femmes et entre leurs mains. Ce constat amène à reconsidérer la
place du miroir dans ces sociétés, en commençant d'abord par les imager
ies funéraires, de Grande Grèce (qui ont été à l'origine de cette enquête)
et de la Grèce propre, qu'il est indispensable de distinguer et de traiter
séparément comme deux séries analogues mais non semblables. Dans
l'état actuel de l'enquête on se contentera de décrire les scènes, de les
commenter et d'avancer, à partir de constats, des suggestions qui, on
l'espère, conduiront à une meilleure compréhension sinon à une eluci
dation, du sens de leurs contenus. Dans le corpus iconographique le mi
roir est très présent, dans des scènes souvent malaisées à déterminer
(hormis les scènes funéraires) leur signification restant fuyante. Dans les
scènes funéraires elles-mêmes on n'a pas la certitude de bien saisir le
rôle du miroir. Cela vaut également pour le mobilier de la tombe où le
miroir délivre aussi un message, probablement différent de celui des
images.
Or dans le discours interprétatif archéologique on attribue au ré
fèrent une valeur identique quel que soit l'espace dans lequel il se
trouve : trousseau funéraire ou représentation (dans une tombe, sur une
stèle, sur un vase) et on le classe tout de suite du côté des femmes. Dans
une représentation sculptée lorsque le miroir figure avec les instruments
féminins (calathos, fuseau p. ex.) et non avec les instruments masculins
(striglie, canthare, armes) les deux domaines sont séparés effectivement.
Le miroir fonctionne alors comme un séparateur sexuel et un indicateur
du statut social explicites. Il en est de même dans les peintures pariétales
funéraires où on ne donne pas de miroir à l'homme. Quant au mobilier
funéraire, à côté de nombreux cas irréfutables de séparation des sexes,
quelques autres sèment le doute sur la validité constante et fiable d'une
telle appréciation : il arrive en effet que miroir et striglie voisinent dans
un même ensevelissement sans qu'on ait réussi, jusqu'à présent, à trou
ver une explication satisfaisante. Les mobiliers funéraires étant étudiés
depuis longtemps on pense la confrontation facile. Mais alors que faire
de ces «dérapages», constatés ici et là, où les genres ne sont plus dis
tincts mais confondus? De sorte qu'en tentant de cerner et de
comprendre les différentes situations que l'iconographie illustre, la r
echerche ne peut ignorer complètement la réalité concrète.
L'archéologie nous révèle des cas troublants, d'autant plus intéres
sants qu'ils proviennent de lieux éloignés l'un de l'autre et d'époques dif
férentes : dans une tombe de Patras en Achaïe, du 3e quart du IIe siècle
av. J.-C, un squelette féminin, paré de bijoux en or et en argent, avait un
striglie en fer placé près de la main droite et un miroir rond en bronze LE MIROIR DANS LES REPRÉSENTATIONS FUNÉRAIRES APULIENNES 299
posé sur le pubis2. Une tombe de Velestino (l'ancienne Pherai en Thessa-
lie, T. 17) de la fin du Ve siècle contenait une femme et son trousseau fu
néraire dont un striglie en bronze et un miroir de même matière. De
Chypre nous vient un autre exemple pour un homme3. Dans les tombes
répertoriées par les auteurs du catalogue de l'exposition «Les ors de Ta-
rente», la T. 20 de la nécropole de la ville (p. 509 n° CLVI, lre moitié du
Ier siècle av. J.-C.) renfermait trois strigiles et un miroir. Les auteurs de
la notice ne précisent pas le nombre de corps mais il semble, d'après
leur texte, qu'il n'y eut qu'un seul corps, incinéré. La présence de plu
sieurs strigiles n'a rien d'exceptionnel, mais le miroir surprend dans un
tel contexte4. Par ailleurs les nombreux miroirs miniatures que l'on
retrouve témoignent de leur fonction purement symbolique et non utili
taire : dans une tombe féminine de Tarente (catalogue p. 454 n° CXXV)
l'objet voisine avec un striglie et un bouclier miniature5.
M. Torelli6 avait proposé une explication ingénieuse pour cette asso-
2 H. Catling, dans AR 1983-85, p. 30-31 fig. 48; I. Papapostolou, dans AD 321,
1977, Mélanges, p. 281-341.
3 H. Catling, dans AR 1985-86, p. 45-46. Pour la tombe chypriote cf. D. Michae-
lides et J. Mlynarczyk, dans RDAC, 1988/2, Nicosie p. 149-153; H. Cassimatis, Le strì
glie dans l'iconographie italiote, dans Nikephoros, Zeitschrift für Sport und Kultur im
Altertum, 4, 1991, p. 191-195 (p. 195).
4 Gli ori di Taranto in età ellenistica, Catalogue d'exposition, Décembre 1984-
Mars 1985. Cf. dans le même catalogue l

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