Le mouvement janséniste au diocèse de Rennes (à suivre) - article ; n°4 ; vol.39, pg 539-573
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Annales de Bretagne - Année 1930 - Volume 39 - Numéro 4 - Pages 539-573
35 pages

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Publié le 01 janvier 1930
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Abbé Raison
Le mouvement janséniste au diocèse de Rennes (à suivre)
In: Annales de Bretagne. Tome 39, numéro 4, 1930. pp. 539-573.
Citer ce document / Cite this document :
Raison Abbé. Le mouvement janséniste au diocèse de Rennes (à suivre). In: Annales de Bretagne. Tome 39, numéro 4, 1930.
pp. 539-573.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1930_num_39_4_1684RAISON Abbé
LE MOUVEMENT JANSÉNISTE
AU DIOCÈSE DE BENNES '
INTBODUCTION
Cette étude, à laquelle les Annales de Bretagne ont bien
voulu se montrer accueillantes, doit aller, dans la pensée de
son auteur, depuis les origines du jansénisme jusqu'aux
jours de la Révolution française. Bien que réduite à l'état de
fragment1, elle constituera cependant un tout homogène et
donnera sur la vie religieuse du diocèse de Rennes, pendant
un siècle et demi, des renseignements qui, jusqu'ici, n'ont
trouvé place dans aucune histoire.
Les érudits ont pu être effrayés par la pénurie apparente
des documents. Certains terrains, en effet, qui, au premier
abord, sembleraient devoir receler des trésors inépuisables,
se montrent d'une désolante pauvreté. Les Archives de l'A
rchevêché de Rennes ne renferment rien sur la question qui
nous occupe, pas plus que celles du Grand-Séminaire. Les
Mandements épiscopaux constituent des pièces rarissimes.
l. L'auteur avait songé à publier, en un volume unique, les résultats de
ses recherches dans les diocèses de Rennes, Dol et Saint-MaJo. Les circonstances
ne lui ont pas permis de réaliser son dessein. Le Jansénisme à Saint-Maio
paraîtra dans les Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bre
tagne. Une étude similaire, ayant pour objet le diocèse de Dol, a trouvé place
dans les Mémoires de la Société Archéologique du département d'llie.et-Vilaine,
t. LVI. Le lecteur que ces questions intéresseraient aura ainsi la possibilité
de comparer des mouvements d'idées qui se compénétrèrent d'autant plus
facilement que les trois diocèses dont il s'agit possédaient de nombreuses
enclaves en dehors de leurs limites naturelles. 540 LE MOUVEMENT JANSÉNISTE
La correspondance des prélats rennais est réduite à l'état de
fragments épars tant aux Archives nationales qu'à celles d'Ille-
et-Vilaine.
Les documents imprimés ont eux-mêmes presque enti
èrement disparu. Serait-il téméraire de supposer que les pas
sions religieuses, fortement excitées de chaque côté de la
barricade, ne furent pas étrangères à cette suppression des
publications jésuitiques ou jansénistes ? On lacérait et on brûl
ait facilement au temps de Louis XIV.
Heureusement, quelques œuvres de polémique ou de doc
trine ont survécu, suffisantes, malgré leur petit nombre, pour
fournir à un travail d'érudition des bases qui paraissent
solides. Les Nouvelles Ecclésiastiques, flères de leur nombre
respectable d'in-folios, se placent au premier rang.
L'histoire de cette publication fameuse n'a pas encore, été
faite d'une manière définitive 2. On sait que les origines de la
feuille janséniste sont demeurées mystérieuses. Duguet,
d'après Sainte-Beuve, en aurait eu la première idée. Léon
Séché en attribue la paternité aux frères Desessarts. Il est
certain toutefois que les Amis de la Vérité comprirent de
très bonne heure la puissance de la presse. Dès 1724. ils
envoyaient en province des feuilles imprimées3.
Le premier exemplaire des Nouvelles — ou de la Gazette,
comme l'on voudra — parut à l'occasion du fameux Concile
d'Embrun, le brigandage où révoque de Senez, Jean Soanen,
fut suspendu de ses fonctions épiscopales *. Le texte était
précédé d'une préface due à l'abbé Philippe Boucher et orné
2. Des essais de bibliographie ont été tentés successivement par Sainte-Beuve
dans son Port-Royal et surtout par Léon Séché, dans ses Derniers jansénistes.
Ce travail a été édité, en trois volumes in-8°, Paris, Perrin, 1891. Je cite
l'exemplaire de la Revue des Provinces de l'Ouest, 1891, où il parut d'abord.
Voir sur ce sujet, dans le très important article de J. Dedieo : L'Agonie du
Jansénisme, la note de la page 180 sur les rédacteurs des Nouvelles Ecclésias
tiques {Revue de l'Histoire de v Eglise de France, juin 1928).
3. A raison d'une par semaine. EUes étaient remplies de commentaires
enflammés contre les acceptants. Le mystère dont elles étaient entourées
constitua la première cause de leur succès.
4. Le titre est le suivant : Nouvelles Ecclésiastiques depuis l'arrivée de la
Constitution en France jusqu'au «s février tlU que les dites Nouvelles ont
commencé A' être imprimées. DIOCÈSE DE RENNES 541 AV
d'une gravure liminaire représentant la Tentation au désert.
Le Christ était escorté d'un jésuite qui lui tendait un exemp
laire de la Bulle Unigenitus.
Le pouvoir royal sévit aussitôt contre la Gazette. L'impri
meur de Batz fut jeté à la Bastille et l'abbé Boucher s'enfuit
en Hollande. Son successeur, Troya d'Assigny, prêtre de
Grenoble, fut à son tour incarcéré. La situation devenait diffi
cile pour le directeur des Nouvelles Ecclésiastiques. C'est
alors qu'entra en scène Jacques Fontaine, dit La Roche ou
La Roche-Fontaine5. Pendant de longues années, il devait
multiplier les ruses pour cacher ses presses et dépister la
police royale 6. Il résista au pouvoir civil 7 comme à l'autorité
religieuse 8 sans jamais trahir s^>n incognito.
Claude Guénin, plus connu sous le nom d'abbé de Saint-
Mars, lui succéda9. Il travailla en collaboration avec Maul-
trot w, Gourlin «. et Mey 12. Le jugement porté sur l'abbé de
Saint-Mars par Léon Séché — pourtant fort indulgent aux
Jansénistes — est sévère13.
5. Né à Fontenay-le-Comte en 1688, mort le 26 mai 1761. Très bonne notice
dans la Biographie universelle de Michaud, Paris, 1816, XV, p. 183 et seq.
6. « II n'est pas possible de découvrir l'auteur des Nouvelles Ecclésiastiques, »
dit Barbier dans son Journal, à la date du 10 novembre 1731. Dans son Histoire
de Paris, Dulaure a raconté tous ces épisodes amusants autant que dramat
iques : les presses cachées sur la Seine, au fond de bateaux en apparence
inofïensMs, ou sous les combles du Luxembourg. Les ouvriers chargés de
l'impression revêtent les déguisements les plus variés, ainsi que les amis
dévoués qui colportent la Gazette ou l'affichent sur les murs, pendant la nuit.
7. Le 9 février 1731, les Nouvelles furent condamnées par arrêt du Parlement,
lacérées et brûlées par la main du bourreau.
8. Plusieurs évêques les avaient censurées, entre autres ceux de Laôn,
Marseille et Chartres. Le coup décisif leur vint de Vintimille, archevêque de
Paris, qui lança contre elles un terrible mandement, le 27 avril 1732. Mais
la résistance des appelants fut opiniâtre. Dans la capitale, vingt-deux curés
refusèrent d'accepter là condamnation épiscopale et ils furent soutenus par
une partie du Parlement.
9. Né à Tarbes, en 1730. Devient prêtre et exerce dans le diocèse d'Auxerre,
sous le célèbre évêqne appelant, de Caylus.
10. Né à Paris, en 1714. Avocat au Parlement. Meurt le 12 mars 1803.
11. Né à le 526 décembre 1695. vicaire à Saint-Benoît. Interdit à cause
de son opposition à la Bulle. Meurt le 15 avril 1775.
12. Né à Lyon en 1712 et mort à Sens, le 12 juin 1796. Il est l'auteur de
nombreux opuscules, dont une Consultation pour M. de la Chalotais.
13. Loc. cit., p. 216 : « Avec lui, la Gazette devient un pamphlet lamentable.
Il remplace l'esprit par de gros mots et les raisons par des Injures. Si le 542 LE MOUVEMENT JANSÉNISTE
Saint-Mars mourut le 12 avril 1807. Il avait eu le temps de
voir disparaître sa feuille, trois ans auparavant. Les Nouvelles
avaient résisté à la Révolution française14. Mais le schisme
s'était glissé dans les rangs des Amis de la Vérité. Au mois
de septembre 1791, l'abbé Jabineau 15 avait fondé un Supplé
ment aux Nouvell

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