Le procurator, l indigène et le billot : une « soupe-à-la-hache » - article ; n°1 ; vol.28, pg 55-71
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Le procurator, l'indigène et le billot : une « soupe-à-la-hache » - article ; n°1 ; vol.28, pg 55-71

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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1987 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 55-71
Guy Imart, Victoria Imart, The procurator, the native and the block: a hatchet stew.
The block: a new explosive novel by the Kirghiz writer Chingiz Aitmatov, author of Djamila. A positive hero, believer and preacher, an ecological message, disclosure on drugs in USSR! A miracle of glasnost' ? What if the author under the cover of a perfectly orthodox veneer, gave voice - a few months before the Alma Ata troubles — to certain national concerns of members of the minority tired of the Slav and the Muslim integrisme that hem them in?
Guy Imart, Victoria Imart, Le procurator, l'indigène et le billot : une « soupe-à-la- hache ».
Le billot: un nouveau roman explosif par l'auteur de Djamila, l'écrivain kirghiz Čingiz Ajtmatov. Un « héros positif » croyant et prêchant, un message écologique, des révélations sur la drogue en URSS ! Miracle de la glasnosť ? Et si l'auteur, sous un vernis scrupuleusement orthodoxe, laissait percer - quelques mois avant les désordres d'Alma Ata - certaines des préoccupations nationales de minoritaires, las des deux intégrismes — slave et islamique - qui les enserrent ?
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Victoria Imart
Guy Imart
Le procurator, l'indigène et le billot : une « soupe-à-la-hache »
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 28 N°1. pp. 55-71.
Abstract
Guy Imart, Victoria Imart, The procurator, the native and the block: a "hatchet stew".
The block: a new explosive novel by the Kirghiz writer Chingiz Aitmatov, author of Djamila. A "positive hero", believer and
preacher, an ecological message, disclosure on drugs in USSR! A miracle of glasnost' ? What if the author under the cover of a
perfectly orthodox veneer, gave voice - a few months before the Alma Ata troubles — to certain national concerns of members of
the minority tired of the Slav and the Muslim integrisme that hem them in?
Résumé
Guy Imart, Victoria Imart, Le procurator, l'indigène et le billot : une « soupe-à-la- hache ».
Le billot: un nouveau roman explosif par l'auteur de Djamila, l'écrivain kirghiz Čingiz Ajtmatov. Un « héros positif » croyant et
prêchant, un message écologique, des révélations sur la drogue en URSS ! Miracle de la glasnosť ? Et si l'auteur, sous un vernis
scrupuleusement orthodoxe, laissait percer - quelques mois avant les désordres d'Alma Ata - certaines des préoccupations
nationales de minoritaires, las des deux intégrismes — slave et islamique - qui les enserrent ?
Citer ce document / Cite this document :
Imart Victoria, Imart Guy. Le procurator, l'indigène et le billot : une « soupe-à-la-hache ». In: Cahiers du monde russe et
soviétique. Vol. 28 N°1. pp. 55-71.
doi : 10.3406/cmr.1987.2099
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1987_num_28_1_2099DEBAT
GUY IMART et VICTORIA IMART
LE PROCURATOR, L'INDIGÈNE ET LE BILLOT :
UNE « SOUPE-À-LA HACHE »
À propos du dernier roman de Č. Ajtmatov
— • [el quién Primer lo duda! Magistrado] — Pero... : « No.Rodin, Si lo rechazamos, no... Gran quedamos escultor
en ridiculo, alla ; y si lo aceptamos, séria cosa de irse del
pais »... — « Con prohibir cualquier comentario en la prensa. »
— « Séria contrario a mis principios. Tu lo sabes. Plomo
y machete para los cabrones. Pero total libertad de critica,
polemica, discusión y controversia, cuando se trata de arte,
literatura, escuelas poeticas, fllosofia clasica, los enigmas
del Universo, el secreto de las piramides, el origen del
Hombre Americano, el concepto de Belleza, o lo que por
ahi se ande... » (Alejo Carpentier, Recurso del método,
Madrid, Siglo veintiuno editores, 1976, p. 155).
« Achab alla seul par un chemin, et Abdias alla seul par
un autre chemin. » (Rois, I, 18(6)).
La parution du dernier roman de l'écrivain kirghiz Cingiz Ajtmatov et,
complémentairement, de l'interview de l'auteur par la Literaturnaja gazeta '
aurait pu donner aux médias d'Occident l'occasion d'un scoop exceptionnel,
presque aussi riche en révélations suggestives sur la vie profonde du Turkestan
soviétique qu'autrefois le Gulag sur la Russie stalinienne.
Sans doute la mode, là-bas, est-elle, une fois encore, aux audaces permises
et collectives 2. Mais Ajtmatov donne l'impression d'aller plus loin, jusqu'à
« transgresser la soumission / dépasser les drapeaux » \
Qu'on imagine en effet, paraissant sous la plume d'un prix Lenin et non
sans l'aval inévitable du Glavlit, un brûlot des plus mordants (ostryj) et dont
la trame est faite de la trangression d'innombrables tabous. Énumérer les thèmes
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXVIII (1), jan.-mars 1987, pp. 55-72. 56 GUY et VICTORIA MART
abordés, c'est dresser par avance le réquisitoire du procureur: propagande
religieuse (Dieu doté pour la première fois d'une majuscule officielle), dénigre
ment de la Patrie soviétique (aussi riche en drogués sadiques que les bas-fonds
new yorkais), atteinte au moral de l'Armée (un massacre d'antilopes, scion la
technique de Voblava présenté comme anti-écologique mais qui ressemble
furieusement à ceux de civils afghans par une autre junte héliportée), dénigrement
de la morale de l'Homme communiste (prêt à tout pour l'argent, l'argent,
l'argent), revendications nationalistes revanchardes, déviationnisme idéologique
dans l'exaltation de héros sur lesquels le diamat semble avoir glissé comme
eau sur oie...
On avouera qu'il est dommage que notre méconnaissance de l'évolution
de l'opinion publique au Turkestan, et plus particulièrement dans cette Kirghizie
adossée à l'Afghanistan, à la Chine et au monde musulman, nous prive d'une
compréhension plus directe d'un écrivain qui traduit bien les pulsations complexes
de son pays et de son temps. Le lecteur occidental, trop souvent inconscient
de l'importance de la dimension ethnique chez un auteur par ailleurs incontest
ablement très « russifié », résistera mal sans doute à la tentation d'intégrer
Ajtmaiov à la cohorte déjà nombreuse des écrivains russes (régionalistes,
ruralistes, etc.) qui, avec moins d'audace, révèlent, eux aussi, les sources et les
composantes du désespoir ambiant face à l'immoralité triomphante, aux crimes
écologiques et à l'« ensauvagement » (odičanie) de masse.
Par ce biais, il est à craindre qu'au cours de la « discussion » qui ne
manquera pas de se développer en URSS comme ici à propos du Billot, services
spécialisés dans la dezinformacija et réceptivité crédule de tant de cercles
occidentaux ne conjuguent leur talents pour nous suggérer une interprétation
de ce roman conforme... aux espoirs du Glavlit qui en a permis la publication.
Ces deux milieux idéalement complémentaires trouveront vite dans les
déclarations de l'auteur à la Literaturnaja gazeta — un chef-d'œuvre d'ambiguïté
narquoise mais scrupuleusement bien-pensante comme seul sait en concocter
un intellectuel nourri dans le sérail du Grand Mensonge — les prémisses
nécessaires à une interprétation loyaliste, pacifiste, écologiste, humaniste, spiritua-
lislc (à la demande) de cette œuvre.
Sans doute le roman est-il aussi tout cela. Mais si une telle analyse est
nécessaire, est-elle suffisante? Roman de circonstance? Roman à scandale?
Roman confession ? Homélie civique conjuguant savamment mortification rédempt
rice et dénonciation contrôlée ? Sans nullement prétendre embrasser, surtout
« à chaud », l'extrême complexité du Billot, on peut tenter, en intégrant à la
réflexion quelques-unes des Gesetzmàssigkeiten têtues de la soviétologie et
divers aspects de la problématique « minoritaire », de cerner cette dimension
complémentaire qui, selon nous, constitue l'apport intime de l'auteur. Car il
est, croyons nous, de saine méthode en face d'une œuvre à la fois « dénonciat
rice » et « permise » de se poser deux questions : pourquoi a-t-cllc pu paraître ?
qu'a « fait passer » l'auteur ? DERNIER ROMAN DE č. AJTMATOV 57 LE
Dérapage contrôlé...
Côté cour — d'honneur, officielle — il semble bien tout d'abord que le
Billot ne devra pas le succès qu'on peut lui prédire à ses seules qualités
littéraires. Le Parti, soucieux de prestige en ce domaine comme en tant d'autres
et qui, pour compenser soixante-dix ans de stérilisation, racole maintenant parmi
les frondeurs ou les non-conformistes inoffensifs et serait trop heureux de voir
renaître une littérature de l'art pour l'art afin de remplacer celle de la conscience,
sera déçu sur ce point.
Des critiques plus qualifiés feront ressortir l'indiscutable beauté de nombreux
passages et la sincérité passionnée, contagieuse de l'auteur. En Occident, les
initiés au moins seront tenus en haleine par les audaces, les blasphèmes, les
aveux multiples. Mais, là où la traduction ne gommera pas ces défauts, il sera
difficile de passer sous silence une langue souvent conventionnelle, lourde, qui
est plus celle du journalisme soviétique que celle de la technique littéraire
démodée, ronronnante qu'elle sous-tend, le caractère plaqué d'une mini-intrigue
amoureuse, des invraisemblances multiples dues à des failles apparentes dans
l'architecture du roman : trois nouvelles qui semblent autonomes, un premier
héros qui disparaît en cours de route, un autre qui ne surgit que dans la troisième
partie, le seul fil conducteur d'un bout à l'autre étant une louve : Akb

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