Les adverbes et la modalisation de l assertion - article ; n°1 ; vol.30, pg 74-89
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Les adverbes et la modalisation de l'assertion - article ; n°1 ; vol.30, pg 74-89

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Description

Langue française - Année 1976 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 74-89
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Andrée Borillo
Les adverbes et la modalisation de l'assertion
In: Langue française. N°30, 1976. pp. 74-89.
Citer ce document / Cite this document :
Borillo Andrée. Les adverbes et la modalisation de l'assertion. In: Langue française. N°30, 1976. pp. 74-89.
doi : 10.3406/lfr.1976.6113
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1976_num_30_1_6113Andrée Borillo, Université de Provence
LES ADVERBES ET LA MODALISATION DE L'ASSERTION
Lorsqu'on définit une classe grammaticale en termes de propriétés
syntaxiques, l'étude systématique de structures simples permet de dégager
des familles d'éléments lexicaux sur la base d'un ensemble de
que ces éléments possèdent en commun. Cette classification, qui constitue
une assise pour la description, prend un réel intérêt lorsque cette homogén
éité syntaxique peut être mise en corrélation avec d:s intuitions concer
nant des propriétés sémantiques que ces éléments posséderaient également
en commun. On peut estimer que cette mise en relation entre propriétés
syntaxiques et idées suggérées — car il serait sans doute abusif de parler
à ce point de vq^tables propriétés sémantiques — est un résultat
appréciable, en premier lieu parce qu'elle permet d'éclairer la nature de
certaines des propriétés syntaxiques observées, mais plus encore parce
qu'elle révèle l'existence possible d'une corrélation entre les formes du
langage et l'intuition de sens que ces formes suggèrent.
L'exemple proposé ici, qui veut être une illustration de cette inter
action entre syntaxe et sémantique, est tiré d'une étude plus large portant
sur l'interrogation en français (A. Borillo, 1974). Au lieu d utiliser le
cadre habituel de la phrase isolée, on se placera dans le cadre du couple
question-réponse qui dans l'étude systématique des constructions inter-
rogatives possède l'avantage de ne pas séparer la question du contexte
dans lequel elle est formulée, i.e. le contexte linguistique constitué sui
vant les cas par l'énoncé qui précède ou qui suit.
La problématique à laquelle se rattache le fragment ci étude présenté
concerne les questions totales — ou encore questions oui/non — et les
types de réponses appropriées lorsque précisément cette réponse est
autre chose qu'un simple oui ou non. On sait que parmi les possibilités de
réponse il existe des constructions mettant en œuvre de manière diffé
rente des verbes — ex. je crois, cela dépend, on dirait, etc. — des adject
ifs — ex. je ne suis pas sûr, c'est peu probable, etc. — ou même des
expressions à la limite de la locution figée ex. cela va de soi, jamais
de la vie, ça m'en a tout l'air, etc. Cependant l'examen ici ne portera
74 sur les cas bien précis où une question totale reçoit de manière que
pertinente une réponse simplement constituée d'un adverbe, soit un
adverbe morphologiquement caractérisé par le suffise -ment : certaine
ment, naturellement, etc.. soit une expression adverbiale : bien entendu,
sans doute, etc. On dira par exemple :
(1) Q. — Est-ce que vous verrez Jean demain ?
R. — Sûrement.
CONSTITUTION DE LA LISTE D'ADVERBES
Les adverbes distingués sur cette propriété d'emploi (cf. liste en
Annexe 1) font partie d'un ensemble plus large que l'on désigne géné
ralement du nom ď « adverbes de phrase » . Cependant ce terme recouvrant
des ensembles différents suivant les linguistes, (S. Greenbaum 1969,
P. A. Schreiber 1971, R. Martin 1974, etc.), il est préférable, en l'absence
d'une définition syntaxique stable, de ne pas se référer à une telle classi
fication pour désigner globalement les adverbes qui nous intéressent ici.
Nous dirons seulement pour qu'il n'y ait pas confusion sur le type de
réponse étudié que contrairement à la règle commune concernant les
adverbes modifiant un seul élément de la phrase — traditionnellement de manière, de temps, de quantité, etc. — les adverbes dont
il sera question ici ne sont pas soumis à des contraintes de sélection impos
ées par un terme particulier de la phrase : verbe, adjectif, etc. Cette
précision est utile pour bien séparer deux types d'adverbes qui, bien que
susceptibles tous deux d'être utilisés comme réponse, ne remplissent pas
cette fonction avec le même statut ; des adverbes comme abondamment,
admirablement figurant en (2) et (3) ne constituent pas des réponses
interchangeables car chacun obéit à des contraintes différentes imposées
par le verbe de la question ; au contraire, l'adverbe sûrement recevable
en (1) pourrait aussi bien convenir à (2) et à (3) :
(2) Est-ce qu'il a neigé sur les Alpes ?
Abondamment
(3) Est-ce qu'il sait nager ?
Admirablement.
Ceci ne signifie pas qu'un adverbe de la liste donnée en Annexe 1
constitue une réponse appropriée à n'importe quelle question totale bien
formulée. Si pour certains on observe une très grande généralité d'emp
loi, pour d'autres des restrictions sont à formuler sur le type de
question posée : questions neutres ou au contraire appelant une appro
bation, positive ou négative, questions faisant intervenir à la fois le temps
et l'expérience de l'interlocuteur, etc.
Ainsi l'adverbe effectivement n'est guère possible que si la question
posée suggère une approbation (question-reprise — en anglais tag ques
tion — construite avec n'est-ce pas, oui, non) ; d'autres, sans être aussi
contraints, sont plus naturels avec ce type de question, .ex. incontestable
ment, indéniablement, nécessairement, etc.
(4) La question est totalement réglée \ с${_Сс pas
a. Effectivement
b. Incontestablement
75 (5) * Est-ce a. Effectivement que la question est totalement réglée ?
? b. Incontestablement
Pour la sélection des adverbes, il n'a pas été tenu compte de ces
variations dans les questions, ni des couplages privilégiés qu'elles déter
minent pour certains d'entre eux, l'essentiel du test étant que l'adverbe
répond bien à une question.
Par exemple, on pourrait objecter que des adverbes apparemment
susceptibles de fonctionner comme réponse n'ont pas été retenus dans la
liste de l'Annexe 1 , ex. des adverbes comme volontiers, d'accord, entendu,
etc.
(6) Vous m'achèterez un livre ?
D'accord.
Ces adverbes n'ont pas été retenus car le type de réponse qu'ils
représentent correspond moins à une demande d'information qu'à une
forme polie d'ordre — si en (6) il s'agissait d'une demande d'info
rmation on pourrait répondre : probablement ou peut-être, etc. Avec le
remplacement de l'interrogatif par un impératif l'emploi de l'adverbe
comme réponse reste correct et le sens de l'ensemble n'est pas fondament
alement changé (7) — il le serait si l'on répondait dans ce cas
probablement ou peut-être.
(7) Achetez-moi un livre !
D'accord.
Nous ne sommes donc plus là dans le cadre du couple question-
réponse mais dans un cadre voisin ayant ses propres règles et dont l'étude
ne peut être confondue. Avec plus de nuances, d'autres adverbes seront
également laissés à l'écart au cours de l'étude.
CADRE DE L'ÉTUDE
Notre propos est d'examiner certaines des propriétés syntaxiques des
adverbes réunis, des propriétés qu'ils manifestent soit lorsqu'ils expriment
une réponse concernant la valeur de vérité de la proposition contenue dans
une question — exemple donné en (1), soit lorsqu'ils jouent leur rôle de
modifieurs adverbiaux dans une phrase déclarative sans lien nécessaire
avec un énoncé antérieur (nous reprendrons donc là le cadre de la phrase
simple).
Notre objectif est de comprendre et de mettre en évidence ce qui
fait la spécificité de ces adverbes par rapport à la classe — adverbes de
modalité, adverbes de phrase, etc. — à laquelle ils sont généralement
rattachés. Cela signifie que nous voulons déterminer si ces adverbes, réunis
dans un premier temps sur la seule propriété d'être une réponse appro
priée à une question totale, sont caractérisables en outre par un fai

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