Les avatars de la télévision éducative pour adultes en France : histoire d une non-politique (1964-1985) - article ; n°1 ; vol.110, pg 63-74
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les avatars de la télévision éducative pour adultes en France : histoire d'une non-politique (1964-1985) - article ; n°1 ; vol.110, pg 63-74

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française de pédagogie - Année 1995 - Volume 110 - Numéro 1 - Pages 63-74
Suite à une décision du Premier ministre, annoncée en août 1993, une « chaîne du savoir » doit voir le jour en France, en décembre 1994. Elle est présidée par un homme des médias, Jean-Marie Cavada, et se nomme « La Cinquième », parce que ses programmes seront diffusés sur le cinquième réseau national de télévision hertzienne (en « avant-ARTE »). Plusieurs rapports et projets ont précédé cette opération, élaborés depuis le printemps 1992, sous l'égide du ministère de l'Éducation nationale, de la Communication, de la Formation professionnelle, du Sénat, etc. Bien que ces projets fassent souvent référence à des expériences françaises antérieures et à des actions étrangères, il est étonnant de constater à quel point ils tirent peu de conséquences de l'histoire de ces expériences, des problèmes qu'elles ont posés, des causes de leur pérennité ou de leur disparition. En fait, beaucoup de ces projets reproduisent les erreurs qui ont été celles de la politique française en matière d'audiovisuel éducatif au cours des précédentes décennies et qui ont entraîné la dérive et la suppression de la plupart des programmes de télévision éducative. Analyser les causes de l'échec de la télévision éducative française apparaît donc comme un préalable nécessaire au renouvellement de ce type d'actions, afin d'éviter que leur répétition n'aboutisse aux mêmes effets, condamnant pour longtemps de semblables initiatives.
The setting up of Channel Five on TV in december 1 994 was preceded by several projects. Many of them repeat the errors made within the context of educational audiovisual policy during the previous decades. The analysis of reasons for french educational television failure is a prerequisite to the recurrence of such actions.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Viviane Glikman
Les avatars de la télévision éducative pour adultes en France :
histoire d'une "non-politique" (1964-1985)
In: Revue française de pédagogie. Volume 110, 1995. pp. 63-74.
Résumé
Suite à une décision du Premier ministre, annoncée en août 1993, une « chaîne du savoir » doit voir le jour en France, en
décembre 1994. Elle est présidée par un homme des médias, Jean-Marie Cavada, et se nomme « La Cinquième », parce que
ses programmes seront diffusés sur le cinquième réseau national de télévision hertzienne (en « avant-ARTE »). Plusieurs
rapports et projets ont précédé cette opération, élaborés depuis le printemps 1992, sous l'égide du ministère de l'Éducation
nationale, de la Communication, de la Formation professionnelle, du Sénat, etc. Bien que ces projets fassent souvent référence à
des expériences françaises antérieures et à des actions étrangères, il est étonnant de constater à quel point ils tirent peu de
conséquences de l'histoire de ces expériences, des problèmes qu'elles ont posés, des causes de leur pérennité ou de leur
disparition. En fait, beaucoup de ces projets reproduisent les erreurs qui ont été celles de la politique française en matière
d'audiovisuel éducatif au cours des précédentes décennies et qui ont entraîné la dérive et la suppression de la plupart des
programmes de télévision éducative. Analyser les causes de l'échec de la télévision éducative française apparaît donc comme
un préalable nécessaire au renouvellement de ce type d'actions, afin d'éviter que leur répétition n'aboutisse aux mêmes effets,
condamnant pour longtemps de semblables initiatives.
Abstract
The setting up of Channel Five on TV in december 1 994 was preceded by several projects. Many of them repeat the errors
made within the context of educational audiovisual policy during the previous decades. The analysis of reasons for french
educational television failure is a prerequisite to the recurrence of such actions.
Citer ce document / Cite this document :
Glikman Viviane. Les avatars de la télévision éducative pour adultes en France : histoire d'une "non-politique" (1964-1985). In:
Revue française de pédagogie. Volume 110, 1995. pp. 63-74.
doi : 10.3406/rfp.1995.1241
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1995_num_110_1_1241m
Les avatars de la télévision
éducative pour adultes en France :
histoire d'une « non-politique »
(1964-1985)
Viviane Glikman
jour et Suite se en nomme à une France, décision « La en Cinquième décembre du Premier », 1994. parce ministre, Elle que est ses annoncée présidée programmes en par août un seront homme 1993, diffusés une des « chaîne médias, sur le cinquième du Jean-Marie savoir réseau » doit CAVADA, voir natio le
nal de télévision hertzienne (en « avant-ARTE »). Plusieurs rapports et projets ont précédé cette opérat
ion, élaborés depuis le printemps 1992, sous l'égide du ministère de l'Éducation nationale, de la Comm
unication, de la Formation professionnelle, du Sénat, etc. Bien que ces projets fassent souvent
référence à des expériences françaises antérieures et à des actions étrangères, il est étonnant de constat
er à quel point ils tirent peu de conséquences de l'histoire de ces expériences, des problèmes qu'elles
ont posés, des causes de leur pérennité ou de leur disparition. En fait, beaucoup de ces projets repro
duisent les erreurs qui ont été celles de la politique française en matière d'audiovisuel éducatif au cours
des précédentes décennies et qui ont entraîné la dérive et la suppression de la plupart des programmes
de télévision éducative. Analyser les causes de l'échec de la télévision éducative française apparaît donc
comme un préalable nécessaire au renouvellement de ce type d'actions, afin d'éviter que leur répétition
n'aboutisse aux mêmes effets, condamnant pour longtemps de semblables initiatives.
De nombreux programmes de télévision scolaire l'égide du ministère de l'Education nationale, ont
et éducative pour adultes ont été régulière longtemps été désignées, ainsi que le service
ment diffusés, des années cinquante aux années chargé de leur conception, sous le nom de
« RTS/Promotion ». quatre-vingt, sur le réseau national hertzien de la
France, qui a été un des précurseurs dans ce Au cours de ces années, des changements
domaine. Seules en subsistaient, de façon perman importants ont eu lieu, tant dans la structure orga-
ente, quelques émissions destinées aux établi nisationnelle de l'institution productrice (devenue
ssements scolaires (1). Parmi ces programmes, les Centre National de Documentation Pédagogique
premières émissions de télévision éducative pour en 1976) que dans le volume, les contenus, les
adultes, produites, à partir de 1964, à l'intention objectifs et l'impact des productions. Interrompue
de publics peu ou moyennement scolarisés, sous en 1985, cette expérience peut, rétrospective-
Revue Française de Pédagogie, n° 110, janvier-février-mars 1995, 63-74 63 « l'audiovisuel, ça coûte cher et ce n'est pas être considérée comme un échec, dans la ment,
mesure où elle n'a que momentanément atteint la sérieux », se méfient de ces innovations qui
fonction qu'elle revendiquait explicitement, de par paraissent remettre en cause les modèles de l'e
ticipation à la formation permanente et continue nseignement traditionnel. De même, la majorité du
dans le cadre de la lutte contre les inégalités sco corps enseignant est soit indifférente, soit très
réticente, considérant ces émissions « pallialaires et sociales.
tives » comme un moyen de contourner ses reven
Une approche historique et sociologique, à part dications en matière de recrutement et de format
ir d'analyses de documents écrits sur, par et pour ion et affirmant, par la voix de ses syndicats, que l'institution et d'interviews d'acteurs de l'action, « la machine ne remplacera jamais le maître »
nous a permis de déterminer les grands moments (Egly, 1984). qui ont marqué son évolution et de tenter d'en
déceler le sens, afin de comprendre les concept Activité d'abord très marginale de la RTS, les
ions et l'origine des décisions qui ont orienté la premières séries d'émissions télévisées spécif
politique française en matière de télévision éducat iquement conçues pour un public d'adultes non
ive, au cours des trente dernières années (2). enseignants apparaissent en 1964. Elles s'adres
sent en priorité à des téléspectateurs « isolés » Après avoir retracé les quatre grandes périodes (non inscrits dans des organismes de formation) qui nous paraissent avoir caractérisé l'histoire de et faiblement instruits. RTS/Promotion, nous proposerons donc une syn
thèse des causes des transformations observées, Les émissions, accompagnées de documents
de la dérive de la programmation et du déclin de écrits gratuits, visent une initiation à des contenus
l'action. de l'enseignement général ou technique, langues
vivantes, expression française, économie, dessin
technique... Elles sont diffusées sur les chaînes
nationales, les heures étant louées à l'ORTF, à
HISTOIRE D'UNE DERIVE raison d'une heure par semaine (en 1963-64), puis
de deux (en 1966-67), le samedi après-midi et le
dimanche matin surtout. La télévision, qui com
mence seulement à se développer et se veut un L'attraction de la pédagogie
outil d'éducation et de culture (Missika, Wolton,
1983 ; Miquel, 1984), accepte volontiers d'ouvrir En 1963, dans une société en pleine expansion,
son antenne, encore très partiellement occupée, à à l'initiative du Premier ministre Georges Pomp
des émissions de formation. idou, une commission interministérielle (3) lance,
pour trois ans, un « plan expérimental d'extension Ces programmes s'inscrivent, en outre, dans la
des moyens audiovisuels d'enseignement », à logique de la politique nationale

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents