Les curés rouges dans la Révolution française (2e article) - article ; n°1 ; vol.262, pg 447-479
34 pages
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Annales historiques de la Révolution française - Année 1985 - Volume 262 - Numéro 1 - Pages 447-479
THE « CURES ROUGES » (RED PRIESTS)
The abdication of the « red priests », in the year II, is one of the elements of a religious rupture which is total in its « detestation » of the priesthood, whose errors they aim to expiate by burning their letters or by marriage ; partial, and pregnant with nuances, in their attitude to religion, which some condemn, whilst others worship the « Supreme Being ».
Abdication is a patriotic act, the aim of which is to inculcate civic values and republican morality — for most an unfulfilled ambition. The expression « red priests », despite ambiguity and controversy, can be applied to some 2.500 priests — unequivocal abdicators, active members of peoples associations, anti-clerical, anti- Christ, repudiated by the Convention as soon as they call themselves « red ».
Too republican or too priest, they have been forgotten or condemned by a century of historiography, whereas their original experience throws light on an aspect of the religious history and intellectual theories of the French Revolution.
Serge BIANCHI.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Serge Bianchi
Les curés rouges dans la Révolution française (2e article)
In: Annales historiques de la Révolution française. N°262, 1985. pp. 447-479.
Abstract
THE « CURES ROUGES » (RED PRIESTS)
The abdication of the « red priests », in the year II, is one of the elements of a religious rupture which is total in its « detestation »
of the priesthood, whose errors they aim to expiate by burning their letters or by marriage ; partial, and pregnant with nuances, in
their attitude to religion, which some condemn, whilst others worship the « Supreme Being ».
Abdication is a patriotic act, the aim of which is to inculcate civic values and republican morality — for most an unfulfilled
ambition. The expression « red priests », despite ambiguity and controversy, can be applied to some 2.500 priests —
unequivocal abdicators, active members of peoples associations, anti-clerical, anti- Christ, repudiated by the Convention as soon
as they call themselves « red ».
Too republican or too priest, they have been forgotten or condemned by a century of historiography, whereas their original
experience throws light on an aspect of the religious history and intellectual theories of the French Revolution.
Serge BIANCHI.
Citer ce document / Cite this document :
Bianchi Serge. Les curés rouges dans la Révolution française (2e article). In: Annales historiques de la Révolution française.
N°262, 1985. pp. 447-479.
doi : 10.3406/ahrf.1985.1131
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1985_num_262_1_1131LES CURÉS ROUGES
DANS LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
(2« Article) *
III - MOTIVATIONS ET AUTOCRITIQUE DES CURÉS
ROUGES : DESTRUCTION ET RÉGÉNÉRATION
L'explication de la conduite des « curés rouges » est remar
quablement homogène. Cette somme de destins si personnalisés
débouche sur un consensus certain quant à la signification de la
pratique de l'An II : c'est après la rupture décisive de l'abdication
que les chemins divergeront définitivement. L'analyse des lettres
dégage deux dimensions (et explications) fondamentales à la pratique
commune : une rupture religieuse, définitive pour la fonction,
partielle ou totale à l'égard du catholicisme ; un engagement
patriotique qui a rendu la rupture religieuse inévitable.
1 - La rupture religieuse : Plus de prêtres, plus de charlatans (115)
L'anticléricalisme viscéral ressort d'emblée comme le thème
explicatif et unificateur fondamental de toutes les lettres des curés
rouges. Aucun clivage n'est possible entre de bons et de mauvais
prêtres. Tout prêtre n'est pas seulement inutile, mais également
dangereux et néfaste. L'individu n'est rien : la fonction est tout. Ce
discours, venant de prêtres encore en exercice quelques jours
auparavant, surprend davatange lorsqu'on découvre la charge de
haine et d'agressivité de la plupart des lettres. Ce défoulement ou
« délire verbal » révèle une extraordinaire palette d'expressions, de
slogans au service d'une condamnation unique de l'état de prêtre.
La dénonciation porte avant tout sur le caractère particulier,
isolé, inacceptable du clergé. Les termes les moins péjoratifs sont
ceux « d'état », de « corps », de « corporation ». Mais Panticléri-
♦ Dans un premier article des A.H.R.F. N° 249, juillet-septembre 1982,
pp. 364-392, nous avons étudié l'affirmation d'un Clergé Constitutionnel (I),
pp. 366-377, puis l'autoportrait des curés rouges en l'an II (II), pp. 378-392.
(115) Lettre d'abdication de Parent à la Convention et F 19 (877). SERGE BIANCHI 448
calisme apparaît dans de nombreux vocables renforcés par des
insultes ou jugements de valeurs exacerbés (116). Selon les curés
rouges, les prêtres appartiennent à une « classe » (« presbyté
rienne ») pour Bachellery, pour Laissard) ou à une « caste » (Samon
et Lemenceau « charlatanière », Née, « infernale ») ; d'autres
parlent de « race » comme Delaunay le jour de son abdication,
Brouillet, Lugon (« cette race canine »), Chancel (« cette race
maudite »). Encore ces termes sont-ils utilisés couramment à
l'époque. Mais le portrait se charge singulièrement lorsque sont
employés les termes de « soi disant prêtraille » (Prudhomme), de
« horde » (« infecte », « monstrueuse » pour Genin), de « secte »,
d'« engeance ». L'outrance verbale n'est d'ailleurs pas gratuite : elle
est suivie ou précédée d'une caractérisation des prêtres justifiant leur
disparition et leur persécution (et de façon indirecte, mais
terriblement consciente, la propre conduite de l'abdicataire !).
Les prêtres se distinguent des autres catégories de citoyens car ce
sont des « charlatans ». « J'étais prêtre, donc charlatan » écrit
Parent à la Convention. La condamnation porte donc sur l'inutilité
et le caractère mensonger de l'état de prêtre. Pour Chalabert et
Debrou, ils sont tous « hypocrites » ; « imbéciles ou fourbes », pour
Lacombe. La liste des défauts attribués par ailleurs est impression
nante. Les curés rouges décrivent les prêtres comme « vils »
(Divincourt), « êtres serviles et rampants » (Née), « scélérats »
(Genin), « scélérats en calotte et encapuchonnés » (Asselin), « idiots,
cagots, aveugles et serviles » (Hautbout), « atroces » (Lambert),
« criminels » (Danot et Pelletier), « immoraux » (Bourrée), « san
guinaires » (Chalabert), « dans un état de stupeur et de fainéantise »
(Pichon), en résumé « les plus méchants des hommes et les plus
mauvais citoyens » (Tochot). Ces morceaux choisis se passent de tout
commentaire. La plupart des lettres concluent sur les sentiments de
dégoût et de mépris que les prêtres ont toujours inspirés aux abdica-
taires de l'An II. « J'ai toujours combattu et déteste... Je les déteste,
je les abhorre... J'avais depuis longtemps en horreur les prêtres...
J'ai toujours lutté contre cette race canine... ». L'invitation finale à
Citations trop nombreuses pour être toutes restituées en références. Des (116)
exemples : F 19 (873) : Bachellery.
19 (874) : Bourrée. F
F 19 (875) : Chancel.
F 19 (876) : Lemanceau.
F 19 (880) : Genin.
F 19 (886) : Lugon... LES CURÉS ROUGES DANS LA RÉVOLUTION FRANÇAISE 449
détruire ce qu'il reste du clergé ne saurait alors surprendre. Grummet
écrit « plus de prêtres, plus de pontifes ». Eisinger se dit « charmé »
de ce que l'on ne veuille plus de prêtres, et Asselin résume l'opinion
des curés rouges : « Plus de prêtres, c'est-à-dire plus de charlatans ».
Jamais une autocritique n'aura été aussi loin, n'aura été si dépourvue
de nuances. Car les curés rouges se comprennent (au passé) dans ces
dénonciations !
Le lecteur, un moment emporté par la charge verbale, a beau jeu
de dénoncer les contradictions criantes de cette analyse. En
condamnant l'ensemble des prêtres, en forgeant ce racisme, c'est
eux-mêmes qu'ils condamnent ! N'est-il pas suicidaire de formuler
ces insultes qui rejaillissent sur tous ceux qui ont exercé ? Et les curés
rouges ne réalisent-ils pas que le discrédit auquel ils contribuent
retombera dans l'avenir sur tous ceux qui ont été « marqués », qui
ont connu l'infamie, la flétrissure de la prêtrise ? Les réponses à ces
questions implicites figurent dans les lettres de façon plus ou moins
éclairante. En général, le curé rouge déclare n'avoir embrassé l'état
de prêtre que contraint et forcé par des parents tyranniques avant
d'arriver à l'âge de raison. D'autres (plus sincères ?) déclarent avoir
perdu toute vocation lors du déclenchement de la révolution, qui les
a dessillés. Ceux qui ont tenté de concilier prêtrise et révolution ont
progressivement rompu avec la majorité contre-révolutionnaire du
clergé (royalistes, Vendéens, fédéralistes) et ont fini par partager la
condamnation globale de la totalité du corps (assimilé à la majorité)
par les organisat

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