Les fontaines médiévales. Images et réalité - article ; n°2 ; vol.104, pg 507-517
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1992 - Volume 104 - Numéro 2 - Pages 507-517
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 65
Langue Français

Extrait

Catherine Gouédo-Thomas
Les fontaines médiévales. Images et réalité
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 104, N°2. 1992. pp. 507-517.
Résumé
Catherine Gouédo-Thomas, Les fontaines médiévales. Images et réalité, p.507-517.
Très tôt considérée par les agronomes comme le plus noble des systèmes d'adduction d'eau, la fontaine tient une place de choix
dans le monde médiéval.
De la source simplement aménagée au somptueux édifice à multiples vasques, elle est partout présente dans l'art comme dans
la littérature.
La plupart des fontaines médiévales ayant été détruites, c'est par le biais des sources anciennes, iconographiques et littéraires,
et grâce à l'archéologie que l'on peut tenter de retrouver leurs formes et leurs fonctions symboliques ou réelles.
Citer ce document / Cite this document :
Gouédo-Thomas Catherine. Les fontaines médiévales. Images et réalité. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-
Age, Temps modernes T. 104, N°2. 1992. pp. 507-517.
doi : 10.3406/mefr.1992.3255
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1992_num_104_2_3255CATHERINE GOUÉDO-THOMAS
LES FONTAINES MÉDIÉVALES
IMAGES ET RÉALITÉ
La fontaine est un motif très fréquent dans l'iconographie médiévale.
Elle apparaît pour illustrer des récits tels le Roman de la Rose, les aventur
es de Narcisse, Mélusine ou Tristan et Iseut. En effet, un très grand
nombre de romans parmi les plus populaires du Moyen Âge contiennent
au moins une scène, souvent la scène-clé de l'intrigue, dont l'action se
déroule autour d'une fontaine. C'est près d'un tel lieu que Mélusine, qui
se rafraîchit, fera la connaissance de son futur époux. C'est aussi près
d'un de ces bassins que Tristan et Palamède découvrent Lancelot endor
mi1 (Fig. 1) ou que Paris a le difficile honneur de désigner la plus belle
des déesses de l'Olympe. La fontaine joue aussi un rôle capital dans les
récits bibliques tels le jardin de l'Eden2 et, plus tardivement, dans l'ic
onographie, de Bethsabée au bain3 ou encore de la Vierge à qui elle est
souvent associée. Aussi bien dans les illustrations des romans que dans les
scènes religieuses, la fontaine est le point de mire du jardin médiéval.
L'iconographie constitue donc une base de données intéressante pour
l'étude des systèmes d'adduction. Cependant, les images, comme tous les
autres types de documents, ne reflètent parfois que partiellement la réalit
é. Il est donc indispensable d'établir des comparaisons systématiques
avec les sources écrites et archéologiques ou monumentales. Outre les
images, les allusions aux fontaines sont également nombreuses dans les
textes anciens4. En effet les problèmes liés à la captation et à la consom-
1 Vienne ÖNB, ms. 2537.
2 Gen. 2, 4-25.
3 Sam. 11, 2-25.
4 Le sens du mot fontaine peut être différent de celui qu'on lui connaît
aujourd'hui. En effet, au sens propre, il signifie simplement l'eau qui jaillit de ter
re, c'est-à-dire une source. C'est dans cette acception que Bernard Palissy l'emploie
dans ses Discours admirables de la nature des eaux et fontaines, des métaux, des sols
et salines, des pierres et des métaux publié en 1580. Cette notion a d'ailleurs perduré
MEFRM - 104 - 1992 - 2, p. 507-517. 508 CATHERINE GOUÉDO-THOMAS
mation de l'eau semblent avoir tout particulièrement retenu l'attention
des agronomes médiévaux tel Pier de' Crescenzi5. Déjà vers 1230 Barthé
lémy l'Anglais établissait dans son Livre des propriétés des choses, une
classification de l'eau en fonction de sa provenance : « après l'eau de
pluie, la meilleure eau est la fontaine ...» ; elle est saine car elle : « renouv
elle continuellement son eau»6.
Bien que cela soit indispensable, il n'est pas aisé de comparer ces
fontaines imaginaires avec les édifices réels afin de déterminer le degré
d'invention dont ont fait preuve les miniaturistes. En effet, à la Renais
sance, la majorité des fontaines des XIIIe et XIVe siècles jugées trop
modestes ont été détruites pour laisser place à de somptueuses construct
ions. Or, les descriptions des fontaines médiévales disparues sont très
rares.
Pour les architectes, les fontaines se répartissent en deux catégories,
elles peuvent être soit isolées, soit adossées à un édifice, mais les artistes
médiévaux ont préféré représenter les monuments isolés, plus spectacul
aires.
Un quart des fontaines7, présentes dans l'iconographie de la fin du
Moyen Âge, se composent d'un modeste bassin bas, rectangulaire, creusé
peu profondément dans le sol et dont seules les parois sont maçonnées.
L'eau sourd de façon continue dans le fond de ce bassin et le trop-plein
s'écoule par un demi-tuyau ou de simples ouvertures pratiquées dans les
parois. L'eau emprunte ensuite une rigole qui canalise le flux afin que les
abords du point d'eau ne soient pas constamment boueux8 (Fig. 1). Cet
aménagement rudimentaire permet donc d'utiliser les sources sans entre
prendre de lourds travaux. Il est présenté par les agronomes comme Oli
vier de Serres comme le niveau le plus simple de l'adduction du «domai
ne idéal » : « La fontaine doit avoir un trou pour que l'eau en surplus
puisque l'on retrouve ce terme dans le Dictionnaire encyclopédique et biographique
de l'industrie et des arts industriels en 1885. Le mot fontaine y est défini de la façon
suivante : «on distingue les fontaines naturelles, c'est-à-dire les sources, et les fon
taines artificielles qui comprennent les appareils divers employés pour distribuer
l'eau.
5 Pier De' Crescenzi, Opus ruralium commodorum.
6 Paris, BN, Fr 22534, f. 177.
7 Les chiffres retenus pour cette étude ont été obtenus à partir de l'étude de
350 manuscrits enluminés d'Europe septentrionale répartis entre les XIIIe et XVIe
siècle.
8 Par exemple, Vienne ÖNB, ms. 2537. LES FONTAINES MÉDIÉVALES 509
s'écoule»9. Nous trouvons ici la volonté d'empêcher l'eau de stagner qui
est une préoccupation constante en matière d'adduction au Moyen Âge.
Parfois, dans les bornes-fontaines, l'un des petits côtés de ces bassins
peut être plus haut que les autres. Il abrite alors l'arrivée d'eau10. Le
liquide s'écoule soit par un tuyau simple, soit par un mascaron zoomor-
phe. Une petite écuelle11 ou une louche de métal sont souvent attachées à
la borne par une chaîne pour permettre au passant de se désaltérer12
(Fig. 2).
Le poète de cour Watriquet de Couvin décrit au XIVe siècle un dispos
itif de ce genre dans le Dis de la fontaine d'Amour :
Et si vous di, bien le sachier,
Qu'il pendoient i.i.j. bacins13.
Plus loin, il précise que ces éléments sont retenus par des chaînes. Ces
bassins, qui sont constamment pleins, sont censés contenir une eau magi
que.
Les fontaines que nous nommons «complexes» sont constituées de
plusieurs éléments architecturaux qui permettent de mettre en scène
l'écoulement de l'eau. Leur principe est identique à celui des fontaines
simples : l'eau d'une source est utilisée pour l'alimentation de l'édifice
mais son parcours en est compliqué. Ces édifices constituent la majorité
des fontaines observées, soit 65%.
Ces fontaines sont formées d'une part, d'une ou plusieurs vasques
superposées dont certaines reposent sur un pied, d'autre part, de colon
nes en nombre variable qui se dressent au milieu des bassins ainsi que de
mascarons ou de bouches à eau et des jets d'eau. 66% d'entre elles présent
ent une vasque circulaire comme celle qui orne le jardin où Maulgris
retrouve Oriande la belle14 (Fig. 3), 23% une vasque polygonale comparab
le à celle de la fontaine du jardin d'amour qui figure dans le calendrier
flamand conservé à Londres15 (Fig. 4) et 20% une vasque quadrangulai-
9 Olivier de Serres, Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, Paris, 1539-
1619.
10 Par exemple: Londres, Br. Lib. Harley 4431. f. 104.
11 Vienne, ÖNB, ms. 2597, f. 15
12 Les fontaines Wallace, qui furent installées à

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