Les forêts royales en Bretagne avant 1789 - article ; n°1 ; vol.32, pg 10-20

René Durand

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Annales de Bretagne - Année 1917 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 10-20
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• Publié le: 01 janvier 1917
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René Durand
Les forêts royales en Bretagne avant 1789
In: Annales de Bretagne. Tome 32, numéro 1, 1917. pp. 10-20.
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Durand René. Les forêts royales en Bretagne avant 1789. In: Annales de Bretagne. Tome 32, numéro 1, 1917. pp. 10-20.
doi : 10.3406/abpo.1917.1445
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1917_num_32_1_1445DURAND RENÉ
LES FORETS ROYALES EN RRETAGNE
AVANT 1789
Les forêts bretonnes n'ont fait jusqu'à présent l'objet d'au
cune étude ni historique ni géographique W. A dire vrai, la
Bretagne est une région faiblement forestière, encore qu'elle
soit très boisée ; pourtant le Roi y possédait avant 1789 un
certain nombre de forêts en qualité d'héritier des anciens
ducs. D'autre part, les seigneurs fonciers puissamment apa
nages et les gens de mainmorte étaient propriétaires eux aussi
(1) Sur les forêts bretonnes en général et en particulier sous l'ancien
Régime, on consultera :
Ogée. Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne,
Rennes, 1778-1 780, 4 vol. in4°. Noms de forets.
Abbé Mankt. Histoire de la Petite-Bretagne, Saint-Malo, 1834, 2 vol. in-8°,
spécialement le t.. Ier, p. 195-202. Note sur les forêts bretonnes.
A. Maury. Histoire des forêts de la Gaule et de l'ancienne France, Paris,
1850, 1 vol. in-8°, p. 248-254. Forêts de la Bretagne.
J. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélémy. Anciens Evêchés de Bre
tagne, Saint-Brieuc, 1855-1879, 6 vol. in-8°, t. III, Prolégomènes. Culture et
Forêts, p. iv-ccxxvi.
H. Sée. Les classes rurales en Bretagne du XVIe siècle à la Révolution,
Paris, 1906, 1 vol. in-8<>, p. 396-399.
C. Vallaux. La Basse-Bretagne, Paris, 1905, 1 vol. in-8°, p. 94-98.
H. Sée et A. Lesort. Cahiers de doléances de la Sénéchaussée de Rennes,
Rennes, 1909-1912, 4 vol. in-8°, 1. 1« p. xvm; t. II, p. 741 et 744; t. III, p. 622,
673, 692 et 708.
A. Bertin et L. Maupillé. Notice historique et statistique sur la baronnie,
la ville et l'arrondissement de Fougères, Rennes, 18i6, 1 vol. in-8°, p. 384.
Les forêts.
F. Bellamy. La forêt de Bréchéliant, Rennes, 1896, 2 vol. in-8°.
H. bu Halgouët (Vte). Essai sur le Porhoiit : Le Comté. Sa capitale. Ses
Seigneurs, Paris, 1906, 1 vol. in-8°. — Porhoët : Pontrecoët, Pagus trans
sylvam. Carte de la région forestière centrale de lai Bretagne. FORÊTS ROYALES EN BRETAGNE. lt LES
d'importantes superficies forestières (*). Les unes et les autres
ont joué un rôle considérable dans la vie économique et quel
quefois même dans la vie politique de la province (2).
Laissant de côté les forêts de la seconde catégorie, nous
nous bornerons à l'étude de celles de la première. Nous avons
pour cela à notre disposition deux sortes de documents.
-1. Un Procès-verbal d'arpentage des forêts de Bretagne
dressé par le Grand-Maître des Eaux et Forêts de ce départe
ment d'après un arrêt du Conseil du 31 mai 1729, en date du
7 septembre 1729. conservé aux Archives nationales (3).
2. Une collection de registres de date postérieure conservés
aux Archives départementales dans la série G. Intendance.
2e Supplément (non inventorié). Nous en utiliserons cinq :
a) Un Etat des forêts du Roi en Bretagne, 1 registre in-folio
de 334 folios, datant de 1785.
b) Un Aménagement des forêts de Bretagne, 1 registre in
folio non folioté, datant de 1787-1788.
c) Un des bois de la Maîtrise de Rennes et
de la Gruerie de Bosquen de la même date, 1 registre in-folio
de 309 folios.
(1) L'Almanach de Bretagne de 1753 (Rennes, Vatar, éd.) donne une lisle
des principales forêts royales et seigneuriales de la province. Parmi ces
dernières il cite la forêt de Vitré, appartenant au duc de la Trémoille;
celle de Châteaubriant, à « S. A. M. le Duc »; celle de Montauban et de Houdon, à « M. le Prince de iGuéméné »; de Quintin, au duc
de Lorge; celles des Salles, de Loudéac, de Blain et de la, Nouée, au prince
de Léon; celles de la Guerche et de Mâcheeoul, au duc de Villeroy; de la
Hunaudaye, au comte de Rieux; de la Roche-Bernard, au président de
Cucé. Cf. Manet (Abbé), loc. cit. Les forêts appartenant au clergé régulier
ou séculier ne sont pas mentionnées dans l'almanach. Pour en dresser l'état,
il faudrait faire des recherches dans les pouillcs et cartulaires des évêchés
et abbayes.
(2) Principaux usages : bois de construction et, en particulier, bois pour
la marine royale et la marine de commerce, bois de chauffage domestique,
bois de chauffage pour les forges, charbon de bois, sabots. Au point de vue
politique, l'histoire de la chouannerie s'explique par la géographie fores
tière de la Bretagne.
(3) Archives Nat., série G3. Administration des Eaux et Forêts, 10. Cf.
H. du Halgouët, Répertoire Sommaire des Documents manuscrits de VHis-
toire de Bretagne antérieurs à 1789 conservés dans les dépôts publics de
Paris, t. Ier, Bibl. Nat. et Archives Natt, Saint-Brieuc, 1914, 1 vol. in-4<»,
p. 198. 12 LES FORÊTS ROYALES EN BRETAGNE.
d) Un Aménagement des bois de la Maîtrise de Cornouailles
et de la Gruerie de Quimperlé de la même date, 1 registre
in-folio, de 163 folios.
e) Un registre de Plans de,s forêts royales de Bretagne, in
folio. de même date'1'.
En combinant ces différentes sources, on arrive à se faire
une idée approximativement exacte du domaine royal forestier
en Bretagne.
A la tête de ce domaine est placé un « officier » qui porte le
titre de Grand-Maître, Grand-Veneur et Enquêteur et Général
des Eaux et Forêts de France au département de Bretagne <2).
Ses gages et traitements sont en 1788 de 6.590 livres 15 sols
6 deniers. Nous ignorons le prix d'achat de sa charge. En
1729, le Grand-Maître des Eaux et Forêts de Bretagne était
François de la Pierre, baron de la Forest, Kerbrevest et Sebre-
vest, seigneur de Saint-Nouan-Kermenenen et autres lieux <3).
En 1788, la charge est occupée par Thomas-Louis de Gouè'dic,
seigneur de Kergraler, reçu au Parlement de Bretagne le
2 juillet 1784 en remplacement de. son neveu Pierre-Jean-
Gabriel de la Pierre de Saint-Nouant, mort le 24 septembre
1783 (l'intérim de dix mois ayant été fait par le maître-parti
culier de Rennes) <4).
En outre, en 1785, l'état des forêts royales en Bretagne
laissant, comme on le verra, particulièrement à désirer, un
commissaire extraordinaire, le comte d'Essuile, par ordre du
Contrôleur général des Finances de Galonné, avait procédé à
une enquête spéciale à laquelle nous devons les documents
conservés à Rennes et ci-dessus indiqués (&).
(1) Archives dép. d'Ille-et-Vilaine, série C. Intendance. 2e Supplément
(non inventorié).
(2) Sur cette charge, cf. Archives dép. d'Ille-et- Vilaine, série C, 1er Registre,
fos 43--J7. Des Grands-Maîtres des Eaux et Forêts en Bretagne. Elle était
d'origine féodale et datait de l'époque de l'indépendance : le Grand-Maître
royal est l'héritier et le successeur du Grand-Veneur ducal. Cf. Pol Polier
de Courcy, Nobiliaire-armorial de Courcy, Rennes, 1890, 3 vol. in-i°, t. III,
p. 314 et sqq. Grands Officiers du duché de Bretagne.
(3) Archives Nat., G» 10.
(4)dép. d'Ille-et-Vilainc, série C, registre n° 3, f° 47.
(5) kl, t° 1. FORÊTS ROYALES EN BRETAGNE. 13 LES
La Maîtrise-Générale des Eaux et Forêts de Bretagne se
subdivisait à son tour en neuf circonscriptioss forestières.
Sept portaient le nom de « maîtrjses-particulières », deux
moins importantes, celui de « grueries ».
Les sept maîtrises-particulières étaient celles de Rennes, Fou
gères, Bàzouges-Villecartier, Carhaix-Cornouailles, Vannes,
du Gâvre et de Nantes. Les deux grueries étaient celles de
Bosquen rattachée à la maîtrise-particulière de Rennes, et
celle de Quimperlé rattachée à la maîtrise de Cornouailles W.
Chaque maîtrise a à sa tête un maître-particulier assisté
d'un procureur du Roi, d'un greffier, d'un garde-marteau, de
sergents ou gardes forestiers, et parfois d'un arpenteur; dans