Les grands sanctuaires «ruraux» d'Aquitaine et le culte impérial - article ; n°1 ; vol.104, pg 41-76

Tassaux Francis, Myriam Fincker

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1992 - Volume 104 - Numéro 1 - Pages 41-76
Myriam Fincker et Francis Tassaux, Les grands sanctuaires «ruraux» d'Aquitaine et le culte impérial, p. 41-76.
La province romaine d'Aquitaine compte un nombre important de grands sanctuaires situés hors des capitales de civitates, avec une forte concentration en Aquitaine septentrionale. Ces sanctuaires se composent généralement d'une enceinte cultuelle, enfermant un ou plusieurs temples, presque toujours de tradition celtique, de bâtiments annexes (thermes ou basilique) et d'un théâtre dont la principale caractéristique est le remplacement du bâtiment de scène par une simple tribune. La remarquable recherche architecturale que l'on rencontre souvent dans ces complexes monumentaux peut s'expliquer autant par un «esprit de fanum» que par l'évergétisme de «seigneurs» de pagi. Surtout, la documentation épigraphique montre que ces sanctuaires sont étroitement liés au
(v. au verso) culte impérial et que ce culte a une large assise populaire. L'enceinte cultuelle et le théâtre apparaissent alors comme les deux éléments d'un binôme, l'architecture de ce dernier monument étant spécialement conçue pour les cérémonies du culte dynastique.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_DE_L-ECOLE_FRANCAISE_DE_ROME
• Publié le: 01 janvier 1992
• Nombre de lectures: 56
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Myriam Fincker
Francis Tassaux
Les grands sanctuaires «ruraux» d'Aquitaine et le culte impérial
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 104, N°1. 1992. pp. 41-76.
Résumé
Myriam Fincker et Francis Tassaux, Les grands sanctuaires «ruraux» d'Aquitaine et le culte impérial, p. 41-76.
La province romaine d'Aquitaine compte un nombre important de grands sanctuaires situés hors des capitales de civitates, avec
une forte concentration en Aquitaine septentrionale. Ces sanctuaires se composent généralement d'une enceinte cultuelle,
enfermant un ou plusieurs temples, presque toujours de tradition celtique, de bâtiments annexes (thermes ou basilique) et d'un
théâtre dont la principale caractéristique est le remplacement du bâtiment de scène par une simple tribune. La remarquable
recherche architecturale que l'on rencontre souvent dans ces complexes monumentaux peut s'expliquer autant par un «esprit de
fanum» que par l'évergétisme de «seigneurs» de pagi. Surtout, la documentation épigraphique montre que ces sanctuaires sont
étroitement liés au
(v. au verso) culte impérial et que ce culte a une large assise populaire. L'enceinte cultuelle et le théâtre apparaissent alors
comme les deux éléments d'un binôme, l'architecture de ce dernier monument étant spécialement conçue pour les cérémonies
du culte dynastique.
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Fincker Myriam, Tassaux Francis. Les grands sanctuaires «ruraux» d'Aquitaine et le culte impérial. In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Antiquité T. 104, N°1. 1992. pp. 41-76.
doi : 10.3406/mefr.1992.1746
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1992_num_104_1_1746FINCKER ET FRANCIS TASSAUX MYRIAM
LES GRANDS SANCTUAIRES «RURAUX» D'AQUITAINE
ET LE CULTE IMPÉRIAL
«Je ne serais cependant point étonné si les scènes de
la Gaule avaient souvent donné asile à des pièces religieu
ses, analogues à nos anciens mystères ou à ces pastorales
si populaires dans notre Midi provençal ou basque».
C. Jullian, Hist, de la Gaule, VI, p. 157.
L'architecture religieuse de l'Aquitaine est aujourd'hui souvent mal
connue ou oubliée, mis à part quatre ou cinq sites majeurs du Poitou et
du Berry (comme Sanxay, Vendeuvre ou Argenton). Nous voudrions dans
cette étude rouvrir le dossier des grands sanctuaires «ruraux» de cette
province, en essayant d'interpréter ces complexes monumentaux à la
lumière de l'épigraphie et d'une nouvelle lecture architecturale.
I - Les caractères des grands sanctuaires «ruraux» aquitains (fig. 1)
Le mot sanctuaire peut d'abord être pris dans son sens le plus large,
qui est en même temps son sens premier, c'est-à-dire, tout lieu consacré
au divin : tout temple ou fanum est un sanctuaire, comme peuvent l'être
des lieux dépourvus de toute construction, ainsi la source de Chamaliéres
ou certaines grottes des Gabales. Parmi la multiplicité des lieux de culte,
nous avons retenu, sous l'appellation de «grands sanctuaires», les sites
comportant soit un grand temple, soit un complexe architectural asso
ciant un ou plusieurs temples à d'autres monuments (thermes ou théâtres
généralement). Les lieux de culte privés sont donc exclus de cette étude.
Deuxième remarque, l'expression «sanctuaire rural» peut être équi
voque et comprise dans un sens étroit de sanctuaire de paysans, vision
trop limitative, comme nous le verrons, à la fois par la situation de ces
constructions religieuses et par l'origine sociale des fidèles qui les fré
quentent.
MEFRA - 104 - 1992 - 1, p. 41-76. 42 MYRIAM FINCKER ET FRANCIS TASSAUX
Enfin, l'Aquitaine est entendue ici dans ses limites augustéennes, de
la Loire aux Pyrénées.
A - Les grands sanctuaires dans la géographie religieuse de l'Aquitaine.
En commençant cette étude, nous avions nourri l'illusion de dresser
d'abord une carte d'ensemble des sanctuaires aquitains, à partir de la
totalité des sources archéologiques, épigraphiques et iconographiques;
cette ambition s'est révélée rapidement prématurée dans l'état actuel des
publications et leur éparpillement.
30 - VILLETOUREIX (Dordogne) 1 - LE-PUY-DE-DÔME (Puy-de-Dôme)
2 - VICHY (Allier) 31 - ANTIGNY, Le Gué de Sciaux
3 - CHAUDES-AIGUES (Cantal) ne)
32 - AULNAY, AUNEDONNACUM 4 - LE MONT DORE
5 - ROYAT (Puy-de-Dôme) rente-Maritime)
33 - NAINTRÉ (Vienne) 6 - AURILLAC (Cantal)
7 - GERGOVIE 34 - NIORT, NOVIORITUM (Deux-Sèvres)
35 - SAINT- JE AN-DE-SAUVES, Les 8 - MARCHASTEL (Lozère)
9 - SAINT-MARCEL, ARGENTOMAGUS meaux (Vienne)
36 - VENDEUVRE-DU-POITOU, (Indre)
Les Tours Mirandes (Vienne) 10 - BAUGY, Alléan (Cher)
11 - LEVROUX, Les arènes, vicus LE- 37 - ANTRAN (Vienne)
38 - CIVAUX (Vienne) BROSUM (Indre)
12 - NERIS, AQUAE NERI, ou NERIOMA- 39 - FAYE-L'ABBESSE, Les Crânières
GUS (Allier) (Deux-Sèvres)
40 - MIREBEAU (Vienne) 13 - VENDŒUVRES-EN-BRENNE
41 - MONTREUIL-BELLAY, Meron dre)
14 - BOURBON-L'ARCHAMBAULT, ne-et-Loire)
42 - POUZAUGE (Vendée) AQUIS BORMONIS (Allier)
43 - SAINT-GERVAIS (Vendée) 15 - CHAMPILLET (Indre)
44 - SAINT-LEOMER, Masamas (Vienne) 16 - CLION, CLAUDIOMAGUS (Indre)
17 - DREVANT (Cher) 45 - SANXAY (Vienne)
46 - LUXÉ, La Grande Terne (Charente) 18 - DUN-SUR-AURON, La Touratte,
47 - TALMONT/BARZAN (Cher)
19 - NEUVY-SUR-BARANGEON, Villate ritime)
48 - SAINT-CYBARDEAUX, (Cher)
20 - THAUMIERS, La Garenne (Cher) Les Bouchauds (Charente)
49 - SAINT-GEORGES-DU-BOIS 21 - UZAY-LE-VENON, Les Fonds Clai-
rins (Cher) te-Maritime)
50 - THÉNAC (Charente-Maritime) 22 - CHASSENON, CASSINOMAGUS
51 - SAINT-GERMAIN-D'ESTEUIL, (Charente)
23 - NAVES, Tintignac (Corrèze) Brion, NOVIOMAGUS? (Gironde)
24 - ÉVAUX-LES-BAINS, vicus EVAU- 52 - EYSSES, EXCISUM (Lot-et-Garonne)
53 - MÉZIN (Lot-et-Garonne) NENSIS (Creuse)
54 - SALLES-LA-SOURCE, Cadayrac 25 - MARGERIDES (Corrèze)
26 - PRADINES, Les Jaillants (Corrèze) (Aveyron)
27 - SAINT-GOUSSAUD, Puy-de-Jouer/- 55 - BAGNÈRES-DE-BIGORRE, vicus
Mont- Jouer (Creuse) AQUENSIS (Hautes-Pyrénées)
28 - SAINT-MERD-LES-OUSSINES, 56 - CAUTERETS
57 - BAGNÈRES-DE-LUCHON, AQUAE teau des Cars (Corrèze)
29 - SAINT-PIERRE-BELLEVUE, Puy- ONESIORUM (Haute-Garonne)
Lautard (Creuse) SANCTUAIRES «RURAUX» D'AQUITAINE ET CULTE IMPÉRIAL 43
complexe avec théâtre Grand temple sans enceinte cultuelle
amphithéâtre station thermale
Fig. 1 - Principaux sanctuaires d'Aquitaine. MYRIAM FINCKER ET FRANCIS TASSAUX 44
En effet, il n'existe aucune synthèse sur l'histoire religieuse de l'Aqui
taine 1, si ce n'est un rapide tableau brossé par R. Etienne, destiné à un
large public2 et un petit nombre d'études régionales, d'importance très
inégale, consacrées à une civitas ou à une portion de civitas 3. Or, l'archéo
logie des sanctuaires d'Aquitaine s'est sensiblement renouvelée depuis la
1 On trouvera seulement quelques passages suggestifs dans C. Jullian, Histoire
de la Gaule, VI, La civilisation gallo-romaine, Paris, 1920 (dans les chapitres consa
crés à la religion des Gallo-romains p. 4-103, et aux cités d'Aquitaine, p. 365-407).
Sur les différents monuments des sanctuaires, l'ouvrage de référence reste A. Gre
nier, Manuel d'archéologie gallo-romaine, 3e partie L'architecture, 1, 1958, p. 424-457
(temples) et p. 524-528 (basiliques); 2, Paris, 1958, p. 849-871 et 910-943 (théâtres);
4e partie Les monuments des eaux, 1, 1960, p. 276-277 (thermes); 2, Paris,
1960, p. 411-443 (villes d'eaux) et p. 538-605 (sanctuaires).
2 R. Etienne, Apprentissages et épanouissements de la romanisation, dans Histoi
re de l'Aquitaine, sous la dir. de Ch.-M. Higounet, Toulouse, 1971, p. 88-94. Depuis,
une série d'ouvrages divulgatifs de qualité sont venus compléter cette vision : His
toire de la Charente, de la Charente-Maritime, des Landes, du Périgord, de la Ven
dée, consacrant chacun quelques pages aux phénomènes religieux.
3 Santons : L. Maurin, Saintes antiques, Saintes, 1978, p. 235-249, concernant à
la fois la ville et les campagnes; voir aussi le chapitre intitulé Routes, agglomérat
ions, sanctuaires, p. 299-324. Gabales : D. Fabrié, Lieux de culte et divinités gallo-
romaines en Lozère, dans Études languedociennes, (Actes du 110e congrès national
des sociétés savantes), Montpellier, 1985, p. 255-270; cf. aussi