Les jeux dans les premiers livres des Antiquités romaines - article ; n°1 ; vol.101, pg 229-242
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1989 - Volume 101 - Numéro 1 - Pages 229-242
Jean-Paul Thuillier, Les jeux dans les premiers livres des Antiquités romaines, p. 229-242. Pour la question des jeux romains, Denys est une source précieuse, parce que parfois unique. En dépit de sa volonté affichée de démontrer l'origine grecque de nombreux realia, et en dépit de son « antiétruschis-me», Denys livre plusieurs informations qui témoignent bien des influences étrusques sur les jeux romains : c'est ce que l'on peut constater pour la pompa circensis comme pour certaines compétitions elles-mêmes. Souvent décrié, présenté comme un rhéteur verbeux, Denys apparaît en certaines circonstances comme un auteur précis et digne de confiance, par exemple dans sa description du Circus Maximus (pour l'époque étrusque comme pour l'époque augustéenne).
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Paul Thuillier
Les jeux dans les premiers livres des Antiquités romaines
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 101, N°1. 1989. pp. 229-242.
Résumé
Jean-Paul Thuillier, Les jeux dans les premiers livres des Antiquités romaines, p. 229-242.
Pour la question des jeux romains, Denys est une source précieuse, parce que parfois unique. En dépit de sa volonté affichée de
démontrer l'origine grecque de nombreux realia, et en dépit de son « antiétruschis-me», Denys livre plusieurs informations qui
témoignent bien des influences étrusques sur les jeux romains : c'est ce que l'on peut constater pour la pompa circensis comme
pour certaines compétitions elles-mêmes. Souvent décrié, présenté comme un rhéteur verbeux, Denys apparaît en certaines
circonstances comme un auteur précis et digne de confiance, par exemple dans sa description du Circus Maximus (pour
l'époque étrusque comme pour l'époque augustéenne).
Citer ce document / Cite this document :
Thuillier Jean-Paul. Les jeux dans les premiers livres des Antiquités romaines. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome.
Antiquité T. 101, N°1. 1989. pp. 229-242.
doi : 10.3406/mefr.1989.1632
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1989_num_101_1_1632JEAN-PAUL THUILLIER
LES JEUX DANS LES PREMIERS LIVRES
DES ANTIQUITÉS ROMAINES
Denys d'Halicarnasse et les jeux romains : pour présenter cette ques
tion d'une façon un peu abrupte, on pourrait dire tout d'abord que l'hi
storien grec est une source essentielle pour la connaissance des ludi de la
Rome archaïque (mais cela est non moins vrai pour les jeux de l'Urbs
augustéenne, nous le verrons) ; et que d'autre part, la question des ludi est
d'une certaine façon, au cœur même de sa thèse principale, qui est l'origi
ne grecque du peuple romain. Que saurions-nous en effet de la pompa
circensis, qui est une des manifestations les plus marquantes de la société
romaine, si nous ne possédions pas la longue description qu'en donne
Denys à la fin du livre VII de ses Antiquités romaines l ? Les courts passa
ges d'Ovide et de Juvénal sur cette même cérémonie ne permettraient cer
tes pas de s'en faire une idée aussi précise, même si nos sources antiques
ne vont jamais assez loin, à notre gré2. Par ailleurs, la description détail
lée que fait Denys du Circus Maximus au livre III constitue notre seule
information sur l'édifice de l'époque augustéenne, et apparaît comme la
plus fiable de toutes les sources littéraires qui traitent de ce monument, à
l'époque impériale3.
Mais par ailleurs les ludi sont un des sujets les plus révélateurs de
l'idéologie de Denys d'Halicarnasse, c'est un des points sur lesquels nous
pouvons le mieux saisir ces positions bien mises en lumière par D. Mus-
ti4: Denys lui-même ne nous cache pas l'importance de cette "matière
dans la démonstration qu'il compte mener à travers toute son œuvre his
torique5. Après avoir rappelé dans le dernier chapitre du livre 1 sa thèse
1 Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines (= DH), 7, 72.
2 Juvénal, 10, 36; Ovide, Am., 3, 2, 5 sq. Voir aussi Tite-Live, 5, 4, 1; Pline
l'Ancien, HN, 34, 20; Dion Cassius, 59, 7; Macrobe, Sat., 1, 23, 13.
3 DH, 3, 68, 2-4.
4 D. Musti, Tendenze nella storiografia romana e greca su Roma arcaica, dans
Quaderni urbinati di cultura classica, 10, 1970, p. 86.
5 DH, 7, 70.
MEFRA - 101 - 1989 - 1, p. 229-242. 230 JEAN-PAUL THUILLIER
de l'origine grecque des Romains, Denys d'Halicarnasse ajoute qu'il a sur
cette question d'innombrables choses à nous apprendre, de nombreuses
preuves à présenter, ainsi que le témoignage d'excellents auteurs : mais,
dit-il - et c'est la fin même de ce long premier livre - il doit ajourner
provisoirement cette discussion, puisque le moment est venu pour lui de
raconter l'histoire de la période royale de Rome, et surtout de son gouver
nement6. Par bonheur, cette promesse sera tenue : il n'en est pas ici com
me de cette chronique annoncée des Étrusques, au chapitre 30 du livre 1
et que nous ne verrons jamais par la suite dans les Antiquités romaines7 :
il est vrai que ce sujet a pu être traité dans un livre séparé et malheureu
sement perdu. Cependant, il faut attendre longtemps l'arrivée des argu
ments annoncés à la fin du livre 1, puisque c'est seulement à la fin du
livre VII que Denys d'Halicarnasse va remplir sa promesse. Nous avons
d'ailleurs là un chapitre fort intéressant : pour prouver que les fonda
teurs de Rome étaient non point des barbares et des vagabonds, mais bien
au contraire des colons grecs venus de lieux célèbres, Denys estime que
les meilleurs témoignages sont fournis par les cérémonies religieuses,
étant donné le conservatisme qui règne de fait en ces matières8. Et Denys
va illustrer sa thèse en décrivant assez longuement les jeux votifs du dic
tateur Aulus Postumius, célébrés au début du Ve siècle, après la guerre
contre les Latins (il y a là la description, successivement, de la pompa, des
sacrifices et des compétitions proprement dites).
Et ce long passage va nous permettre de voir l'antiétruschisme de
Denys relevé justement par D. Musti dans les Quaderni urbinati di cultura
classica de 1970 : là où l'historien grec voit des usages, des coutumes grec
ques, nous ne pouvons que découvrir des des bien
étrusques au contraire. Ayant déjà traité de cette question dans un article
6 DH, 1, 90, 2 : «μυρία δ' εις τούτο λέγειν έχων και πολλοίς τεκμηρίοις χρήσθαι
δυνάμενος ανδρών τε μαρτυρίας φέρειν ούκ αξίων άπιστεΐσθαι, πάντα αναβάλλομαι
ταΰτα εις τον περί πης πολιτείας αυτών συγγραφησόμενον λόγον. νυνί δε έπί τήν
εξής διήγησιν τρέψομαι τήν ανακεφαλαίωσαν τών έν ταύτη δεδηλωμένων τη βίβλω
τής έχομένης γραφής ποιησάμενος αρχήν».
7 DH, 1, 30, 4 : «πόλεις δε αστινας ωκισαν οί Τυρρηνοί, και πολιτευμάτων ουστι-
νας κατεστήσαντο κόσμους, δύναμίν τε όπόσην έκτήσαντο και έργα ει τίνα μνήμης
άξια διεπράξαντο, τύχαις τε όποίαις έχρήσαντο, έν έτέρω δηλωθήσεται λόγω ».
καθ' 8έκάστην DH, 7, 70, πόλιν 3 : « έν περί αίς θεών πρώτα καί δαιμόνων κυριώτατα πατρίους πάντων σεβασμούς, είναι πείθομαι ταϋτα τα γινόμενα γαρ έπί
μήκιστον χρόνον δια φυλακής έχει 'Ελλάς τε καί βάρβαρος χώρα, καί ούθέν άξιοι
καινοτομεΐν είς αυτά ύπό δείματος κρατούμενη μηναμάτων δαιμονίων». LES JEUX DANS LES PREMIERS LIVRES DES « ANTIQUITÉS ROMAINES » 231
des MEFRA de 1975 9, je passe assez rapidement sur certains points pour
me contenter d'apporter quelques corrections ou ajouts. Sur la présence
de courses de triges dans ces ludi archaïques, les choses sont bien claires :
c'est seulement en Étrurie que nous voyons ces chars dans des compétit
ions - pensons par exemple à plusieurs reliefs archaïques de Chiusi10 -
et il s'agit là d'un trait incontestablement étrusque : l'existence du Triga-
rium au Champ-de-Mars est un autre témoignage de ce rôle joué par les
Étrusques dans le développement des jeux romains, à partir de la fin du
VIIe siècle11.
En ce qui concerne le fait que les athlètes romains du début du Ve
n'étaient pas complètement nus, mais portaient un pagne, je présenterais
peut-être les choses un peu différemment aujourd'hui. J'aurais en effet
tendance à penser que le refus de la nudité athlétique est un comporte
ment spécifiquement romain en l'occurrence : les Etrusques ont, quant à
eux, adopté cette coutume assez tôt, vers le milieu du VIe siècle et, si cette
proposition n'avait pas quelquechose de choquant, je serais assez tenté
d'affirmer que les Étrusques ont, dans les faits, connu la nudité athlét
ique en même temps que les Grecs - et peut-être même avant eux 12 ! Reste
que s'il faut absolument trouver des influences pour justifier ces prati
ques athlétiques, les Étrusques étaient bien mieux placés que les Grecs
pour transmettre aux Romains l'usage de porter un pagne : à la fin du
VIIe siècle et pendant toute la première moitié du VIe siècle, nous consta
tons en effet que sur les représentations, les athlètes étrusques sont habil
lés d'un pagne : or, c'est pendant cette période que les influences étrus
ques sur le cirque romain ont précisément dû s'exercer.
Je laisserai provisoirement de côté un autre point qui touche au pr
ogramme des compétitions hippiques et

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