Les mariages des ecclésiastiques députés à la Convention - article ; n°1 ; vol.262, pg 480-499
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Annales historiques de la Révolution française - Année 1985 - Volume 262 - Numéro 1 - Pages 480-499
THE MARRIAGES OF THE ECCLESIASTICAL DEPUTIES
The marriages of the ecclesiastical deputies to the Convention were revolutionary acts which provide insight to the revolutionary status of women. Responding to the sweet sentiments of nature, some of these priest-deputies married poor citoyennes, rich in republican virtues. But the dowry, still considered necessary, revealed that the revolutionary bourgeoisie did not rule out advantageous matchmaking. In the marriage announcements the wives were not identified as individuals but through the male members of their families. The revolutionary « domestic virtues of a household » elevated wives as companions but in a male-dominated household.
Ruth GRAHAM.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ruth Graham
Les mariages des ecclésiastiques députés à la Convention
In: Annales historiques de la Révolution française. N°262, 1985. pp. 480-499.
Abstract
THE MARRIAGES OF THE ECCLESIASTICAL DEPUTIES
The marriages of the ecclesiastical deputies to the Convention were revolutionary acts which provide insight to the revolutionary
status of women. Responding to the sweet sentiments of nature, some of these priest-deputies married poor citoyennes, rich in
republican virtues. But the dowry, still considered necessary, revealed that the revolutionary bourgeoisie did not rule out
advantageous matchmaking. In the marriage announcements the wives were not identified as individuals but through the male
members of their families. The revolutionary « domestic virtues of a household » elevated wives as companions but in a male-
dominated household.
Ruth GRAHAM.
Citer ce document / Cite this document :
Graham Ruth. Les mariages des ecclésiastiques députés à la Convention. In: Annales historiques de la Révolution française.
N°262, 1985. pp. 480-499.
doi : 10.3406/ahrf.1985.1132
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1985_num_262_1_1132LES MARIAGES DES ECCLÉSIASTIQUES
DÉPUTÉS A LA CONVENTION
Sur la cinquantaine d'ecclésiastiques que comptait la
Convention nationale, douze, probablement demeurèrent prêtres et
ne se marièrent pas (1). En ce qui concerne les abdicataires, nous
possédons des renseignements sur les mariages de vingt-six d'entre
eux. On peut obtenir un aperçu de ce que furent ces unions d'après
les déclarations de cinq prêtres montagnards qui se marièrent en 1792
et 1793 et qui souhaitaient donner l'exemple au clergé républicain de
France.
Un petit nombre seulement de membres du clergé se marièrent
pendant la Révolution, même parmi les déprêtrisés, alors qu'une loi
de brumaire an II (novembre 1793) exemptait de la prison et de la
déportation les prêtres mariés. On a vu dans le mariage des prêtres
le phénomène le plus radical de la déchristianisation (2). Les archives
du Cardinal Caprara, légat du pape, conservent les pétitions de
3.715 prêtres mariés qui, par la suite, implorèrent l'absolution
pontificale. Si nous ajoutons à ce chiffre un nombre approximatif de
(1) J'entends par ecclésiastique député à la Convention national un prêtre qui
était prêtre catholique au début de la Révolution ; l'incertitude où nous sommes
concernant ceux qui ont abdiqué entre 1789 et septembre 1792 est accablante. Aulard,
dans son Histoire politique de la Révolution française, éd. de 1926, p. 321, n° 3, donne
une liste de députés ecclésiastiques catholiques à la Convention : 16 évêques
constitutionnels, 10 vicaires épiscopaux et 27 prêtres ou religieux - S3 au total ; mais
il n'y inclue pas A. Lémane, de Porrentruy, alors annexé. Un compte exact est
impossible pour une autre raison : il est difficile de savoir si certains députés avaient
été prêtres en 1789 ou s'ils n'avaient reçu que les ordres mineurs (Fouché, par exemple,
qui n'est pas compris dans cette liste). Il n'est pas sûr également que certains fussent
encore prêtres en 1789. Les députés qui étaient restés prêtres étaient Y.-M. Audrein,
I. Caseneuve, C. Fauchet, H.-B. Grégoire, L.-F. Lalande (il avait abdiqué en l'an II
mais rétracta toutes ses « erreurs » à la satisfaction de Rome, avant sa mort en 1805),
F. Marbos (peut-être), S.-E. Monnel, J.-B. Royer, B.-J.-B. Sanadon, J.-B.-P.
Saurine, P.-C.-A. Séguin, A.-H. Wandelaincourt, et A.-F. Andréi (peut-être).
(2) C. Langlois et T.-J.-A. Le Goff, « Les vaincus de la Révolution. Jalons pour
une sociologie des prêtres mariés ». Voies nouvelles pour l'histoire de la Révolution
française, Paris, 1978, p. 285. LES MARIAGES DES ECCLÉSIASTIQUES 481
prêtres mariés et impénitents sous la Terreur, nous arrivons alors à
moins de 6.000 mariages de prêtres, chiffre peu élevé par rapport au
nombre de 130.000 ecclésiastiques existant à la veille de la Révol
ution, et plus un faible pourcentage des 20.000 prêtres qui avaient
abdiqué (3).
Ces mêmes archives fournissent quelques indications sur les
épouses de ces prêtres, d'après les pétitions qu'elles contiennent. Il
n'était pas nécessaire d'y faire figurer le nom de la femme et les
circonstances du mariage. Il ressort des études récentes concernant
ces archives que beaucoup de prêtres épousèrent des proches parentes
ou bien leurs domestiques — choix dû à l'obligation de se marier
rapidement ou peut-être à la difficulté des prêtres à trouver
femme — . Un nombre relativement faible de religieuses mariées
sollicitèrent à leur tour l'absolution pontificale. Ce fait, et le
pourcentage élevé, comparativement, de celles qui épousèrent des
ex-prêtres témoigne de leur isolement dans la société (4).
Sous la Terreur, les prêtres qui présentaient leurs femmes aux
Sociétés populaires parlaient de leur mariage comme voulu par la
nature et affirmaient qu'ils épousaient de pauvres citoyennes, riches
(3) M. Vovelle, Religion et Révolution. La déchristianisation de l'an II, Paris,
1976, pp. 110, 112 compte de 4.500 à 5.000 prêtres mariés ; Langlois & Le Goff, op.
cit., p. 298, n. 73 en comptent 6.000 sans compter les religieuses. Voir aussi
M. Reinhard, « Recherches sur les prêtres abdicataires. Questions de méthode ».
Actes du 89e congrès national des Sociétés savantes, Lyon, 1964, Paris, 1964, t. I,
p. 224 et B. Plongeron « Les prêtres abdicataires parisiens », Ibid., p. 61 ; et égale
ment S. Bianchi, Les curés rouges dans la Révolution française, A.H.R.F., 1982,
n° 3, p. 379. Les évaluations contemporaines du nombre des mariages de prêtres
diffèrent beaucoup. H.-B. Grégoire, dans son Histoire du mariage des prêtres en
France, Paris, 1826, p. 138, prétend qu'il n'y avait que 2.000 prêtres mariés,
minimisant ainsi le « scandale » du mariage des prêtres. Le légat du pape exagérait en
évaluant à 12.000 (15.000 ?) le nombre de ces prêtres ; voir Vovelle, op. cit., p. 108 ;
Langlois & Le Goff, op. cit., p. 282.
(4) Vovelle, op. cit., pp. 114, 126-127 ; Langlois & Le Goff, op. cit., pp. 288,
302, montrent que seulement 410, c'est-à-dire 32 % des religieuses dont on trouve les
pétitions dans les archives Caprara s'étaient mariées, en comparaison de 62 % de
religieux ; 21,9 °/o de ces religieuses épousèrent d'anciens prêtres, mais seulement
1,8 % du clergé séculier et 4,3 % du clergé régulier épousèrent d'anciennes religieuses.
Pour les archives Caprara, voir Archives nationales (ci-dessous AN) AF IV 1895-1916
et J. Charon- Bordas, Inventaire des archives de la légation en France du cardinal
Caprara (1801-1808), Paris, 1975 et son Répertoire des pétitions ecclésiastiques
classées par ordre alphabétique. Je tiens à remercier M. Langlois et Mme Charon-
Bordas de m'avoir assistée dans mes recherches concernant ces archives. 482 RUTH GRAHAM
en vertus républicaines (5). Se marier pour ces vertus, c'était agir en
révolutionnaire. La loi du 20 septembre 1792 sur le mariage civil
avait supprimé certains empêchements et accordé le droit au
divorce ; d'autres lois révolutionnaires avaient aboli la
primogeniture des enfants mâles et accordé aux enfants des deux
sexes une part égale d'héritage (6). Ces lois tendaient à établir les
principes de liberté et d'égalité au sein de la famille ; bien entendu,
elles n'excluaient pas les mariages d'intérêt. Ces annonces de mariage
des ex-prêtres étaient l'expression la plus complète des principes de
liberté et d'égalité.
Mais, comme nous savons si peu de choses sur les femmes de ces
prêtres, j'ai limité mon étude à celles des ecclésiastiques membres de
la Convention. Sur ces mariages eux-mêmes, les renseignements sont
rares. Néanmoins, il est ici possible à l'historien de glaner quelques
indications. Etant donné que ces mariages constituent des phénomèn
es absolument nouveaux, on peut en tirer quelques conclusions en
ce qui concerne les mariages révolutionnaires en général, et le statut
de la femme pendant la R

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