Les missions des lazaristes en Haute-Bretagne au XVIIe siècle - article ; n°1 ; vol.89, pg 15-38
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Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 1982 - Volume 89 - Numéro 1 - Pages 15-38
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Publié le 01 janvier 1982
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Langue Français
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François Lebrun
Les missions des lazaristes en Haute-Bretagne au XVIIe siècle
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 89, numéro 1, 1982. pp. 15-38.
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Lebrun François. Les missions des lazaristes en Haute-Bretagne au XVIIe siècle. In: Annales de Bretagne et des pays de
l'Ouest. Tome 89, numéro 1, 1982. pp. 15-38.
doi : 10.3406/abpo.1982.3072
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1982_num_89_1_3072LES MISSIONS DES LAZARISTES
EN HAUTE-BRETAGNE
AU XVIIe SIÈCLE
par François LEBRUN
Dans une récente histoire du diocèse de Rennes, Michel Lagrée écrit
à propos des missions intérieures en Bretagne au XVII* siècle : « Par
la richesse des sources, la célébrité des missionnaires, la Basse-Bretagne
a quelque peu oblitéré en la matière le reste de la province. Mal connues,
les missions de Haute-Bretagne ne semblent pas avoir été moins nomb
reuses » (1). De son côté, Alain Croix, après rappelé les prédi
cations de Michel Le Nobletz et de Julien Maunoir en Basse-Bretagne
bretonnante, écrit : « Aucun des efforts recensés en pays gallo n'a, à
beaucoup près, l'ampleur de ceux de Le Nobletz et surtout Maunoir (...)•
Les missions, de plus, semblent (y) commencer plus tard » (2). En témoi
gne d'ailleurs la carte, dressée par l'auteur, des « missions en Bretagne
au milieu du XVIIe siècle », où l'opposition entre les deux parties de
la province est éclatante. Or, un heureux hasard permet aujourd'hui de
sortir de l'ombre l'activité missionnaire en Haute-Bretagne au XVII*
siècle, justifiant par là-même la prudence d'Alain Croix et surtout de
Michel Lagrée. Les missions y étaient jusqu'ici mal connues et mal
recensées, mais on a maintenant la preuve qu'elles y ont été aussi nomb
reuses — sans doute plus tardives — qu'en Basse-Bretagne.
Le livre, récemment retrouvé, des missions prêchées par les lazaristes
de Saint-Méen depuis leur arrivée en 1645 jusqu'en 1700, se présente
sous la forme d'un grand cahier de 39 folios, sans couverture, se terminant
de façon abrupte au bas du verso du dernier folio : tout permet de penser
que la dernière partie du cahier (qui allait jusqu'à quelle date ? on ne
peut le savoir) s'est débrochée et égarée (3). Du moins, tel quel, ce
(1) Histoire du diocèse de Rennes, sous la direction de Jean Delumeau, Paris,
1979, p. 140.
(2) Alain Croix, La Bretagne aux XVIe et XVIIe siècles. La vie, la mort, la foi,
Paris, 1981, tome II, p. 1212 ; carte, p. 1213.
(3) Ce cahier est actuellement conservé aux Archives diocésaines de Rennes.
Je remercie très vivement mon ami Michel Lagrée de m'avoir signalé son existence
et l'abbé Bunouf, archiviste diocésain, de m'en avoir permis l'exploitation. Il a été
retrouvé, tout à fait par hasard, en 1980 par l'abbé Bunouf au presbytère de Redon.
Qu'il se soit trouvé là s'explique peut-être par le fait qu'au début du XXe siècle,
des prêtres du petit séminaire existant alors à Saint-Méen ont été envoyés au
collège Saint-Sauveur de Redon. 16 ANNALES DE BRETAGNE
précieux document comble-t-il, de façon inespérée, un vide archivistique
deviné et déploré par les historiens. En effet, il fournit pour chacune
des 162 missions prêchées à travers le diocèse de Saint-Malo et les
diocèses voisins dans la seconde moitié du XVIIe siècle, un compte-rendu
de longueur variable : deux ou trois lignes seulement jusqu'en 1656, huit
ou dix jusqu'en 1660, une demi-page au moins (soit une quinzaine de
lignes), souvent davantage, à partir de cette date. Ces comptes-rendus
répondent de façon plus ou moins étendue aux consignes recopiées en
tête du livre : « Circonstances qu'il faut marquer sur ce livre au retour
de chaque mission selon les avis envoyés à toutes nos maisons par feu
Mons. Vincent mort en 1660 (4) : 1 - Le lieu et diocèse de chaque
mission. 2 - Le mois de l'année qu'elle s'est faite. 3 - Combien ledit
lieu esï distant de la ville où une maison est établie. 4 - il y
avait de communiants. 5 - Combien d'ouvriers et qui en avait la direction.
6 - Combien elle a duré de temps à faire. 7 - Si elle a bien ou mal réussi
et pourquoi. 9 (sic) - Si la Charité y est établie. 10 - S'il y a des hérétiques,
et autres circonstances considérables » (5).
La fondation de la maison de Saint-Méen est une de celles qui a
donné le plus de soucis à M. Vincent. J'en rappelerai très brièvement ce
que Michel Lagrée appelle les « épisodes héroï-comiques » (6). En 1645,
l'évêque de Saint-Malo, Achille de Harlay de Sancy, qui est en même
temps abbé commendataire de l'antique abbaye bénédictine de Saint-
Méen (7), à douze lieues de sa ville épiscopale, mais au centre de son
diocèse, décide d'établir dans les locaux abbatiaux le séminaire diocésain.
Le 14 juillet de la même année, il signe avec M. Vincent un contrat aux
termes duquel il confie aux prêtres de la Congrégation de la Mission
la direction de ce séminaire, leur assurant à cet effet, outre une rente
annuelle de 500 livres sur les décimes, les revenus provenant de la mense
conventuelle de l'abbaye. De son côté, M. Vincent s'engage à envoyer
cinq prêtres à Saint-Méen, trois pour la direction du séminaire, deux
pour donner des missions dans le diocèse (8). De fait, dès le mois d'août
ce (4)qui Cette explique mention l'extrême prouve brièveté que le livre des premiers a été tenu comptes à partir rendus de 1660 et leur au plus relative tôt,
imprécision : ils ont été rédigés d'après les souvenirs des missionnaires. Par ail
leurs, l'écriture prouve qu'il s'agit d'un même rédacteur depuis le début du livre
jusqu'en 1675. Sans doute s'agit-il de Louis Serre, supérieur de Saint-Méen de
1655 à 1675. Toutefois, à partir de 1661, les comptes rendus sont écrits, à l'évidence,
au retour de chaque mission. Il en sera ainsi jusqu'en 1700. Dans cette première
citation, comme dans toutes les suivantes, j'ai modernisé ponctuation et orthographe
les rares fois où cela m'a paru nécessaire (notamment les formes verbales oit).
(5) Sur les missions des lazaristes en France au XVIIe siècle, cf. l'article déjà
ancien de G. Chalumeau, « Saint Vincent de Paul et les missions en France », dans
Dix-Septième siècle, n° 41, 1958, p. 317-327 (numéro spécial sur « Missions catho
liques à l'intérieur de la France pendant le XVIIe siècle ») et surtout la récente
et importante contribution de Jean Delumeau, « Missions de l'intérieur au XVII6
siècle », consacrée aux lazaristes, dans Un chemin d'histoire. Chrétienté et chris-
tianisation, Paris, 1981, p. 154-187.
(6) Histoire du diocèse de Rennes, p. 134. Sur toute cette affaire, cf. A. Guillotin
de Corson, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes, Rennes-Paris, 1882, tome III,
p. 472-474, et surtout Pierre Coste, Le grand saint du grand siècle. Monsieur Vincent,
Paris, 1932, tome I, p. 133-144, ainsi que diverses pièces dans Saint Vincent de Paul,
Correspondance. Entretiens. Documents, éd. publiée par P. Coste, Paris, 1921-1925.
(7) Aujourd'hui Saint-Méen-le-Grand, chef-lieu de canton du département d'Ule-
et-Vilaine.
(8) En 1686, ces chiffres seront doublés : 6 prêtres pour la direction du séminaire,
4 pour les missions (d'après A. Guillotin de Corsqn, op. cit., p. 473). ANNALES DE BRETAGNE 17
1645, cinq prêtres sous la conduite de M. Bourdet, leur supérieur,
arrivent sur place où les deux seuls moines qui vivaient encore dans
l'abbaye, acceptent de céder les lieux pour s'installer à proximité. Mais
dans les mois qui suivent, les bénédictins de Bretagne s'émeuvent de
ce que l'une de leurs abbayes les plus célèbres leur soit enlevée de par
la seule volonté d'un évêque. Ils se tournent vers le parlement de Rennes
qui leur donne raison. Malgré un arrêt du Conseil du 22 juin 1646,
favorable à l'évêque de Saint-Malo, le commissaire du parlement et le
substitut du procureur général font expulser les lazar

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