Les officiers du Génie et le dessin de villes en Algérie (1830-1870) - article ; n°1 ; vol.73, pg 229-244
17 pages
Français

Les officiers du Génie et le dessin de villes en Algérie (1830-1870) - article ; n°1 ; vol.73, pg 229-244

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
17 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Revue du monde musulman et de la Méditerranée - Année 1994 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 229-244
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 71
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Xavier Malverti
Les officiers du Génie et le dessin de villes en Algérie (1830-
1870)
In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée, N°73-74, 1994. pp. 229-244.
Citer ce document / Cite this document :
Malverti Xavier. Les officiers du Génie et le dessin de villes en Algérie (1830-1870). In: Revue du monde musulman et de la
Méditerranée, N°73-74, 1994. pp. 229-244.
doi : 10.3406/remmm.1994.1679
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0997-1327_1994_num_73_1_1679Malverti* Xavier
Les officiers du Génie
et le dessin de villes en Algérie
(1830-1870)
stratégiques dirigeants Jusqu'en pour 1840, et l'aspiration une la occupation politique d'autres de restreinte colonisation pour la du conquête pays oscille en un totale. entre petit le Les nombre choix travaux de de certains d'amépoints
nagement du territoire sont cependant engagés dès 1 830, et en quarante années
un projet d'ensemble est mis en place sur l'ensemble du pays : villes, centres de
colonisation, villages, fermes isolées, territoire de colonisation, découpage du sol
en concessions, routes, etc. Les hésitations quant au statut de cette colonie et l'état
de guerre constant durant la pacification a entraîné l'administration complète du
pays par les militaires durant les premières décennies de son occupation. Les ingé
nieurs du Génie sont responsables des travaux nécessaires à la réorganisation du
territoire du pays. Ces officiers ont pour mission de permettre l'installation mili
taire, de pacifier et défendre le pays, puis d'organiser le territoire pour l'accueil
des civils et l'exploitation économique de l'Algérie. Ils œuvrent pour créer des
villes confortables, adaptées au climat méditerranéen, et sans doute plus françaises
que les villes de la métropole. Ce texte se propose d'analyser les outils mobilisés
par les ingénieurs militaires français pour aménager le territoire et mettre en
place un nouveau réseau de villes, et d'apprécier comment ces savoir-faire sont
issus de techniques militaires adaptées tant aux besoins de la guerre qu'à ceux de
la colonisation.
* Architecte, École d'architecture de Paris-la-Seine.
REMMM 73-74, 1994/3-4 230 /Xavier Malverti
Faire des villes pour faire la guerre
Durant la première décennie (1830-1840), les essais de colonisation sont très
limités, et concernent strictement les grandes villes du littoral, Alger, Oran et Bône.
Les responsables militaires successifs se montrent en majorité hostiles à la colo
nisation. La commission d'enquête nommée en 1834 se prononce cependant
pour une colonisation de peuplement. L'Etat doit maîtriser les concessions de ter
rains afin de limiter la spéculation foncière effrénée. Pour assurer la sécurité des
territoires colonisés, l'armée occupera certains points stratégiques selon des modal
ités diverses. A Alger, la colonisation sera militaire et communale, à Bône elle sera
militaire et agricole, et à Oran strictement militaire.
Après l'échec du général Clauzel, alors commandant en chef des armées
d'Afrique1, qui aspire dès 1830 à l'occupation totale du pays et investit des villes
comme Tlemcen ou Mascara qu'il doit rapidement abandonner devant les réac
tions des troupes de l'Emir Abd El Kader, dirigeant militaire du front ouest de
la résistance à la colonisation française, le gouvernement français fait appel en
1836 au maréchal Bugeaud comme gouverneur général, charge qui lui est renou
velée en 1840. Celui-ci met alors en place le "réseau" de villes, qui constitue encore
aujourd'hui une bonne partie de l'armature urbaine du pays. Afin de venir à bout
des troupes d'Abd El Kader, il remet en cause la stratégie de son prédécesseur.
Son objectif est d'adapter la pratique des guerres européennes aux conditions afr
icaines. Le seul système capable de soumettre les tribus est celui de la célérité et
de la mobilité des troupes. Il faut décharger chaque soldat, qui supporte, par
fois sur de grandes distances, des poids considérables qui l'épuisent avant le
combat. Il faut créer des centres pouvant accueillir des garnisons de 6 000 à 7 000
hommes, qui forment les bases de ravitaillement pour les troupes. Les colonnes,
grâce à l'abandon des charges inutiles, multiplient alors les sorties afin de ne lais
ser aucun répit à l'ennemi. Ainsi, Ténès est construit pour servir de port à
Orléansville, base située à l'intérieur du pays pour contrôler la plaine du Che-
liff ; Arzew et Oran servent de port de ravitaillement pour Sidi Bel Abbès ; les
centres d'Aumale, Sétif, Batna et Guelma forment la ligne continue de centres
implantés à la limite des régions désertiques. Lors de la création d'Orléansville,
l'objectif poursuivi est de trouver entre les quatre villes reprises à l'Emir (Masc
ara, Milianah, Médéah et Mostaganem) un point tel que l'action des troupes
qui en partent puisse se combiner, en trois jours de marche, avec celle des
colonnes sortant de ces quatre places.
« Le Tell tout entier est maintenant couvert par nos postes, comme par un immense réseau
dont les mailles très serrées à l'ouest, vont s'élargissant à mesure que l'on remonte vers
l'est. Dans le Tell de la province d'Oran, la distance moyenne entre tous les postes est
de vingt lieues. Par conséquent, il n'y a presque pas de tribu qui ne puisse y être saisie
le même jour de quatre côtés à la fois, au premier mouvement qu'elle voudrait faire2. »
La création de ce réseau de centres est complétée par l'implantation de villages
agricoles, suivant des vagues successives. Ces villages se localisent, dans un pre- Les officiers du Génie et le dessin de villes en Algérie (1830-1870) 1231
mier temps, autour des grandes villes occupées par les Français, puis sont répart
is sur les routes liant les centres, le long des vallées fertiles et souvent en des
points stratégiques.
Logistique militaire et rationalité économique
La guerre de mouvement fera fondre la notion de fortifications permanentes.
L'ensemble du territoire devient une machinerie stratégique, dont les villes sont les
nœuds du réseau. La logique de l'organisation du territoire s'identifie à celle utile
pour les besoins économiques du pays. On peut parler d'une logistique appliquée
à l'ensemble des mouvements économiques et sociaux. Tout le territoire, cam
pagne comprise, est quadrillé, hormis les zones non colonisées, laissées proviso
irement aux tribus. L'aménagement du pays s'appuie sur l'importance donnée à la
ville, importance qui n'existe pas pour la structure sociale précoloniale, formée en
majorité de nomades. La conquête coloniale va reconnaître et privilégier les signes
urbains, renforcer la notion d'appartenance à la ville. C'est sur l'espace urbain que
les nouvelles structures spatiales se fondent. La ville n'est plus un établissement côtier,
en général peu rattaché à son arrière pays, et fonctionnant de façon autonome. Le
territoire est considéré comme un système en mouvement ; le port est un vaste magas
in pour les marchandises provenant de la métropole, qui doit servir à ravitailler
les centres intérieurs afin de pacifier le pays toujours plus au sud.
Savoir militaire mobilisé pour concevoir les villes
Parmi les disciplines formant l'esprit des ingénieurs à la réalisation de projets
de villes, deux d'entre elles doivent retenir plus particulièrement l'attention : le
cours de fortification permanente et une partie du cours d'art militaire, celle concer
nant plus particulièrement la castramétration ou l'art de tracer les camps.
Les ingénieurs du Génie sont formés à la rude école de la fortification perman
ente. C'est une science exigeante. Le concepteur d'une doit être
capable de fournir la réponse exacte à un problème précis de balistique. Tout
excès entraîne gaspillage en matériaux, délais et argent, et tout manque expose à
la mort des hommes. Le caractère des projets d'architecture ou des plans de villes
proposés par les ingénieurs militaires découle de cette démarche. La rigueur et la
simplicité marquent ces réalisations. Les tracés rendent compte des contraintes
techniques et concourent à satisfaire au plus pr&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents