Les paraboles bouddhiques dans la littérature chinoise - article ; n°1 ; vol.67, pg 303-336
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1980 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 303-336
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

L. N. Mensikov
Les paraboles bouddhiques dans la littérature chinoise
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 67, 1980. pp. 303-336.
Citer ce document / Cite this document :
Mensikov L. N. Les paraboles bouddhiques dans la littérature chinoise. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome
67, 1980. pp. 303-336.
doi : 10.3406/befeo.1980.3348
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1980_num_67_1_3348LES PARABOLES BOUDDHIQUES
DANS LA LITTÉRATURE CHINOISE
PAR
L. N. MENŠIKOV*
I. A PROPOS DES PARABOLES BOUDDHIQUES
Le Livre des cent apologues, Po yu king ~Щ vfa ££, est un des
documents les plus originaux de la littérature chinoise. Depuis très
longtemps ce livre fait partie du Tripitaka1 chinois et figure dans la
section Pen yuan (Les causes premières, du sanskrit jâtaka). Ce dernier
terme désigne les récits des vies antérieures du Buddha et d'autres saints.
En général, les jâtaka impliquent une relation causale : la condition d'un
homme ou d'un animal dans sa présente incarnation dépend de ses actes,
bons ou mauvais, accomplis dans la précédente.
Néanmoins tous les récits de la section Pen yuan ne peuvent pas être
appelés jâiaka. On y trouve des légendes et des contes réunis sous le nom
ďavadána, en chinois p'i-yu, -^ v^fc, «allégories». De ces dernières nous
ne retiendrons que les « allégories courtes », c.-à-d. les paraboles2
proprement dites.
En principe les avadâna, paraboles y comprises, ne constituent pas
un genre indépendant. Ils représentent plutôt une manière de raconter
les sutra, un « moyen » (fang-pien, upàya). Dans les sutra, et surtout
dans le plus populaire, le Suira du lotus de la bonne Loi, -ty -&'&.-% ¥i.
(Saddharma-pundarïka-sutra)3, il est dit à plusieurs reprises qu'il est
(*)Traduit du russe par M. O. Toutzevitch, avec le concours de l'ERA 438.
(1) En Chine existent plusieurs éditions anciennes et complètes du Canon, la plus ancienne
datant de 1239. Nous utiliserons ici deux éditions japonaises, les plus complètes et les plus
sûres en ce qui concerne les textes canoniques : celle du Taishô, désigné sous le sigle T. et
l'ancienne édition de Tokyo, que nous désignerons sous le sigle S. Pour le Livre des cent
apologues, cf. T. 200, vol. 4, pp. 534-557.
(2) On oppose les apologues aux avadâna qui sont de longues légendes assez détaillées ;
cf. par exemple : G. M. Bongard-Levin et 0. F. Volkova, La légende de Kunala (Kunalâvadâna,
tirée du manuscrit inédit de Aaokàvadânamâlâ), Moscou, 1963.
(3) Г. 262, vol. 9, trad, de Kumârajïva. 304 L. N. MENSIKOV
dangereux de révéler immédiatement au profane la loi ésotérique du
Buddha dans toute sa profondeur. Un homme non préparé peut être
découragé par la vraie voie et même s'en écarte, car elle est trop di
ssemblable des conceptions de ce monde. Mieux vaut procéder
progressivement par d'autres voies et plus particulièrement par la
narration de paraboles où des situations compliquées et insolites sont
illustrées par des exemples pris dans la vie courante. L'une des paraboles
du Sutra du Lotus (K. 2), que nous résumerons en raison de son ampleur,
fournit un bon exemple de contes de ce genre, tout en expliquant la notion
même de « moyen ». Cette fable (elle n'a pas de titre dans le recueil)
est appelée ici conventionnellement Parabole du fils pauvre.
Un homme très riche avait un fils prodigue qui tomba dans la
pauvreté et dut gagner sa pitance par son labeur. Pendant de longues
années son père le chercha partout, mais sans succès. Un jour le fils
pauvre se trouva en présence de son père sans le reconnaître; intimidé
par le luxe de la demeure paternelle, il se sauva en courant. Le père donna
l'ordre de le ramener et, pour commencer, le chargea de gros travaux
auxquels le garçon était habitué. Après plusieurs promotions, la situation
du fils fut moins éloignée de celle du père.
C'est alors seulement que ce dernier se découvrit et désigna le fils
comme son héritier. En écoutant cette histoire les disciples s'assimilent
eux-mêmes aux enfants prodigues, tandis que le Buddha, comme le
père, ramène progressivement ses fils spirituels sur le droit chemin1,
en recourant à des « moyens ».
Cette parabole, comme c'est l'usage dans les ouvrages bouddhiques,
n'est qu'un « moyen » utilisé dans une narration plus vaste et ne peut
être considérée comme une œuvre indépendante. Les contes ne formaient
pas encore un genre littéraire particulier bien qu'ils fussent sur le point
de le devenir.
Toutefois dans la même section du Tripiiaka chinois, Pen yuan, il y a
des parties distinctes appelées Livres des apologues ( Щ *fô; 4& avadâna-
sutra), où s'ébauche clairement la tendance d'en faire une catégorie
littéraire à part. De tels ouvrages dans le Tripiiaka restent néanmoins
peu nombreux : cinq seulement en plus du Livre des cent apologues. Tous
sont assez courts, ils ne dépassent pas 2 kiuan ou deux rouleaux chinois
anciens2.
On a tout lieu de croire que les livres ďapologues ou avadâna-sutra
furent composés assez tardivement. Si les autres sutra sont anonymes,
les noms de leurs compilateurs restant inconnus, trois des
sur six nous sont parvenus avec noms d'auteurs. Ceci laisse supposer
que les traducteurs connaissaient les noms des auteurs, lesquels étaient
presque leurs contemporains. Autre caractéristique : pour désigner le
(1) Ibid., pp. 16-17.
(2) T. 204-208, vol. 4, pp. 499-542. La longueur standard du rouleau changeait suivant
l'époque. Le Livre des cent apologues peut servir d'exemple : dans les plus anciens catalogues
il est répertorié en 10 rouleaux kiuan, tandis que l'édition courante actuelle en compte
4 seulement. Ce serait vers le xie siècle (date des premières éditions standard) que la longueur
du rouleau aurait plus que doublé. PARABOLES BOUDDHIQUES DANS LA LITTÉRATURE CHINOISE 305 LES
nom de l'auteur placé selon l'usage chinois immédiatement après le titre,
dans les livres d'apologues on n'emploie pas le verbe « composer » ^
comme nous le voyons dans d'autres ouvrages bouddhiques dont les
auteurs sont connus, dans les sâstra par exemple. A la place on utilise le
verbe « compiler » 4f indiquant avec certitude un travail de compilateur
connu des traducteurs. Les maigres renseignements biographiques que
nous possédons en sont témoins.
Le premier recueil de paraboles bouddhiques en traduction chinoise
date du 11e siècle de notre ère; son compilateur est inconnu, mais on a le
nom du traducteur Tche-leou-kia-tch'an £, Ht i2£ *Jk de la nation Yue-
tche1. L'ouvrage contient 12 contes et a pour titre soit Livre ď apo
logues divers, soit Nouveau livre d'apologues Щ. Щ *fa %%_ . 4H Щ *fc $%.•
Or, les sources se taisent sur l'existence d'un recueil antérieur
(un ouvrage portant le titre Ancien livre d'apologues, traduit au 111e s.
ne peut être pris en considération), celui-ci, visiblement, est « nouveau »
uniquement parce qu'il a été compilé juste avant sa traduction, si,
toutefois, le mot « nouveau » n'est pas autre chose qu'une erreur2.
Le deuxième avadàna-sutra porte le même titre, Livre d'apologues
divers, et encore un autre : Sutra des bodhisattva qui conduisent les hommes
vers la vérité, :$§• jv| )% /^ ^4. Il contient 32 paraboles. Son traducteur
est inconnu et nous savons seulement qu'il a été actif à une époque proche
de celle de Tche-leou-kia-tch'an3.
Le troisième ouvrage de ce genre, Ancien livre d'apologues divers
$lj Щ- Щ. *й H. a été traduit dans le 3e quart du 111e s. et renferme
61 contes. Son traducteur est K'ang Seng-houei )%. Щ 4h4-
Le quatrième, qui porte également le titre de Livre d'apologues
divers en contient 39. Peut-être est-ce par rapport à ce dernier que
l'ouvrage traduit par K'ang Seng-houei est qualifié d'« ancien ». Il est
compilé par un certain Tao-lio ^|_ ss^-b. Comme le nom du traducteur
(1) Rappelons que les noms chinois de moines bouddhistes venus des pays occidentaux
contiennent souvent le nom abrégé de leur patrie ou de leur peuple. Ces éléments étaient
considérés comme patronymes et sont à l'origine de quelques noms de famille chinois,

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