Les premiers cycles d images consacrés à Marie Madeleine - article ; n°1 ; vol.104, pg 187-208
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1992 - Volume 104 - Numéro 1 - Pages 187-208
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Colette Deremble
Les premiers cycles d'images consacrés à Marie Madeleine
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 104, N°1. 1992. pp. 187-208.
Citer ce document / Cite this document :
Deremble Colette. Les premiers cycles d'images consacrés à Marie Madeleine. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome.
Moyen-Age, Temps modernes T. 104, N°1. 1992. pp. 187-208.
doi : 10.3406/mefr.1992.3224
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1992_num_104_1_3224COLETTE DEREMBLE
LES PREMIERS CYCLES D'IMAGES CONSACRÉS
À MARIE MADELEINE
Si l'affleurement de la figure magdalénienne dans le culte au XIe siè
cle en occident et son utilisation de plus en plus importante sous la plume
des théologiens posent des questions intéressantes à l'historien des mentali
tés, l'étude iconographique apporte une contribution non négligeable à
cette réflexion. Parmi toutes les questions soulevées, celle de l'identité de
la Madeleine est une des plus constantes : l'analyse des images apporte-
t-elle quelque lumière à l'enquête policière sur le polymorphisme magdal
énien? Entre la pécheresse, la contemplative ou l'apôtre, entre la mis
sionnaire de Provence, la thaumaturge ou la solitaire mystique, les ima
giers médiévaux ont-ils des préférences?
Autre question, celle de la chronologie : l'explosion du culte à la fin
du XIe siècle correspond-elle à un phénomène semblable dans le domaine
iconographique, et l'étude de l'évolution des images permet-elle d'éclairer
différemment le problème de la diffusion sinon du culte du moins de la
popularité de la Madeleine?
Il y a par ailleurs l'interrogation concernant les fonctions de la figure
magdalénienne dans une stratégie de politique cultuelle, d'argumentation
théologique et pastorale. Comment Marie Madeleine est-elle utilisée dans
l'image : rouage de l'économie de la rédemption, support d'un culte local
ou modèle proposé à la vénération des foules? Quand et comment se fait
l'articulation entre d'une part la figure scripturaire ou typologique et
d'autre part la figure légendaire? Enfin qu'est-ce que les représentations
artistiques de Marie Madeleine disent de la femme dans la mentalité
médiévale?
Toutes les images peuvent à des titres différents apporter leur contri
bution à cette enquête. Néanmoins parce qu'il s'agit d'étudier l'émergence
de l'histoire d'une femme, les cycles importent plus ici que les figures ou
les scènes isolées. Dans un cycle, un récit s'articule, alors que le portrait
ou la scène figent un moment vite transformé en symbole.
Notre observation aura pour centre, ou du moins pour point de repè-
MEFRM - 104 - 1992 - 1, p. 187-208. COLETTE DEREMBLE 188
re, le vitrail de la nef chartraine consacré à Marie Madeleine au cours de
la première décennie du XIIIe siècle, parce qu'il constitue le plus ancien
cycle conservé du moyen âge : même si l'existence de cycles contempor
ains ou antérieurs est plus que vraisemblable, Chartres reste un témoin
précieux d'une première mise en images de la légende.
L'amorce des premiers cycles
Malgré les restrictions qu'imposent les problèmes de conservation, la
sainte apparaît jusqu'à la fin du XIIe siècle presque exclusivement en des
figures ou en des scènes circonscrites et insérées dans un contexte évan-
gélique1. Telle est d'abord la figure de la myrophore, debout, vêtue d'un
long manteau simple et austère, un vase de parfum à la main, la tête cou
verte comme, vers 1120, au trumeau du portail central de la façade occi
dentale d'Autun2. Dans l'art du vitrail, une petite image de la sainte des
environs de 1160-1170, aujourd'hui conservée au Musée diocésain de Kla-
genfurt en Carinthie, en provenance de l'église de Weitensfeld dans le
Gurktal3 propose ce type d'évocation hiératique : en position frontale,
debout, en son corps très allongé, presque rigide, avec cette fragmentat
ion des couleurs rouge, jaune et verte, une main sur la poitrine, elle por
te le pot à onguents, tandis que de l'autre elle laisse pendre l'encensoir.
La sainte se rend au tombeau, voilée; elle a, de façon assez exceptionnell
e, de riches habits liturgiques, ceux du drame de Pâques.
Seule elle apparaît aussi, plus rarement, en pénitente, cheveux dé
ployés, prosternée aux pieds du Christ4.
Quant aux scènes, on peut distinguer l'onction au cours du repas, la
résurrection de Lazare et le cycle pascal5. De tous ces motifs le plus fré
quent concerne le cycle pascal, soit limité au Noli me tangere, comme à
1 Deux thèses font le point sur l'iconographie magdalénienne : Marga Jans
sen, Maria Magdalena in der abendländischen Kunst. Ikonographie der Heiligen von
den Anfängen bis im 16. Jh., Fribourg en Br., 1962. M. M. La Row, The Iconography
of Maria Magdalena, New York University, 1982.
2 Comme aussi dans les fresques de l'église Saint-Sulpice du Genest.
3 L. Grodecki, Le vitrail roman, Paris, 1977, p. 185.
4 Comme, vers 1200, dans une miniature d'un légendier de Maihingen, Bibl.
Wallerstein, I, 2 qu. 15, f° 246 b.
5 On lit des exemples d'onction sur les sculptures du Xe siècle de l'église de
Ruthwell, sur des broderies du XIe siècle du trésor de la cathédrale de Bamberg,
aux Sainte-Mariés, à Paray-le-Monial. LES PREMIERS CYCLES D'IMAGES CONSACRÉS À MARIE MADELEINE 1 89
Autun ou Saulieu, soit développé en plusieurs séquences narratives com
me sur les flancs de la châsse de Nantouillet vers 11806: là s'enchaînent
au registre supérieur trois épisodes que les artistes associent avec prédi
lection. À gauche, la visite des saintes femmes au tombeau : Marie Madel
eine, agenouillée et soulevant un pan du suaire laissé sur le sarcophage,
se distingue de ses compagnes debout avec leur boîte à onguent; au cen
tre le Noli me tangere est suivi de l'annonce à Pierre et Jean de la Résur
rection par une Marie Madeleine enfin debout. Cet ensemble, qui au
jourd'hui surmonte trois séquences empruntées au cycle pascal, s'accom
pagnait peut-être d'autres images consacrées à la sainte, comme le suggèr
e Marie-Madeleine Gauthier, notamment le repas chez Simon. Il est en
tout cas clairement centré autour du thème pascal.
L'illustration du Noli me tangere7 apparaît de façon très stable à
travers les siècles. Deux images se distinguent du répertoire par leur
audace: une enluminure du début du XIe siècle d'Hildesheim8, où celle
qui ne doit pas toucher ose le geste interdit, comme plus tard au milieu
du XIIe siècle dans le Psautier de Winchester (f° 24).
Jusqu'à la fin du XIIe siècle donc l'iconographie magdalénienne semb
le morcelée, répartie en quelques motifs autonomes, codifiés, presque
toujours invités par des contextes évangéliques et rarement rassemblés en
plus de deux ou trois épisodes, comme à Fossay, vers 1 1 50, où deux scè
nes se superposent au tympan, l'onction et le Noli me tangere. Ces ra
ssemblements partiels ne deviennent fréquents qu'à la fin du XIIe siècle.
Existait-il dans les vitraux de Bourges du troisième quart du XIIe siècle
un cycle sur Marie Madeleine? Deux scènes, qui restent de ce temps peu
vent le laisser envisager, celle du repas chez Simon, et celle de la Résur
rection de Lazare. Un cycle semblable ornait peut-être le chœur de l'abbat
iale de Maria-Laach. Une résurrection de Lazare actuellement au musée
de Wiesbaden, et un repas chez Simon détruit en 1945 en sont, là encore,
les seuls témoins connus. Étonnamment même à Vézelay la sainte occup
ait peu, voire pas, de place dans la nef, et les traces de son iconographie
se limitent essentiellement aujourd'hui à une résurrection de Lazare dans
les tribunes de l'avant-nef, et à une hypothétique figure symétrique de
Marie en façade. L'intense production littéraire des moines si soucieux de
6 Marie-Madeleine Gauthier, Émaux méridionaux. Catalogue international de
l'œuvre de Limoges. I. L'époque romane, Paris, 1987, p. 165, n° 177.
7 Aina Trotzig, Christus resurgens apparsi Mariae Magdalenae, Stockholm,
1973.
8 Évangile de saint Bernward, ms. 18. COLETTE DEREMBLE 190
l'essor du cult

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