Les sacerdoces d Auguste et ses réformes religieuses - article ; n°1 ; vol.48, pg 75-108
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1931 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 75-108
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1931
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Gagé
Les sacerdoces d'Auguste et ses réformes religieuses
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 48, 1931. pp. 75-108.
Citer ce document / Cite this document :
Gagé Jean. Les sacerdoces d'Auguste et ses réformes religieuses. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 48, 1931. pp. 75-
108.
doi : 10.3406/mefr.1931.7211
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1931_num_48_1_7211LES SACERDOCES D'AUGUSTE
SES REFORMES RELIGIEUSES
Auguste a aimé paraître aux yeux de ses contemporains sous l'a
spect d'un prêtre. Il n'a pas attaché moins de prix à ses sacerdoces
s' appuyant pareillement sur eux pour légqu'à ses magistratures,
itimer son immense pouvoir, y cherchant aussi l'appoint d'un pres
tige sacré. C'est comme fécial qu'en 32, au nom de Rome, il déclare
la guerre à Cléopâtre, comme magister du collège quindécemviral
qu'il célèbre en 17 les jeux séculaires, avec son collègue Agrippa.
Lorsqu'il occupe enfin, douze ans avant notre ère, la place laissée va
cante par la mort de Lepidus, il unit définitivement dans sa personne
le chef civil et le chef religieux. Une des meilleures statues que nous
ayons de lui le représente en grand pontife, et c'est comme tel,
aujourd'hui encore, que nous l'imaginons peut-être le plus volont
iers.
Il parait logique d'attribuer au prêtre, plus qu'au princeps ou à
l'imperator, l'ensemble des mesures par lesquelles Auguste s'efforça
de restaurer, de revivifier ou de rajeunir la religion romaine. On n'y
a pas manqué, en effet, dès l'antiquité. Dans le schéma biographique
qu'a suivi Suétone, la plupart de ces réformes se trouvent groupées
sans doute à dessein derrière l'élection de 12, comme sous la rubrique
du pontifes; maximus ' . La plupart des modernes n'ont pas une opi
nion très différente et, dans Auguste prêtre, voient avant tout le
grand pontife. Ce point de vue est sensible par exemple chez Gard-
1 Suét., Bit. Aug., 31. LES SACERDOCES d' AUGUSTE ET SES RÉFORMES RELIGIEUSES 76
thausen', comme chez G. Boissier2 ou chez Bouché-Leclercq3. Et ce
qui semble en effet le justifier, c'est qu'il est manifeste que le souve
rain pontificat a été, depuis 12 avant notre ère, la base essentielle de
toute activité religieuse des empereurs. Mais il n'est pas moins cer
tain qu'Auguste n'attendit pas de l'avoir revêtu pour mettre à exé
cution son programme. Il est aujourd'hui établi qu'un certain nombre
des mesures rapportées par Suétone remontent en fait plus haut que
l'année 12. Je pense le démontrer tout à l'heure pour celle même
qu'il rattache le plus expressément au grand pontificat. Force nous
est donc de poser ces problèmes : quels furent au juste jusqu'en 12
les pouvoirs sacerdotaux d'Auguste? Quel usage fit-il de ses diverses
prêtrises? Quel rapport découvre-t-on entre elles et ses réformes re
ligieuses?
Quiconque a étudié l'œuvre d'Auguste en ce domaine a nécessai-
rement rencontré ces questions. M. Wissowa a bien senti de quelle
conséquence avait pu être pour son orientation une aussi longue at
tente du souverain pontificat; il serait tenté d'expliquer par là ce
que son attitude religieuse a de singulier avant 12, ce goût pour
l'apollinisme et le ritus graecus qui semble au premier abord diffi
cile à concilier avec l'œuvre nationale du restaurateur des cultes *.
De sorte que, si l'on suit jusqu'au bout l'hypothèse, on ne peut guère
se dérober à l'impression que, si Octave avait dès 36 remplacé Lepi-
dus, son œuvre religieuse en eût été un peu différente ; à tout le moins
plus vite achevée et plus homogène. C'est assez dire la portée du pro
blème. Il ne semble pas non plus avoir échappé à Wilhelm, qui eût
1 Aug. u. seine Zeit, I, 2, p. 866 et suiv., particulièrement p. 869.
2 La relig. rom. a"1 Aug. aux Antonius, I, p. 94 et suiv.
ς]-3 Les pontifes de l'ancienne Home, p. 339 et suiv. Cf. aussi G. Bloch,
L'empire romain, p. 36-37.
4 Wissowa, Relig. u. Kult. d. Homer-, p. 84 : Dass diese (Verjüngung)
zunächst nicht an die altrömischen Kulte, sondern an den graecus ritus
anknüpfte, mag damit zusammenhängen, dass Augustus den Oberpontift-
kat erst verhältnismässig spät übernahm, während er bereits erheblich
früher im Vorstande der Quindecemvirn sass; etc.. SACERDOCES d'aUGUSTE ET SES KEFOliMES RELIGIEUSES 77 LES
été conduit à le serrer de près dans l'ouvrage qu'il promettait en
1915 comme pendant à son étude des cérémonies sacrées sous le
grand pontificat d'Auguste1. Ni Wissowa ni Wilhelm cependant ne
se séparent des autres historiens sur le fond de la question. Eux
aussi considèrent au moins implicitement l'élection de 12 coniine
le couronnement tardif, patiemment attendu mais vivement désiré,
d'une ascension régulière. Le grand pontificat seul leur parait par
faire la figure sacerdotale d'Auguste. S'il lui arrive de s'engager par-
lois dans des voies paradoxales, c'est qu'il ne le possède pas encore ;
il entre du hasard, sinon du dépit, dans son mouvement. C'est un res
pect ostentatoire de l'intangibilité du sacerdoce, et somme toute un
calcul avisé, qui lui donne la force d'attendre une échéance lente à
venir. C'est son habituelle prudence qui se défend après l'élection
contre l'enthousiasme public. En 12 Auguste arrive en fait au terme
de ses ambitions ; aucune de ses démarches antérieures ne l'en a s
érieusement distrait.
Or, à regarder de près les faits, cette façon d'envisager la carrière
sacerdotale d'Auguste ne se révèle que parti ellement juste. Sans doute
son avènement au grand pontificat est-il, à sa manière, un couron
nement. Aussitôt muni de ce titre, il a prouvé par un large usage
quel prix il y attachait. Mais dans quelle mesure, avant 12, en a-t-il
senti le besoin ? Quel était dans sa pensée le rang véritable des sacer
doces? C'est ce que nous voudrions rechercher dans ces pages, où
nous nous permettrons de reprendre certaines observations présentées
l'an dernier2.
Les diverses prêtrises revêtues par Auguste sont nommées dans
* Das römische Sakralwesen unter Augustus als Pont. max. L'auteur
explique dans son avant-propos qu'il n'adopte l'événement de 12 comme
point de départ que pour limiter son sujet, et prépare un travail analogue
sur la période précédente. Cette seconde étude n'a jamais paru à ma con
naissance.
2 Mélanges d'arch. et cThist., 1930, p. 157-171. 78 LES SACERDOCES D'AUGUSTE ET SES RÉFORMES RELIGIEUSES
son testament, confirmé par le témoignage des monnaies et des ins
criptions : outre les moindres confréries, il appartint aux quatuor
amplissima collegia : pontifex maximus, augur, quindecemvirum
sacris faciundis, septemvirum epulonum, frater Arvalis, sodalis Ti-
tius, fetialis fui1. L'ordre chronologique de ces allections successives
est bien connu dans ses grands traits3 ; mais il vaut la peine de cher
cher à le préciser.
On sait qu'avant d'être le chef du collège pontifical, suivant la
règle, Octave en fit d'abord partie comme simple membre. César le
fit [pontife! dès 48, à la place de Domitius tombé à Pharsale3. Ce ne
devait être qu'un gage ; car César, qui cumulait les sacerdoces et les
distribuait comme récompenses, semble bien, au moins dans ses
dernières années, quand il eut pris pleine conscience de son ambit
ion monarchique, avoir considéré le grand pontificat lui-même
comme un bien de famille, hérité de son ancêtre Iulus et transmiss
ible à son successeur. Le droit lui fut reconnu de le léguer au fils
qui lui naîtrait4. A défaut de ce fils, Octave l'eût peut-être revendiqué
comme tel après les ides de mars si Lepidus ne s'en était déjà saisi.
Il dut accepter le fait accompli et demeurer simple pontifex, subor
donné à ce titre dans ses fonctions sacerdotales à son collègue triumv
ir, et en face du grand pontife Lepidus, de l'augure Antoine, il fit
graver près de son effigie, sur leurs monnaies communes, son titre
et son insigne de pontife5.
1 Res gestae divi Augusti, I, 44-46. Restitution certaine, garantie 

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