Les signes graphiques du mot à travers l histoire - article ; n°1 ; vol.119, pg 10-23
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Description

Langue française - Année 1998 - Volume 119 - Numéro 1 - Pages 10-23
N. CATACH : « The Written Markers of Words Throughout History » The various devices and auxiliary signs that can be added to writing, in order to make word-units (or groups of words) easier to identify, have always existed, and have always made up one of the essential components of writing systems : the paragraphemic level. In the Classical tradition, we find a wide range of signs, many more than our modernday, typographical vision has accustomed us to seeing : i.e. not only spaces delimiting groups of letters, and signs indicating the separation of elements (points, hyphens, symbols, punctuation, etc.). The causes of our modern, limited vision of things are no doubt to be found in our over-estimation of the role played by the letters of the alphabet alone in visual activity, and in the under-estimation of the substantial and complex evolution of what constitutes, for us, « reading- units ». To take only the example of the European Middle Ages, we can find, in the writing of Latin, from one type of writing to another, a very varied range of graphic signs, both intra- and extra-Linear, all of which must be taken into account, and whose main purpose was to make the task of reading easier. All these Medieval visual devices have contributed to our present rich stock of symbols, typographical as well as electronic. It is therefore necessary to acquire a wider and unprejudiced view of the major historical role that has always been played by the different levels of writing systems in making reading easier, and in identifying and conceiving the « word » as a distinct unit.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nina Catach
Les signes graphiques du mot à travers l'histoire
In: Langue française. N°119, 1998. pp. 10-23.
Abstract
N. Catach : « The Written Markers of Words Throughout History »
The various devices and auxiliary signs that can be added to writing, in order to make word-units (or groups of words) easier to
identify, have always existed, and have always made up one of the essential components of writing systems : the paragraphemic
level.
In the Classical tradition, we find a wide range of signs, many more than our modernday, typographical vision has accustomed us
to seeing : i.e. not only spaces delimiting groups of letters, and signs indicating the separation of elements (points, hyphens,
symbols, punctuation, etc.). The causes of our modern, limited vision of things are no doubt to be found in our over-estimation of
the role played by the letters of the alphabet alone in visual activity, and in the under-estimation of the substantial and complex
evolution of what constitutes, for us, « reading-units ».
To take only the example of the European Middle Ages, we can find, in the writing of Latin, from one type of writing to another, a
very varied range of graphic signs, both intra- and extra-Linear, all of which must be taken into account, and whose main purpose
was to make the task of reading easier. All these Medieval visual devices have contributed to our present rich stock of symbols,
typographical as well as electronic.
It is therefore necessary to acquire a wider and unprejudiced view of the major historical role that has always been played by the
different levels of writing systems in making reading easier, and in identifying and conceiving the « word » as a distinct unit.
Citer ce document / Cite this document :
Catach Nina. Les signes graphiques du mot à travers l'histoire. In: Langue française. N°119, 1998. pp. 10-23.
doi : 10.3406/lfr.1998.6256
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1998_num_119_1_6256Nina CATACH
LES SIGNES GRAPHIQUES DU MOT
À TRAVERS L'HISTOIRE
(il séparées... « Tam est écrit clare avec » discretis des signes et absolut si distincts, is litteris des scriptus lettres si est... bien
(Lettre VIIIe de Saint Boniface à propos d'un manuscrit,
s.)
La conception du « mot » a toujours été, chez les grammairiens, l'objet de
controverses. À vrai dire, la langue orale, en situation, ne pose guère de problè
mes à ce sujet. En revanche, lorsqu'on est confronté à la question d'une notation
cohérente et surtout différée, une foule de problèmes se pose.
Je voudrais évoquer ici quelques données concernant les procédés utilisés au
cours de l'histoire pour la segmentation de la chaine écrite et l'amélioration de la
lisibilité. Ces procédés ont un rapport direct avec la conception générale des
systèmes d'écriture, approche qui souffre d'un déficit évident dans notre ense
ignement général. La notation du mot est en fait, avec celle du son et du mor
phème, l'un des niveaux universels de la constitution de tels systèmes, quels qu'ils
soient.
Cet aspect de la mixité des systèmes n'a pas été traité jusqu'ici comme il
devrait l'être par les historiens de l'écriture. Non seulement on confond allègr
ement les différentes unités, pictogrammes, idéogrammes, morphogrammes, etc. ;
non seulement on analyse les accents, par exemple, comme uniquement pragmat
iques, calligraphiques ou typographiques, en dehors de la notation des mots,
mais on a tendance à ramener tous les systèmes aux nôtres, et le problème de la
conscience du mot dans son ensemble à la seule apparition du blanc ].
1. Ainsi Paul Saenger, qui soutient constamment, véritable énormité, que la scriptio conti
nua a continué sur le Continent jusqu'au Xe-Xlc s. , et que la séparation des mots a été découverte
en Irlande : « La première étape importante vers la des mots, dit-il, fut franchie
rapidement entre la fin du Vie et le début du VI [e s, mais seulement dans les limites [...] de l'Irlande
[...]. Le latin écrit fut à la fois déformé et réformé. . .pour devenir une « écriture séparée » dont il
n'existait aucun modèle en aucune écriture vocalique ancienne » ([ ?], 1990 p. 448). Si l'on
prend pour exemple l'ouvrage de F. Gasparri sur l'écriture (1994), 70 planches, seules cinq ou six
offrent véritablement des difficultés de lecture sur ce point précis, encore s'agit-il plutôt d'irré
gularités de segmentation au fil de la plume que d'une absence totale. C'est le moment de rappeler
la ferme mise en garde de F. Gasparri, à propos du haut Moyen âge (p. 11) : « Le danger des
définitions est qu'elles nous engagent dans l'erreur et dans les jugements trop précipités ». Les
textes précédant l'époque carolingienne sont d'ailleurs si rares que la prudence devrait être de
règle .
10 Nous sommes convaincus d'être des peuples vivant toujours sous le signe
auguste et immuable de l'alphabet latin. Mais lequel ? Ils sont multiples. Là
encore, l'éducation première est en cause, car elle nous imprègne d'emblée des 26
lettres de l'alphabet (qui étaient d'ailleurs 22 pour les Latins). En réalité, nous
allons le voir, les avatars qu'il a subis sont multiples.
D'autre part, nous jugeons les textes par ce qui nous en reste, et tels qu'ils
nous sont parvenus. On ne dispose, par la force des choses, que d'une infime
partie du passé, les manuscrits en principe les mieux conservés donc les plus
chers, les plus soignés, les moins consultés, ce qui ne présume rien de l'existence
et de la conformation des autres.
On pense par exemple aujourd'hui que les textes courants, écrits en minusc
ules, du latin ancien (- VIC-VC s.) devaient être sans doute bien antérieurs aux
inscriptions soignées écrites en capitales qui pour nous sont premières, ce qui
change totalement la façon de voir l'évolution des choses. De même, qui peut
ignorer, avant de se prononcer sur l'usage ou non des blancs entre les mots, le
gouffre qui sépare depuis toujours les brouillons des manuscrits soignés, les
écritures privées des écritures publiques ?
Un autre grand problème, évoqué par P. Saenger dans un de ses derniers
articles (19902), est celui de la transmission inexacte et incomplète des textes. Il
est vrai que les catalogues des bibliothécaires font, même aujourd'hui, rarement
attention aux ajouts de relecture et autres « incongruités » qu'ils trouvent dans
les manuscrits, ce qui a recouvert durant des siècles l'usage de ces signes rajoutés,
accents, corrections, distinctions, etc.
I. Les conceptions anciennes du mot
Le « mot », pour nous, est strictement délimité par le typographe : groupe
de lettres entre deux blancs. A chaque instant, pourtant, les problèmes se posent,
et les informaticiens d'aujourd'hui le savent bien : c'est est-il un mot, ou j'ai
aimé, ou j', ou porte-enseigne, écrit jadis portenseigne ou porťenseigne ? Et
gendarme (gens d'armes), alarme (à l'arme) ?, etc.
Non seulement dans les manuscrits, mais dans les imprimés, l'apostrophe ou
le trait d'union n'avaient au XVIIe s. encore rien de systématique, encore moins
si l'on part pour en juger de notre usage actuel (vr ici même l'article de
J.-C. Pellat). On trouvait écrits les noms des Académiciens autant Des Marais
que Desmarais, Daucour que D'Aucour, Le Clerc que Leclerc, etc. ; et dans les
annonces d'ouvrages, tout autant Langelier que L'Angelier, Lesglise et L'esglise
ou L'Esglise, Leverrier, Le verrier ou Le Verrier, etc. Soyons donc un peu plus
compréhensifs (et respectueux) pour le Moyen âge.
On apprenait d'ailleurs le français, encore à ces époques, en décomposant
les formes françaises à partir des flexions latines. Ainsi, dans la Grammaire de
11 Port-Royal (1660), on trouve : homo : l'homme ; hominem : l'homme ; homi-
nis : de l'homme ; homini : à l'homme ; homine : avec ; amaui :
j'aimai, j'ai aimé ; amauit : il a aimé ; amauero : j'aurai aimé ; amaueram :
j'avais aimé, etc.
Dans ces conditions, imprégnés par la langue latine depuis l'enfance (et par
l'apprentissage premier de la lecture, car on apprenait à lire en latin), ces
hommes sentaient-ils dans ces syntagmes un seul ou plusieurs mots ?
Au fait, pourquoi le mot a-t-il pour nous une si grande place, une si longue et
si prégnante histoire ? Il n'y a pas d&

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