Les triomphes du corps ou la noblesse dans la paix - article ; n°3 ; vol.3, pg 339-380
43 pages
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Description

Histoire, économie et société - Année 1984 - Volume 3 - Numéro 3 - Pages 339-380
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Lucien Clare
Les triomphes du corps ou la noblesse dans la paix
In: Histoire, économie et société. 1984, 3e année, n°3. pp. 339-380.
Citer ce document / Cite this document :
Clare Lucien. Les triomphes du corps ou la noblesse dans la paix. In: Histoire, économie et société. 1984, 3e année, n°3. pp.
339-380.
doi : 10.3406/hes.1984.1361
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1984_num_3_3_1361LES TRIOMPHES DU CORPS
OU LA NOBLESSE DANS LA PAIX
La place des exercices physiques dans la vie
de l'honnête homme, d'après
Vidée des spectacles anciens et nouveaux
de Michel de Pure (1668)*
par Lucien CLARE
N'entre pas qui veut au Panthéon de nos classiques. Et c'est la cocasserie qui
préside souvent à la distribution des lauriers. Qui aurait l'espièglerie de dresser le
catalogue et d'éclairer les motifs de l'accès à cette mémoire collective dessinerait
un puzzle bouffon, où l'incohérence le disputerait à l'injustice. Si un vers bien frappé
peut suffire à en forcer les portes, la place réservée à l'élu peut n'être rien moins
que confortable. Ainsi, les lycéens de ma génération ne connaissaient l'abbé de Pure
qu'à travers un distique malicieux — et même malin —, deux vers de la Satire II de
Boileau :
« Si je veux d'un Galant dépeindre la figure,
Ma plume pour rimer trouve l'Abbé de Pure » (1).
[*) L'article que l'on va lire reprend, prolonge et complète le texte de deux communications présen
tées en séance plénière le 21 mai 1982 à l'Université de Fribourg, lors du troisième séminaire interna
tional et pluridisciplinaire de l'Association suisse des sciences appliquées aux sports, et qui avaient
pour titre : « Les jeux d'exercice et les pratiques sportives de l'honnête homme » et « Le rôle de la
noblesse dans les spectacles publics, d'après un traité de Michel de Pure (1668) ». Ces communicat
ions paraîtront dans la revue de l'A. S. S.A. S.
1. Boileau-Despreaux, Satires. Édition critique avec introduction et commentaires par Albert
Cahen. Paris, Droz, Société des Textes Français Modernes, 1932, p. 40 (satire II, v. 17-1 8).
En fait, les deux vers dirigés contre l'abbé de Pure furent ajoutés par Boileau en 1 665 alors que la
satire était déjà rédigée depuis un an (la satire II parait pour la première fois dans un recueil imprimé
en 1664 ; l'abbé de Pure n'apparaît que l'année suivante, dans une nouvelle édition de la satire II
recueillie dans un Nouveau Recueil. La première édition des Satires en un volume est de 1666) ; il
avait été irrité par la Clémence de Colbert, parodie facétieuse d'une scène de Cinna généralement
attribuée à l'abbé de Pure et qui répondait au Colbert enragé (autrement appelé Le Percé), un pamphl
et qui prenait à parti le ministre et dont Gilles et Nicolas Boileau étaient probablement les auteurs.
L'abbé de Pure avait pris la place de Menage « et se voyait, à l'étonnement général, gratifié du
titre de galant que rien chez lui ne venait justifier » (Antoine Adam, Histoire de la littérature française
au XVIIe siècle, t. III, Paris, Domat, 1952, p. 94) : cette substitution, survenue après beaucoup d'aut
res, explique que ses contemporains, comme Brienne, aient vu en lui un « jeune étourdi ». Sur cette
question, se reporter à Antoine Adam, op. cit., t. III, pp. 81 , 94 et 101.
Boileau ne se tint pas pour quitte avec cette première attaque. Il revint à la charge au début de la
satire VI, où il ne peut s'empêcher de glisser le nom du malheureux abbé : HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ 340
Ce malheureux ecclésiastique rejoignait, avec l'abbé Cotin et quelques autres, la peu
reluisante cohorte des abbés de cour et des poètes médiocres que le polémiste s'était
attaché a satinser et à ridiculiser dans ses vers.
Cette image de l'abbé galant, convenue, voire même inconvenante, et radicalement
fausse, amène à considérer avec une indulgence presque bienveillante la complète
ignorance des lycéens d'aujourd'hui à son endroit. Bien peu nombreux, en tous cas,
étaient ceux qui avaient la chance de découvrir, à travers l'édition de la Société des
Textes français modernes procurée en 1938-39 par Emile Magne, cette œuvre atta
chante, curieuse et pleine de vie, ce monument du féminisme aussi, qu'est le Roman
de la Pretieuse (1656) (2), si des études plus spécialisées ne les y conduisaient pas.
Cet auteur oublié du Grand Siècle — on ne m'en voudra pas de le présenter, fût-
ce très brièvement — est né à Lyon, où il fut baptisé le 19 novembre 1620, d'une
famille de négociants et d'échevins d'origine italienne (son oncle fut prévôt des mar
chands à Lyon). Michel de Pure commença dans sa ville natale des études de théo
logie qu'il poursuivit bientôt à Paris, au collège des Grassins. Il obtint son doctorat
en 1647, avant de devenir aumônier du roi. Revenu à Lyon pendant la Fronde, il y
devint le familier du cardinal-archevêque, Alphonse de Richelieu, jusqu'à la mort
de ce dernier. Il composa d'abord en latin une vie de ce cardinal, qu'il publia en 1653
et qui lui valut de devenir historiographe du roi. Il entreprit alors, toujours en latin,
une vie d'Armand du Plessis qui restera inachevée (1656) et, après le succès de la
Pretieuse (1656), s'essaya au roman allégorique {Epigone, 1659) et à la tragédie (Osto-
rius, 1659). Il ne donna plus ensuite que des travaux d'histoire ou des traductions :
il traduisit L'institution de l'orateur de Quintilien (1663), У Histoire des Indes de
Matfei (1665), 1 Histoire africaine de Birago (1666) et la Vie de Léon dixiesme de
Paul Jove (1675) et composa, outre Vidée des spectacles anciens et nouveaux (1668),
qui est l'objet des quelques réflexions que l'on va lire, une Vie du maréchal de Gas-
sion en trois volumes (1673) (3).
« ... Les souris et les rats
Semblent, pour m'éveiller, s'entendre avec les chats,
Plus importuns pour moi, durant la nuit obscure,
Que jamais, en plein jour, ne fut l'Abbé de Pure. »
Satire VI, v.9-12, éd. citée, p. 83.
Enfin, dans une satire postérieure, publiée en 1668, il se fait encore, s'il se peut, plus violent :
Et ne sçavez-vous pas, que sur ce Mont sacré,
Qui ne vole au sommet tombe au plus bas degré :
Et qu'à moins d'estre au rang d'Horace ou de Voiture
On rampe dans la fange avec l'Abbé de Pure ?
Satire IX,v,25-28,éd. citée, pp. 11 9-1 20.
2. La pretieuse, ou les mystères des ruelles. Dédiée à telle qui n'y pense pas, Paris, 1656 (Pre
mière et seconde parties). Troisième partie, Paris, 1657. Le roman de la pretieuse, ou les mystères de
la ruelle. Quatriesme et dernière partie, Paris, 1658.
[Édition Emile Magne, 2 vol., Paris, Droz, Société des Textes Français Modernes, 1938-39.
3. Pour la liste complete des œuvres imprimées de Michel de Pure, voir Alexandre Cioranescu,
Bibliographie de la littérature française du dix-septième siècle, t. III, Paris, éd. du C.N.R.S., 1966,
p. 1658 b., le Dictionnaire des lettres françaises. Dix-septième siècle (cité infra), p. 823, et surtout la
notice d'Emile Magne (éd. de la Pretieuse citée n.2), t.I, pp.LXXIX-XCII. Ajouter à la liste procurée
par E. Magne, année 1660, le titre suivant : DECAMERON/DE PACE,/CVI ACCESSERb/EPISTO-
LAE/LIRICAE AD VARIOS./A.M.D.P./PARISIIS,/Apud PETRŮM BIENFAIT, in quarta/columna
maioris aulae Palatij, sub/signo S.Petri./M. DC. LX./In 12.X + 102 p. et table. La permission d'impri
mer, signée de Claude Hourher, est du 15 juin 1660. Il s'agit du recueil de vers latins signalé par E.
Magne dans l'introduction à son édition de la Pretieuse, p.XCII, et que celui-ci n'avait pu retrouver. Il LA NOBLESSE DANS LA PAIX 34 1
L'Idée des spectacles anciens et nouveaux, un petit in-12 de 318 pages, parut à
Paris en 1668 chez Michel Brunet, « à l'entrée de la grand'Salle du Palais, du costé
de S. Barthélémy, au Louis d'Or, Avec Privilege du Roy », et l'on peut aujourd'hui
lire aisément cet ouvrage grâce à la réimpression en fac-similé publiée à Genève en
1972 par les éditions Minkoff (4). C

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