Lettres de rémission pour Jean Brunet, prévôt de Bourges (1334). - article ; n°1 ; vol.17, pg 54-75
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1856 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 54-75
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1856
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Doüet d'Arcq
Lettres de rémission pour Jean Brunet, prévôt de Bourges
(1334).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1856, tome 17. pp. 54-75.
Citer ce document / Cite this document :
Doüet d'Arcq Louis. Lettres de rémission pour Jean Brunet, prévôt de Bourges (1334). In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1856, tome 17. pp. 54-75.
doi : 10.3406/bec.1856.445386
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1856_num_17_1_445386т,
LETTRES
DE RÉMISSION
POUR JEAN BRUNET;
PRÉVÔT DE BOURGES,
4334.
Sous le titre de : Mémoire sur le procès criminel fait en 1389 à
Audouin Chauveron , prévôt de Paris et prévôt des marchands de
cette ville, Secousse a donné, dans le vingtième volume des Mémoires
de V Académie des Inscriptions, l'analyse fort étendue d'une pièce cu
rieuse qu'il avait trouvée dans un des registres du Trésor des chartes.
C'est une lettre de rémission de l'an 1389, accordée à Audouin Chau
veron, prévôt de Paris. Elle est fort longue, et contient, comme toutes
les pièces du même genre, l'exposé des faits dont l'impétrant était i
nculpé. Mais ce qu'elle a de particulier, comme, au reste, l'a fait
observer Secousse , c'est qu'on y trouve les réponses du prévôt de
Paris aux accusations portées contre lui. En sorte qu'on a là, excep
tionnellement il est vrai, tout un procès dans une simple lettre de r
émission. Le mémoire de Secousse, qui est fait avec son excellente mé
thode, est clair et intéressant. Seulement, en lisant le document sur
lequel il l'a composé, on regrette qu'il n'ait pas jugé à propos de donner
à la suite de son travail, comme un complément indispensable, le texte
môme sur lequel il l'appuyait; car, si complète et si exacte que soit
son analyse, dans laquelle il suit pas à pas l'accusation et la défense ,
on sent qu'elle ne saurait entièrement tenir lieu de la pièce elle-même.
Il y a toujours dans un tel travail quelques détails de sacrifiés , et ce
sont quelquefois ceux-là précisément que le lecteur eût aimé à con
naître. Dans la pièce qu'il avait sous les yeux, Secousse, frappé de
la faiblesse de la plupart des chefs d'accusation, et surtout de la force 55
des réponses, en conclut avec raison qu'il y avait dans ce procès quel
que dessous de cartes, et que le prévôt de Paris avait dû être la vic
time de l'un de ces revirements de cour si fréquents dans le règne
sombre et agité de Charles VI.
La pièce que nous donnons ici est du même genre que celle qui a
fourni à Secousse la matière de son mémoire, et, bien qu'elle n'ait pas
tout l'intérêt historique de celle-là, elle nous a paru pourtant mériter
d'être publiée, à cause des détails de mœurs qu'elle renferme. Et d'a
bord, si , comme on vient de le dire, les chefs d'accusation contre
Audouin Ghauveron étaient faibles., certes on ne trouvera pas qu'il en
soit de même de ceux qui sont portés contre notre prévôt de Bourges.
Concussions et extorsions de tout genre, accompagnées de vols, de
meurtres, de viols, rien n'y manque. On va en juger.
L'homme dont il s'agit était bourgeois de Bourges1, et se nommait
Jean Brunet. II devint prévôt fermier de Bourges en achetant cette
prévôté. Mais auparavant il avait été , comme nous l'apprend notre
pièce , bailli de la terre de Saint- Palais , et aussi de la seigneurie de
Montfaucon, procureur d'Etienne Goguin, prévôt de Bourges, et enfin
sergent du roi. Dans ces différents postes, il avait commis bon nombre
de méfaits. Voyons d'abord ce qu'il fit avant d'être prévôt. Il commet
un vol dans le bourg de Saint-Ambroise, et pour ce fait il est banni
du bourg par la justice de l'abbé de Saint-Ambroise de Bourges, dont
relevait ce lieu. Étant bailli de la terre de Montfaucon pour le comte
de Rouci , on lui amène un bourgeois de Savigny qu'on avait trouvé
chargé d'une besace pleine de florins et de monnaies contrefaites au
coin du roi ; il laisse aller l'homme, mais il garde l'argent. Sergent du
roi, il vole, de complicité avec le propre prévôt de Bourges, qui
était alors un Giles de Soissons, des armures et des joyaux. Puis
il viole une femme, en lui faisant une peur horrible de la justice.
Comme procureur d'Etienne Goguin, autre prévôt de Bourges, il
fait mettre à la question une femme enceinte, qui était accusée de
vol. La malheureuse accouche d'un enfant mort. Au reste, sa famille
le valait. Il avait un frère, nommé Jean comme lui, que la justice de.
Chartres découvrit comme faisant partie d'une bande de voleurs. Cette
bande, fort bien organisée, avait à Bourges une maison qui lui servait
d'entrepôt pour ses vols. Comme notre homme était alors prévôt, il
fallut bien qu'il s'exécutât. Il commença par faire évader son frère ,
puis il fit arrêter pour la forme quelques autres des voleurs, qu'il re-
1. Voy. Appendice, I. 56
lâcha bientôt, ayant soin de garder par devers lui les objets volés. Sa
sœur, nommée Agnès la Colasse, vole un hanap d'argent. Il est obligé
d'instrumenter ; mais il s'en tire en faisant arrêter une autre femme
sur le compte de laquelle il fait passer le vol. Puis il la force dans sa
prison , et enfin la menace de la faire brûler vive si elle ose jamais
accuser la Colasse.
Il est encore question, dans notre pièce, d'un meurtre qu'il commit
dans la ville de Bourges, de complicité avec un Jean Morlins , qui fut
pendu. Quant à lui, il fut banni, et est encores, ajoute le texte , ce
qui semblerait indiquer que le fait fut postérieur à sa sortie de la
prévôté.
Une fois prévôt de Bourges, notre homme, on le sent bien, va tailler
en plein drap. Il profite d'une ordonnance du roi contre les Lombards
pour butiner chez ceux de ces Lombards qu'il trouve à Bourges. Il fait
des descentes chez plusieurs gentilshommes, sans doute sous prétexte
des ordonnances contre le port d'armes^ et leur prend leurs armures,
et même, à l'un d'eux, sa bourse, la comprenant sans doute sous la
dénomination générale d'armure. Mis sur la piste de faux monnayeurs,
il s'empresse de les dénoncer, puis il compose avec eux; ce qu'ils sont
obligés de faire, dit notre pièce, surtout par la crainte de ses faux t
émoins. Un beau matin , il fait crier une défense de laisser vaguer les
pourceaux dans les rues, et aussitôt il en fait une razzia. Un brave c
itoyen de Bourges, ayant besoin de belles dalles de pierre pour paver
ses viviers, ne trouve rien de mieux que de les emprunter aux murs de
la ville. II en est quitte pour financer avec notre prévôt. L'affaire s'a
rrange, et en sont demoré li murs empiré de mil livres et plus. Pour
s'acquitter d'une dette considérable qu'il avait contractée vis-à-vis
l'abbé de Saint-Sulpice de Bourges, il trouve un moyen bien simple.
Il lui vend une partie des biens communaux de la ville, et les toli aus
bonnes gens par sa force. Il emprunte à l'Hôtel-Dieu de Bourges huit
grands lits , sous le prétexte d'une visite importante qu'il attend , et
quand les maîtres de l'Hôtel-Dieu viennent les réclamer, il les menace
de la potence. Il trouve encore le moyen de les faire contribuer dans
une affaire qu'ils avaient avec la ville. Et ainsi par sa force a eu des
biens des povres jusques à la valeur de cent livres et plus. Dans une
disette qui survint pendant sa prévôté , il fait crier la défense d'ex
porter les blés , et en même temps il traite secrètement avec divers
particuliers d'opérations de ce genre. Nous passons sous silence beau
coup de ses faits et gestes qu'on trouvera exposés tout au long dans
notre pièce. Ce que nous en avons dit suffit pour donner un aperçu de 57
ce qu'était ce prévôt Jean Brunet, et comment la pauvre ville de
Bourges était administrée par lui en 1334.
Au reste, cette ville paraît n'avoir été guère plus heureuse , sous ce
rapport, dans les années antérieures. On en aura la preuve dans deux
des pièces que nous donnons en appendice. Ce sont des ordres de
poursuivre décernés contre d'autres prévôts de Bourges prédécesseurs
de celui-ci, et pr

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