ÉTUDE SANITAIRE SUR LES CANCERS AUTOUR DU SITE NUCLÉAIRE DUTRICASTIN Ce travail a été réalisé par l’ORS Rhône-Alpes : Olivier GUYE, Directeur Marlène BERNARD, Statisticienne Abdoul SONKO, Statisticien Martine DRENEAU, Documentaliste Isabelle FONTANIER, Statisticienne Blandine LABEILLE, Médecin de Santé Publique En collaboration avec les ORS Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte-d’Azur et la Fnors (Fédération nationale des Observatoires Régionaux de la Santé) L’étude a été réalisée à la demande du Département de la Drôme. Elle est financée par le Département de la Drôme et l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Observatoire Régional de la Santé Juin 2010 Rhône-Alpes Espace Régional de Santé Publique 9, quai Jean Moulin - 69001 Lyon Tél. : 04 72 07 46 20 - Fax : 04 72 07 46 21 E-mail : courrier@ors-rhone-alpes.org http://www.ors-rhone-alpes.org COMITÉ DE PILOTAGE Source : Département de la Drôme Un Comité de pilotage a été mis en place pour assurer le suivi de l’étude, présidé par Gérard CHAUMONET, Vice-président du Département de la Drôme. Il était composé comme suit : Bernard AURIOL, Chef du Service de médecine de santé du travail, AREVA Catherine BAILLOEUIL, Médecin du travail, EDF TRICASTIN Caroline CALLENS, Ingénieur, AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ Provence Alpes Côte d’Azur Olivier CATELINOIS, Épidémiologiste, INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE Gérard CHAUMONTET, Vice-président, ...
Observatoire Rgional de la Sant Rhne-Alpes Espace Rgional de Sant Publique 9, quai Jean Moulin - 69001 Lyon Tl. : 04 72 07 46 20 - Fax : 04 72 07 46 21 E-mail : courrier@ors-rhone-alpes.org http://www.ors-rhone-alpes.org
TUDE SANITAIRE SUR LES CANCERS AUTOUR DU SITE NUCLAIRE DU TRICASTINCe travail a t ralis par lORS Rhne-Alpes :Olivier GUYE, Directeur Marlne BERNARD, Statisticienne Abdoul SONKO, Statisticien Martine DRENEAU, Documentaliste Isabelle FONTANIER, Statisticienne Blandine LABEILLE, Mdecin de Sant Publique En collaboration avec lesORS Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Cte-dAzur et laFnors (Fdration nationale des Observatoires Rgionaux de la Sant) Ltude a t ralise la demande du Dpartement de la Drme. Elle est finance par leDpartement de la Drmeet lAutorit de Sret Nuclaire(ASN). Juin 2010
COMIT DE PILOTAGESource : Dpartement de la Drme UnComit de pilotagea t mis en place pour assurerle suivi de ltude, prsid par Grard CHAUMONET, Vice-prsident du Dpartement de la Drme. Il tait compos comme suit : Bernard AURIOL, Chef du Service de mdecine de sant du travail, AREVA Catherine BAILLOEUIL, Mdecin du travail, EDF TRICASTIN Caroline CALLENS, Ingnieur, AGENCE RGIONALE DE SANT Provence Alpes Cte dAzur Olivier CATELINOIS, pidmiologiste, INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE Grard CHAUMONTET, Vice-prsident, DEPARTEMENT DE LA DROME Richard ESCOFFIER, Adjoint au chef de division en charge des laboratoires, usines, installations en dmantlement, AUTORITE DE SURETE NUCLEAIRE - DIVISION DE LYON Jacques FAURE, Chef de mission prvention des risques majeurs et protection des populations, DEPARTEMENT DU VAUCLUSE Stphanie GARCIA, AGENCE RGIONALE DE SANT Provence Alpes Cte dAzur Jean-Pierre LAMBERTIN, Vice-prsident, DEPARTEMENT DU VAUCLUSE Dominique LAURIER, Chef du laboratoire dpidmiologie, INSTITUT DE RADIOPROTECTION ET SURETE NUCLEAIRE Pierre MANFREDI, Secrtaire Gnral, SOCIETE FRANCAISE D'NERGIE NUCLEAIRE Jean-Daniel MACABET, reprsentant, LES AMIS DE LA TERRE VAUCLUSE Catherine MERCAT, AREVA NC Franois MORAND, Adjoint au Maire charg de lenvironnement, MAIRIE DE BOLLENE Jean-Pierre MORICHAUD, Reprsentant, FEDERATION RHONE-ALPES DE PROTECTION DE LA NATURE Nathalie PANARIN, Charge de mission auprs du directeur gnral, DEPARTEMENT DE LA DROME Marielle SCHMITT, pidmiologiste la Cellule Inter-Rgionale dEpidmiologie, INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE Patrick VANUXEM, Chef de mission radioprotection de lenvironnement MRPE, EDF TRICASTIN Brigitte VITRY, Ingnieur sanitaire, responsable du ple sant et environnement, AGENCE RGIONALE DE SANT Rhne-Alpes
Etude sanitaire sur les cancers autour du site nuclaire du Tricastin ORS Rhne-Alpes – Juin 2010
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LEXIQUEALD Affection Longue Dure ASN Autorit de Sret Nuclaire CIM Classification Internationale des Maladies CLI Commission Locale dInformation CLIGEET Commission Locale dInformation des Grands quipements nergtiques du Tricastin CMU Couverture Maladie Universelle DP Diagnostic Principal DAS Diagnostic Associ Significatif FRAPNA Fdration Rhne-Alpes de Protection de la NAture INSERM Institut National de la Sant Et de la Recherche Mdicale InVS Institut national de Veille Sanitaire MCO Mdecine Chirurgie Obsttrique PMSI Programme de Mdicalisation des Systmes dInformation PPI Plan particulier dintervention RNHE Registre National des Hmopathies de lEnfant RNTSE Registre National des Tumeurs Solides de lEnfant RSA Rsum de Sortie Anonymis RSS Rsum de Sortie Standardis SHR Standardised Hospitalisation Ratio SIR Standardised Incidence Ratio SMR Standardised Mortality Ratio
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CONTEXTE ET OBJECTIFS
Contexte de ltude La plateforme du Tricastin situe dans la valle du Rhne entre Drme et Vaucluse sur les territoires des communes de Pierrelatte, Saint-Paul-Trois-Chteaux et Bollne, reprsente la plus importante concentration industrielle et chimique en France. Cette plateforme comprend plusieurs installations nuclaires de base, notamment les installations des industries AREVA spcialises dans la conversion et lenrichissement duranium et la fabrication de combustible nuclaire, ainsi quun centre nuclaire de production dlectricit d'EDF. Les premires installations nuclaires du site datent des annes 1960 (usines de diffusion gazeuse du Commissariat lnergie Atomique – CEA - et usine d'enrichissement de l'uranium qui produisaient pour les besoins de la Dfense nationale). L'usine Georges Besse d'Eurodif et la centrale EDF datent de 1974.
Ce secteur comporte aussi dautres caractristiques, avec notamment la prsence de lautoroute A7, une forte activit agricole (notamment viticole) ou encore la prsence dInstallations Classes pour la Protection de lEnvironnement (ICPE).
La Commission Locale dInformation auprs des Grands quipements nergtiques du Tricastin (CLIGEET), dont la composition a t revue en 2009 en accord avec la loi Transparence et Sret Nuclaire, est une des plus anciennes Commissions Locales dInformation (CLI) qui existent en France. Elle est prside par Didier GUILLAUME, Prsident du Dpartement de la Drme. Lors de la runion de la CLIGEET du 21 mars 2007, la Fdration Rhne-Alpes de Protection de la NAture (FRAPNA) a demand que soit ralise une « tude cancer » proximit de la 1 plateforme. Cette demande a t accepte. Un groupe de travail , prsid par le Conseil Gnral, a t constitu pour cerner prcisment les objectifs et la mthodologie de ltude. LInVS a rdig, sur la base de discussions du groupe de travail, un cahier des charges, valid lunanimit par la CLIGEET du 4 juillet 2008. Objectifs de ltude Lobjectif de cette tude est de dcrire ltat de sant de la population autour de la plateforme du Tricastin et, plus prcisment, de dterminer sil existe une diffrence entre les frquences de dcs ou de cas de cancers observes autour du site par rapport des frquences de rfrence. Cette tudena pas pour objectifou didentifier un lien entre les ventuelles dtablir particularits sanitaires observes et un facteur explicatif, quel quil soit. Elle ne peut pas, par exemple, permettre dvaluer limpact sanitaire des installations industrielles du site. Il sagit de mener une tudedescriptivepartir des donnes de mortalit par cancer et dindicateurs sapprochant au mieux de lincidence des cancers tels que les nouvelles admissions en Affection Longue Dure (ALD) pour cancer, les patients hospitaliss pour cancer reprs par le Programme de Mdicalisation des Systmes dInformation (PMSI) et les nouveaux cas de cancers enregistrs dans les registres de cancers pdiatriques.
1 Liste des membres du groupe de travail Cancer en annexe
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Ltude peut cependant permettre dvoquer et de discuter certaines hypothses et dalimenter la rflexion sur les suites donner en matire dtudes ultrieures ou de dispositif de surveillance sanitaire.
Ainsi, si des particularits sanitaires sont mises en vidence, et en fonction des hypothses mises pour les expliquer, il sagira, dans un second temps, dvaluer la pertinence et la faisabilit de mener une tude de typeanalytiquepour tester ces hypothses.
Le protocole de ltude a t valid par les membres de la CLIGEET lunanimit le 4 juillet 2008.
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SYNTHSE ET DISCUSSION
Lobjectif de cette tude, dcide par la CLIGEET (Commission Locale dInformation des Grands quipements nergtiques du Tricastin) tait de dcrire ltat de sant, en matire de cancer, de la population domicilie autour de la plateforme du Tricastin et, plus prcisment, de dterminer sil existe une diffrence entre les frquences de dcs ou de cas observes autour du site par rapport des frquences de rfrence.
Il sagit de mener une tude descriptive partir des donnes de mortalit par cancer et dindicateurs dincidence tels que les admissions en Affection Longue Dure (ALD) pour cancer, les patients hospitaliss pour cancer reprs par le Programme de Mdicalisation des Systmes dInformation (PMSI) et les nouveaux cas de cancers enregistrs dans les registres de cancers pdiatriques.
Ltude repose sur la comparaison de la mortalit et de lincidence des cancers entre une zone constitue des communes entourant la plateforme du Tricastin, et une zone de rfrence, constitue des quatre dpartements limitrophes (Ardche, Drme, Gard et Vaucluse). Pour certains indicateurs (donnes des registres pdiatriques, mortalit), cette comparaison a galement t conduite avec la France mtropolitaine.
Pour disposer deffectifs suffisamment significatifs sur ce territoire de prs de 90 000 habitants et pour limiter limpact des biais et limites (discuts tout au long de ce rapport) propres chaque source de donnes (mortalit, admissions en ALD, donnes hospitalires) les principes mthodologiques retenus sont de conduire cette analyse sur la priode la plus longue possible avec un maximum dindicateurs. Il faut cependant souligner que du fait du manque de recul historique de certaines sources de donnes (ALD, hospitalisations notamment), les effectifs restent relativement modestes sur le territoire dtude et il nest ainsi pas possible de mettre en vidence des diffrences de faible ampleur.
Lanalyse a t conduite sur lensemble de la zone dtude (zone du PPI du Tricastin largie, pour des raisons mthodologiques, aux communes dont le code postal est commun avec celles du PPI) et dcline gographiquement, sur deux sous-zones dtude : une sous-zone A proximit des installations et une sous-zone B plus priphrique. Il faut souligner ici une des limites de ce type dtude gographique qui ne prend pas en compte la mobilit des personnes, alors quen matire de cancer la priode entre lexposition un facteur de risque et le dclenchement de la pathologie peut porter sur plusieurs dcennies. Ainsi, des personnes rsidant sur le territoire une partie de leur vie ont pu avoir un cancer diagnostiqu aprs avoir quitt le territoire du Tricastin et ne seront pas prises en compte dans ltude. A linverse des personnes ayant vcu essentiellement sur dautres territoires ont pu avoir un cancer rvl pendant leur priode de rsidence sur le territoire dtude. Cette limite est plus importante encore pour les indicateurs de mortalit que pour les indicateurs dincidence, le temps dvolution de la maladie (jusquau dcs) se rajoutant au dlai entre lexposition et le diagnostic de la maladie. Le premier constat de cette tude est un bon niveau de convergence des rsultats manant des diffrentes sources de donnes, confrant ainsi plus de valeur ceux-ci. De manire gnrale, pour lensemble des cancers (quel que soit le type de tumeurs ou dhmopathies) la population du territoire prsente des indicateurs de mortalit et dincidence qui ne sont pas diffrents, de manire significative, de ceux de la population de rfrence correspondant aux 4 dpartements, chez les femmes comme chez les hommes. Pour les indicateurs qui ont pu tre compars la France (donnes des registres pdiatriques, mortalit) on note de plus une situation de sous-mortalit des hommes rsidant sur la zone dtude par rapport la mortalit nationale. Sous-mortalit qui concerne principalement la population de la sous-zone A.
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Les rsultats de chaque source de donnes (ALD, hospitalisation, mortalit avec rfrence 4 dpartements, mortalit avec rfrence France) pour lensemble des cancers et pour chaque type de localisation cancreuse sont reprsents de manire synthtique dans le tableau ci-dessous. Les indices qui prsentent une diffrence significative sont marqus dune, deux ou trois toiles. Cependant, chaque source de donnes prsente certains biais ou limites (cf. paragraphe « discussion et limites » de chaque chapitre de rsultats). Aussi, pour linterprtation des rsultats, il faut privilgier les localisations cancreuses pour lesquelles au moins deux sources de donnes diffrentes donnent des rsultats significatifs et convergents. Tableau n 18: Indices comparatifs de la zone dtude et niveau de significativit selon la localisation cancreuse et la source de donnes
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Il nexiste quune seule localisation pour laquelle on observe une situation dfavorable de manire homogne pour toutes les sources de donnes. Il sagit du cancer du pancras chez les femmes pour lequel les indicateurs de mortalit, dadmission en ALD et dincidence hospitalire sont tous significativement dfavorables pour la population de la zone dtude en comparaison la rfrence des 4 dpartements (et galement en comparaison avec la France pour la mortalit). Les deux sous-zones A et B sont concernes. A linverse, le cancer du sein chez la femme apparat en sous-incidence significative au travers des donnes dadmissions en ALD et dhospitalisation. Pour toutes les localisations cancreuses on observe soit aucun indicateur significativement diffrent des rfrences, soit des rsultats significativement diffrents pour une seule source de donnes. Dans ce dernier cas, on retrouve pour les localisations qui prsentent des indicateurs dfavorables : - une sur-mortalit par cancer de la prostate significative (uniquement en comparaison de la rfrence compose des quatre dpartements) et non confirme par les indicateurs dadmission en ALD et dincidence hospitalire. Cette sur-mortalit concerne la sous-zone B ; - une sur-mortalit fminine par lymphome malin non hodgkinien en comparaison avec les quatre dpartements de rfrence, mais diffrence non significative pour les autres indicateurs. Cette sur-mortalit concerne galement la sous-zone B. Les localisations cancreuses qui prsentent un indicateur favorable sont : - le cancer de la thyrode pour les donnes dhospitalisations (surtout en sous-zone B) ; - le cancer du foie pour les deux sexes et le cancer de lœsophage chez lhomme qui prsentent une sous-mortalit en comparaison avec la France (surtout en sous-zone A) ; - le cancer de la vessie et le mlanome de la peau qui prsentent chez lhomme une sous-incidence hospitalire isole. Tous ces constats sont formuls partir dun seuil de significativit fix, comme cela est habituellement le cas dans les tudes pidmiologiques, 5%. Cela signifie que les rsultats sont jugs significatifs lorsque le risque que ces rsultats soient observs du fait dune simple rpartition alatoire est statistiquement infrieur cinq chances sur cent. Un seuil suprieur (10% par exemple) aurait accru le nombre de constats significatifs dans un sens ou dans lautre. Cependant, la multiplicit des indicateurs (quatre sources de donnes, dclinaisons par type de localisations, par sexe, par sous-zone, par sous-priode) qui augmente la probabilit davoir des rsultats significatifs plaide pour une approche plus restrictive avec un seuil 5%. Cette tude na pas pour objectif dtablir ou didentifier un lien entre les ventuelles particularits sanitaires observes et un facteur explicatif, quel quil soit. Elle ne peut pas permettre dvaluer lventuel impact sanitaire des installations industrielles du site. Elle peut cependant permettre dvoquer et de discuter certaines hypothses.
La synthse des rsultats ci-dessus fait ressortir le cancer du pancras chez la femme comme seul localisation cancreuse o lensemble des indicateurs collects et analyss confirment une situation dfavorable sur le territoire dtude. Cest galement la seule localisation qui apparat en situation dfavorable pour lincidence (survenue de nouveaux cas, estime par les donnes dadmissions en ALD et les donnes dhospitalisation).
Le cancer du pancras est un cancer au pronostic sombre qui reprsentait en France en 2005, selon lInstitut national de Veille Sanitaire, 2,3% de lensemble des cas de cancers et 5,3% des me dcs par cancer (soit la 5 localisation cancreuse pour le nombre de dcs). Son incidence apparat en hausse sur les deux dernires dcennies sans que les origines de cette volution soient bien connues. Les facteurs de risque de cette maladie sont galement trs partiellement identifis. Celui qui apparat comme le plus probable est le tabagisme. Le rle de lalcool, du caf, de la surcharge pondrale et dautres facteurs nutritionnels sont galement voqus. Un lger excs de risque est galement voqu, dans les pays dvelopps, chez les sujets atteints de
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2,3,4 diabte ou de pancratite chronique . On peut noter que dans une prcdente tude de lORS 5, Rhne-Alpes sur « LAnalyse des variations spatiales de la mortalit par cancers » , plusieurs territoires prsentent une surmortalit par cancer du pancras (dont le sud-ouest de la Drme), sans quaucune hypothse explicative ne puisse tre avance. En dehors du cas particulier du pancras la situation du territoire napparat globalement pas dfavorable (elle apparat mme significativement favorable pour la mortalit par cancer chez les hommes). Au vu des liens connus entre situation socio-conomique et tat de sant cette situation pourrait tre lie une situation socio-conomique favorable de la population du territoire. Cependant, lanalyse trs synthtique de cette situation par le biais dun indice de dfavorisation sociale tend au contraire mettre en vidence une situation dfavorable par rapport la fois aux quatre dpartements de rfrence et la France mtropolitaine. Mme si cette analyse mriterait dtre largement affine, ceci ne plaide donc pas pour lhypothse quune situation socio-conomique privilgie pourrait « contrebalancer » un facteur de risque externe et masquer leffet dfavorable de celui-ci. Sur le plan gographique, au sein de la zone dtude, on peut souligner que lorsque les indicateurs placent le territoire en situation dfavorable, cette situation apparat majoritairement lie la situation de la sous-zone B, c'est--dire la zone la plus distance des installations nuclaires. A linverse les situations favorables reposent plus largement sur la situation de la sous-zone A, proximit du site. Lanalyse spatiale de la mortalit, lchelle des communes au sein du territoire, montre quil nexiste pas globalement de diffrences significatives entre les valeurs communales et quil ne semble pas exister de structure spatiale (rpartition gographique) particulire de la mortalit au sein du territoire. Il faut cependant souligner que, malgr une priode dobservation importante (17 ans), les effectifs par commune sont faibles et limitent les possibilits pour ce type danalyse. Le profil sanitaire des hommes et des femmes tant trs diffrents les analyses pidmiologiques sont classiquement dclines par sexe. Cest le choix mthodologique qui a t fait ici. En effet, mme si dans lhypothse de rechercher leffet de lexposition un facteur de risque environnemental, les indicateurs auraient pu tre galement analyss par population tous sexes confondus, les facteurs de risque des hommes et des femmes apparaissent trop distincts pour rendre ce type danalyse trs pertinent. On peut dailleurs souligner quil y a peu de convergence de constats entre hommes et femmes, les situations particulires mises en vidence pour certains indicateurs ne sont jamais retrouves pour les deux sexes, lexception de la sous-mortalit par cancer du foie. En conclusion et en rappelant que cette tude, uniquement descriptive, ne peut permettre daffirmer ou dinfirmer une association entre un facteur de risque suppos et la situation sanitaire de la population tudie, on peut noncer que : - le territoire tudi prsente un profil pidmiologique non diffrent de ceux des territoires de rfrence ; - la seule localisation cancreuse pour laquelle la population du territoire apparat dans une situation dfavorable est le cancer du pancras chez la femme ;
2 Belot A, Velten M, Bossard Net al. Estimation nationale de lincidence et de la mortalit par cancer en France entre 1980 et 2005. InVS 2008; pp 36:39. 3 Remontet L.et al. volution de lincidence et de la mortalit par cancer en France entre 1978 et 2000. InVS 2002; pp 67:72 4 Effects of ionizing radiation. Report to the general assembly : volume 1. UNSCEAR 2006 pp 68 :70.5 Sonko A, Guye O. Analyse des variations spatiales de la mortalit par cancers en Rhne-Alpes. ORS Rhne-Alpes 2007; pp 45:49.
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- sur les lments recueillis, aucun constat (type de localisations en cause, analyse gographique au sein de la zone dtude, situation socio-conomique de la population, constats distincts selon le sexe) ne permet dvoquer lhypothse dun facteur de risque environnemental spcifique au territoire. Avis du comit de pilotage Ltude cancers na pas mis en vidence de situation sanitaire spcifique sur la zone dtude du Tricastin, par rapport une situation de rfrence (rgionale et nationale). En revanche, concernant le cancer du pancras, le comit de pilotage note une sur-incidence chez la femme, qui ne peut tre explique compte tenu des connaissances scientifiques actuelles. La ralisation dune tude de niveau national voire international apparat opportune au comit de pilotage pour approfondir la connaissance des facteurs de risque de ces cancers. En consquence, il apparat au comit de pilotage, quil nest pas ncessaire denvisager une suite cette tude sur ce territoire.
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