Messeigneurs Les Vistes et la Dame à la Licorne - article ; n°2 ; vol.141, pg 209-267
66 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Messeigneurs Les Vistes et la Dame à la Licorne - article ; n°2 ; vol.141, pg 209-267

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
66 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1983 - Volume 141 - Numéro 2 - Pages 209-267
Si, en dépit des légendes parfois extravagantes qui entourent les six tapisseries de la Dame à la licorne, on savait depuis leur vente par la municipalité de Boussac, en 1882, au musée de Cluny, que les armoiries qui s'étalent avec insistance sont celles des Le Viste, famille lyonnaise, dont les membres les plus prestigieux vinrent s'établir à Paris au XVe siècle, les avis divergeaient sur l'identité de celui d'entre eux pour qui elles avaient été faites. Leur filiation, une fois purgée des erreurs répétées par presque tous les auteurs, leur carrière a donc été reconstituée en détail, leurs alliances et leur goût pour les arts étudiés, principalement pour ceux qui vivaient à l'époque (1480-1490/95) que son style permet d'assigner à la tenture: c'est-à-dire Jean IV, seigneur Arcy et président de la cour des Aides (1500), son cousin germain Aubert, seigneur de Fresne et de Velly rapporteur et correcteur de la chancellerie royale (mort en 1493) et le fils de celui-ci, Antoine, seigneur de Fresne et de Saint-Gobert, prévôt des marchands et président au parlement de Paris (mort en 1534). Les indications ainsi rassemblées, ainsi que l'étude héraldique, permettent, sinon de trancher absolument, du moins de pencher très fortement en faveur de Jean IV Le Viste.
59 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 96
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Geneviève Souchal
"Messeigneurs Les Vistes" et "la Dame à la Licorne"
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1983, tome 141, livraison 2. pp. 209-267.
Résumé
Si, en dépit des légendes parfois extravagantes qui entourent les six tapisseries de la Dame à la licorne, on savait depuis leur
vente par la municipalité de Boussac, en 1882, au musée de Cluny, que les armoiries qui s'étalent avec insistance sont celles
des Le Viste, famille lyonnaise, dont les membres les plus prestigieux vinrent s'établir à Paris au XVe siècle, les avis divergeaient
sur l'identité de celui d'entre eux pour qui elles avaient été faites. Leur filiation, une fois purgée des erreurs répétées par presque
tous les auteurs, leur carrière a donc été reconstituée en détail, leurs alliances et leur goût pour les arts étudiés, principalement
pour ceux qui vivaient à l'époque (1480-1490/95) que son style permet d'assigner à la tenture: c'est-à-dire Jean IV, seigneur Arcy
et président de la cour des Aides (1500), son cousin germain Aubert, seigneur de Fresne et de Velly rapporteur et correcteur de
la chancellerie royale (mort en 1493) et le fils de celui-ci, Antoine, seigneur de Fresne et de Saint-Gobert, prévôt des marchands
et président au parlement de Paris (mort en 1534). Les indications ainsi rassemblées, ainsi que l'étude héraldique, permettent,
sinon de trancher absolument, du moins de pencher très fortement en faveur de Jean IV Le Viste.
Citer ce document / Cite this document :
Souchal Geneviève. "Messeigneurs Les Vistes" et "la Dame à la Licorne". In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1983, tome
141, livraison 2. pp. 209-267.
doi : 10.3406/bec.1983.450305
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1983_num_141_2_450305U
« MESSEIGNEURS LES VISTES »
ET LA « DAME A LA LICORNE »
par
Geneviève SOUGHAL
Note liminaire.
Rédigé depuis 1973 pour ma thèse de doctorat d'État sur Les mille fleurs dans
la tapisserie à la fin du Moyen Age, soutenue en 1979 devant l'Université de
Paris-IV, mais non encore publiée, le présent article a été mis à contribution
dès 1973-1974 dans mon catalogue de l'exposition de tapisseries qui s'est alors
tenue au Grand Palais à Paris et au Metropolitan Museum de New York. Il a
d'autre part été mis à jour en tenant compte de ce qui est paru entre temps.
Consacré à la famille dont les armoiries ornent la plus célèbre tenture du monde
(avec V Apocalypse d'Angers), il a ambitionné de traiter cette question à fond,
pour que soient résolus quelques-uns des problèmes qu'elle pose et que nous soit
ainsi épargnée la floraison, sinon de toutes les hypothèses que c'est, semble-t-il,
le propre des chefs-d'œuvre de susciter, du moins celle de quelques erreurs et
d'une partie des extravagances que celui-ci ne cesse, hélas ! d'engendrer. Peut-on
pourtant espérer que le mythe le moins fondé ne séduise pas les esprits plus que
la vérité obj ective ... ?
En dépit des romanesques attributions de plusieurs écrivains
(George Sand notamment) qui mettaient les tapisseries de la Dame
à la licorne (pi. I) en relation avec le frère cadet et rival malheureux
du sultan Bazajet TI, Djem (ou Zizim), envoyé en captivité dans la
Marche par le Grand-Maître de Rhodes, Pierre d'Aubusson1, on sait
depuis un siècle que les armoiries répandues à profusion sur les six
pièces conservées depuis 1882 au musée de Gluny : dé gueules à la bande
cousue d'azur chargée dé trois croissants montants d'argent, sont celles
de la puissante famille des Le Viste, d'origine lyonnaise, dont plusieurs
membres se sont illustrés dans les grands offices royaux ; G. Gallier
l'avait indiqué dès 1882, lors de la vente des six tapisseries, par la
municipalité de Boussac, au musée de Gluny2, et nulle autre famille
n'a jamais porté de telles armes3.
1. Ici, comme à maintes reprises, il me faut renvoyer à l'un des chapitres de ma thèse,
que je ne puis reprendre dans le cadre de cet article ; en l'espèce aux pages consacrées à la
Dame à la licorne dans l'Iconographie des millefleurs.
2. G. Callier, Vente des tapisseries de Boussac, dans Bulletin monumental, t. 48, 1882,
p. 567-568.
3. Pierre Palliot, La vraye et parfaite science des armoiries ou Vindice armoriai..., Paris, 210 GENEVIÈVE SOUCHAL
Cette identification n'a pourtant pas été acceptée sans peine1,
nombre d'esprits se refusant à admettre que la plus belle tenture du
monde ait pu être commandée par l'un des membres d'une famille de
robe, considérée comme « modeste »2. Il y a peu de lustres encore,
M. Lanckoronska, sans nier que les armoiries soient bien celles des
Le Viste, proposait de voir dans la Damé à la licorne un hommage à
Marguerite d'York, troisième femme du dernier duc de Bourgogne3;
selon elle, Aubert L.e Viste, sujet de Charles le Téméraire par la terre
de Fresnes que lui avait apportée sa femme, Jeanne Baillet, en 1471,
aurait commandé la tenture vers 1472, après l'incendie du château
de Mâle qui détermina le Franc de Bruges à offrir au duc les onze
pièces de la Guerre dé Troie*', fonctionnaire de Louis XI, il aurait
ainsi résolu la difficulté d'être au service de deux maîtres en lutte ;
puis, lors de la mort du Téméraire en 1477, il aurait gardé les tapisseries
inachevées, et les armoiries du couple ducal qui existaient peut-être
1660, t. I, p. 220 et suiv. (armes à croissants), et Johannes Baptista Rietstap, Armorial
général, précédé d'un dictionnaire des termes du blason, Gouda, 2e édit., s. d., t. I, p. 275-
276, 300, 411, 428, 484, 995, 1051 ; t. II, p. 112, 131, 150, 155, 564, 650, 968 ; supplément,
p. 1209 (familles ayant trois croissants dans leurs armes) ; t. II, p. 60 et 1013 (Leviste de
Montbriand). L'écu des Le Viste était gravé sur la tombe de Jean IV (voir plus loin p. 242
et pi. II) et, outre les Dossiers Bleus (Bibl. nat., Mss, 676), les Pièces originales (Bibl. nat.,
Mss, 3031) et les auteurs anciens tels que Claude Le Laboureur ou François Blanchard,
que l'on citera plus loin, les armoriaux s'accordent pour donner ces armes aux Le Viste (cf.
par exemple Edmond Révérend Du Mesnil, Armoriai historique de Bresse, Bugey, Dombes,
pays de Gex, Valromey et Franc-Lyonnais d'après les travaux de Guichenon, d'Hozier, Aubret,
d'Assier, Steyert, Baux, Guigue, Albrier, Arcelin, les archives et les mss, etc., avec les remarques
critiques de Ph. Collet, Lyon, 1872, p. 374 et 702 ; William Poidebard, Julien Baudrier et
Léon Galle, Armoriai des bibliophiles de Lyonnais, Forez, Beaujolais et Dombes, Lyon, 1907,
n° p. 350 35103). ; Henri Jougla de Morenas, Grand armoriai de France..., t. VI, Paris, 1949, p. 489,
1. Vingt-cinq ans après, Henri de Lavillatte, sans s'arrêter à l'hypothèse Le Viste, déve
loppe encore l'attribution à Zizim : Les tapisseries de la Dame à la licorne (château de Bous-
sac-Musée de Cluny), Paris, 1907 (extr. d'Esquisses de Boussac, Paris, 1907, p. 23-25
et 149-171). Et on la retrouve une fois de plus dans un ouvrage tout récent, assez mal i
nformé pour croire possible « que les œuvres réalisées pour le mariage de Claude Le Viste,
après la mort de Djem, aient eu comme modèle des cartons ou des originaux exécutés sur
les ordres du prince » et « que l'un des membres de la famille Le Viste ou de quelque autre
famille adopta les cartons des tapisseries oubliées au fond de la Creuse » ! (Yvonne Caroutch,
La licorne alchimique, Paris, 1981, p. 46 et 42.)
2. Même Francis Salet, qui ne doute pas que la Dame à la licorne a été commandée par
les Le Viste, parle d'une « modeste famille d'origine lyonnaise » (dans Bulletin monum
ental, t. 122, 1964, p. 419).
3. Maria Lanckoronska, Wandteppiche für eine Fürstin, die historische Persönlichkeit der
« Dame mit dem Einhorn », Franckfurt, 1965.
4. L'une des principales suites du xve siècle (cf. Jean-Paul Asselberghs, Les tapisseries
tournaisiennes de la Guerre de Troie, Bruxelles, 1972 [Artes Belgicae], p. 5-94 [extr. de la
Bévue belge d'archéologie et d'histoire de l'art, t. 29, 1970] ; Nicole Reynaud, Un peintre fran
çais cartonnier de tapisseries au XVe siècle : Henri de Vulcop, dans Bévue de l'art, n° 22,
1973, p. 6-21 ; et G. Souchal, Catalogue de l'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents