Modalités du progrès et innovation régressive - article ; n°1 ; vol.13, pg 78-85
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1980 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 78-85
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Jean-Paul Courtheoux
Modalités du progrès et innovation régressive
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 13. 3e trimestre 1980. pp. 78-85.
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Courtheoux Jean-Paul. Modalités du progrès et innovation régressive. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 13. 3e trimestre
1980. pp. 78-85.
doi : 10.3406/rei.1980.1984
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1980_num_13_1_1984Modalités du progrès et
innovation régressive*
Jean-Paul COURTHÉOUX
Maître de Recherche au CNRS
Chargé d'enseignement à l'Université de Paris II
Le progrès d'une activité humaine en général suppose qu'à un moment donné
les conditions et les résultats de cette activité soient jugés préférables à ses condi
tions et résultats antérieurs. Toutefois, dans la mesure où elle est axée notam
ment sur les notions d'efficacité physique et d'effets en valeur, la science écono
mique implique des acceptions plus précises ou, tout au moins, plus particulières
de progrès. La notion appelle une définition du progrès technologi
que et du progrès technique ; la notion d'effets en valeur s'articule à une défini
tion du économique et du progrès social.
I. — DE LA DISTINCTION ENTRE PROGRÈS TECHNOLOGIQUE, PRO
GRÈS TECHNIQUE, PROGRÈS ÉCONOMIQUE ET PROGRÉS SOCIAL
A cet égard, la présente et brève note ne vise nullement à dresser un bilan des
acceptions déjà avancées en la matière depuis les jalons posés par les premiers
économistes classiques (1) jusqu'aux notions modernes de progrès chez des
auteurs tels que F. Perroux, J. Fourastié, A. Sauvy, etc. Cette note ne prétend
pas non plus à de nouvelles définitions. Elle vise simplement, en partant d'ail
leurs de tendances assez communément admises, à mettre l'accent sur certaines
perspectives qui pourraient concerner respectivement les notions de progrès tech
nologique, technique, économique et social.
Dans cet esprit le progrès technologique suppose une amélioration intrinsèque,
sans référence immédiate au calcul économique, des procédés de production et
des produits obtenus (caractéristiques, performances, etc.). D'un point de vue
plus intellectuel, il est lui-même généralement une conséquence du progrès scien
tifique, cependant qu'à son tour il tend à engendrer sur le plan matériel une série
de « révolutions industrielles ». Ainsi peut-on évoquer les phases « éo-
techniques » (fondée sur l'eau comme énergie et le bois comme matériau),
*Ce texte constitue la version en langue française d'une contribution en langue italienne à paraître
dans les « Scritti in onore di Guiseppe de Meo » (Universita degli Studi di Roma, Facolta di Scienze
Statistiche, Demografiche e Attuariali).
(1) Les classiques, tels A. Smith, Malthus, J.-B. Say, Stuart Mill, distinguaient, explicitement ou
non, le progrès technique (« progrès des facultés productives », « améliorations foncières »,
« progrès industriel »), le progrès économique (« progrès de l'opulence nationale », « progrès de
la richesse ») et le progrès général (« progrès de la société », « progrès de la civilisation »).
78 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 73, 3» trimestre 1980 « paléo-technique » (charbon et fer), « néo-technique » (électricité et matières
synthétiques) chez L. Mumford (2), les trois révolutions industrielles selon
G. Friedmann depuis la première révolution (charbon et machine à vapeur)
jusqu'à la seconde (électricité et moteur à explosion) et la troisième (énergie ato
mique et automation), les trois âges (de l'outil, de la mécanisation, de l'automa-
tion) dans les travaux d'A. Touraine (3). Pareillement on pourrait distinguer
trois étapes cumulatives de la recherche : celle de la recherche pure, celle de la
recherche pure et appliquée, celle de la recherche pure, appliquée et recherche-
développement.
Plus spécialement axé sur les phénomènes de productivité, surtout depuis
J. Fourastié, le progrès technique se manifeste par une utilisation plus efficiente
des facteurs de production et, plus précisément, soit par un accroissement de pro
ductivité à qualité constante (c'est-à-dire par une diminution, en volumes, des
facteurs de consommés pour une production donnée) soit par une
amélioration de qualité à productivité constante.
Ainsi considérée la peut toujours et doit parfois (lorsqu'il s'agit
d'agrégats physiquement hétérogènes) être appréciée en valeur. Néanmoins, lors
que cela est possible, elle est de préférence saisie en quantités physiques afin
d'éviter les incertitudes nées des mesures effectuées en valeur nominales ou même
à prix constants (la méthode des prix constants qui consiste à évaluer une product
ion au cours de plusieurs années par le système de prix d'une année de référence
est imparfaite dans la mesure où on obtient des résultats différents suivant
l'année de référence. Cette imperfection tient elle-même aux changements dans la
structure des prix. Les niveaux relatifs des prix se modifiant d'une année à
l'autre, la structure de prix d'une année donnée peut, par rapport à celle d'une
autre année, minimiser ou au contraire accentuer le poids en valeur pour lequel
telle catégorie de produits spécifiques rentre dans l'ensemble d'une production).
Par contre, il est dans la nature même du progrès économique d'intégrer les
effets en valeur. En ce sens, on pourrait caractériser le progrès économique par la
diffusion des effets en valeur d'un progrès technique, soit au profit des product
eurs par le jeu des revenus, soit au profit des consommateurs par le mouvement
des prix. C'est là, en d'autres termes, le phénomène bien connu de la propagation
des gains de productivité, qualifié parfois aussi de « socialisation du progrès
technique ».
Ce phénomène pose d'ailleurs le problème du choix du mode de diffusion. La
diffusion des gains de productivité par la baisse des prix paraît plus équitable et
plus générale. Cependant la baisse des prix augmente la valeur réelle de l'endett
ement et pénalise de ce fait les industries à forte intensité de capital ; en outre, elle
profite surtout aux catégories qui consomment proportionnellement le plus de
produits à forte baisse. Surtout, en raison de son caractère plus apparent, la dif
fusion des gains de productivité par la hausse des revenus est généralement préfé
rée, à tort ou à raison. Mais se pose alors le problème du critère à retenir pour
(2) Dans son ouvrage classique sur Technique et civilisation.
(3) Dans leurs travaux devenus également classiques, sur le machinisme industriel (G. Friedmann) et
la civilisation industrielle (A. Touraine).
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 13, 3' trimestre 1980 79 cette hausse de revenus : les salaires doivent-ils, par exemple, être augmentés en
fonction de la productivité des entreprises, des branches d'activité ou en fonction
de la productivité nationale ? Cette question fondamentale et classique est plus
ou moins à l'origine des politiques de revenus et doit être résolue non seulement
en fonction des incidences sur l'équilibre de l'emploi et sur le niveau des prix mais
aussi en raison de considérations d'équité (une hausse de salaires proportionnelle
à la productivité des branches avantagerait excessivement les salariés des bran
ches à forte productivité, mais une hausse uniforme, proportionnelle à la product
ivité nationale, pourrait contrarier la mobilité de l'emploi et entraîner certaines
tensions inflationnistes).
Le caractère équitable de la diffusion des gains de productivité pourrait à cet
égard être retenu pour une définition du. progrès social. Plus généralement, si les
quatre types de progrès ainsi distingués vont souvent de pair, il n'en est pas néces
sairement toujours ainsi, surtout en courte période.
En effet, il peut y avoir progr

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