Monuments religieux de la Perse achéménide, état des questions - article ; n°1 ; vol.7, pg 119-135
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Description

Travaux de la Maison de l'Orient - Année 1984 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 119-135
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Rémy Boucharlat
Monuments religieux de la Perse achéménide, état des
questions
In: Temples et sanctuaires. Séminaire de recherche 1981-1983. sous la direction de G. Roux. Lyon : Maison de
l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1984. pp. 119-135. (Travaux de la Maison de l'Orient)
Citer ce document / Cite this document :
Boucharlat Rémy. Monuments religieux de la Perse achéménide, état des questions. In: Temples et sanctuaires. Séminaire de
recherche 1981-1983. sous la direction de G. Roux. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1984. pp.
119-135. (Travaux de la Maison de l'Orient)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_0766-0510_1984_sem_7_1_1657RELIGIEUX DE LA PERSE ACHÉMÉNIDE MONUMENTS
ÉTAT DES QUESTIONS
Rémy BOUCHARLAT
A partir de 639 avant l'ère chrétienne, l'empire perse englobe de vastes régions
qui, pour la plupart d'entre elles, conservent leurs cultes et leurs monuments reli
gieux. Dans les pays que les Iraniens occupent depuis la première moitié du 1er
millénaire, on ne connaît qu'un seul temple antérieur à Cyrus le Grand, fondateur
de l'empire. Pour la période achéménide elle-même, les monuments considérés à
tort ou à raison comme des temples sont peu nombreux, moins d'une dizaine. Ils
sont présentés brièvement ici, mais il faut savoir que leur fonction comme leur
date restent hypothétiques. Le problème des lieux de culte des Achéménides
peut être ramené à deux questions élémentaires, qui évidemment en font surgir
beaucoup d'autres :
- Quelle était la religion des Achéménides ? Était-ce la vieille religion iranienne
ou déjà le Zoroastrisme ? Quels cultes étaient pratiqués ?
- Les monuments que nous connaissons sont-ils des temples ? Leur architecture
et leur aménagement intérieur permettent-ils d'en décider ?
I La religion
1.1. Les croyances
La première question, celle de la religion des Achéménides, est débattue depuis
des décennies et n'a pas encore reçu de réponse satisfaisante1. Nous disposons de
quelques éléments sur la religion iranienne au 1er millénaire à partir de celle des
Indo-Iraniens ; encore celle-ci n'est-elle connue le plus souvent qu'à travers des
textes très postérieurs. Il n'est pas possible de dire si les Achéménides étaient zo-
roastriens et, dans l'affirmative, si cette religion réformée avait atteint tous les
peuples iraniens, ou quelques-uns d'entre eux, ou même la cour royale seule
ment. Le Zoroastrisme de cette époque est mal connu ; le culte correspondant
1. Sur ce problème et, plus généralement, sur la religion iranienne et le Zoroastrisme, voir les ouvra
ges de synthèse de J. Duchesne-Guillemin 1962, Widengren 1968, Boyce 1975a et 1982. R. BOUCHARLAT 120
l'est encore moins. La date même de Zoroastre/Zarathoushtra est aujourd'hui
plus controversée que jamais ; on a longtemps cru, en effet, que sa prédication
prenait place au 7e siècle ou au début du 6e siècle. D'après des recherches ré
centes, on ne peut plus exclure une date aussi haute que la deuxième moitié du
2e millénaire (Boyce 1982, p. 3). Quoi qu'il en soit, Zoroastre a vécu, semble-t-il,
dans l'est de l'Iran (Gnoli 1980) ou dans l'Asie Centrale méridionale (Boyce 1982),
régions dans lesquelles l'écriture était inconnue, de sorte que son enseignement
n'a pas été consigné. Transmis oralement pendant des siècles, il aurait été mis
par écrit à la fin du 1er millénaire a.C. ou plus tardivement.
La réforme de Zoroastre privilégie, dans le vieux panthéon indo-iranien, un
seul dieu, Ahura-Mazda/Ohrmazd. Lui seul est digne d'adoration ; il est effectiv
ement le seul qu'invoquent Darius Ier et ses deux premiers successeurs, dans leurs
inscriptions officielles. Ahura Mazda représente le Bien. Il est le créateur de tou
tes choses ; il est le père d'entités (Bonne Pensée, Justice, etc..) qui ne sont pas
des dieux. Il a également engendré deux esprits jumeaux, dont l'un a choisi le
Mal. Les autres anciens dieux ont fait de même et sont les daevas (démons). La
lutte entre le Bien et le Mal est constante, mais à la fin des temps, le Bien triom
phera. En attendant ce jour, les hommes eux aussi doivent choisir : ils sont re
sponsables et ne sont pas soumis à une fatalité. C'est pourquoi, ils seront r
écompensés dans l'au-delà selon leurs mérites. En bref, on peut dire que la rel
igion réformée par Zoroastre tend au monothéisme et qu'elle impose une morale.
1.2. Le culte
Le feu est au centre du culte zoroastrien, mais il jouait déjà auparavant un rôle
capital. Il est le signe visible du dieu, sans que l'on puisse affirmer qu'à travers lui
le dieu est présent. Le feu est le médiateur, qui porte au dieu la prière des fidèles.
Le rôle des prêtres (les mages) est fondamental, car eux connaissent les prières
sacrées qu'ils récitent par cœur. Ils officient devant le feu et offrent le haoma,
breuvage sacré, de la graisse, des libations de lait ou d'eau. Les sacrifices san
glants d'animaux qui existaient avant Zoroastre sont, peut-être, rejetés par celui-
ci2. L'officiant tient en main le barsom, faisceau de petites branches d'arbre liées
par un ruban.
Le culte ne nécessite pas d'aménagement particulier, sinon un local et un em
placement pour le feu. Il semble bien que, jusqu'à Zoroastre, le culte ait pu se dé
rouler dans une maison d'habitation, le feu domestique pouvant être utilisé pour
le culte. Il n'y avait alors pas de temple. Par ailleurs rien n'indique qu'au 1er millé
naire, même à l'époque achéménide, on ait éprouvé le besoin de conserver le feu
en permanence, comme le zoroastrisme postérieur l'imposera ; le feu sera alors
protégé et entretenu dans un ateshgah (litt. « lieu du feu »).
Dans les croyances comme dans le culte, les différences sont importantes entre
la religion iranienne ancienne et la religion réformée de Zoroastre. Il serait donc
indispensable de savoir si les Perses ou, du moins, la dynastie des Achéménides
2. Il est difficile de savoir précisément ce que Zoroastre a changé, et plus encore ce qui a évolué à l'i
ntérieur du Zoroastrisme dans les périodes suivantes, jusqu'à l'époque moderne (cf. les ouvrages ci
tés note 1). Pour des questions aussi importantes que celles des sacrifices sanglants ou celle de
l'usage du haoma, breuvage enivrant, il n'y a pas encore de réponses claires. MONUMENTS DE LA PERSE ACHÉMÉNIDE 1 2 1
étaient des adeptes du Zoroastrisme. Les historiens des religions sont loin d'être
unanimes sur cette question et on retiendra provisoirement la position moyenne
proposée par Mary Boyce (1982) : la noblesse perse et la famille royale étaient
peut-être zoroastriennes ; quant au peuple, à en juger par la description d'Hérod
ote, il serait encore fidèle à la vieille religion iranienne. C'est une des façons
d'expliquer la lutte menée par Darius Ier, avant 520 a.C. (lutte qui fut également
politique) contre les daevas et les tenants de l'hérésie. Il détruit leurs temples, ce
qui indique que ceux-ci en possédaient, et il rétablit le culte d'Ahura-Mazda
(inscription rupestre de Behistun).
Au cours de la période achéménide, le culte des images a été introduit ; par ai
lleurs, sous Artaxerxès II (404-357), Mithra et Anahita se voient conférer une place
importante à côté d'Ahura-Mazda. A partir de ces quelques informations et en uti
lisant des textes post-achéménides, on peut distinguer deux catégories de tem
ples (Boyce 1975b, p. 456) : le bagin (lieu divin) ou ayaran (lieu de culte), qui pouv
ait contenir une ou plusieurs statues de culte ; l'autre est X'ataroshan (sanctuaire
du feu). Le premier type prendra de l'importance après Alexandre le Grand, sous
l'influence grecque ; quant au second type, il restera le seul en usage, beaucoup
plus tard, après la réaction intégriste de la fin de l'époque parthe et le début de
l'époque sasanide (ler-3e siècles de notre ère). En suivant cette première classifi
cation, il faudrait se demander à propos d'un monument, tout d'abord s'il s'agit
d'un édifice religieux, ensuite s'il est le temple d'une image ou un tem
ple du feu.

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