Nécrologie et bibliographie des travaux de Henri Sée - article ; n°1 ; vol.43, pg 2-33
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Annales de Bretagne - Année 1936 - Volume 43 - Numéro 1 - Pages 2-33
32 pages

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Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Rébillon
Nécrologie et bibliographie des travaux de Henri Sée
In: Annales de Bretagne. Tome 43, numéro 1-2, 1936. pp. 2-33.
Citer ce document / Cite this document :
Rébillon A. Nécrologie et bibliographie des travaux de Henri Sée. In: Annales de Bretagne. Tome 43, numéro 1-2, 1936. pp. 2-
33.
doi : 10.3406/abpo.1936.1741
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1936_num_43_1_17413
1
NÉCROLOGIE
Henri SÉE
(1864-1936)
La mort d'Henri Sée, le 11 mars dernier, a causé à la Faculté
des Lettres de Rennes, bien que le regretté maître n'y enseignât
plus depuis la guerre, une perte qui sera profondément ressentie.
La retraite prématurée que les suites d'une cruelle maladie
l'avaient obligé de prendre en 1920 n'avait pas, en effet, arrêté son
labeur de savant. Aux Annales de Bretagne, il avait continué de
s'occuper comme auparavant de la partie historique et, par l'i
mportance de ses travaux, il était toujours l'un des maîtres qui
contribuaient le plus largement au renom de notre Université, à
l'étranger comme en France. Henri Sée avait été chargé du cours
d'histoire moderne et contemporaine à. la F'aculté des Lettres de
Rennes, tout jeune encore, à l'âge de 29 ans, à la rentrée d'octobre
1893. C'était son début dans l'enseignement supérieur. Elevé à
Paris (il était né le 6 septembre 1864: à Saint-Brïce, Seine-et-Oise),
il avait fait ses études au lycée Henri-IV puis à la Sorbonne. Il
fut reçu agrégé d'histoire au concours de 1887 et fit d'abord, aux
lycées de Poitiers (1887-88), de Nevers (1890-91), et de Chartres
(1891-93), quatre années d'enseignement secondaire, interrompues
par les deux années (1888-90) qu'une bourse d'études lui permit de
consacrer à la préparation de ses thèses. Il soutint celles-ci le
9 mars 1892, à la Sorbonne (Louis XI et les villes, et De judiciariis
inquestis, prœsertim coram regiis judicibus, XIIIe seculo agente).
Il avait été solidement formé, à l'école des maîtres tels qu'Achille
Luchaire, Gabriel Monod, Fustel de Coulanges, Ernest Lavisse et
Charles Seignobos, dans le culte d'une science historique rigo
ureusement objective, en perpétuelle défiance contre l'esprit de
système et l'emprise des préjugés. De l'impression qu'avait laissée
sur lui l'enseignement de Fustel de Coulanges, il s'est plu à
témoigner dans le discours qu'il consacra au célèbre historien, à
la rentrée solennelle des Facultés de Rennes, en novembre 1896,
et, plus tard, dans l'article qu'il donna sur lui au Mercure de
France, à l'occasion de son centenaire (15 mars 1930).
, 4 NECROLOGIE
Son labeur de professeur et de savant a rempli toute la vie
d'Henri Séa. Non pas qu'il ait jamais affecté l'austère gravité d'un
maître avare d'un temps précieux pour ses travaux. La curiosité
de son esprit s'étendait aux domaines les plus divers et l'on ne
saurait être plus simplement affable et accueillant qu'il l'était
toujours pour ceux qui avaient recours à son inlassable obligeance.
Il n'était pas homme à s'absorber dans l'étude du passé au point
de méconnaître l'intérêt des problèmes actuels. Une nature géné
reuse qui se passionnait aisément ne lui permettait d'ailleurs pas
de rester indifférent en présence de la violence ou de l'injustice,
et il ne ménageait pas son activité au service des causes qu'il
embrassait. Mais, en le voyant se dépenser si naturellement pour
les autres, on sentait chez lui une parfaite confiance dans une
puissance de travail toujours docile à une volonté dont la fermeté
ne s'est pas démentie jusqu'à son dernier jour.
L'œuvre considérable qu'il a laissée touche à bien des questions.
En réalité, elle présente une remarquable unité qu'elle tient de
la conception que son auteur avait des. buts aussi bien que de la
méthode de l'histoire. C'est l'œuvre d'un esprit philosophique
pour lequel la science qu'il cultive n'a pas seulement pour objet
d'accroître la somme de nos connaissances dans un domaine
particulier, mais surtout de contribuer au progrès de l'esprit
humain par les méthodes de recherche et les modes de pensée
auxquels elle l'habitue, ainsi que par la lumière qu'elle penne L
de jeter sur les problèmes qui le préoccupent au moyen des hypo
thèses qu'elle permet. Henri Sée avait été l'élève des maîtres les
plus défiants pour les écarts de l'imagination, de ceux qui dres
sèrent les nouvelles générations dans le respect le plus rigoureux
des règles de la critique historique. Il répétait, avec Fustel, que
l'hislorien doit n'avoir d'autre préoccupation que la recherche de
la vérité et « se dégager de toute arrière-pensée politique, patrio-
» tique et môme morale ». Sa conception de l'histoire était bien
celle de Fustel, « la plus haute que l'on puisse imaginer », celle
d'une histoire qui doit rester « une science pure et absolument
» désintéressée et planer dans cette région sereine où il n'y a ni
» passions, ni rancunes, ni désirs de vengeance ». Un savant
comme lui ne pouvait d'ailleurs se faire illusion sur l'insuffisance et
la relativité des résultats de la « petite science conjecturale » qu'est
l'hisloire. Il ne croyait pas qu'une réduite à l'utilisation
de matériaux si imparfaits pût aboutir à formuler des lois. Il
considérait comme révolu l'âge des ambitieuses philosophies de
l'histoire construites in abstracto, avec un superbe dédain des
contingences, à la manière de Hegel, et comme hors de saison ■
5 NÉCROLOGIE
les « outrances de l'histoire résurrection » ainsi que les « général
isations excessives » qui se plient mal à la complexité des faits
et conduisent fatalement h les solliciter.
Mais il mesurait aussi la vanité d'une érudition dont les données,
de plus en plus dispersées dans le compartimentage de spécialités
innombrables, ne seraient plus un apport aisément utilisable
pour la culture de l'esprit. Or, quelles que fussent les difficultés
auxquelles elle se heurte, Henri Sée croyait à l'histoire et à son
utilité. D'où la part qu'il a faite dans ses réflexions et dans ses
écrits aux questions de méthode, et sa préoccupation, jusqu'à la
fin, des moyens d'allier les exigences d'une recherche rigoureuse
ment objective à la possibilité de tenter des explications, au moins
provisoires.
« Assurément, dit-il, quand il ne s'agit que d'établir des faits
» précis, de rechercher des vérités de détail, l'observation seule
» doit intervenir. Mais comment se représenter toute une époque,
» toute une civilisation dans son infinie complexité, comment
» concevoir l'enchaînement des faits historiques et leur évolution,
» si l'on n'appelle à son aide l'imagination, — non point sans
» doute une imagination fantaisiste, mais une imagination en
» quelque sorte abstraite et rationnelle, sans laquelle aucune
» grande découverte ne serait possible? » II suivait le mouvement
philosophique avec non moins d'intérêt que celui des études his
toriques. S'il s'était décidé, non sans hésitations et malgré les
encouragements de son professeur de philosophie, n opter pour
l'histoire, il n'en avait pas moins conservé le goût de spéculations
qu'il estimait nécessaires à l'avancement de la science.
Dans ses dernières années il subit fortement l'attrait des théories
de Meyerson et il a consacré l'un de ses derniers ouvrages à
rechercher comment la conception des relations entre la science
et la philosophie qui se dégage des études de celui-ci peut s'appl
iquer à l'histoire. Ses études sur la conception de l'histoire chez
de nombreux littérateurs et philosophes témoignent par ailleurs
de son souci passionné des buts et des moyens d'une science dont
il sentait toutes les difficult

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