Notes d iconographie dyonisiaque : la mosaïque de Sarrîn (Osrhoène) - article ; n°1 ; vol.103, pg 19-33
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Notes d'iconographie dyonisiaque : la mosaïque de Sarrîn (Osrhoène) - article ; n°1 ; vol.103, pg 19-33

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1991 - Volume 103 - Numéro 1 - Pages 19-33
Janine Balty, Notes d'iconographie dyonisiaque : la mosaïque de Sarrîn (Osrhoène), p. 19-33. L'étude de la scène dionysiaque représentée sur une mosaïque du VIe siècle de notre ère, découverte à Sarrîn (Syrie), conduit à identifier deux personnages-clés du thiase et à mettre en lumière leur rôle spécifique dans la cérémonie de l'initiation : Silène et la nourrice de Dionysos. Ils apparaissent (séparément ou ensemble) sur d'autres objets tardifs : grand plat de Mildenhall, coupe de la Collection Ortiz, plat de Leningrad et tenture de la Fondation Abegg (ici entourant l'« initiande »). Deux attributs, dont la valeur rituelle ne fait pas de doute, se retrouvent dans la main des initiateurs : la clochette, habituelle chez les bacchants, et un petit fouet (appelé à tort «fléau») qui s'apparente iconographiquement au fouet lupercal. Cette imagerie très précise atteste la permanence d'un dionysisme actif jusque dans l'Antiquité tardive.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 36
Langue Français

Extrait

Janine Balty
Notes d'iconographie dyonisiaque : la mosaïque de Sarrîn
(Osrhoène)
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 103, N°1. 1991. pp. 19-33.
Résumé
Janine Balty, Notes d'iconographie dyonisiaque : la mosaïque de Sarrîn (Osrhoène), p. 19-33.
L'étude de la scène dionysiaque représentée sur une mosaïque du VIe siècle de notre ère, découverte à Sarrîn (Syrie), conduit à
identifier deux personnages-clés du thiase et à mettre en lumière leur rôle spécifique dans la cérémonie de l'initiation : Silène et
la nourrice de Dionysos. Ils apparaissent (séparément ou ensemble) sur d'autres objets tardifs : grand plat de Mildenhall, coupe
de la Collection Ortiz, plat de Leningrad et tenture de la Fondation Abegg (ici entourant l'« initiande »). Deux attributs, dont la
valeur rituelle ne fait pas de doute, se retrouvent dans la main des initiateurs : la clochette, habituelle chez les bacchants, et un
petit fouet (appelé à tort «fléau») qui s'apparente iconographiquement au fouet lupercal. Cette imagerie très précise atteste la
permanence d'un dionysisme actif jusque dans l'Antiquité tardive.
Citer ce document / Cite this document :
Balty Janine. Notes d'iconographie dyonisiaque : la mosaïque de Sarrîn (Osrhoène). In: Mélanges de l'Ecole française de
Rome. Antiquité T. 103, N°1. 1991. pp. 19-33.
doi : 10.3406/mefr.1991.1698
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1991_num_103_1_1698JANINE BALTY
NOTES D'ICONOGRAPHIE DIONYSIAQUE :
LA MOSAÏQUE DE SARRÎN (OSRHOÈNE)
C'est au cours de l'hiver 1982-1983 que fut mis au jour à Sarrîn, au
nord-est de Membij-Hiérapolis, dans la province antique d'Osrhoène, un
ensemble de mosaïques qui compte parmi les plus importants pour notre
connaissance de la permanence des mythes païens dans l'antiquité tardi
ve et notre compréhension de leur iconographie1. Les six panneaux pré
sentent une variété de thèmes dont la seule enumeration suffit à souli
gner l'intérêt: thiase de Dionysos, enlèvement d'Europe, triomphe
d'Aphrodite, chasses d' Artémis, amours de Méléagre et Atalante2, viol
d'Auge. S'ils ne sont pas évidents, les liens sont cependant nombreux
entre les différentes scènes et une étude approfondie montre que, sous
une apparente diversité, l'ensemble développe un discours parfaitement
cohérent; je m'y attarde plus longuement ailleurs3. Car c'est à quelques
remarques iconographiques portant plus particulièrement sur le tableau
de Dionysos que j'aimerais me borner aujourd'hui.
Au centre de la composition, figuraient ensemble Dionysos et Ariane,
sous une treille lourdement chargée de grappes. Le personnage d'Ariane,
presque complètement perdu dans une lacune de la mosaïque (seules en
subsistent la main et une couronne), peut être identifié sans hésitation
1 Sur ces mosaïques, cf. J. Balty, La mosaïque de Sarrîn (Osrhoène) dans Annal
es archéologiques arabes syriennes (sous presse); Ead., La mosaïque mythologique
de Sarrîn au musée d'Alep (sous presse), qui développe les différents points abordés
ici.
2 La scène pourrait être interprétée aussi comme une représentation de Didon
et Énée : je remercie Mme E. Simon d'avoir attiré mon attention sur cette possibilité.
On admettra en effet que la confrontation est frappante avec la miniature du Ver-
gilius Romanus, illustrant l'épisode fameux de l'Enéide 4, 160-172 (Bibl. Vat. cod.
lat. 3867, fol. 106 r : K. Weitzmann, Manuscrits gréco-romains et paléo-chrétiens,
New York, 1977, fig. 14 p. 59). Le mythe de Méléagre et Atalante s'inscrit cepen
dant mieux dans l'ensemble du programme. Ne pourrait-on supposer ici une sorte
de contamination iconographique d'une légende à l'autre?
*Cf. n. 1.
MEFRA - 103 - 1991 - 1, p. 19-33. 20 JANINE BALTY
grâce à la coupe que la jeune femme tend vers le rhyton du dieu, d'où
s'écoule en un flot continu le vin d'immortalité. La figure de Dionysos
lui-même, debout, de face, le torse à-demi couvert par la nèbride, a été en
partie restaurée (fig. 2) ; mais ce qui reste du dessin original suffit à assu
rer le type iconographique mis en œuvre ici. La position respective des
bras ne peut en effet tromper : le bras droit levé par-dessus la tête, le dieu
s'appuyait à gauche sur une colonnette, dans une attitude qui remonte à
l'Apollon Lykeios de Praxitèle4. De nombreux parallèles, dont la plupart
sont originaires d'Egypte, sur des tissus, des plaquettes en os, des reliefs
de calcaire5, confirment la présence de la colonnette, dont la partie supé
rieure est restée clairement visible sur la mosaïque, même si la restaura
tion n'en a pas réellement tenu compte. Entre ces différents documents
cités à titre de comparaisons, on relèvera une variante de détail : le thyrse
ou le bâton, généralement tenu à gauche et verticalement le long de la
colonnette6, est parfois remplacé par une corne à boire que le dieu porte
dans le creux du bras gauche7. Sur la mosaïque syrienne, le créateur du
carton a très habilement réussi à combiner ces différents éléments, en
représentant le dieu accoudé à gauche sur la colonnette, le bâton en obli
que devant lui et tenant de la main droite levée au-dessus de la tête la
corne renversée d'où le vin s'écoule dans la coupe d'Ariane. L'iconogra
phie traduit ainsi de manière tout à fait heureuse la liaison mystique du
couple : le schéma traditionnel a été remarquablement adapté à un
contexte particulier et intégré dans une composition nouvelle. À la partie
inférieure, la trace d'un drapé sur le ventre semble bien indiquer que le
bas du corps était enveloppé, au moins partiellement, d'un manteau dont
un pan, retombant sur le bras gauche, est d'ailleurs visible aujourd'hui
encore. On se demandera si, sous les plis de ce manteau, les jambes
étaient ou non croisées. Les documents présentés en parallèle laissent le
choix entre l'une et l'autre attitudes. Vu la position oblique du haut du
corps, qui implique un déhanchement assez net, j'opterais plutôt cepen
dant pour une restitution des jambes croisées, comme sur le relief en cal
caire de Dumbarton Oaks8 ou le peigne en ivoire du musée de Mayence9.
4 Sur ce type de représentation de Dionysos, cf. en dernier lieu : S. F. Schrö
der, Römische Bacchusbilder in der Tradition des Apollon Lykeios, Rome, 1989.
5 LIMC ULI, 5.V. Dionysos (in per. orient.), p. 530-531 ; LIMC III.2, n° 12a, 13, 24
pl. 408; 25, 26a pl. 409; 37e, 38b pl. 410; 85 pl. 413; 120, 121 pl. 416; 142 pl. 419.
6 LIMC III.2, n° 12a pl. 408; 25, 26a pl. 409; 39 pl. 410; 120 pl. 416.
7n° 13 et 24 pl. 408.
8 LIMC III.2, n° 25 pl. 409.
9n° 120 pl. 416. NOTES D'ICONOGRAPHIE DIONYSIAQUE
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 1 - Mosaïque de Sarrîn : dadophore et satyre.
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 2 - Mosaïque de Sarrîn : Silène et Dionysos. JANINE BALTY 22
Ce dernier exemple est intéressant aussi pour l'attitude d'Ariane : debout,
en pleine f rontalité, la compagne du dieu tend la coupe de la main droite ;
aux pieds de Dionysos, la panthère.
Celle-ci, souvent présente dans ce contexte, apparaît certes sur le
pavement de Sarrîn mais placée entre la porteuse de torche et le joueur
de double-flûte (fig. 1). Si la torche est intimement liée au contexte diony
siaque, cultuel et orgiastique, qu'elle éclaire la fête nocturne ou serve à
purifier10, le type iconographique du personnage brandissant une torche
dans chaque main n'est guère répandu : le seul parallèle qu'on puisse fai
re valoir est un disque d'or repoussé et gravé, provenant précisément de
Syrie et daté du IIe-IIIe siècle11, où on voit Dionysos lui-même, nu et cou
ronné de lierre, une peau de panthère jetée sur les bras, s'avancer rapide
ment en brandissant deux flambeaux, l'un levé, l'autre abaissé ; le mouvedes bras n'est pas le même toutefois que sur la mosaïque.
Le Satyre double-flûtiste appartient en revanche au plus ancien ré
pertoire de l'iconographie dionysiaque, popularisée par la céramique

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