Parents ou familles : critique d un vocabulaire générique - article ; n°1 ; vol.100, pg 19-33
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Description

Revue française de pédagogie - Année 1992 - Volume 100 - Numéro 1 - Pages 19-33
Pourquoi, dans les ZEP, parle-t-on plus facilement de « familles » que de « parents » ? Que recouvrent ces termes ?... Les familles des quartiers défavorisés sont souvent représentées comme ne s'intéressant pas à l'école et à la scolarité de leurs enfants. Cette idée est d'ailleurs au principe d'un certain nombre d'actions ou de dispositifs mis en place dans les ZEP. Une enquête monographique auprès de familles « clientes » du travail social montre que, même dans une catégorie aussi « défavorisée », les attitudes et les attentes à l'égard de l'école sont des plus contrastées, mais qu'elles ont en commun un certain nombre de problèmes dans leurs relations avec l'institution scolaire.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 70
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mr Dominique Glasman
"Parents" ou "familles" : critique d'un vocabulaire générique
In: Revue française de pédagogie. Volume 100, 1992. pp. 19-33.
Résumé
Pourquoi, dans les ZEP, parle-t-on plus facilement de « familles » que de « parents » ? Que recouvrent ces termes ?... Les
familles des quartiers défavorisés sont souvent représentées comme ne s'intéressant pas à l'école et à la scolarité de leurs
enfants. Cette idée est d'ailleurs au principe d'un certain nombre d'actions ou de dispositifs mis en place dans les ZEP. Une
enquête monographique auprès de familles « clientes » du travail social montre que, même dans une catégorie aussi «
défavorisée », les attitudes et les attentes à l'égard de l'école sont des plus contrastées, mais qu'elles ont en commun un certain
nombre de problèmes dans leurs relations avec l'institution scolaire.
Citer ce document / Cite this document :
Glasman Dominique. "Parents" ou "familles" : critique d'un vocabulaire générique. In: Revue française de pédagogie. Volume
100, 1992. pp. 19-33.
doi : 10.3406/rfp.1992.1315
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1992_num_100_1_1315« Parents » ou « familles » :
critique d'un vocabulaire
générique (i)
Dominique Clasman
pas Pourquoi, les « d'actions nombre ces clientes attentes termes à l'école de ou » dans ?... du problèmes à de et travail l'égard Les les à dispositifs la ZEP, familles scolarité social dans de parle-t-on l'école mis des montre leurs de en quartiers leurs sont relations place que, plus enfants. des même dans facilement défavorisés avec plus les Cette dans l'institution contrastées, ZEP. de une sont idée « Une familles catégorie est souvent enquête scolaire. mais d'ailleurs » représentées que aussi qu'elles monographique de au « défavorisée principe « parents ont comme en d'un commun » auprès ? », ne Que les certain s'intéressant attitudes de recouvrent un nombre familles certain et
Depuis quelques années, « rapprocher les Il est plus rare que la réflexion, celle des ac
familles de l'école » est un thème de ré teurs de terrain ou celle des chercheurs, porte,
flexion, ou un objectif d'actions spécifiques, dans dans l'autre sens, sur la façon dont l'école, ou
les établissements scolaires des quartiers défavor plutôt ses agents, voient les familles et parlent
isés ; il n'est pas de « projet de zone » qui d'elles. P. PERRENOUD a consacré un long et
éclairant chapitre à « ce que l'école fait aux n'inclue, au rang de ses préoccupations priori
familles » (2). Mais ce ne sont pas directement les taires, celle d'intéresser davantage les familles à
l'école, de les faire entrer dans l'école. La catégories de perception des agents de l'école qui
recherche, sociologique ou psychologique, s'est l'intéressent. Ce sont ces catégories qui nous
intéressée elle aussi à la façon dont les familles retiendront ici, en partant des questions su
perçoivent l'école, et s'impliquent dans la scolarité ivantes : l'institution scolaire et ses agents peu
de leurs enfants. vent-ils parler des parents de leurs élèves autre-
Revue Française de Pédagogie, n° 100, juillet-août-septembre 1992, 19-33 19 l'écrivait O. GREARD dès 1889, « l'éducation ment que de façon générique ? Que recouvre,
publique ne peut réussir qu'à la condition que la dans le discours enseignant, le terme de
« parents », ou le terme de « familles »? Et com famille la prépare, la soutienne et la comp
lète ». (6) D'ailleurs, au début du XXe siècle, une ment s'explique leur usage alternatif ?
tendance se développe, ayant pour objectif de
Les pages qui suivent se proposent d'examiner faire coopérer école et famille. Plusieurs livres
cet ensemble de questions, qui semble un préala sont publiés sur ce thème, avec les encourage
ble à une prise en compte plus complète, c'est-à- ments des pouvoirs publics. « En matière d'éducat
dire plus « dialectique », des relations entre ion et même en matière d'enseignement, l'école
familles et école. On le fera en deux temps. ne peut ni ne doit se substituer entièrement à la
famille ; elle n'en saurait être que le prolongement Dans un premier temps, on analysera le vocabul
et le complément. Mais il faut qu'à son tour la aire générique utilisé par l'institution scolaire,
famille prolonge et complète l'école ; il faut qu'elle ainsi que ses fluctuations d'emploi. Il s'agit d'un
affirme en tous points avec elle un complet texte exploratoire : il ne s'appuie pas sur l'étude
accord, une parfaite communauté de vues et de systématique d'un corpus constitué pour l'occa
sentiments ; qu'elle la seconde dans son œuvre sion, mais sur une connaissance indigène des dis
difficile ; qu'elle encourage ses efforts ; qu'elle cours tenus dans l'école, à titre d'enseignant de
soutienne son action ; en un mot qu'elle lui lycée, de chercheur dans les ZEP, ou de parent
apporte en toutes circonstances l'appui précieux d'élève.
de sa collaboration active et assidue ». (7) Cette
Dans un second temps, on montrera, à partir recherche de collaboration école-famille est sur
d'une enquête monographique, combien des tout une « question universitaire », c'est-à-dire un
« familles » que l'école a tendance a glisser dans souci de l'école, selon P. CROUZET qui en suit
une même catégorie entretiennent des rapports l'émergence progressive tout au long du XIXe siè
différents à l'école et à la scolarité. cle (8).
Il est difficile de dire si, dans sa visée mission
naire et dans sa visée coopérative, l'école espère
DES « PARENTS » OU DES « FAMILLES » ? toucher les mêmes familles. Assurément, il ne lui
est pas possible d'introduire entre elles, de façon
L'invention des « parents » et la réinvention délibérée, une distinction qui contreviendrait à ses
principes égalitaires. Et le livre de P. CROUZET, des «familles»
évoquant la coopération dans l'enseignement
L'école et les familles : perspective historique secondaire après la coopération dans l'enseigne
ment primaire, — chaque ordre d'enseignement Dans la tradition du XIXe siècle et de la IIIe Ré s'adressant alors à une clientèle socialement diffépublique, l'école exprimait une visée sur les rente — utilise le plus souvent le même terme de
familles. Elle se voyait « investie d'une mission « familles », dont il souligne d'ailleurs l'hétérogéglobale de progrès », dit A. PROST ; « par delà néité (9).
l'écolier, elle vise ses parents, non sans ill
usion » (3). L'enfant, passé par l'école, devient « à L'idée qu'il existe, entre école et famille, une
son tour éducateur de ses parents » (4). Dans ses opposition fondamentale, qui doit être surmontée,
« conseils aux instituteurs », J. PAYOT écrit : « On est soulignée par ces textes. « La famille déve
ne prend pas assez garde à l'éducation de la loppe l'esprit de tradition, l'école développe plutôt
famille par l'enfant. Dans les familles les moins l'esprit de progrès » ; à la méthode d'autorité en
recommandables, la présence de l'enfant rend les vigueur dans la famille, l'école substitue le libre
parents plus réservés, plus respectueux l'un pour examen ; et alors que la famille vise l'intérêt de
l'autre. » Et F. BUISSON l'avait précédé dans un l'individu, l'école subordonne cet intérêt à l'intérêt
discours fameux : « Va, petit missionnaire des de tous (10).
idées modernes, petit élève de l'école primaire. Au
Cet effort de l'école pour arracher les enfants à sortir de l'école, montre à tes parents tout ce que
l'individualisme familial s'est poursuivi sous tu en rapportes. »(5)
diverses formes ; dans les campagnes, elle a dû,
Dans le même temps, l'école entendait investir non sans mal, obtenir que

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